Le calendrier s'accélère. Cette décision étant approuvée par les ambassadeurs du COPS, elle ne nécessite plus de débat politique. Elle peut donc être adoptée par voie de procédure écrite ou être inscrite au prochain Conseil des Ministres en point A (ce pourrait être au Conseil Education le 15 février, Ecofin le 16 février, Agriculture le 22 février, etc.). Le commandant de l'opération devrait produire, d'ici peu, le Concept d'opération (CONOPS) qui - quasiment prêt - pourrait aussi être rapidement adopté. Il reste surtout à peaufiner le Plan d'opération (OpPlan) et assumer la génération de forces avant le lancement de la mission. Si certaines questions ont été résolues, d'autres sont en cours ou à résoudre.
Des questions résolues (2)
• Qui sera le commandant d'opération ? : le Colonel Ellul (Espagnol), déjà chargé de la planification de l'opération.
• Pourquoi l'Ouganda ? : « C'est plus simple. Et cela permet des synergies : avec les Ougandais et l'Union africaine qui ont déjà mis en place un programme de formation ; avec les Américains qui ont sur place un programme d'équipement de l'armée ougandaise » explique D. Lenoir.
• Quelles formations les Européens assument ? Les Ougandais assureront la formation de base, les Européens les modules spécialisés: combat en zone urbaine, détection d'IED, soutien médical, encadrement (sous-officiers).
• Pourquoi le chiffre de 2.000 soldats formés ? « Ce chiffre n'est pas sorti de nulle part. Il correspond à la demande du GFT de disposer de 6000 hommes. 4000 ont déjà été formés » par les Ougandais, les Djiboutiens et les Français.
• Comment s'organise le paiement des salaires ? La mission se reposera sur le système déjà mis en place par les Somaliens, avec le cabinet Price WaterCooper House « dispositif déjà testé et qui marche » selon Didier Lenoir.
• Comment va s'organiser le suivi des soldats après la formation, le « monitoring sera fait par l'AMISOM, comme pour les bataillons déjà formés. Il n'est pas question de laisser les troupes abandonnées à elles-mêmes. »
... et quelques questions à résoudre : l'équipement surtout
• La taille exacte de la mission ? La mission devrait tourner plutôt autour de 200 personnes que de 100. Outre les formateurs, il s'agit, en effet, de fournir de la logistique et surtout un soutien médical. Bihanga est à plusieurs heures de Kampala et n'est pas équipé en soins médicaux de façon suffisante pour une mission européenne. Il faut aussi mettre en place quelques installations supplémentaires à la fois pour pouvoir accueillir les formateurs européens et tous les soldats somaliens, mais aussi pour permettre de reconstituer certaines situations (le combat en zone urbain notamment).
• La répartition des tâches ? Elle reste à déterminer. Ce sera le rôle de la génération de force et de l'OpPlan de le faire.
• L'équipement et les armes ? C'est la question la plus délicate. Les Américains avaient déjà fourni des équipements et des armes, les Lybiens des uniformes. Les Russes « ont montré leur intérêt mais n'ont pas d'offre exacte ». Il reste à savoir ce que les Européens et leurs partenaires pourraient fournir, pour qu'une fois retournés au pays, les Somaliens ne soient pas un bataillon de sans-culottes. « Nous avons tout à fournir à commencer par les treillis » explique un expert du dossier.
(1) Le "petit nom" de la mission a changé entretemps. Envisagé comme EUSEC au départ (alors que la mission n'était même pas définie) ou EUSECFOR (par analogie avec l'opération EUNAVFOR), les responsables avaient choisi puis EUTRA dans les premiers projets officiels, il est devenu EUTM (EU Training Mission).
(2) Lire également : Mission Eutra Somalie: les points essentiels
NB : une nouvelle section a fait son apparition sur ce blog regroupant tous les articles autour de cette mission ainsi que plus généralement sur la sécurisation et le développement de la Corne de l'Afrique (Somalie, Erythrée,...).
(crédit photo : DICOD / Ministère français de la Défense - formation des militaires de l'AMISOM par les Français en Ouganda)