La présidence tchèque ne compte pas mettre en avant la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) durant les six mois prochains de sa présidence. Ce n’est pas une « Top priorité » comme le précise – à Europolitique - Andrej Cirtek, porte-parole du ministère de la Défense. L’occasion également de faire le tour des sujets actuellement sur la table des Ministres et qui devraient encore être discutées, le 10 novembre prochain. « Le slogan de notre présidence est « Europe without barriers », nous voulons une Europe compétitive et ouverte. Et parmi nos priorités, figurent, la sécurité énergétique, le budget du futur de l’Europe, la liberté de mouvements, l’Europe comme un partenaire global » explique Andrej Cirtek.
Mais pas la défense ? Pour nous, confirme-t-il « la défense c’est d’abord le rôle de l’Otan, qui est une organisation clé. Il faut créer un lien de sécurité transatlantique. C’est ce que nous préférons ».Dans la coopération avec l’Otan, il y a un partage de missions qui peut se faire. « Mais il ne faut pas créer de règle dogmatique, plutôt garder une approche pragmatique. Chaque situation est différente. Regardez au Kosovo : il y a une mission militaire d’un coté, et une mission de police et justice de l’autre coté. Et chacun travaille main dans la main ».
Engagement au Kosovo et Afghanistan
La présidence tchèque n’entend cependant nullement renier les actions déjà entreprises. « Nous voulons continuer les actions entreprises par la présidence, les objectifs directeurs (headlines goals) 2010 notamment. Nous soutenons également les missions déjà entreprises comme Eulex au Kosovo ou Eufor Tchad ». La présence tchèque au Tchad est « symbolique » et devrait le rester aussi en 2009. Mais il ne faut pas y voir « une raison politique ». Tout simplement « nous sommes un petit pays, avec une petite armée. Nous sommes déjà engagés au Kosovo, en Afghanistan. Et on ne peut pas avoir une présence importante en Afrique ». La République tchèque a ainsi « 500 hommes au Kosovo, 600 en Afghanistan, et quelques personnes formateurs en Irak ». Pour une armée de 25 000 soldats, 900 sont déployées, 1300 l’année prochaine. Cela représente entre 4 et 5% de l’effectif. Ainsi dans la future mission de l’ONU, au Tchad, la République tchèque « encourage les Etats membre à y participer, mais ne pourra pas pour ces raisons y envoyer de personnel».
En Bosnie, la République tchèque a terminé sa mission Althea. Elle y était présente depuis 1993, avec la Forpronu. Et « le moment est très proche de transformer cette mission militaire en une mission, de conseil, de police… Ca dépend de l’évaluation que nous allons recevoir. Il ne faut pas perdre de vue l’objectif : la stabilité en Bosnie. » explique Andrej Cirtek. « Il faut aussi obtenir le consensus de tous les Etats, déterminer de quoi la Bosnie a besoin : entraîner, conseiller, éduquer ». Mais ajoute-t-il « l’Europe doit être prête à déployer rapidement, une nouvelle mission forte, car les Balkans peuvent en avoir besoin. On doit être prêt à tout. »
Le maitre mot : pragmatisme
En matière de coopération industrielle, la République tchèque cherche des coopérations dans plusieurs secteurs, mais là encore, le mot-clé est : « pragmatisme ». Par exemple, « on a besoin pour l’Afghanistan de moyens de transport stratégique. Mais acheter un Airbus A400M juste pour cela, ce n’est pas possible. Et nous préférons disposer d’heures de vol ». Le projet (discuté à la réunion informelle de Deauville le 1er octobre) de partage de ces avions « intéresse » donc, a priori, les Tchèques. Mais ils attendent d’en savoir plus. « Nous déciderons quand le prix d’achat et les coûts (partagés) seront connus ». Ce même pragmatisme prévaut aussi pour le projet de l’Otan d’acheter et partager des avions lourds Boeing C17. « Nous ne sommes pas très enthousiastes. Car le prix est cher comparé aux heures de vols du programme Salis (location d’Antonov) ou des contacts directs avec les compagnies ukrainiennes » NB : L’Ukraine dispose de nombreux moyens aériens lourds, hérités de l’ex-Urss.
Sur l’initiative de modernisation des hélicoptères, la République tchèque se positionne des deux cotés : en demandeur de modernisation des hélicoptères et en offreur de capacités de modernisation. « Comme les pays de l’Est, nous avons beaucoup d’hélicoptères de fabrication russe. Des machines très bonnes, avec un moteur fiable, mais qui ont besoin d’une « modernisation », en matière électronique embarquée. (…) La défense tchèque a des capacités, avec l’entreprise LOM qui a une longue tradition de réparation et de modernisation de ces hélicoptères russes. On offre cette capacité aux autres pays. Une étude de faisabilité est faite par l’Agence européenne de Défense. »
De façon plus générale, la République tchèque pousse d’ailleurs à une « meilleure prise en compte des PME, dans l’industrie de la défense. Un séminaire devrait y être consacré durant la présidence ». Bien entendu, elle est « pour l’ouverture des marchés de défense », à l’image de la proposition de directive actuellement en discussion au Conseil. Mais à condition que certaines facultés opérationnelles soient préservées, comme celle de « pouvoir passer un marché, directement à une entreprise, en cas d’urgence. Par exemple, sur une opération, on doit parfois acheter des véhicules ou du matériel de protection rapidement ». Cette faculté ne serait ouverte cependant qu’avec « une excellente et réelle justification ».
Enfin, la République tchèque soutient la réforme du mécanisme Athena, sur le financement des opérations militaires. « Cette idée de partager les charges de certaines opérations est logique. Cela motiverait sans doute les petits pays pour participer davantage aux opérations ou aux Battle groups ». Quant à la discussion sur l’extension des missions des « Battlegroups » « elle doit continuer. Il faut surtout résoudre les barrières financières à cette utilisation ». Le concept des Battlegroups est « bon. La République tchèque compte d’ailleurs prendre son tour de permanence, avec les Slovaques, » au 2e semestre 2009.
commenter cet article …