Il en était question pourtant. Le retrait progressif des Européens des Balkans a, en effet, pour conséquence que le premier pays contributeur de la mission européenne militaire de stabilisation en Bosnie EUFOR Althea est aujourd’hui… un État non membre de l’Union européenne. En l’occurrence, la Turquie ! Singulier retournement de situation pour le successeur de l’empire ottoman qui était l’autorité de tutelle de la région durant des siècles.
La logique suivie jusqu’à là aurait été de proposer le commandement de la force (1) aux Turcs. Ce qu’ils espéraient. Mais ce qui ne semblait pas possible par le caractère « UE » de la mission (2). Le comité militaire a donc donné un avis négatif sur mais proposé alors le poste d’adjoint. Vexés, les Turcs ont refusé, selon les informations qui me sont parvenues.
Commentaire : c’est la première fois à ma connaissance dans la courte histoire de l’Europe de la défense que cette situation (présence majeure d'un Etat non membre) se produit. Et cela montre combien la PeSDC demeure à la fois fragile et soumise aux aléas de la volonté des Etats membres et combien les pressions à la fois financière (restrictions budgétaires) et opérationnelles (engagement en Afghanistan notamment) sont fortes. Cela illustre, plus que jamais, la nécessité de la mise en place d’Althea II, simple mission non-exécutive et non plus mission de stabilisation.
(1) Le commandement de l’opération est assuré par le D-Saceur, Althea étant placé sous format « Berlin Plus »
(2) Accessoirement, avec un commandant turc à la tête d’Althea et un Haut représentant (OHR/EUSR) autrichien, on reconstituait un peu la domination historique des deux anciennes puissances tutélaires sur la Bosnie. Peut-être un peu « too much ».
(crédit photo : EUFOR Althea - destruction d'armes)