
L'affaire s'est compliquée quand la police finlandaise, saisie d'une plainte, commence d'enquêter sur des faits de corruption (aidées des polices autrichienne et slovène, pour les intermédiaires). Et elle prend une tournure encore plus précise au printemps 2008 quand plusieurs employés de Patria sont d'abord entendus, puis l'un d'entre eux arrêté. En juillet, c'est carrément un dirigeant de l'entreprise qui est incarcéré. Plutôt gênant pour une firme détenue en grande partie (à 3/4) par l'Etat finlandais. Une somme d'environ 21 millions d'euros selon les médias finlandais aurait été utlisée pour diverses "commissions" dans les rangs slovènes.
Mais, aujourd'hui, cela dégénère en affaire d'Etat. Car le soupçon de corruption atteint désormais le sommet de l'Etat slovène. Une émission (Mot) sur la télévision finlandaise publique a directement mis en cause le Premier ministre slovène, Janez Jansa qui il y a quelques mois encore assurait la présidence de l'Union européenne.
Démenti sec de l'entreprise (voir ici). Démenti plus courroucé de Ljubljana qui fait donner l'artillerie lourde : le ministre de la Défense, Erjavec, monte au créneau et menace de geler le contrat avec l'entreprise finlandaise. Une session extraordinaire au Parlement slovène est consacrée au sujet. Et une note diplomatique a été remise à Helsinki lui demandant de bien vouloir intervenir auprès de la Télévision (du plus pur style slovène, qui n'avait pas manqué d'utiliser de telles méthodes durant sa présidence). Il faut dire qu'on est en pleine campagne électorale (les élections ont lieu le 21 septembre). Et tous les coups semblent permis. Le Premier ministre, Jansa (libéral de droite), à la tête d'une coalition de plusieurs partis, n'est pas sûr d'être reconduit.
Reportage de la télévision finlandaise
(Crédit photo : Patria)