A la conférence d'Istanbul, le 22 mai, 35 pays, réunis à l'invitation du gouvernement turc (1), ont réaffirmé leur volonté de soutenir la Somalie et son gouvernement dans la recherche de stabilité. Cette déclaration d'Istanbul - comme il faut l'appeler (2) - a endossé la création de deux nouveaux mécanismes - un trust fund sur la piraterie et une task force sur la reconstruction.
Pour la communauté internationale, il y a en effet un impératif : la reconstruction provisoire de la Somalie doit exister en complément des activités d'assistance humanitaire et avant de passer à une phase de développement. Mais la lutte contre la piraterie et la formation des forces de sécurité somaliennes sont également une nécessité. La conférence a d'ailleurs salué le rôle joué par l'opération de l'UE Atalanta", celle de l'OTAN "Ocean Shield" et la CTF 151.
Un fonds international contre la piraterie
La conférence a ainsi approuvé la création d'un "International Trust Fund" chargé de "soutenir les initiatives du groupe de contact sur la piraterie au large de la Somalie pour prendre en charge les dépenses liés aux poursuites judiciaires des pirates suspects et de soutenir les autres initiatives anti-piraterie". Ce fond serait alimenté par les Etats membres mais aussi par d'autres donateurs (organisations internationales mais aussi - pourquoi pas ! - le monde maritime, assurances ou armateurs). Cette idée est très intéressante car il pourrait donner à certains Etats de la région qui ont peu de moyens des compensations financières à leur engagement dans la poursuite en justice des pirates.
La conférence a ainsi appelé d'autres Etats (que ceux déjà engagés) "à faciliter les poursuites devant leurs cours nationales, en cohérence avec les règles internationales applicables et les droits de l'homme".
Une task force pour la reconstruction
La conférence approuve également la création d'une "task-force" chargée de concevoir très rapidement (dans les 4 prochaines semaines) un mécanisme pour regrouper ensemble les agences et partenaires de développement chargé de répondre aux besoins critiques de stabilisation du pays. Ce mécanisme proposé par la banque de développement islamique serait présidé par la Turquie et pourrait assurer la fourniture de services humanitaires et de base, la réhabilitation des infrastructures, le développement des moyens d'existence et la création d'emploi.
Une feuille de route au gouvernement somalien sur les forces de sécurité
La conférence a enfin souligné combien était importante "Le rétablissement, la formation, l'équipement, le paiement et la des forces de sécurité somaliennes est "vitale" pour la stabilité à long terme de la Somalie". Elle donne aussi gouvernement transitoire somalien une feuille de route afin d'assurer la sécurité à la population somali : augmentation du nombre de recrues somali entraînées, réintégration de "toutes les forces somali, notamment celles de Ahlu Sunna Wal Jama's", amélioration des structures de commandement et de contrôle des forces somali.
De façon générale, on peut remarquer que la communauté internationale, tout en réaffirmant son soutien au gouvernement transitoire somalien, montre une certaine impatience, voire même un certain énerverment à son égard, en lui rappelant ses responsabilités, notamment "de répondre aux souffrances humanitaires de la population somali" mais aussi d'éviter de se perdre dans des "disputes internes" (3).
NB : le prochain rendez-vous international sur la Somalie sera en septembre de cette année à Madrid avec la réunion du groupe de haut niveau.
(1) Le gouvernement turc confirme ainsi sa volonté de jouer un rôle de premier plan au niveau mondial, après la médiation avec l'Iran.
(3) Lire également : Pour le président djiboutien, il faut gagner la bataille de Mogadiscio ...
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