"Les forces israéliennes ont intercepté six navires qui tentaient de briser le blocus maritime de la bande de Gaza et rejetant les avertissements faits par la Marine avant cette interception. Ils ont aussi ignoré l'invitation d'accoster dans le port d'Ashdod pour transférer les matériels humanitaires en utilisant des moyens Israéliens. Sur cinq des six navires de la flottille, les soldats n'ont rencontré aucune résistance dans les passagers. Et les navires amenés au port d'Ashdod. Dans le sixième, le Mavi Mamara, les soldats israéliens furent attaqués avec des pistolets, des grenades incapacitantes, des couteaux et des clubs. Les manifestants ont volé deux pistolets aux soldats et faits feu sur eux. Deux soldats ont été blessés avec ces armes à feu et un troisième poignardé avec un couteau. En tout sept soldats ont été blessés. 4 sont considérés en condition modérée, un est légèrement blessé et deux autres sont sortis de l'hopital". Voici en quelques phrases la version des forces israéliennes de l'assaut donné sur le Mavi Marmara. Qui joignent des images à l'appui.
Images à prendre cependant avec précaution. Car elles ne montrent ni l'avant, ni l'après, ni ce qui se passe autour. Elles contrastent fortement avec les images diffusées par les chaînes turques et arabes et les versions des passagers. Entre deux versions de faits, totalement différents, il est donc important de savoir rapidement ce qu'il est advenu. Et la réaction de l'UE, qui réclame, avant tout, une enquête impartiale sur les évènements est à saluer.
Un triple échec retentissant
On peut faire la liste des erreurs de l'opération qui fera date dans l'histoire de l'armée israélienne. Sans entrer dans le débat juridique d'un navire civil pris dans les eaux internationales par des forces militaires, on ne peut, en effet, qu'être frappé par le débordement et l'impréparation à la fois militaire et politique de cette opération. Et la version officielle israélienne - si elle est maintenue - est aussi dangereuse pour Israël que les faits eux-mêmes car elle révèle trois types d'erreurs : le mauvais emploi de moyens militaires, l'incompétence de son armée, l'arrestation de forces de citoyens d'autres pays.
Tout d'abord, le bilan en atteste, l'usage de la force a été "totalement" déséquilibré. L'emploi de forces militaires - sans doute pas entraînées pour du maintien de l'ordre — a été sans doute l'"erreur de départ". Lutilisation de balles réelles a fait le reste. Quels que soient les "attaques" dont ont été l'objet les soldats israéliens, le bilan est dévastateur : 9 morts et plusieurs dizaines de blessés d'un coté (passagers) et 7 blessés de l'autre (dont aucun en danger). Ce qui est largement révélateur d'un emploi démesuré de la force.
Ensuite, si on en croit la version officielle, que des commandos arrivent à se faire prendre deux pistolets par des civils armés de couteaux et de barres de fers peut faire douter de la compétence militaire des forces d'assaut israélienne. Que les forces israéliennes n'aient pas été "au courant" de ce qui les attendait sur le Mavi Marmara révèlérait une incompétence de ses services de renseignements. Or, sens de l'offensive, forces spéciales et services de renseignements ont toujours été une des clés de la réputation, et des succès, de l'armée israélienne dans la région.
Enfin, sont en cause non pas des citoyens palestiniens ou de voisins arabes "belliqueux" comme d'ordinaire mais des citoyens d'autres pays notamment européens. Le fait que des Turcs, Irlandais, Allemands, Britanniques... se retrouvent "victimes" de cet assaut militaire, puis "transférés" en Israël (alors qu'ils étaient dans les eaux internationales), et pour certains "emprisonnés, propulse le conflit moyen-oriental dans l'arène européenne. On ne peut plus s'en désintéresser. Et dans cette partie, Israël apparaît non plus comme un pays subissant des menaces mais comme un pays exportateur de "menaces". Le Hamas peut ainsi crier victoire. Cette trace indélébile dans les opinions publiques rendra difficile dorénavant dans toutes les relations internationales avec l'Etat hébreux.
commenter cet article …