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4 janvier 2009 7 04 /01 /janvier /2009 16:35
Pour la mission militaire de l'UE (Eufor) au Tchad et en république centrafricaine, les prochains mois seront rythmés par le passage de témoin à la force de l'ONU. Du personnel est en cours de recrutement à l’ONU et pourrait commencer à être déployé début février (un chef vient d'être nommé). L'objectif est d'assurer une transition « douce » avec l'EUFOR et de préparer l’accueil des troupes supplémentaires.

Cette transition ne sera pas aussi facile qu'espéré. Car, pour l'instant, peu de pays - mis à part ceux participant à l'Eufor - se sont empressés de faire des offres. Et la situation humanitaire comme sécuritaire reste précaire. Tandis que les relations avec le Soudan demeurent instables. Deux véhicules de l'Eufor ont ainsi été détruits par les Soudanais. Dans la zone de Birak, deux hélicoptères soudanais Mi24 ont ouvert le feu, le 15 novembre, sur une patrouille de l’Eufor, sans faire de victimes.
A noter qu'une conférence des donateurs aura lieu début 2009 à Bruxelles pour doter le fonds d’affectation spéciale, permettant notamment de former la nouvelle force de sécurité tchadienne – le Détachement intégré de sécurité (DIS) - dont le gouvernement entend doubler l'effectif.

La situation humanitaire et sécuritaire précaire

Dissuation militaire nécessaire face au banditisme. « Les vols de voitures occupées, vols à main armée et crimes visant le personnel humanitaire et les citoyens et réfugiés tchadiens se sont poursuivis. Les attaques menées par des bandits lourdement armés constituent la menace la plus immédiate et la plus constante pesant sur la population civile et les opérations humanitaires » explique le rapport de Ban Ki Moon publié début décembre. « Il s’agit d’une menace de nature criminelle, qui se manifeste essentiellement par l’utilisation d’armements militaires, y compris des armes lourdes. Contrer cette menace exige davantage que des activités de police : la dissuasion militaire s’impose. Lorsqu’elle ne suffit pas, l’intervention militaire est nécessaire. ».
Attaques répétées. Le camp de réfugiés de Sam Oundja qui abrite 3 000 réfugiés du Darfour a été attaqué par un groupe armé non identifié le 8 novembre. À la suite de cette attaque, l’EUFOR a évacué neuf travailleurs humanitaires vers Birao. La zone de Birak est aussi tendue. Des villages autour de la ville ont été attaqués début novembre faisant 8 tués et 240 maisons détruites (sur 300).
Assistance durable. On estime qu’environ 500 000 personnes reçoivent actuellement une assistance. «Faute de conditions de sécurité suffisantes, il est peu probable que les réfugiés retournent dans leurs lieux d’origine. Ils continueront donc à dépendre dans une large mesure de l’assistance extérieure.»

Concept de la force de l’Onu

Zone d'opérations plus vaste. La force de l'ONU reprendrait les missions de l’Eufor — prévenir les hostilités, rassurer la population civile, améliorer l’acheminement de l’assistance humanitaire, assurer la protection du personnel et des installations des Nations-Unies — mais sur une zone d’opérations plus vaste, et avec des responsabilités supplémentaires, consistant notamment à assurer des conditions de sécurité propices au déploiement récemment engagé d’un détachement intégré de sécurité (DIS) légèrement armé.
Effectif. L'effectif sera donc supérieur à celui de l'Eufor : 4900 hommes a demandé le secrétaire général. En-dessous du premier chiffre de 6000 annoncé par l'ONU. Mais au-dessus de ce que voulaient les autorités tchadiennes. Celles-ci ont refusé en effet un déploiement d’une force trop importante, acceptant d'abord 3000 puis 3500 hommes, 4500 et enfin 4900 hommes, après négociation entre Déby et le secrétaire général de l’ONU à Doha. (la force de l'UE compte environ 3700 hommes).
Six sites au Tchad, la force de l'ONU sera répartie sur six sites (à raison d’un demi-bataillon d’environ 400 hommes par site), initialement Iriba, Guéréda, Farchana et Goz Beida (sites de l'Eufor), et par la suite Bahai et Koukou-Goz Amer (deux sites à créer), et devrait être capable d’effectuer « 24 patrouilles de sécurité quotidiennement ». Un mémorandum d’accord doit officialiser l’accord entre l’ONU et le Gouvernement tchadien sur le transfert à la MINURCAT de l’utilisation de tous les sites de l’EUFOR, ainsi que les infrastructures connexes et, surtout, les droits relatifs au forage et à l’usage de puits d’eau.
Réserve mobile. Une réserve mobile, de la taille d’un bataillon (800 hommes), devra assurer une capacité de montée en puissance en cas de menace nouvelle. Le tout appuyé par 18 hélicoptères.
Détachement léger en Centrafrique. La présence de la Minurcat II sera réduite dans le pays. Un petit détachement militaire d’une quinzaine d’officiers pourrait suffire, chargé « d’assurer la liaison avec les autorités locales et les principaux acteurs, de maintenir une connaissance circonscrite de la situation, et d’évaluer l’état de l’aérodrome deBirao et de déterminer les travaux d’entretien nécessaires ». En effet, tant du côté de l’Eufor que de l’Onu , on estime qu’il n’existe pas de menace durable et majeure dans cette région. Les principaux risques se situant au nord-ouest et au sud-est du pays (ce qui supposerait à la fois un changement de mandat pour laMinurcat II et des forces plus conséquentes entre 500 et 1000 hommes).
Lente montée en puissance. Les bataillons de secteur, la force de réserve, ainsi que l’appui logistique, la force de transport (route et air), la capacité médicale sera basée à Abéché durant la première phase de transition. Les déploiements de troupes et de matériel seront extrêmement limités durant la saison des pluies. Le plein effectif ne sera atteint qu’en octobre 2009. Soit le même délai qu’a mis Eufor à monter en puissance (on peut s'interroger pourquoi tant de temps, alors que l’Onu a eu plus d’un an pour se préparer).
Appui logistique français ? Un "appui in extremis" pourra être demandé à certains Etats membres de l'ONU "pour assurer la sûreté et la sécurité du personnel et des installations des Nations Unies", ainsi que la logistique, "dans l’éventualité où la force des Nations Unies ne serait pas en mesure de faire face à la situation" (on pense bien sûr à la France et son opération Epervier qui seront, dans ce cas, le plus à même de fournir ce soutien).

Une force installée dans la durée.

Six critères ont été fixés par l’ONU pour mettre fin à la Minurcat II. Des critères, logiques, mais qui, vu la situation sur place, laissent augurer d’une présence longue de la force de l’ONU :
a) Retour volontaire et réinstallation dans des conditions sûres d’une masse critique de personnes déplacées;
b) Démilitarisation des camps de réfugiés et de personnes déplacées, attestée par une diminution de la présence d’armes, de la violence et des violations des droits de l’homme;
c) Capacité des autorités locales de protéger comme il se doit les réfugiés, les personnes déplacées, les civils et les humanitaires;
d) Capacité des organes nationaux de police de maintenir l’ordre public en faisant respecter les normes internationales relatives aux droits de l’homme;
e) Instauration progressive d’un pouvoir judiciaire indépendant et efficace dans l’est du Tchad, contribuant à mettre fin à l’impunité, attestée par une augmentation sensible des moyens et de l’indépendance du secteur de la justice, et du respect manifesté à son égard;
f) Système pénitentiaire renforcé dans l’est du Tchad, fondé sur une administration pénitentiaire respectueuse des droits de l’homme.

A noter qu'en complément de la force de l'ONU, une force de paix et de sécurité (FPS) - tchado-soudanaise - serait déployée le long de la frontière entre le Tchad et le Soudan, avec la mise en place de postes d’observation, le Tchad et le Soudan devraient chacun déployer un millier de soldats à leurs frontières respectives.
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Derrière les murs, la politique (européenne) des affaires étrangères (PESC), de sécurité et de défense commune (PeSDC) est décryptée. Stratégie, politique, gestion de crises, industrie ou transport aérien militaire, surveillance maritime et protection civile...Missions militaires et civiles de l'UE (Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Géorgie, Moldavie / Ukraine, Afghanistan, Irak, Palestine, Congo RDC, Guinée-Bissau, Haïti, Océan indien, Somalie, Tchad).

logo_ouestfrancefr.pngL'éditeur : Nicolas Gros-Verheyde. Journaliste, correspondant "Affaires européennes" du premier quotidien régional français Ouest-France après avoir été celui de France-Soir. Spécialiste "défense-sécurité". Quelques détails bios et sources.