Quelques questions encore en débat. Les 27 devraient ainsi reconnaître « la nécessité d'une telle formation dans le cadre d'un effort international plus vaste ». Cet effort incluera « la surveillance du personnel en formation, le suivi et l'encadrement des forces après leur retour à Mogadiscio ainsi que le financement et le paiement des salaires des soldats ». Mais ces questions restent sensibles. Et les 27 sont aussi convenus qu'avant le lancement de la mission, on puisse y trouver des réponses « de manière satisfaisante ». La mission EUTRA « devrait être dirigée en étroite coordination avec nos partenaires, y compris le gouvernement fédéral de transition, l'Ouganda, l'Union africaine, les Nations unies et les États-Unis d'Amérique. »
Démarrage en mai ? La mission devrait avoir pour objectif - dans un premier temps - de former 4 bataillons des forces de sécurité somaliennes, environ 2000 hommes, une formation qui prend six mois. Ainsi que ce blog s'en est fait l'écho début janvier (***), cette mission « devrait se dérouler en Ouganda », à Bihanga, où les forces somaliennes suivent d'ores et déjà une formation, « ce qui devrait également faciliter la coordination de l'action de l'UE avec la mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM) ». Les Ougandais devraient faire la formation de base. Et les Européens ajouter des modules de formation spécialisés, comme ce blog s'en est fait l'écho (4). Son lancement est « prévu au printemps 2010 » (mai, d'après mes dernières informations), en même temps que démarre la formation d'un contingent de personnel somalien par les forces ougandaises.
Commentaire.
Pourquoi un 2e feu vert est-il nécessaire ? En novembre, les Ministres avaient approuvé le concept de gestion de crises (CMC) et la décision de confier à un groupe le soin d'étudier la "possibilité" d'une mission (4). On avait alors parlé de "feu vert" à la mission (5). Mais, de fait, si c'était le feu vert pour certains, c'était un feu orange pour d'autres. Cette formulation était destinée à préserver les réticences de plusieurs Etats membres mais, en même temps, de permettre d'avancer dans la programmation d'une mission militaire. Il est d'ailleurs plutôt peu ordinaire qu'un CMC soit approuvé aussi solennellement par les Ministres. Entretemps, deux fact finding missions - missions exploratoires se sont rendues sur place (en Ouganda, à Addis-Abeba au siège de l'Union Africaine...) pour étudier les différentes modalités. Les conclusions publiées le 25 témoignent donc d'une réelle volonté prise à 27... Même si les esprits ne sont pas encore tout à fait sur la même longueur d'onde...
Du rôle positif des Etats-Unis. A sa prise de fonctions, la Haute représentante de l'UE, Catherine Ashton, était d'ailleurs plutôt sceptique sur l'utilité de cette mission, tout comme certains Etats membres (Royaume-Uni, Pays-Bas...). Mais ils ont fini par consentir à cette mission. La volonté américaine de s'impliquer davantage dans la zone Yemen-Somalie, après la dernière tentative ratée dans l'avion de la KLM Amsterdam-Détroit, n'est sans doute pas étrangère à ce "tempérament".
(1) On parle de 27 par commodité, en fait dans les missions militaires, il y a 26 Etats membres qui décident, le Danemark bénéficiant d'un opt-out.
(2) Le traité de Lisbonne a supprimé le distinguo entre les opérations militaires et les missions civiles de la PESD, on parle désormais de missions - dans les deux cas - de la PSDC. De même, on ne parle plus que de "décisions" en matière de politique étrangère, qu'il s'agisse d'actions (communes) ou de positions (communes).
(3) Lire : Mission de formation des militaires somaliens (Eutra): la dernière ligne... courbe ? (janvier 2010)
(4) Eusecfor Somalia : 14 millions d'euros. Et l'OHQ à Nairobi ?
(5) Lire : La 24e mission de la Pesd "EuSecfor Somalia": feu vert mardi
(photo : un officier français en formation de militaires ougandais faisant partie de l'AMISOM - crédit : ministère de la Défense Fr. / Dicod)