Au moment où on parle d'une approche globale de l'UE et de la fusion des délégations de l'UE et de la Commission européenne, à Genève, un mouvement inverse d'amorce à Genève. La Commission européenne a proposé, en effet, le 26 mai dernier, de "spliter" sa délégation. Ce pour d'excellentes raisons
La délégation de l'UE à Genève a deux fonctions essentielles : assurer la représentation et la défense des intérêts de la Commission européenne auprès des Nations-Unies comme de l'OMC. Avec l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, la délégation de l'UE va devoir assurer le rôle qui était - jusqu'à présent - tenu par les présidences tournantes de l'UE. Le chef de délégation, notamment, aura "une charge de travail beaucoup plus lourde" ; il devra ainsi "être physiquement présent aux différentes réunions de coordination de l'UE au niveau du chef de délégation".
Il ne pourra ainsi plus assurer le rôle de chef de délégation pour l'OMC. Et n'avoir qu'un chef de délégation adjoint pour la matière "OMC" n'est pas pensable, selon la Commission. « Il est essentiel - explique-t-on à la Commission - que l'ambassadeur de l'UE auprès de l'OMC reste du niveau le plus élevé et conserve un rang équivalent à ses homologues car il doit entretenir des relations satisfaisantes et fructueuses avec les pays tiers accrédités auprès de l'OMC et le directeur général de l'organisation, et assurer une coordination quotidienne efficace avec les Etats membres de l'Union. »
Car « l'Union a une compétence exclusive dans le domaine du commerce extérieur ». La Commission ayant un rôle « d'unique négociateur pour l'UE, ainsi que le poids de l'Union, plus important bloc commercial du monde, la délégation a d'importantes responsabilités dans le contexte des négociations de l'OMC ». Et le processus de l'OMC est essentiellement fondé sur les ambassadeurs ; les négociations ne réunissent parfois qu'un nombre limité de chefs de mission présents à Genève dont le chef de délégation de l'UE mais pas les Etats membres ». Bref il faut non pas une délégation de l'UE mais deux : une dévolue à l'OMC et géree par la Commission européenne, l'autre consacrée aux autres questions diplomatiques et gérée par le nouveau Service diplomatique de l'UE - qui intégrera le bureau de liaison du Secrétariat général du Conseil.
Bien entendu cette petite opération ne se fait pas, tout à fait, à budget constant. Le passage de chef adjoint à chef de délégation (AD 13 à AD14/AD15 pour les connaisseurs) conduit à une augmentation de salaire notable : + 5.000 euros par mois. Pas négligeable ! Sans compter la voiture officielle (30.000 euros à l'achat), la résidence (différence de 29.200 pour 2010) et le mobilier de la résidence (43.000 euros). Bref la bagatelle en coût annuel revient à 183.000 euros (une fois les investissements faits). « Le surcoût reste limité » affirme la Commission. Car les services administratifs et de soutien resteront partagés entre la mission. Ouf ! on respire.
NB : Précisons d'un point de vue formel que cette proposition a été faite par la Commission européenne seule et non par la Haute représentante. Ce qui est assez singulier dans le cadre de la nouvelle organisation des délégations du SEAE !
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