L’idée d’un tel récit est venue dès les premiers soubresauts en Yougoslavie, en 1990-1991. Quand j’assistais, comme un spectateur attentif, mais
somme toute un spectateur passif, non seulement à l’effondrement d’un régime et d’un Etat mais aussi du retour de l’innommable, de la barbarie, fondée sur la pire idée : celle d'un pays
ethniquement pur.
Nous étions partis, en ce mois d'août 1990, - avec deux autres confrères - pour des vacances "studieuses" dans ce pays, si proche, mais où déjà se produisaient des bruits de
botte bizarres. Notre tournée de trois semaines nous emmena de Ljubljana à Belgrade, en passant par Sarajevo, le sandjak (Novi Pazar), Pristina. A notre retour de voyage, nous étions convaincus
qu'il y avait beaucoup de choses à raconter. Et fîmes à Paris le tour des rédactions. Mais... Saddam Hussein venait d'envahir le Koweit et, en réaction, les Etats-Unis aidant les monarchies
arabes (ou le contraire) avaient déclenché avec leurs alliés occidentaux la (première) guerre du Golfe. Et, autant dire que nous étions "un peu déclarés". Un de nos interlocuteurs eut la
clairvoyance - cynisme ou franchise (c'est selon) - de nous dire "très intéressant, ... mais bon... Revenez-nous voir. Quand il y aura des morts"...
Un an plus tard, il commençait à y avoir des morts. Je suivais le sujet "Europe de l'Est - Urss" pour la Truffe, quotidien éphémère français. Il faut bien dire que la
Yougoslavie, où chacun prenait partie, pour les Croates assiégés, pour les Slovènes libérés, les Kosovars emprisonnés ou les Serbes minorisés paraissait incompréhensible pour nos yeux
d'Occidentaux... beaucoup plus captivés par le "coup d'Etat" en Urss qui mit un terme à l'expérience gorbatchevienne (lire à ce propos ce que dit Gorbatchev de l'Etat Nation)... Et pourtant, déjà présentes, vinrent des questions : l’Europe était-elle responsable ? En quoi est-elle
coupable ? Questions lancinantes auxquelles, je n'ai jusqu'ici pas trouvé de réponse. Car, comme beaucoup, à l'époque, j'ai laissé faire... sinon écrire quelques
articles.
Aujourd'hui, les années ont passé. Le temps s'est écoulé. Maints ouvrages ont été écrits sur les Balkans. J'en ai lu quelques uns. Les uns cernent les responsabilités de l’Onu.
Les autres témoignent des conditions difficiles pour survivre dans ces moments. Les derniers mettent en évidence la part serbe démoniaque dans ce naufrage collectif. Peu se sont intéressés au
rôle de l’Europe, sauf pour dire qu’elle n’avait aucun poids. Cette assertion mérite d’être nuancée.
L'objet de ce récit (d'été) est donc de mettre en relief le contexte de l'époque et de rassembler le maximum de témoignages des différents acteurs européens (responsables
politiques, diplomates, militaires...) sur leur vision de l’époque. Comment a-t-on pu laissé s’échapper une telle situation ? Comment alors que l'Europe était effectivement "naine" sur la scène
internationale est-elle intervenue ? ...
Quelques années après, le temps du témoignage et de la prise de responsabilité semble venu.
Quand l'Europe faillit à la paix...
Analyses
1914-1990 Une terre à l'histoire mouvementée
1990, Vaclav Havel: le parcours de la "haine collective" (Citation)
1990-1999 : L’Europe responsable, incapable ou ignorante
2000-2010: Europe gestionnaire, stabilisatrice, réunificatrice?
Années 1990 ex-Yougoslavie, les dix faux-pas de l'Europe ?
Articles
1991,
d'aimables diplomates dans les tranchées yougoslaves (mission d'observation de la CEE)
1991, scène de divorce yougoslave ordinaire au Conseil de l'Europe
1991. Sur la Yougoslavie, les maîtres à penser n'ont rien à dire.
1991. Une guerre à l'arrière goût économique
1991, L'armée yougoslave, vraiment puissante ?
1991, l'armée yougoslave attaque Dubrovnik
1991. Vukovar se sent abandonné
1991, la reconnaissance dispersée des ex pays de la Yougoslavie
Entretiens