Des pertes très discrètes... On parle, en effet, souvent des pertes internationales subies en Afghanistan. Beaucoup moins de celles des policiers afghans, qui sont en première ligne et paient cher - très cher -, leur engagement. Même si on peut discuter sur le chiffre donné par le ministre suédois (celui-ci me paraît un peu important au regard des autres informations disponibles, ou alors il ne tient compte que des dernières semaines ou englobe l'ensemble des forces de sécurité), les pertes subies par la police afghane (et plus généralement les forces de sécurité locale) donnent l'ampleur de la difficulté en Afghanistan pour stabiliser le pays et former une police moderne. Tâche à laquelle tente de s'atteler l'Union européenne avec sa mission Eupol, non sans difficultés (1).
Une hémorragie qui mine la stabilité. Quand on parle de rétablissement de l'Etat de droit, de formation des policiers, nous devrions prendre en compte cette donnée. Quel Etat normalement constitué pourrait ainsi tenir, face à une telle hémorragie ? Comment peut-il rétablir la stabilité alors que la substance moelle chargée de le protéger fuit ? Comment éviter la peur légitime et la tentation de ne pas "trop en faire" parmi ceux qui restent ? Comment attirer et former de nouveaux volontaires, si chaque jour, plusieurs d'entre eux meurent "au front" ? Des questions pratiques également : Comment indemniser aussi les familles des morts et les blessés ? Comment assurer la protection de ces policiers (collective et individuelle) ? ... Et une question difficile, stratégique, mais nécessaire si l'on veut - selon le mot d'usage - mener à bien "l'afghanisation" du conflit : quels moyens occidentaux doit-on mettre à leur disposition, sous leur commandement direct ? Là est peut-être, l'essentiel des questions qu'on doit se poser et des actions que les Européens doivent développer, plutôt que davantage de renfort pour les forces militaires.
NGV
(1) Des difficultés très concrètes, lire "recrutement difficile".