Une industrie trop fragmentée
"L’industrie européenne reste trop fragmentée, alors que nous assistons au développement de champions de taille mondiale" estime le spécialiste de la présidence française Jean-René Le Goff. "Cette concurrence n’existe pas seulement avec les Etats-Unis – où nous avons plutôt des coopérations. Nous assistons au développement très rapide de concurrents en Chine, en Inde, en Russie."
Une coopération qui ne donne pas les fruits escomptés
"Les résultats de la coopération ne sont pas à la hauteur de ce qu’on espérait" précise ensuite le Français. "Les progrès sont minces. On ne fait pas de la coopération pour le palsiir. Ca doit être sous tendu par la recherche d’une meilleure efficacité. Nos efforts sont trop dispersés. La France a fait le choix d’un programme isolé. Je ne comparerais pas les malheurs du Rafale aux malheurs de l'Eurofgihter, ce sont des programmes couteux. Je suis sur que si demain on avait un nouveau programme, on n’en aurait pas deux. Ce n’est plus possible."
Un budget mal employé
"Ce n'est pas une question de montant" a renchéri Daniel Keohane, chercheur à l'Institut d'Etudes de sécurité de l'UE (l'agence de doctrine de l'Europe de la Défense). Le budget militaire n’est pas utilisé à bon escient. Nous gapillons souvent de l’argent sur des mêmes programmes. L'Europe a trois programmes "avions de chasse (Eurofighter, Rafale...) et une vingtaine de programmes de véhicules blindés. Est-ce vraiment nécessaire ?... Or le budget stagne. Et la demande de forces (employées à l'extérieur de l'UE) augmente.
L'Europe à la limite de ses forces
"Chaque année l'UE s’engage dans quatre opérations nouvelles, dont une militaire, sans compter les opérations Otan et Onu" précise Daniel Keohane. "Nous sommes prêts de la limite de 5%. Conséquence : une partie de nos budgets d'équipements est conacrée aux opérations. La difficulté est particulière au Royaume-Uni, où ces budgets souffrent d'une pénurie de 3 millions de £. Le phénomène n'est pas vraiment nouveau. La guerre au Kosovo avait déjà pointé de sérieuses lacunes en matière de capacités." Recommandations de l'expert : il faut "mieux coopérer" sur les équipements, mais "aussi les formations" - cela coûte souvent deux fois plus cher que l’équipement - et sur les marchés publics "l’expérience de l’article 296 n’a pas toujours été très heureuse".
La discussion a aussi porté sur les futures directives en discussion. J'ai noté deux remarques intéressantes du représentants français
- sur le contrôle à l'exportation des armes et l'éventualité d'impliquer l'Agence européenne de Défense ? "On s’est posé la question. Pourquoi pas l’Agence ? Mais aujourd’hui, elle n’a pas les moyens de le faire. Peut on imaginer une agence plus développée, le faisant. L'agence a un avantage : avoir l'expertise technique et garantir l’indépendance. C'est peut-être une solutin. Mais ce n’est pas mûr. Cela mérite réflexion."
- sur l'insertion d'une "préférence communautaire" dans les marchés publics de défense : cette question pas tranchée, la Présidence de l'Union (française) et la France (en tant qu'Etat membre) n’ont pas la même position" a-t-il commenté en termes diplomatiques, précisant que "ce sujet risque de ne pas être consensuel au sein des Etats membres". Et il y a des positions nationales différentes, influencées par l’industrie, qui elle même n’est pas une et divisible. Certains industriels sont favorables (à cette préférence communautaire), d’autres n’y sont pas. Cela dépend du type de business qu'ils développent et de l’ouverture du marché, qu’ils ont ou non avec les Usa". En clair, le lobbying industriel joue à fond...