
Logés à « La Concession », le bâtiment et qui continue de servir centre culturel… et de boite de nuit le vendredi soir!, les militaires ont là un poste d’observation de choix. Ils surplombent le principal pont de Mitrovica (renommé Pont « Austerlitz » par la Kfor) gardé nuit et jour par les hommes du KPS (la police kosovare) et de l’Unmik Police (Onu).
Mitrovica ville de séparation ?
Un tel déploiement de force peut paraître superflu, tant la ville respire la vie. Mais Mitrovica c’est une ville symbole, une ville frontière. Ville symbole car c’est là, qu’éclate les incidents qui firent au total 19 morts et plusieurs centaines de blessés. Car la rivière Ibar sépare le « Kosovo albanais », au sud, du « Kosovo serbe », au nord. Cette frontière n’est pas vraiment parfaite. En effet, une nette majorité (100000 environ) des « Kosovars d’origine serbe » (K.O.S. dans le langage « politiquement correct » de l’Otan) vivent dans d’autres régions, à Pristina ou au sud du pays, en zone américaine. Ce nord Kosovo, terres arides d’extraction de minerai et de montagne, aux routes imprati

Le KPS – la police kosovare – exerce partout. Mais elle est « serbe » au nord, et très majoritairement albanaise dans le reste du pays. L’énergie provient de Serbie au nord, du Kosovo au sud. Les policiers serbes reçoivent d’ailleurs aussi un salaire de Belgrade. Les retraités serbes une pension… Les voitures affichent les plaques serbes « KM » pour « Kosovo i Metohija » (nom serbe du Kosovo), les Kosovars ont un signe « KS » entre plusieurs chiffres. Même les réseaux de téléphone mobile sont séparés : serbe au nord (avec le 38 comme indicatif), kosovar ailleurs (avec le 377, l’indicatif de… Monaco, les Telecom de la Principauté gérant, ici, le réseau). Si la séparation est bien visible, les imbrications sont plus discrètes. La Serbie fournit de l’électricité aussi au Kosovo. Quelques véhicules circulent sans plaque : habitants d’une enclave qui reviennent voir leur famille, Albanais ou Serbes en transit dans l’autre « zone », ou véhicules volées. La police a décidé de fermer les yeux. Tel village « albanais », situé dans les hauteurs (les sommets culminent autour de 2000 mètres), l’hiver, ne peut circuler qu’en passant par la « zone serbe », donc devient une véritable enclave.

Le KTM (Kosovo Tactical Reserve Maneuver Battalion) a été placé en alerte dans la zone nord. Le bataillon de réserve de la Kfor, composé du 2ème Bataillon d`infanterie (portugais) dirigé par le Colonel Magalhaes, patrouille régulièrement à MItrovica. Objectif : aujourd’hui : le « Barbecue » (monument à la gloire des héros miniers de l’ex-Yougoslavie qui domine la ville) en passant par « Montmartre » (le quartier résidentiel de Mitrovica) et retour par « Passy ». A chaque entrée de zone, arrêt, la robuste radio militaire des Portugais crépite. La patrouille se signale à son PC de compagnie. Seul hic : la radio portugaise n’est pas reliée au PC français de la Concession à quelques mètres de là. Si problème il y a, ce sera aux quartiers généraux de communiquer entre eux et d’assurer le relais… Les Portugais relèvent méthodiquement toute affiche politique ou annonçant un rassemblement. Photographie numérique, relevé typographique et résumé sont consignés sur un carnet et feront l’objet d’un rapport qui montera au Quartier général. « Nous notons aussi les véhicules étrangers – cela remonte à Interpol ». ainsi que les prix. Toute augmentation soudaine peut être un signe de tension » explique le sous-Lieutenant Laroche, chargé de l’information à la Task force Nord.
Et effectivement, les grands gaillards de la Garde nationale de l’Iowa, au pas lent et décontract


La Kfor en quelques mots. Forte de 16 000 hommes aujourd’hui, la force de l’Otan (kfor) a été déployée à partir du 12 juin 1999, après un accord militaro-technique avec les Serbes sur leur retrait militaire (le 9 juin) et la résolution de l’Onu (le 10 juin). Depuis 2006, elle est organisée en cinq Task Forces multinationales (MNTF), quadrillant tout le territoire, commandée par une nation-cadre : Etats-Unis (est), Irlande (et Royaume-Uni, au centre), Turquie (alternativement avec l’Allemagne, sud), Italie (Ouest), France (nord). Elle comprend deux forces – non sectorisées – le KTM (bataillon de réserve) et la MSU (force de police) qui ont vocation à intervenir dans tout le Kosovo. Depuis le 1er septembre 2007, la KFOR est commandée par le général de corps d'armée français Xavier Bout de Marnhac. Le quartier général est basé à Pristina à « Film city ».
Cité photo : NGV - janvier 2008