L'église de Métékhi et la statue du Roi Vakhtang dominant Tbilissi © NGV
La crise à venir. Avec la crise économique et financière mondiale, la situation risque d’être plus désastreuse demain. La banque et la construction sont parmi les principaux secteurs d’activité. Quant aux recettes du tourisme géorgien, une partie de la saison 2008 (août et septembre) est partie en fumée avec la guerre. Et l’avenir est plus ou moins sombre. Ce secteur bénéficiant – en partie – des touristes russes (riches). Disons donc que l’avenir économique de la Géorgie est très sombre… Quant aux déplacés plus récents - ceux de la guerre d'août - venant du monde rural, on ne sait pas vraiment comment ils pourront survivre à l'hiver. Ils ont en effet souvent perdu toute leur récolte d'été. (voir aussi une étude de Crisis Group sur le risque de l'hiver)
La non intégration des réfugiés. C’est un véritable problème. Sur le demi-million de personnes qui ont fui le conflit des années 1990 en Abkhazie et Ossétie du sud, ce qu’on appelle les "anciens déplacés", près de la moitié sont encore "déplacées" (220 000 environ). La plupart venant d'Abkhazie, ont tout perdu, sans vraiment d'espoir d'y revenir. Certains ont été accueillis dans des familles d'accueil Mais 90 000 personnes sont depuis 15 ans, dans des centres collectifs : des anciens batiments publics de l'époque soviétique réquisitionnés pour l'occasion (sanatoriums, kindergarten, usines...) équipés à la va-vite, provisoirement. Mais le provisoire dure. Ces déplacés ne sont pas autosuffisants. Certains reçoivent de la nourriture cuite ou quelques aliments du PAM. Il y aura encore besoin de soutien.
Le bénéfice du conflit : une nouvelle attention. Jusqu’à peu, en fait, le gouvernement géorgien ne voulait pas intégrer durablement ces personnes. "La communauté internationale s'est un peu faite dupée par le gouvernement géorgien" explique ce responsable d'une organisation internationale. Il n'y avait alors aucune volonté d'intégrer ces déplacés qui n'avaient parfois pas de droit de vote ou d'achat de terre". Tout cela pour les pousser à revenir. Ce n'est que récemment, depuis trois ans en fait, que cette position a commencé lentement de changer. Le contexte de la nouvelle guerre a accéléré cette prise de conscience. « Désormais le mot « intégration » n’est plus tabou ». Ce conflit a ouvert une « fenêtre d’opportunité financière, une attention politique, internationale », comme jamais il n'y en a eu me confient plusieurs responsables d'ONGs ou expert politique. Ainsi le HCR a reçu de l'Union européenne, trois fois son budget annuel, juste pour la phase d'urgence.
Un pays où l’impulsion règne. On va vite, on construit vite. « Cheap and dirty » me dit un des organisations humanitaires. Ainsi la Géorgie construit à toute vitesse, des maisons pour abriter les déplacés. Des "cottages" dans l'appellation humanitaire. Enfin des maisons ! Plutôt du préfabriqué, un toit, de l'électricité. Et c'est tout ! Pas d'eau courante. C'est un robinet à l'extérieur qui fait fonction. Idem pour les toilettes. Le chauffage a tout bêtement été oublié : on n'a ainsi pas prévu de faire un trou dans les super double vitrages, pour passer le traditionnel poële à bois. Quant aux équipements collectifs - école, commerce, transports publics... - ils ne sont pas prévus. Ils vont arriver affirment les responsables géorgiens à leurs interlocuteurs des organisations humanitaires. De quoi vont vivre ces personnes ? Des industries vont arriver affirment les mêmes. Quand ? Comment ? Pas de réponse pour l'instant... On l'aura compris, en Géorgie, tout est réalisable. Mais la réalité c'est autre chose...
Les "cottages" en construction pour les déplacés le long de l'autoroute de Tbilissi à Gori © NGV