Après une comparaison critique entre les documents de stratégie de l'Union européenne et des Etats-Unis, les différents intervenants ont en effet estimé qu'un pas important pour une politique européenne de prévention des conflits passe par la création d'un corps civil européen pour la paix. « Nous avions déjà évoqué ce sujet il y a plusieurs années », rappelle le député Per Gahrton (Miljöpartiet de Gröna, Suède). « Dix présidences ont passé. Et rien n'a été fait. En matière d'engagement militaire, il y a eu des avancées et cela a été vite. Mais pour le corps civil, on n'en a plus parlé. Le moment est venu d'agir », a-t-il estimé avant d'avancer deux propositions: « le Conseil devrait lancer une étude pour avoir une mini- structure souple flexible capable d'établir les ressources à donner aux Etats, et ONG et il faut inscrire la création d'une agence européenne d'établissement de la paix dans la Constitution ».
La nécessité de forces civiles aux côtés d'un engagement militaire ou de police a été démontrée par Arno Truger, du Centre autrichien pour la paix et la résolution des conflits, « Des forces militaires et de police ne suffisent plus lorsqu'il s'agit de conflits internes. Il faut aller plus loin que le respect d'un simple cessez-le-feu et la mise en place d'élections. Sur ce point, l'UE n'a pas tiré les leçons adéquates des Balkans ». Et d'ajouter: « J'ai l'impression qu'on met parfois la charrue avant les bœufs. Une situation de post-conflit est difficile à gérer et il est nécessaire d'avoir des experts civils. Il suffit d'observer ce qui s'est passé au Rwanda. La Communauté internationale perd beaucoup d'argent dans des opérations militaires ». L'expert autrichien a également défini les contours d'un tel corps. Doté d'une formation et structuré, « il devrait être civil à 100%. Certes, il doit y avoir une coopération avec les autres corps présents sur place - militaires, police - mais le mélange [des forces] est difficile à gérer. « Il suffit de voir ce qui passe actuellement en Irak ou ce qui s'est passé en Somalie. Il devrait recevoir un mandat des Nations unies et pourrait intervenir sur toute situation, pas seulement après un conflit mais aussi en prévention ».
Il est important de ne pas sombrer dans le pessimisme, a estimé pour conclure le député européen Joost Lagendijk (Pays-Bas): « J'ai assez d'espoir. Car les politiques des Américains ont échoué. Ces Américains qui demandent maintenant aux Européens quelles sont leurs expériences en matière de reconstruction. Ils se sont aperçus qu'après une guerre, il reste des problèmes à gérer. C'est une vraie chance pour nous ». Et de lancer un appel: maintenant, « il faut pouvoir répondre aux Américains ».
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