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29 novembre 2009 7 29 /11 /novembre /2009 23:55

Le ministre de la Défense grec, Evangelos Vénizélos, a annoncé, la semaine dernière, vouloir explorer une nouvelle philosophie dans les relations greco-turques, en reconnaissant notamment que la Grèce ne devrait, ni s’attendre, ni se préparer à une guerre généralisée avec la Turquie mais à des crises militaires de courte durée, susceptibles d’être exploitées sur le plan diplomatique ultérieurement.

Lors d'une réunion avec la commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense, jeudi à Athènes, il a ainsi estimé que les violations de la chasse turque au-dessus de la mer Egée (ou du moins ce que la Grèce considère comme des violations de son territoire) ne sont « rien d’autre que des pressions politiques, visant à conduire la Grèce à la table des négociations diplomatiques, dans des conditions plus difficiles pour elle ». Pour le ministre, si la Grèce s’attendait à une guerre généralisée, cela signifierait, en fait, remettre en question l’ensemble des relations internationales et ses alliances (*).

Une volonté de détente avec les voisins. De façon plus générale, le Pasok - qui gouverne désormais en Grèce - semble vouloir ainsi enclencher un nouveau climat plus détendu avec ses voisins. En témoigne également la tentative de régler, enfin, de façon définitive, la question du nom de la république voisine de Macédoine issue de l'ex-Yougoslavie. Contentieux qui bloque l'adhésion de ce pays à l'OTAN comme les négociations vers l'adhésion à l'UE.

Un pays qui vit au-dessus de ses moyens. Il y a aussi des nécessités très terre-à-terre, bien économiques à cette révision géostratégique. Avec 2,8% du PIB consacrés aux dépenses militaires, la Grèce a un des plus forts taux de dépense du continent devant la Bulgarie (2,6%), la France (2,3%), le Royaume-Uni (2,2%) (**). Et les dépenses ont fait un bond de 11% entre 2007 et 2008. Mais le déficit public a atteint, lui aussi, un record : près de 13% selon le gouvernement. Et cela nécessite des mesures drastiques. Il paraît ainsi certain que certaines dépenses militaires et, particulièrement, certains engagements d'équipement devront être réexaminées.

Une politique d'achats revue. On comprend ainsi la prudence avec laquelle le ministre de la défense grec a répondu à son homologue français, Hervé Morin qui lui rendait visite, lundi 23 novembre. La France est, en effet, en première ligne pour plusieurs équipements grecs lancés par l'ancien gouvernement (lire : La Grèce fait son marché en France (mais pas de Rafale?). Concernant les frégates, Vénizélos a expliqué sa volonté de continuer les négociations pour une "aussi grande implication grecque que possible dans le transfert de technologie et la meilleure valeur ajoutée grecque » Autrement dit de meilleurs contreparties pour la Grèce. Concernant les hélicoptères NH-90 et Puma, il y a encore nécessité de « recherche de solutions communes » ; aux Français de régler les problèmes qui surgissent sur le NH90, ce qui permettra d'avancer sur le Puma. Quant à l'achat d'avions de chasse, cela semble plutôt mal parti pour le Rafale. Et les déclarations du ministre sur la Turquie laissent plutôt entendre que la Grèce veut mettre une pédale douce sur ce type d'achat. 

(*) On a l'impression que le commentaire écrit il y a 50 ans et que vient de republier Ekathimerini reste en partie toujours vrai : «On paper, both Greek and Turkish military units constitute half of NATO’s land forces. The Turks have 20 divisions and the Greeks 12 in NATO but, in both countries, the greatest proportion of their military is concerned with domestic security and is not available to NATO. The size of the area being defended is out of proportion. Greek and Turkish forces could play a decisive role in the event of any local dispute but would not be capable of acting as a deterrent to a powerful aggressor or keep it at bay for any length of time » écrivait Michalis Katsigeras en... 1959 !

(**) Source : OTAN, dépenses 2008

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logo_ouestfrancefr.pngL'éditeur : Nicolas Gros-Verheyde. Journaliste, correspondant "Affaires européennes" du premier quotidien régional français Ouest-France après avoir été celui de France-Soir. Spécialiste "défense-sécurité". Quelques détails bios et sources.