Pour jauger une présidence, commente ce diplomate expérimenté, il faut regarder « les priorités, - l’attendu - et la gestion de crise - l’inattendu -. Revue de détail des résultats obtenus par rapport aux ambitions affichées…
• Union pour la Méditerranée (UPM). Dossier emblématique, il n’a pas vraiment atteint le but proclamé. De grand projet de civilisation, l’UPM a été rétrogradée à un secrétariat chargé de gérer des grands projets. Il faudra voir l’avenir de ce projet. Mention : très moyen.
• Immigration. Le « pacte européen pour l'immigration et l'asile » a été bouclé sans fioritures. La carte bleue pour certains travailleurs « qualifiés » a été avalisée. Mais l’ambiance est plus à la répression de l’immigration illégale qu’à l’intégration des immigrés. Mention : passable
• Energie climat. Sur ce « paquet » difficile, obtenir un accord n’était pas évident. La déception de certaines organisations écologiques ne doit pas faire oublier que mettre aux enchères des quotas d'émissions de CO2 vaut bien quelques dérogations… Mention : bien
• Défense. Négocié dans l’ombre, ce sujet a connu des progrès réels. L’Europe a déployé 3 missions d’importance (Géorgie, Kosovo, Pirates), avancé sur des projets industriels. Et le Quartier général européen pourra être renforcé, enfin ! Mention : bien.
• Le Traité de Lisbonne. Le « non irlandais » avait mis une priorité de plus pour la France. Après quelques cafouillages, le Premier ministre irlandais a accepté de convoquer à nouveau les électeurs l’année prochaine. En échange, les Européens renoncent à un élément majeur du Traité: la réduction de la Commission. Mention : bien.
• les dossiers législatifs. Le bilan est très honorable puisque plusieurs accords ont été obtenus ce semestre, comme le recouvrement des pensions alimentaires, le travail temporaire ou le paquet sur la sécurité Erika III. Mention : Bien
• la gestion de crise. Malgré des divisions sur la Russie, les Européens ont réussi à garder leur unité lors du conflit en Géorgie. Et même si la coordination économique n’est pas parfaite, le plan de relance adopté à 27 montre que chacun est désormais convaincu de sa nécessité. Un net progrès. Mention : excellent.
• l’organisation. Si l’appareil administratif et diplomatique français est toujours « efficace » note un observateur, et Sarkozy « une Lamborghini de la com’ », la présidence française a connu certains ratés notables : plusieurs ministres « séchant » au Parlement ou « franchement mauvais », une communication « hyper-centralisée à l’Elysée » (*) qui a conduit à quelques couacs retentissants, comme ce sommet UE-Ukraine, déplacé dans le désordre d’Evian à Paris. A chaque fois, c’est « pompier » de la présidence, Jean-Pierre Jouyet, le ministre des Affaires européennes qui a été appelé à la rescousse. Mention : très moyen
(*) la présidence a ainsi abandonné les petits briefings (techniques ou politiques) des journalistes durant le sommet. La Com' part du chef de l'Etat. Et il n'y a que lui qui cause. Plus de personnalité diplomatico-politique (comme Catherine Colonna excellait sous la présidence Chirac) pour permettre de suivre l'évolution des dossiers, derrière les portes fermées des réunions (et faire passer en même temps le message de la présidence, il ne faut pas être naïf). Ici rien ne filtre, sinon la parole présidentielle.
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