Suite de notre entretien avec Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, consacré au service européen d'action extérieure
"Le combat d'arrière-garde que se livrent le Parlement européen et la Commission européenne doit cesser"
• Dernier point, la négociation du nouveau service européen d’action extérieur semble s’enliser ?
Effectivement. Je suis inquiet. Le Parlement (européen) se livre actuellement à un combat d'arrière-garde avec la Commission qui retarde tout. Mais soyons sérieux ! La politique étrangère, ce sont les nations, avant tout. Ce ne sont pas les commissaires européens ni le Parlement européen qui vont décider d'aller faire tuer des soldats. Si le service extérieur doit être pris en otage par des gens comme çà ; cela pose problème. Dans nos capitales, nous nous sommes battus pour imposer un service européen contre nos "quais" respectifs ? Cela ne donne pas une bonne image de l’Europe. On doit avancer maintenant, rapidement, et cesser ces querelles de chapelle incompréhensibles.
"le SEAE ne doit pas devenir un 28e service diplomatique"
• Comment ce service ne fera pas doublon avec nos diplomaties ?
Ce Service doit apporter une valeur ajoutée, rajouter de la puissance dans le monde. Il ne doit surtout pas devenir un 28e service diplomatique qui va rajouter des problèmes et ajouter à la confusion institutionnelle.
"Cathy doit être une vraie chef d'équipe"
• Cathy Ashton vous paraît-elle taillée pour le job ?
Elle fait un formidable travail. C'est d’ailleurs actuellement le job le plus passionnant de l'Union. Pour moi sa tâche est multiple. Elle doit coordonner et mettre ensemble tout le monde, créer un service à partir de rien et arriver à un corps commun. Cela suppose un changement de culture pour les fonctionnaires de la Commission qui vont intégrer le Service ; ils servent l'Union, pas la Commission. Elle doit favoriser une position commune entre les Etats concernés. La "dame" doit aussi coordonner l'action des 5-6 commissaires européens qui ont une action extérieure (développement, énergie, commerce, voisinage). Un vrai travail de chef d'équipe. Mais c'est important. Nous devons changer notre mode de fonctionnement. Par exemple, nous avons 53 accords différents avec la Chine, et 120 accords avec la Suisse. Est-ce bien sérieux pour peser dans une négociation...
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