Le Conseil européen va avaliser, les 11 et 12 décembre, le renforcement des capacités de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD), notamment en matière d’anticipation et de planification des crises, qu’elles soient civiles ou militaires. Paris, Berlin et Londres sont d’accord pour avancer sur ce sujet ; ce qui est assez rare pour être souligné et ne constitue pas un moindre succès pour la présidence française de l’UE qui avait inscrit la PESD parmi ses priorités.
Le constat est double, en effet : l’UE manque actuellement de capacités de planification. Et on a d’un côté, des civils, de l’autre des militaires, qui font, somme toute, le même travail. La crise en Géorgie l’a montré : la planification de la crise est en grande partie identique que la réponse soit civile ou militaire.
La phrase qui figure la déclaration sur les capacités que va adopter le Sommet pourrait presque paraître anodine. "Nous encourageons les efforts du secrétaire général en vue d'établir une nouvelle structure civilo-unique de planification au niveau stratégique pour les opérations et missions de la PESD, pour renforcer la cohérence civilo-militaire de nos engagements, qui constitue une valeur ajoutée spécifique et sans équivalent de l'Union européenne".
Mais - comme souvent au niveau européen - ce ne sont pas les premiers ou les derniers qui sont les plus importants, mais le petit paragraphe perdu au milieu d'autres... Cela représente - à mes yeux - une avancée significative. Même si le mot n'est pas prononcé, il s'agit d'un premier pas vers un vrai QG d'opération européen.
Une nouvelle direction "Gestion de crises"
Concrètement, une nouvelle Direction chargée des « crises » sera créée au sein du Conseil de l’UE. La majeure partie des effectifs de cette nouvelle Direction viendront des directions déjà existantes : DG E8 (questions de défense), DG E9 (crises civiles) (*), ainsi que de l’Etat-major militaire ou CCPC. Ces deux derniers organes seront conservés, chargés davantage de la conduite des opérations (il ne s’agit donc pas à proprement du Quartier général européen tant espéré un moment). Au sein de cette direction sera mis en place un « noyau dur » de 20 planificateurs de haut niveau, capables de faire de la panification stratégique pour toutes les opérations civiles et militaires, c’est-à-dire de « présenter aux Ministres, très rapidement, les différentes options envisageables face à toute crise » comme l’explique un diplomate. Si le Haut représentant / secrétaire général du Conseil de déterminer les modalités pratiques de cette réorganisation, les trois capitales semblent d’accord, pour procéder à quelques recrutements externes (ou détachement de personnel des Etats membres).
On anticipe en quelque sorte le Traité de Lisbonne
Derrière ce projet, se profile une restructuration des structures de gestion de crise de l’Union européenne qui est, en quelque sorte, la préfiguration du futur « service extérieur » de l’UE, dans sa partie « PESD ». Les architectes de cette solution ont, en effet, travaillé selon deux options : avec le traité actuel ou avec le traité de Lisbonne. La majeure différence venant alors de l’incorporation des spécialistes de la direction « Pesc » à la DG Relex de la Commission européenne. Un point très intéressant puisque ces personnels apportent leur savoir-faire en matière budgétaire et de marchés publics, et pourraient ainsi introduire de la souplesse dans des procédures pour l’instant, inadéquates, à la gestion de crises.
(*) On en revient ainsi à la situation qui préfigurait il y a quelques années quand Pieter Feith (aujourd’hui parti diriger le bureau civil international au Kosovo) en était le directeur avec une seule direction » constate un expert du dossier.
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