
Personnellement, je suis assez frappé du relatif silence qui entoure ce départ. Alors que pour n'importe quel évènement, chacun ne tarit pas d'éloge et s'empresse de tisser mille mots de remerciements, tout aussi plats l'un que l'autre, là rien ou presque rien. Les Chefs d'Etat et de gouvernement dont il a été un rouage indispensable à Bruxelles ne lui ont pas rendu jusqu'ici vraiment l'hommage qui lui était dû. Et les différents responsables européens - dont il a bien servi l'idéal en développant une politique étrangère et de sécurité à partir de rien ou peu de choses - n'ont pas été plus bavards. L'homme n'a cependant pas ménagé sa peine pour l'Europe. Et si, aujourd'hui, il y a tant soit peu une politique étrangère et de sécurité de l'UE, c'est en partie grâce à lui. Selon les comptes de son secrétariat, comme le rapporte La Vanguardia (1), « il a parcouru au moins 2,6 millions de kms et mené plus de 500 missions diplomatiques de par le monde ». L'homme vaut effectivement le détour. Et j'avais déjà pu dire ce que j'en pensais, il y a quelques mois, comment derrière un personnage, en apparence confus, pouvait se cacher un réel diplomate de passion (2).
Aussi je préfère lui laisser la parole (une fois n'est pas coutume ! -:)). Voici son message d'adieu envoyé à toute la presse à Bruxelles : « My mandate as EU High Representative for the Common Foreign and Security Policy comes to an end today. I want to thank everybody and in particular the press and media for the interest with which they have followed our work over the past decade. Over the last ten years, Europe has become a global player whose voice is heard on every continent. We have developed a foreign policy, with the structures and tools to underpin it. The European Union is working hard to make a difference to people's lives where its missions are deployed. The media have played a vital role in all this with its coverage of our activities and I know that they will continue to do so. »

Le président serbe a remercié Solana de toute son action « pour tout ce qu'il a fait pour l'intégration pour son pays et pour son esprit européen ». Ce genre de compliment, d'ordinaire très diplomatique, trouve toute sa saveur. Pour celui qui commandait, il y a dix ans, l'OTAN et était donc honni à Belgrade pour ses frappes aériennes sur la Serbie, on ne pouvait effectivement rêver meilleur hommage. Boris Tadic a également exprimé toute sa satisfaction après la décision prise (ce 30 novembre) de libéralisation de visas et exprimé également toute sa responsabilité et son « engagement pour la stabilisation de l'ensemble de la région » (notamment de la Bosnie-Herzégovine qui ne bénéficie pas de la même mesure).
(crédit photo : Conseil de l'UE. En haut : Javier Solana avec Zapatero, le Premier ministre espagnol, et Juncker, le Premier ministre luxembourgeois, au dernier sommet européen, le 19 novembre 2009. En bas : Javier Solana avec Boris Tadic)
(1) Entretien à télécharger
(2) Lire : Portrait de Javier Solana - Entretien : "le temps où un pays seul pouvait résoudre une crise internationale est révolu" + biographie (mars 2009)
(3) Il était bloqué par les Pays-Bas car ce pays estimait - notamment en souvenir de son propre passé peu glorieux à Srebrenica - que la coopération avec le tribunal international de la Haye devait être impeccable.
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