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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 14:55

pirates.jpgLe nombre de suspects ou pirates appréhendés, depuis le début des opérations multinationales dans l'Océan indien (avril 2008 mais surtout novembre 2008), se rapproche de la barre fatidique des 1.000 personnes (et encore si on ne prend pas en compte les bateaux non poursuivis).

Lire le bilan détaillé (réalisé en exclusivité par "Bruxelles2" avec différentes sources remises à jour régulièrement)

Sur ce nombre, près de la moitié ont été remis à la justice (certains libérés ensuite sur ordre du juge). Mais on ne peut que constater, ces dernières semaines, une chute notable du taux de traduction en justice. Celle-ci repassant pour les opérations multinationales (EUNAVFOR, CTF) sous la barre des 50% (à comparer au taux de 6 sur 10, voire 8 sur 10 traduits en justice). Les forces de l'OTAN restent à un taux traditionnellement bas (1 ou 2 sur 10). En revanche, on peut constater, également, une plus grande efficacité des forces locales (Seychelles, Kenya, Puntland, Yemen) qui est, en soi, une bonne chose.

Cette chute est due à un double phénomène : augmentation du nombre d'arrestations (près de 300 depuis début mars) mais manque de places dans les pays d'accueil. Le refus persistant du Kenya d'accueillir de nouveaux suspects de piraterie (il en accueille déjà plus de 100) trouve, ici, son illustration. Et si la signature d'un accord avec les Seychelles a offert de nouvelles possibilités d'accueil, et évité une chute encore plus grande du taux de traduction en justice, le nombre limité et les conditions strictes (1) empêche d'en faire une solution de long terme. Les Seychelles, en quelques arrestations, arrivent d'ailleurs à saturation de leur capacité. 

D'où l'intérêt de trouver d'autres solutions. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Westerwelle a évoqué ce sujet, avec son homologue tanzanien, la semaine dernière. Et différents contacts diplomatiques sont en cours, à différents niveaux, avec les pays de la région pour trouver d'autres solutions alternatives (2). Sinon l'alternative est connue : soit libérer les prisonniers, comme l'ont fait la plupart des navires de guerre ces dernières semaines (3) - ; soit livrer à des tribunaux "hors d'accord internationaux", comme le fait la France avec le Puntland (4) - soit, dernière extrémité, auxquels répugnent la plupart des Etats européens, rapatrier les suspects en Europe, l'Allemagne vient de le faire pour la première fois (5).

NB : ce bilan, réalisé par mes soins, doit être pris avec réserve. Car la plupart des forces, notamment multinationales, répugnent à mentionner quand des suspects sont libérés. Et plus encore quand les tribunaux libèrent "leurs" suspects après un premier examen. Il est parfois ainsi difficile de "tracer" les suspects arrêtés par les uns, remis par les autres, traduits par les derniers, quand il n'y a pas un "réaiguillage" en cours de route (6). J'ajuste donc ces chiffres régulièrement.

(1) Transfert des pirates aux Seychelles, les conditions et modalités

(2) Ashton autorisée à négocier avec 5 pays pour le transfert des pirates

(3) Pour un exemple : 2 nouveaux groupes pirates neutralisés. Pirates libérés

(4) Livrer les pirates ou les libérer ? Puntland ou pas Puntland

(5)  Dix pirates transférés en Allemagne via Djibouti et les Pays-Bas

(6) Les 6 pirates du Torre Giulia réexpédiés au Puntland

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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 22:30

DeuilMarinePl-PL100411-copie-1.jpgAprès la mort des principaux responsables d'Etat-Major de l'armée polonaise (général, terre, air, mer, forces spéciales, et opérations), dans l'accident de l'avion présidentiel Tu-154 près de Smolensk, la relève s'organise en Pologne. C'est le président de la Diète qui, par intérim, acquiert le pouvoir de nommer de nouveaux commandants. En attendant, ce sont les commandants adjoints qui assurent la charge, selon les règles en vigueur,

• Le nouveau chef d'Etat-Major ad interim est le Ltt-général Mieczyslaw Stachowiak, chef adjoint depuis mai 2007. Né en 1952, militaire depuis 1971, déiplômé de l'école des blindés, il a assuré plusieurs commandements dans les unités mécanisées :  la 5e division mécanisée, puis la 12e division mécanisée de Szczecin et enfin le 2e corps mécanisé de Cracovie, première unité opérationnelle certifiée par l'OTAN. Il parle allemand et français.

A l'armée de terre, le général Edward Gruszka, ancien commandant du 2e corps mécanisé de Cracovie.

• Au commandement des opérations (notamment Afghanistan), le général Jerzy Michałowski, ancien commandant du centre d'opérations aériennes de Varsovie.

• A l'armée de l'air, le général Krzysztof Załęski, qui a occupé plusieurs postes à l'Etat-Major des forces aériennes depuis 2000.

• A la marine, c'est le vice-amiral Andrzej Głuszko, qui prend le relais.

• Les forces spéciales et unités du GROM, seront dirigées par le général de brigade Marek Olbrycht, qui a derrière lui une expérience dans des missions en Syrie, dans les Balkans et au Liban, et a travaillé au QG de l'armée américaine à Tampa, en Floride.

• A la garnison de Varsovie, le Colonel Wiesław Grudziński.

Quant au chef du bureau national de sécurité, c'est le général Stanisław Koziej qui a été appointé à ce poste par le président de la république ad interim.

(crédit photo : marine polonaise)

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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 12:55

SoldatsPolonaisHommage-Pl1004.jpgDans l'accident de l'avion présidentiel polonais près de Smolensk, ce ne sont pas seulement certains leaders, responsables politiques, économiques et militaires qu'a perdu la Pologne, c'est une partie de son âme. Dans cet avion se trouvaient, en effet, des responsables de tous les partis (PiS, PO, SLD) mais aussi des représentants et proches des fusillés de Katyn, et des responsables de Solidarnosc, comme l'égérie des chantiers navals, Anna Walentynowicz. Ainsi que le dernier président de la république polonaise en exil à Londres, Kaczorowski (1). En cela, l'accident ressemble à une perte de la mémoire nationale et résonne étrangement aux yeux des Polonais.

Un changement politique en Pologne ? Ensuite, cet accident se produit alors que les principaux partis politiques polonais posaient leurs pièces pour la future élection présidentielle. Cet évènement, d'une part, oblige à anticiper l'élection mais pourrait aussi rebattre les cartes politiques. La plate-forme civique (PO) parti du Premier ministre pouvait espérer emporter l'élection. Avec la mort de Lech Kaczynski, son parti dirigé par son frère jumeau, Jaroslaw, pourrait renverser la vapeur et l'emporter, à la faveur de l'émotion créée par sa mort. Tout le monde, même ses anciens ennemis comme l'ex-leader de Solidarnosc, Lech Walesa, ou le ministre des Affaires étrangères, Radek Sikorski (2), lui rendent un hommage vibrant au patriote qu'il a été.

Quel est le rôle des Russes ? Autre élément : l'accident ne s'est pas produit n'importe où — mais en Russie —, à un moment clé — quand Russes et Polonais, pour la première fois depuis 70 ans, commémoraient ensemble les cérémonies de Katyn. C'était, en quelque sorte, une réconciliation tardive, douloureuse mais nécessaire entre les deux voisins que tant de conflits ont séparé dans les siècles précédents, et dans les dernières années. La mobilisation russe, au plus haut niveau, de compassion tout d'abord (en mettant certains moyens comme des chambres d'hôtel à disposition des familles) puis judiciaire et politique (pour faire toute la lumière sur cet accident), est donc vitale, à la fois pour le pouvoir russe mais aussi pour le pouvoir polonais. Afin d'éviter que s'insinue, dans une population déjà sensible, l'idée d'une possible implication des services secrets russes dans cet accident. Après tout, Kaczynski comme d'autres n'étaient pas tendres face aux Russes (3). Et il y a des précédents (4). Cette hypothèse n'est cependant pas crédible en l'état.

Pourquoi le pilote a voulu se poser malgré tout ? Le fait que les boites noires aient déjà été retrouvées, et l'association étroite des enquêteurs polonais à leurs homologues russes devraient permettre de faire rapidement la lumière sur les causes de cet accident. Et de confirmer les premières hypothèses des contrôleurs aériens de Smolensk (ancien aéroport militaire) qui ont très vite pointé du doigt le pilote de l'avion polonais et une erreur de pilotage. Si cela s'avérerait juste, on peut cependant se poser d'autres questions. A commencer par celle-ci : qui a ordonné au pilote, malgré tout de se poser à Smolensk ? Les raisons peuvent sembler évidentes, avec de telles personnalités à bord, il ne pouvait être question, face à l'ampleur de l'évènement dans les mémoires polonaises (la célébration de la tragédie de Katyn) de prendre le moindre retard.

Y-en-a-t-il d'autres raisons ? Notamment avarie technique ou condition de l'avion. Les boites noires aussi devraient pouvoir l'expliquer ainsi que l'analyse des restes de l'appareil. Mais effectivement, on peut aussi s'interroger sur les conditions de sécurité de la flotte militaire polonaise. Entre accident (Casa C-295 en janvier 2008), incidents (5) et pannes à répétition (un autre avion polonais a eu un problème technique obligeant personnalités et presse se rendant à Smolensk également à emprunter un autre avion), il y a comme un problème. Le Tupolev Tu-154, un avion vieillissant mal, était-il vraiment adapté pour les transports officiels de cette importance ? Tous les investissements ont-ils vraiment été faits pour sécuriser ces avions ? etc... le débat risque d'être intense, en coulisses, et la responsabilité du ministère de la défense polonais pourrait ressurgir.

(1) Le gouvernement polonais s'est formé en exil dès 1939, d'abord en France (à Angers) puis à Londres à partir de 1940. Il continua de fonctionner après 1945, avec les exilés qui refusaient le nouveau pouvoir mis en place par les communistes et les Russes jusqu'à 1990, aux premières élections démocratiques.

(2) Sikorski qui vient de donner un "salut à la mémoire du président" pour "son patriotisme et de l'honnêteté dns l'engagement politique" par voie de twitter : « Różniliśmy się z Prezydentem,nigdy nie wątpiłem w Jego patriotyzm i szczerość w polityce historycznej.Oddał za nią życie.Cześć Jego Pamięci! »

(3) Lire "quelques souvenirs"

(4) Le premier ministre du gouvernement polonais en exil, le général Władysław Sikorski, sa fille et d'autres membres du gouvernement polonais ont été tués dans un accident d'avion. Le doute existe pour savoir s'il n'a pas été provoqué par les services secrets britanniques à la demande des Russes.

(5) Lire également : Les Polonais ont quelque problème avec leurs F-16

(crédit photo : ministère polonais de la Défense)

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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 23:22

TrompPiratesTaipan-Nl100405.jpgLes dix pirates arrêtés, en flagrant délit le 5 avril, par la frégate néerlandaise Hr Ms Tromp (F-803) - membre de la force européenne anti-piraterie EUNAVFOR Atalanta - vont être transférés en Allemagne. Ils avaient été arrêtés au terme d'une action éclair cisant à reprendre le contrôle du navire marchand le MV Taipan, battant pavillon allemand (lire : Les Marines du Tromp passent à l'action). Ils transiteront via Djibouti et les Pays-Bas, où ils seront accompagnés par des hommes de la Maréchaussée royale néerlandaise, a précisé le ministre de la Défense néerlandais. Le tribunal de Hambourg, compétent pour les affaires maritimes, a émis un mandat d'arrêt européen transmis au procureur d'Amsterdam.

C'est la première fois que des pirates seront jugés en Allemagne ; jusqu'à présent Berlin se refusait à cette hypothèse, préférant confier les suspects au Kenya... ou les libérer. En l'espèce, il n'y avait pas vraiment d'autre alternative.

(crédit photo : ministère NL de la défense - Le MV Taipan au moment de l'intervention par l'hélicoptère du Tromp le 5 avri)

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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 14:26

23062007-003-.jpgPatriote instransigeant, fleurtant souvent sur la vague d'un nationalisme douteux, Lech Kaczinski, le président polonais décédé dans l'accident d'avion présidentiel, le 10 avril 2010, était un homme qui ne doutait pas de son destin et n'était pas avare de coups médiatiques voire de provocations. Sa première apparition publique, il l'a faite à 12 ans, dans un film pour enfants où il jouait avec son frère jumeau Jaroslaw : "l'histoire des petits voyons qui ont décroché la lune".

Opposant anti-communiste de la première heure, juriste, catholique fervent, il avait rejoint, avec son frère Jaroslaw, le syndicat "Solidarnosc". Elu président de la république en 2005, il avait émaillé les milieux européens de son coté rugueux et anti-conformiste, hostile à un trop grand dirigisme de Bruxelles mais, en même temps, convaincu d'une certaine solidarité européenne.

Quelques souvenirs...

Anti-russe naturellement. Méfiant, voire hostile de son voisin russe, il avait milité contre vents et marées pour la signature puis la mise en oeuvre d'un bouclier anti-missiles, clairement destiné dans son esprit à faire face à une nouvelle menace du grand voisin oriental (et non pas à lutter contre une menace iranienne comme le défendaient officiellement les Américains). Alors que le changement de gouvernement s'opérait outre-Atlantique, il avait bataillé contre son gouvernement, n'hésitant pas à envoyer ses propres émissaires pour tenter de préserver la voie originelle prévue par l'administration Bush. Engagé aux cotés des Géorgiens, dès les premiers jours, il n'avait pas hésité à faire une visite sur le terrain. Visite émaillée d'un incident, des inconnus ayant fait feu sur la voiture présidentielle (1).

La Bataille de Lisbonne. Hostile à une trop grande intégration communautaire, il avait mené avec ses collègues européens une dure bataille lors de la négociation du Traité de Lisbonne. De longues discussions avaient été nécessaires en juin 2007, pour arriver à un compromis. Le président n'hésitant pas à sortir à plusieurs reprises du bureau de Nicolas Sarkozy (où se tenaient les discussions) pour se concerter avec son frère jumeau, resté à Varsovie. Kaczinski n'avait pas hésité à revendiquer l'adoption d'une autre méthode de calcul de la majorité (la racine carrée), en invoquant tous les arguments possibles, notamment les pertes polonaises lors de la seconde guerre mondiale. « Sans la guerre, la Pologne n'aurait pas 38 millions d'habitants mais beaucoup plus », indiquait-il lors d'une conférence de presse. A Lisbonne, encore, en cotobre 2007, au moment de mettre la main final sur le traité, il n'avait pas hésité à revendiquer le droit à exiger le respect des demandes polonaises : « On a eu un accord à Bruxelles, il faut le respecter, c’est notre droit, si nos demandes ne sont pas réalisées, il faut reporter la discussion. » 

Un appel à la solidarité européenne très personnel. S'il n'était pas avare de commentaires peu amènes sur la bureaucratie bruxelloise, il avait aussi certaines convictions européennes, notamment sur la solidarité. Un mot qui revenait souvent dans sa bouche. En juin 2007, justement, alors que je l'interrogeais sur le sens de ce mot pour lui, il avait défendu un fort engagement international de la Pologne : dans les missions de maintien de la paix (au Liban, par exemple), en en faveur de l'élargissement à l'Ukraine, la Moldavie et les Balkans, mais aussi pour les pays en développement. « Nous bénéficions de la solidarité européenne (à travers les financements européens) et nous ne voulons pas l'oublier. Nous saurons aussi exprimer cette solidarité à notre tour. En participant aux actions de l'UE dans les autres pays : en Afrique, en Asie. La contribution polonaise actuelle est basse. Mais on contribue. Et on contribuera encore plus dans l'avenir. Définitivement, la Pologne est prête à donner aux autres. »

Coup médiatique. Au sommet d'octobre 2008, alors qu'il était en conflit larvé depuis le début avec son Premier ministre qui refusait qu'il siège à la table du sommet européen, il n'avait pas hésité, à entrer par la porte réservée à la presse. Ce qui lui avait permis de traverser toute la salle de presse, longuement, et de se payer ainsi un succès médiatique sans précédent. 

Evolution... Peu à peu cependant, il s'était assagi, était devenu un peu plus européen, notamment au gré de l'évolution de l'électorat polonais. La montée en puissance des subventions agricoles notamment faisant basculer l'électorat paysan d'un sceptiscime européen à un enthousiasme non dénué d'intérêt.

(1) Tirs contre le président polonais en Géorgie: gros doute ...

(2) Le président du PIS pour une armée et un président de l'UE fort!

(crédit photo : NGV - lors de la conférence de presse du sommet de juin 2007)

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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 14:08

GagorGeneral-PL0805.jpg Le chef d'Etat-major polonais, Franciszek Gagor, décédé dans l'accident de l'avion présidentiel polonais, le 10 avril 2010, était un homme convaincu de la nécessaire présence polonaise dans les missions internationales. Très tôt, alors que la Pologne fait encore partie du bloc communiste, il part en mission internationale au Moyen-Orient, auquel il restera très attaché, y effectuant plusieurs séjours. Il sera également un des artisans de la réforme de l'armée polonaise visant à la transformer de force territoriale à une force de projection à l'extérieur, chargé plus particulièrement de la formation et la planification des forces de maintien de la paix.

 Un homme des blindés. Né à Koniuszowa près de Nowy Sącz en 1951, Franciszek Gagor est affecté, en 1973, au 2e régiment de tank, où il sert à plusieurs postes jusqu'en 1978. Il passe alors au collège des officiers de l'infanterie mécanisée à Wrocław comme instructeur responsable de la préparation et de l'entrainement des contingents polonais désignés pour participer aux opérations de maintien de la paix (jusqu'à 1988). Chef de la divsion du maintien de la paix à l'Etat-Major (1993), il devient directeur du bureau des opérations de la paix et du contrôle des armements en 1994 puis directeur du département des affaires militaires étrangèrs (1996-1999). Promu brigadier-général en 1997, il est nommé, en 1999, chef J3 de la direction des opérations à l'Etat-Major des forces armées polonaises, où il reste jusqu'à 2003. Il passe ensuite à Bruxelles comme représentant militaire polonais auprès de l'OTAN et de l'UE (2003-2006). Puis est nommé chef d'Etat-Major (CEMA).

Fort Engagement international

 GagorPetraeus7Avril2010.jpg

Artisan de la transformation de l'armée polonaise. Proche des Américains - décoré de la Légion du mérite par le président Bush - il assure un engagement continu des Polonais d'abord en Irak (1) puis en Afghanistan (Iraqi Freedom et Enduring Freedom). Mais c'est aussi un artisan de l'engagement militaire polonais dans les opérations de l'UE, notamment pour EUFOR Tchad, où la Pologne assura un rôle majeur, en commandant le secteur nord (Iriba). Il fut d'ailleurs décoré pour ce rôle de l'insigne de commandeur de la Légion d’honneur en décembre 2008 par le CEMA français, le général Georgelin à l'occasion de la réunion des Chefs d'Etat-Major des pays du triangle de Weimar (France-Allemagne-Pologne).

Casques bleus au Moyen-Orient. Gagor a servi très tôt, et à plusieurs reprises, dans les forces des Casques bleus des Nations-Unies déployées au Moyen-Orient. Interprète principal dans la mission UNEF II chargée de superviser le cessez-le-feu entre l'Egypte et Israël (1976), il sert également à plusieurs reprises dans les forces des Nations-unies chargées de surveiller le désengagement du Golan (conflit Israël - Syrie) : comme officier (1980-1981, puis commandant le bataillon polonais (1985-1986), chef adjoint chargé de la logistique (1989-1990) et enfin commandant de la FNUOD (août 2003 - janvier 2004).

Irak - Koweit. Gagor est le commandant en second du contingent militaire polonais engagé dans l'opération "Tempête du désert" menée par une coalition internationale sous la direction des Etats-Unis. Il est ensuite (1991-1992) le commandant adjoint des observateurs des Nations-Unies (UNIKOM) chargés de surveiller le cessez-le-feu entre le Koweit et l'Irak. Il y reviendra en 2003 comme commandant en chef.

 

(photo : avec le général Petraeus, commandant des forces US en Irak et Afghanistan, à Varsovie, le 7 avril 2010 - AP)


(1) NB : il faut rappeler qu'avec les Britanniques et les Australiens, les forces polonaises ont été les seules à faire partie des "forces d'entrée en premier" lors de l'offensive US en Irak en 2003.

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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 10:41

 AvionTupolev154Officiel-Pl.jpgL'avion présidentiel polonais - un Tupolev Tu-154 M - s'est crashé en Russie, samedi matin, près de Smolensk, alors qu'il s'apprêtait à atterir sur l'aéroport de Siewiernyk. L'accident n'a pas fait de survivants. Il y a 96 tués (bilan revu à la baisse après les premières estimations qui parlaient de 130 morts). Elles se rendaient à Katyn, pour rendre hommage aux milliers de prisonniers polonais exécutés il y a 70 ans, au printemps 1940.

Appareil politique et militaire décapité

Aucun survivant. Le président Lech Kaczinski et sa femme étaient à bord, entourés de nombreuses personnalités de premier plan de la République de Pologne : le vice-président de la Diète, Jerzy SZMAJDZINSKI, candidat aux présidentielles pour la gauche SLD, et l'autre vice-président de la Diète (PiS) Krzysztof PUTRA ; le président de la Banque centrale, Sławomir SKRZYPEK ; le vice-ministre de la Défense, Stanislaw KOMOROWSKI ; le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Andrzej KREMER ; le président de l'Institut de la mémoire nationale, Janusz KURTYKA ; le dernier président du gouvernement polonais en exil (1990!), Ryszard KACZOROWSKI,ainsi que de nombreux députés ou sénateurs, des proches des victimes de Katyn ainsi que des anciens de Solidarnosc, comme Anna WALENTYNOWICZ (militante des chantiers navals). 

 Etat-Major décapité. Le président était aussi accompagné d'une centaine d'officiers, dont le chef d'Etat-Major, Franciszek GĄGOR (membre du comité militaire de l'UE) ; le chef de la sécurité nationale, Alkesander SZCZYGŁO ; le général commandant des forces armées en opération, Bronislaw KWIATKOWSKI ; le commandant de la force aérienne, Andrzej BŁASIK ; le commandant de la Force terrestre, Maj.-Gen. Tadeusz BUK ; le commmandant des forces spéciales, Maj.-Gen. Włodzimierz POTASIŃSKI ; le vice-amiral de la marine, Andrzej KARWETA ; le directeur du centre de formation, Gen. bryg. Brig. Kazimierz GILARSKI. C'est une partie de la direction de l'armée polonaise qui se trouve ainsi décapitée. Une armée déjà endeuillée par la catastrophe du Casa C-295M, en janvier 2008, qui avait fait 20 morts, dont plusieurs responsables de l'armée de l'air.

tvp_plDeuil.pngLa liste définitive des personnalités disparues

Le Conseil des ministres polonais s'est réuni en urgence samedi. Les drapeaux officiels ont été descendus dans toutes les casernes et mis en berne ainsi sur tous les batiments officiels. Les sites webs gouvernementaux et publics portent le signe du deuil. Les journaux s'affichent en noir & blanc. L'émotion est intense en Pologne, on parle d'un "nouveau drame de Katyn" 70 ans après le massacre d'officiers polonais par les troupes soviétiques. Au niveau des autorités européennes, le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rassmussen, a été un des premiers à exprimer ses condoléances. A 15h, l'Union européenne a publié un communiqué officiel (télécharger). Selon nos informations, Cathy Ashton, diplomate en chef de l'UE, qui devait se rendre en visite en Pologne ces jours prochains, a décidé - en accord avec les autorités polonaises de reporter sa visite. Les drapeaux des institutions européennes seront mis en berne lundi.

NB : Gazeta Wyborcza sort une édition spéciale sur l'accident de l'avion présidentiel à Smolensk: télécharger


Les causes de l'accident

La météo. La météo était mauvaise avec beaucoup de brouillard. L'avion présidentiel a tenté à plusieurs reprises d'atterrir (4 fois selon la radio polonaise). La quatrième a été fatale. L'avion, volant très bas, et aurait accroché des arbres à 300-400 mètres de la piste de l'aéroport, aurait pris feu et se se serait désintégré.

AccidentAvionPresid-RTRuss.png

Mais pas uniquement. Selon les informations recueillies par le quotidien polonais Gazeta auprès des sources militaires, les services du contrôle aérien russe ont déconseillé à tous les avions d'atterrir, proposé de se dérouter sur Minsk. L'aéroport de Smolensk n'a pas de système de guidage des avions par temps de brouillard (c'est un ancien aéroport militaire qui n'est que depuis peu ouvert au trafic civil). Mais la tour de contrôle russe ne pouvait interdire à l'avion présidentiel polonais qui, pour une raison inconnue, a persisté à vouloir atterrir sur l'aéroport. Ainsi, 30 minutes avant l'accident, un avion militaire russe Il-76, qui transportait les fonctionnaires russes de la sécurité nationale, a fait demi-tour pour aller atterrir ailleurs.

AccidentTupolevPresidentiel.jpg

Ce n'est pas la première fois qu'un Tu-154 a un accident : on recense une soixantaine d'incidents de vols dont plus d'une trentaine mortels pour cet appareil conçu dans les années 1960, mis en service dans les années 1970 et qui a été produit à près de 1000 exemplaires.

(crédits photo : armée polonaise, télévision russe, télévision polonaise)

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9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 20:26

L'émissaire européen, Pierre Morel, représentant spécial pour l'Asie centrale, qui part demain pour le Kirgizstan (en compagnie de la chef de délégation de la Commission dans le pays, Chantal Hebberecht, qui était en ce moment à Bruxelles)  ne sait pas vraiment où il va mettre les pieds, m'a-t-on confirmé dans son entourage, malgré son excellente connaissance du terrain . La situation est, en effet, très mouvante. Et surtout, on a affaire à un « Etat sans le sou ». Un soutien financier semble ainsi urgent !

On part dans le brouillard. « On est un peu dans le brouillard. On ne sait pas vraiment ce qu’on va trouver. » assure -t-on coté européen. C'est pour cela que le premier travail sera de « procéder à une évaluation ». Ce travail se fera en « étroite coordination avec les autres représentants spéciaux de la Communauté internationale » m'assure-t-on. « Ce sera un trio UE-OSCE-ONU. » Pierre Morel s'est ainsi déjà entretenu - par téléphone - avec le représentant de l'OSCE qui est déjà sur place et le fera avec celui de l'ONU qui arrive. Il s'agit aussi « de faire le point avec les différents responsables du nouveau pouvoir. Nous avons une série de rendez-vous prévus. »

Situation mouvante. Sur place, en effet,  « La situation est très mouvante. Et il y a encore quelques troubles » selon les premiers rapports européens reçus. Le nouveau pouvoir a mis en place des « patrouilles citoyennes, mixtes, composées de volontaires et de policiers. » Mais la situation n'est pas stabilisée. Des responsables d'ambassade russe et américain ont été pris à partie, hier, lors de la visite au gouvernement.

Un Etat sans le sou. Le moindre des problèmes posés sur place est que l'Etat n'a plus un sou. « Il reste en tout et pour tout au nouveau pouvoir, 16 millions de $ ». Ce n'est pas suffisant pour assurer la vie du pays, à commencer par payer les besoins en pétrole. C'est aussi pour cela qu'un des premiers du numéro 2 du nouveau pouvoir a été vers Moscou. « Les besoins sont donc importants, à la fois financiers et en matière d'urgence médicale ». Bakiev, l'ancien président qui s'est réfugié dans son fief, à Djalalbad, au sud du pays, a semble-t-il emporté avec lui le magot. L'utilisation qu'il ferait de cet argent est facile à deviner.

Russes en renfort : ne pas exagérer. Quant à l'arrivée de 150 parachutistes russes sur place, un expert de l'UE dédramatise. « Il ne s'agit que de 150 parachutistes, qui visent à protéger les bases russes sur place et ceux qui y vivent. » Situation justifiée. «En fait, la Russie qui ne peut plus tenir toutes ses bases avait procédé, depuis plusieurs mois, à un retrait discret de certaines de ses troupes.» Ce serait juste un retour à un effectif suffisant « pour assurer une protection contre les troubles et les pillards nombreux ».

 

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9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 20:00

Depuis mon premier post, les nouvelles s'accélèrent, voici les dernières nouvelles au Kirghizstan.

• (11h30) Emissaire de l'UE. Cathy Ashton (diplomate en chef de l'UE) a décidé d'envoyer sur place Pierre Morel, représentant spécial de l'UE pour l'Asie centrale, confirme son service de presse (1). Il voyage demain (samedi) normalement vers Bichkek, la capitale du pays. L'objectif de la visite « est d'évaluer la situation après les dernières arrestations et d'identifier les voies dans lequel l'UE, en coopération avec ses partenaires internationaux, peut faciliter la résolution négociée et pacifique de la crise. »

• (13h) Mandat politique. Interrogée par mes soins, lors du briefing de midi, la porte-parole de Cathy Ashton ne veut cependant pas confirmer quelle sera la ligne politique suivie sur place. « Il s'agit avant tout de faire une évaluation de la situation, de rencontrer les différents interlocuteurs et de se coordonner avec les Etats membres représentés dans le pays et les autres représentants de la communauté internationale (ONU, OSCE...) » indique-t-elle. En revanche, « aucune convocation spécifique du COPS n'est prévu. Il se réunit, normalement, mardi et jeudi. » Quant à savoir qui parlera au nom de l'Union, ce rôle est encore dévolu - selon le principe de la présidence tournante - à l'ambassadeur allemand qui représente l'UE, m'est-il confirmé.

• (14h) Aide humanitaire. ECHO - l'Office européen d'Aide humanitaire - n'a pas prévu d'envoyer une aide humanitaire au Kirghizstan. Confirmation d'Echo. NB : Les Américains de la base de transit de Manas (aéroport international de bichkek) ont remis une dotation de matériels divers (antibiotiques, désinfectants, gaze, matériel de suture...) à l'hopital local, le 8 avril, a annoncé le responsable de la base.

• (18h) Un COPS, Comité Politique et de Sécurité, extraordinaire va se tenir jeudi, au retour de mission de Pierre Morel, consacré à la situation dans le pays d'Asie centrale, m'indique un ambassadeur européen. Il se tiendra en présence de Pierre Morel, représentant spécial de l'UE, qui devrait être de retour et prendre les décisions opportunes.


(1) High Representative for Foreign Affairs and Security Policy/Vice President of the European Commission Catherine Ashton has today asked her Special Representative for Central Asia, Pierre Morel, to travel tomorrow to bishkek, the capital of Kyrgyzstan. The purpose of the visit is to assess the situation after the latest unrest and identify ways in which the EU, in cooperation with its international partners, can facilitate a peaceful, negotiated resolution to the crisis. Pierre Morel will coordinate closely with the local EU Presidency and Member States represented in the country, as well as with Special Representatives of the United Nations and the OSCE, who are also travelling to bichkek.

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9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 10:50

   

Drapeau-kyrgyz_republic.gifCertes ce sont les vacances de Pâques. Certes c'est le Kirghizstan, un peu loin, au fin fond de l'Asie centrale, en bordure de la Chine. Certes la situation est confuse et les informations remontent lentement sur ce qui apparaît, de plus en plus, comme une opération combinée (maintien de l'ordre / réaction spontanée / intervention étrangère). Certes ce n'est pas la même situation qu'en Géorgie avec une intervention, claire, radicale, puissante d'un voisin Russe. Certes c'est une base militaire américaine et russe. Mais... tout de même !

On ne peut qu'être atterré par l'absence de réaction de l'Union européenne. Surtout si on la compare avec réaction à l'été 2008 face au conflit en Géorgie : nous étions (aussi) en présence d'une ancienne république du bloc soviétique, dans un contexte de vacances (en plein mois d'août) et avec une situation politique très délicate (un voisin russe puissant, une présence américaine massive). Mais l'UE avait été au rendez-vous (il est vrai avec une présidence tournante hyperactive)... Là pas grand chose, mis à part un mot d'inquiétude de Cathy Ashton, la diplomate en chef de l'UE, après les arrestations le 7 avril (1), suivie d'un appel au retour au calme et à une offre d'assistance humanitaire, le 8 avril (2). Ce qui est le minimum du minimum que peut faire toute ONG dotée d'un téléphone. Et bien peu me semble-t-il pour un continent qui revendique sa place dans le monde.

Au ras du plancher diplomatique

Car... l'ONU envoie un émissaire. Les Etats-Unis également. Les Russes envoient des troupes pour "protéger leurs ressortissants" Et l'UE ? Elle réfléchit, lambine, se dit que çà va bien se passer : d'autres s'en occupent.... Cependant, l'UE est représentée à Bichkek par l'ambassadeur allemand (en raison des règles complexes de représentation tournante dans les Etats tiers (3). Et elle dispose d'un représentant spécial pour l'Asie centrale, Pierre Morel, normalement connaisseur de la région (il a aussi en charge la crise géorgienne). L'UE a également un accord de coopération avec le pays. La Commission européenne y a aussi une délégation. Et, il y a d'excellents spécialistes de la question dans les institutions européennes. Alors, que font-ils, quelle est la ligne politique suivie et à suivre ? Mystère... Silence... La crise kirghize ne semble pas susciter ni émoi ni d'agitation. La prochaine réunion (normale) du COPS - comité politique et de sécurité de l'UE - est prévue mardi. Et rien n'a été décidé pour l'anticiper. Les Américains et les Russes sont là, pourquoi se presser! On en serait presque à se dire : au secours ! Sarkozy reviens....

Au-delà de l'ironie, il faudrait tout de même veiller à ce que notre "Belle au bois dormant" et sa Haute représentante, Cathy Ashton, se réveille vite, pour éviter que la situation à "la haïtienne" se reproduise. Car sinon on pourra se poser la question, fatale ! En fait, la politique étrangère de l'UE n'était-ce pas mieux avec l'ancien système : Une présidence tournante, certes un peu tonitruante, mais au moins présente ?

A suivre : dernières nouvelles...

(1) Télécharger la déclaration (en anglais)

(2) Télécharger la déclaration (en anglais)

(3) Système auquel il devrait être mis fin avec le service diplomatique. Mais pas encore en vigueur dans la plupart des républiques d'Asie centrale. Lire 54 "ambassadeurs de l'UE" ont reçu leur ordre de mission 

En savoir plus: : la page du service extérieur de l'UE sur le Kirghizstan.

Le site de la délégation de la CE au Kirghizstan qui renvoie sur la délégation au Kazakhstan.

La carte du pays

Carte-Kirghizistan.png

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logo_ouestfrancefr.pngL'éditeur : Nicolas Gros-Verheyde. Journaliste, correspondant "Affaires européennes" du premier quotidien régional français Ouest-France après avoir été celui de France-Soir. Spécialiste "défense-sécurité". Quelques détails bios et sources.