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28 juin 2008 6 28 /06 /juin /2008 09:01
Récit plein d'humour des soldats finlandais sur leur mission Eufor au Tchad : "Lorsque les Tchadiens comprennent que nous ne sommes pas français et que nous leur montrons le drapeau finlandais sur notre uniforme, ils le prennent généralement pour le drapeau du club de football marseillais", explique le premier lieutenant Mikael Alopaeus dans un Helsingin Sanomat. "Mais les enfants nous saluent déjà en finnois". 

"Parmi les 60 soldats finlandais, quelques-uns parlent français, par contre les connaissances de l’arabe se limitent à deux trois mots" complète le commandant des troupes finlandaises Timo Kirvesoja. "Néanmoins, on nous accueille avec le sourire et on nous salue".

Et d'ajouter: "Nous n’avons pas rencontré de problème insurmontable, même si tout ne s’est passé comme nous l’avions prévu"...



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7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 07:18
Selon le dernier décompte, l'opération militaire européenne "d'interposition" humanitaire au Tchad et en République centrafricaine (Eufor) compte 2924 hommes, répartis comme suit :
Douala (cameroun)    2
Iriba (tchad)             121
Birao (Rca)              153
Goz Beida (tchad)   466
Farchana (tchad)     447
N’djamena (tchad)  515
Abéché (tchad)      1220

Et si voulez connaître le nombre par nationalité (désolé c'est en anglais), voici:
Austria    160
Belgium  150
Bulgaria       1
Czech Rep  1
Finland       61
France   1503
Greece         1
Ireland     500
Italy          100
Luxembourg    2
Netherlands  86
Poland           95 (nb : on en attend 400)
Romania          1
Slovenia        14
Spain             36 (nb : on en attend une centaine)
Sweden       211
United King.    2
TOTAL       2924
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6 juin 2008 5 06 /06 /juin /2008 19:39
Le 1er juillet c'est en tout l'objectif de l'OHQ à Paris. Les derniers détails techniques du projet ont été avalisés la semaine dernière. Et on attend un accord politique qui pourrait être cette semaine. Du moins l'espère-t-on à Bruxelles.
Avec ce renfort russe (des Mi8), les 3 hélicoptères polonais (Mi17) attendus également et les 8 hélicoptères français (Gazelle, Puma), Eufor aura à sa disposition une force de 15 hélicoptères.

Coté des pays tiers. Le Parlement albanais a confirmé il y a quelques jours sa participation à l'opération. Les Albanais viendront relayer les Finlandais dans la garde des camps. Croates et Macédoniens sont aussi attendus. On a clairement ici un nouveau visage de l'Europe de la Défense, puisque contrairement à tous les adages : une opération militaire, conséquente, est possible avec la participation d'un seul membre du trio de trois pays "puissants" militairement (France, Allemagne, Royaume-Uni), avec l'appui essentiellement de la Pologne (qui entend jouer dans la cour des grands pour la Défense, et fait ses classes de façon remarquable), des pays neutres ou non membres de l'Otan, ainsi que plus symboliquement (mais c'est important) de pays des Balkans. A quand des Kosovars au Tchad ?

De plus, on perçoit clairement du coté russe, une volonté d'appuyer - au-delà des mots - la Politique européenne de sécurité de Défense. Appui non dénié de sous-entendu : autant aider les Européens à se renforcer, c'est toujours çà de pris sur les Américains (je caricature!!).

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2 juin 2008 1 02 /06 /juin /2008 18:05
Pour convaincre les Albanais de participer à l'opération Eufor Tchad, les Européens leur ont offert un statut sur mesure, renonçant dans une certaine mesure à certains dommages et intérêts. Selon un projet de décision adopté par les ambassadeurs de l’Union, le 28 mai, les Etats membres, participant à l’opération, se sont engagés - "autant que possible" - à renoncer à présenter des demandes d'indemnités en cas de blessure ou décès de membres de leur personnel, ou de dommage ou de perte de biens leur appartenant, si la blessure, le décès, le dommage ou la perte est causée par des Albanais ou résulte de l’utilisation de biens appartenant à l’Albanie.

Trois réserves sont mises à cette protection : il faut que « l'ordre juridique interne (de l'Etat membre victime) le permet(te) », que l'action dommageable soit accomplie lors de « tâches en liaison avec l'opération de gestion de crise menée par l'UE » et qu'il n'y ait pas eu « de négligence grave ou de faute intentionnelle ».
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2 mai 2008 5 02 /05 /mai /2008 23:19
De retour d'un séjour au Tchad, un pays qu'il connait bien (puisqu'il y a déjà été plusieurs fois en mission), le Général Bentegeat - président du Comité militaire de l'UE (la plus haute instance politico-militaire de l'UE) - dresse pour Europolitique un premier bilan de la situation.

• Comment évaluez vous la situation de l'Eufor ?
J’ai été très agréablement surpris. Quand on voit toutes les difficultés auxquelles cette opération a été confrontée — la difficulté de la génération de forces, le retard pris avec les rebelles…—  on est frappé de voir comment les choses se passent bien. Les difficultés logistiques sont surmontées. Les autorités locales soutiennent le déploiement, la population et les ONG accueillent nos forces avec un plaisir.

... Et un premier résultat ?
Même si on peut déplorer la mort d’un humanitaire il y a quelques jours, on peut constater dans les zones où des éléments sont déjà là, autour de Farchana, avec le bataillon centre (Français) déjà opérationnel, et même à Goz Beïda, où le déploiement du bataillon Irlandais commence, un début de sécurisation. Les Irlandais m’ont ainsi confirmé que le nombre d’attaques et d’actions de banditisme avait sensiblement diminué ces dernières semaines.

• La priorité maintenant ?
Elle est du coté de la Commission européenne. Le montant de 10 millions d’euros disponibles pour les travaux dans les villages du sud est du Tchad (d'origine des personnes déplacées) doit être débloqué. Il est en effet crucial que les travaux démarrent rapidement. Si l’on veut que les personnes déplacées rentrent chez elles, la sécurité ne suffit, il faut rétablir les infrastructures primaires (les puits par exemple). Pour nous, la réussite de la mission est à ce prix.

• Et côté force, n’y a-t-il pas des questions à régler ?
Nous devons compléter Eufor avec ce qui lui manque, les hélicoptères et avions tactiques. Les discussions sont extrêmement bien avancées avec les Russes et les Ukrainiens. Reste à régler certaines questions comme la prise en charge financière, l’intégration dans la force, la logistique en place. Mais j'ai bon espoir que ces moyens soient là avant la saison des pluies.

• La mission prend fin dans un an. Que fait-on alors après ? On continue ?
Non. La mission Eufor s’arrêtera dans un an, pas un mois de plus. Je le confirme. Après, il faut inventer. Cela peut aller d’une force des Nations-Unies à des missions plus spécialisées d’assistance ou de renforcement des forces de sécurité locales. Ce sera d'abord aux Nations-Unies de décider. L'UE pourra prêter son concours bien sûr, on ne peut rien exclure à ce stade. Mais ce ne sera pas au niveau d'une force (militaire), une mission (frontières, police, sécurité), pourquoi pas ?

• Eufor Tchad est la mission la plus difficile pour l’UE, dit-on. Mais il y a déjà eu d'autres missions, comme Artémis au Congo ?
Artémis était une mission aux trois-quart française, déjà lancée, qui a été baptisée avec le drapeau bleu à 12 étoiles ensuite. Cette mission Eufor au Tchad est totalement européenne, dans sa composition, dans sa conception - préparée au niveau européen - et commandée par un Irlandais. Et je peux vous assurer que le général Nash ne fait pas de la figuration. Il joue de tout son poids. C’est une mission longue (1 an), sur une zone d’action très large — et non pas une ville et ses alentours — complètement excentrée, où s’ajoutent les contraintes d'un terrain difficile. Enfin, quand on voit la liste de tous les incidents à Goz Beïda, ou ailleurs, - où les vols, les viols… sont légions ou du moins l’étaient - on voit bien que ce n’est pas une promenade de santé.

• Donc pour l’Europe de la Défense, c’est une étape importante ?
Je le crois. En tout cas, c’est la marque d’une certaine maturité. Qui est reconnue. L’ambassadeur américain, rencontré à N’Djamena me confiait qu'il "ne croyait pas l’Union européenne capable de cela. C’est un véritable exploit" a-t-il ajouté. Pour les pays africains, c’est la démonstration que l’Europe n’est pas seulement un porte-monnaie mais qu’elle est capable, s'il le faut, d’agir pour leur sécurité.

• Passons justement aux questions plus politiques, la stratégie européenne de sécurité doit évoluer, dit-on. Est-ce nécessaire selon vous ?
La réflexion qui s’engage est surtout orientée vers une ouverture à d’autres domaines qui intéressent la sécurité, comme le changement climatique et l’énergie… Dans le domaine des opérations, je ne vois pas, en revanche, de changement nécessaire. La stratégie européenne a fait ses preuves. Un certain nombre de principes, des mécanismes et des capacités ont été préparés et sont maintenant mis en oeuvre. Cela ne se passe pas tout seul. Car il existe une certaine saturation de la capacité d’agir à l’extérieur des pays européens, déjà fortement engagés au Tchad, en Afghanistan, au Liban...

• N'y a-t-il pas des points à revoir comme cette absence d'un quartier général opérationnel unique de l'UE et non une pléthore d'OHQ nationaux ?
Ce n’est pas à l’ordre du jour. Et franchement cela ne sert à rien d’en discuter tant qu’on n'a pas de consensus sur le commandement des opérations européennes, qu’il n’y aura pas une action politique décisive d’un ou plusieurs Etats membres. On perd son temps. Il vaut mieux rationaliser au maximum les systèmes existants.

• Rationaliser, c’est-à-dire ?

C’est s’assurer que les OHQ fonctionnent le plus vite possible avec des mécanismes sans cesse améliorés, que le QG (européen) soit en mesure de planifier à l’avance les opérations et que le système « Berlin + » (coopération avec l’Otan) fonctionne dans des conditions optimales.

• Et ces Battle groupes qui n’ont jamais été utilisés ?
Il ne faut pas être trop pressé. Ces Battles groups (NDLR : groupements tactiques forts de 1500 hommes chacun) viennent juste d’être déclarés opérationnels, en janvier 2007. Il n'y a pas d'obstacle politique. Plusieurs pays — les Nordiques, les Espagnols — n’ont d'ailleurs pas caché leur totale disponibilité à les voir engagés. Mais tout simplement, depuis quinze mois, il n’y a pas eu de situation d’urgence (limitée dans le temps) qui permette leur engagement. Mais, vu l’évolution internationale, je suis persuadé qu’en 2008-2009, on aura la possibilité de le faire. Et nous pourrons alors valider ce concept.

• Vous êtes un ancien chef d'état-major français, à ce titre, comment voyez-vous la réintégration de la France à l'Otan. Quelle conséquence pour l'UE ?
C'est une très bonne chose. Elle ne peut qu’aider à la construction européenne. Si la France a une position claire à l’Otan, elle aura les mains d’autant plus libres pour agir en faveur de la Pesd (politique européenne de sécurité et de défense). La France ne peut plus se permettre d’avoir un pied dans l'Otan et un pied dehors comme aujourd'hui. Cette ambiguïté  française dessert son engagement européen. Car derrière toute tentative de renforcer l'Europe de la défense, chacun pouvait soupçonner des arrières pensées contre l’Otan.
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1 mai 2008 4 01 /05 /mai /2008 00:58
Un petit bâtiment de briques rouges, à l’écart de l’école militaire belge. C’est là qu’Henri Bentegeat a établi ses bureaux à Bruxelles. L’ancien chef d’Etat major français est maintenant à la tête du Comité militaire, la plus haute instance politico-militaire de l’Union européenne, qui a pour charge de suivre la mise en place de l’Europe de la Défense. Le général revient d’ailleurs d’une « tournée des popotes » au Tchad, un terrain qu’il connaît bien puisqu’il a commandé le régiment des Marches du Tchad et y a effectué de nombreux séjours au titre de différentes opérations. Dans l’est du pays, proche du Darfour soudanais, se déploie en effet aujourd’hui une mission européenne : 2400 militaires sont déjà sur place sur un total de 3700 attendus d’ici juin. Leur mission : sécuriser la zone et rassurer les populations civiles et les ONGs.

« C’est l’opération militaire la plus importante que l’Europe ait jamais menée » assure le général. « La zone couverte est très étendue, dans un terrain difficile, où les violences sur les civils (vols, viols…) sont légions ». Et, pour la première fois, « la mission a été entièrement préparée, planifiée et commandée au niveau européen ». C’est en effet un Irlandais, le Général Nash, qui commande l’opération. Et « je peux vous assurer qu’il ne fait pas de la figuration » explique Bentegeat. Les forces aussi sont très mixtes. Si la France fournit une bonne partie de l’ossature de l’opération (logistique…), les Polonais et Irlandais — aidés de Suédois, Finlandais, Belges et Néerlandais —, sont en nombre. Une forte présence des pays neutres qui est, pour le général, la « marque d’une certaine maturité » de l'Europe. "L’ambassadeur américain que j’ai rencontré à N’Djamena, m'a confié « je ne croyais pas l’Europe capable de cela, c’est un véritable exploit »".  Et signe encourageant, cette présence commence à produire ces fruits. « Là où nos troupes sont déjà déployées, et patrouillent, comme à Farchana (avec les Marsouins du Régiment d’infanterie des chars de Marine) ou à Goz Beïda, avec les Irlandais, on constate un début de sécurisation. Les incidents diminuent. »  L’Europe de la défense « se construit pas à pas ».

• Quant à la réintégration de la France dans l’Otan, le général estime que c’est « une très bonne chose. La France ne peut plus se permettre d’avoir un pied dans l'Otan et un pied dehors comme aujourd'hui ». Lever « cette ambiguïté ne peut qu’aider à la construction européenne ».

© Photos : Cté militaire UE / P. Bressan
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28 avril 2008 1 28 /04 /avril /2008 18:00
Le général français Jean-Philippe Ganascia commande l’Eufor Tchad - RCA sur le terrain. Rencontre à son PC, une ancienne casemate de ce qui était destiné à devenir une prison qui a été reconverti en un camp de quartier général arrière pour Eufor Tchad, un soir, assez tard, à la fraiche. Un entretien mené avec un autre journaliste français (Jean-Pierre Ferey), dont les connaissances de l'armée française ont été précieuses tout au long de ce reportage, pour une interview qui, sans dépasser les limites de l'exercice, prend un tour plus convivial sur la fin... après l'échange traditionnel des écussions (j'hérite de l'écusson du général... "je le fais à chaque fois" glisse-t-il en clin d'oeil).

Quelle est pour vous la principale difficulté de cette mission ?
Pour le commandant de force que je suis, assurément, il s’agit de maintenir un style résolument volontariste à notre action, être opérationnel tout de suite, même si toutes les questions logistiques ne sont pas réglées. Il faut obtenir des renseignements, organiser des patrouilles, être visible partout.

Les rebelles vous gênent-ils ?
Ils ne sont pas une menace pour moi. Que ce soit des soldats dévoyés, des rebelles ou des bandits, peu m’importe, je n’ai pas à faire de distinctions entre les uniformes ou de rentrer dans des considérations politiques. Mon mandat est très clair. A partir du moment où ces personnes exercent une menace militaire sur la population, attaquent les Ongs, la Minurcat ou mes hommes, je dois agir. Tant qu’ils passent leur chemin, je ne suis pas concerné.

• Les récents évènements d’Adé l’ont prouvé, vous n’êtes pas à l’abri d’afflux de blessés militaires tchadiens ou rebelles dans vos postes. Comment ferez-vous : intervenir ou non ?
C’est clair. Nous sommes impartiaux. Mais le médecin est aussi lié par son serment d’Hippocrate. Ne rien faire serait de la non-assistance à personne en danger. Si on nous amène des blessés, ce sera au médecin d'agir suivant ses propres règles, de pratiquer les gestes vitaux de survie, de stabilisation de la victime avant d'évacuer le blessé. Mais on doit s'arrêter là. Il n’est pas question de médicaliser un avion pour aller récupérer les blessés.

S'il y a une menace, faut-il attendre un ordre du commandement ou une unité sur le terrain est-elle autonome ?
Les règles d’engagement que nous avons définies sont très larges, avec la possibilité d'usage des armes en cas de preuve de la menace ou d’imminence de la menace sur les objectifs de notre mission (population, Ongs, Minurcat, Eufor). Il ne faut pas faire trois réunions d’état major avant de se décider à agir. Chaque patrouille a donc un certain degré d'autonomie. Les militaires peuvent réagir, de façon proportionnée, s'il y a un problème et rendre compte.

On le voit, les conditions dans lesquelles vous travaillez sont difficiles. Comment le vit la troupe ?
Je suis surpris de voir que tout le monde s'habitue bien. Les Suédois et Finlandais, par exemple, peu habitués à ces terrains africains, nous ont donné une belle leçon de volontarisme, d’aptitude à s’adapter. De façon générale, on sent une volonté de solidarité entre chaque corps. Dans certaines opérations internationales, quand on passe d’un secteur à l’autre, il faut quasiment un visa. Ici, ce n'est pas le cas. Les gens sont fiers d’être là, enthousiastes, même ceux qui viennent de pays qu'on a pu qualifiés de réticents, au départ.

• On sent parfois une confusion dans certaines fonctions entre les militaires français de l'Eufor et leurs compatriotes d'Epervier, les Eft (éléments français au Tchad). N'est-ce pas gênant ?
La France a effectivement fait le choix de consacrer certains moyens communs à l'Eufor et aux Eft. C’est son choix. Ce n’est pas ce qu’Eufor a demandé. Nous avons simplement demandé des moyens. 

L'effet d'Eufor est-il déjà sensible sur le terrain ? A quel moment pourra-t-on dire, c'est un succès ?
Pour l'instant, il est trop tôt. L'action commune prévoit une évaluation à mi-mandat (septembre). Tout ce que je sais c’est que j’attendrais très tard pour évaluer notre effet sur le terrain. Car le retour des déplacés – qui est de nos objectifs – peut être causé par plusieurs raisons. Actuellement par exemple, on constate quelques retours, pas isolés, qui dépassent peut-être 1000 personnes. Mais pour quelles raisons retournent-ils ? Est-ce pour voir si leur maison est en état ou pour se réinstaller ? Est-ce temporaire ou permanent ? Il faut être très prudent dans ces résultats.

Le 15 mars 2009, la mission Eufor se terminera, sans prolongation. C'est inéluctable ?
Oui, le 15 mars est le terme de notre mission. Il faut accepter l'esprit de cette mission qui est d'assurer le relais, d'une autre mission internationale (Onu - Oua). Il ne faut pas sombrer dans un schéma onusien, des Casques bleus, où la présence est l’essence de l'action. Dans un an, on n’aura sans doute pas résolu la crise du Darfour. Mais on y aura aidé. Il faudra réfléchir alors à mettre en place une autre mission, au mandat différent, ciblé sur certaines actions précises. Le monitoring de la frontière, on commence à parler. Il manque aussi ici une vraie force de police et gendarmerie. Enfin on peut penser à une mission de désarmement.  C’est d’ailleurs la plus-value européenne que de s’engager dans ce type de mission bien ciblée.

Article publié dans Europolitique

Général Ganascia en quelques dates
Né en 1953, sorti en 1977 de l’académie de Saint-Cyr (l’école française de formation des officiers), il a commencé sa carrière dans les parachutistes (1978-1989), puis à la Légion étrangère (1994-1999), avant de servir au commandement de l’armée de terre (1999-2003) et rejoindre l’Etat-major de force et d’entraînement interarmées comme officier général adjoint.
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28 avril 2008 1 28 /04 /avril /2008 01:54
Le déploiement en cours
Les Français sont déjà en nombre, à la suite d’une volonté politique déterminée et grâce à une présence déjà ancienne — le Tchad et la République centrafricaine sont, en effet, deux pays où les militaires français ont des bases fixes. Mais, ils ne sont plus les seuls ! Italiens (personnel médical et paramédical pour l’hôpital de campagne), Belges (forces spéciales et forces d’installation de camp), Autrichiens (forces spéciales et Pionniers), Finlandais et Suédois sont aussi là, à effectifs quasi-complet, ainsi que des éléments précurseurs irlandais. On croise également un ou deux Britanniques, Polonais, Slovaque, Tchèque, Luxembourgeois... essentiellement à l’Etat-major de la force. Celui-ci est réparti entre N’Djamena (PC arrière, logistique) et Abéché (PC avant), le général Ganascia fait la navette régulièrement entre les deux. Une navette qui continuera quand le Camp des étoiles installé, ne serait-ce que pour le contact avec les autorités nationales.

Faire un décompte des forces présentes est ardu, et un peu inutile, les effectifs changeant chaque jour, voire chaque heure. Ce qui est plus significatif est la mise en place opérationnelle. Il n’y a, ainsi, à la mi-avril, qu’un bataillon presque complet — renommé en terme européen « brigade multinationale » — qui était en place à la mi-avril : celui des Français à Farchana (450 hommes sur un total attendu de 600), ainsi que l’unité — qui lui est rattachée — à Birao (République centrafricaine) dans la région dite des « trois frontières ». La force de réaction rapide du "théâtre", constituée tout d’abord des forces spéciales françaises, relayées par les Suédois, est également opérationnelle.
Les deux autres gros bataillons arrivent plus tard : les Irlandais vers fin avril, les Polonais vers fin mai - juin. Ceux-ci avaient annoncé au départ leur arrivée en septembre mais les autorités européennes leur ont demandé de se déployer plus tôt. Chacune de ces brigades doit comprendre des forces multinationales. La brigade multinationale Centre - sous commandement français - comprend également Roumains et Slovènes. La brigade multinationale Sud – sous commandement Irlandais – inclue des Néerlandais, Suédois et Finlandais. La brigade multinationale Nord - sous direction polonaise - doit aussi comprendre d’autres éléments. Du coté des pays tiers, 60 Albanais doivent rejoindre assez rapidement le Tchad – chargés de relayer les Finlandais dans la garde des camps. Et une centaine de Russes sont aussi attendus en même temps que leurs hélicoptères (pilotes, mécaniciens, maintenance).

Le dispositif santé renforcé
L’Eufor dispose d’un effectif médical conséquent. L’hôpital de « Rôle 2 » - tenu par les Italiens à Abéché, positionné sur le camp Crocci actuellement, qui sera ensuite déplacé sur le camp des étoiles, est un modèle du genre. Composé de 100 personnes (ambulanciers, logisticiens, carabinieri) dont 34 médecins et infirmiers), il est calqué sur un service d’urgence classique. Dans ses tentes climatisées, il est à même de faire toutes les interventions classiques : 2 salles d’opérations, une salle de réanimation et soins intensifs, une salle orthopédique, 50 lites d’hospitalisation, un laboratoire — apte à faire une batterie de tests (sanguin, maladies type Hiv, Diphtérie, monucléose, composition de l’eau...), un dentiste et un pharmacien. Chaque Brigade dispose d’un poste de secours, type « Rôle 1 », particulièrement renforcé. Ainsi le poste de Farchana comprend 30 personnes dont 8 médecins et infirmiers (alors qu’un « Rôle 1 » classique comprend 1 médecin et 2 infirmiers). Le camp Europa à N’Djamena ne dispose que d’un « Rôle 1 », il dispose en effet d’une infrastructure hospitalière plus conséquente, notamment le Centre chirurgical  « Rôle 2 » des forces françaises « Epervier », bien équipé, voire des hôpitaux de la capitale. Un hôpital « Rôle 2 » est également opérationnel à Birao (République centrafricaine).  Contrairement aux structures bilatérales, françaises, ouvertes à la population locale, les structures strictement « Eufor » sont normalement, sauf situation particulière, réservées aux militaires ou civils travaillant sur la base sous contrat.

L'égalité hommes femmes
La mission Eufor compte deux « Gender adviser », une suédoise et une française, chargées de faire respecter l’égalité des genres et faciliter la mixité des armées au jour le jour. Les deux conseillères — une fonction nouvelle dans les missions européennes — veillent à ce que les personnels féminins soient bien intégrés dans les unités, où la promiscuité et la rusticité des installations sont souvent la règle, à assurer un travail de prévention et d’information (notamment sur la conduite à tenir dans un pays musulman) et à pouvoir réagir au besoin à des questions plus délicates (harcèlement…).

Le rôle des forces spéciales
Les forces spéciales ont été déployées en premier, dès janvier. Cela « a créé un grand fantasme » explique le lieutenant colonel Axelos. Mais pour nous, ce qui nous intéressait était surtout « leur capacité d’action autonome. Ce sont des forces d’action en premier, utiles sur un théâtre difficile où existe de l’insécurité, pour faire les premières reconnaissances des emplacements possibles, des pistes, prendre premiers contacts population ». Au fur et à mesure que les bataillons se déploient, elles vont se replier » - c'est déjà le cas d'une partie des forces spéciales françaises -, sauf celles qui seront parties intégrées de la force de réaction rapide.

Rythme de travail

Entre un état-major et une équipe sur le terrain, les horaires et charges varient considérablement. Mais on peut dresser le portrait robot d’une journée. Cela commence très tôt, entre 5h 30 et 6h00, pour profiter des moments de faible chaleur et faire de l’exercice physique (footing…). La période 13h – 16 h est considérée comme rouge. Et la sieste ou la mise à l’abri en secteur climatisé est "fortement recommandée". Au repas du soir vers 19h, suit une période de temps libre, mise à profit souvent par les officiers ou personnels pour terminer ce qui n’a pu être fait dans la journée. Sauf prescription particulière, les militaires ont la permission de minuit (23h30 en réalité), mais doivent signaler leur absence au poste de garde, comme d’ailleurs pour toute sortie hors du camp dans la journée, avec heure approximative de rentrée. Une précaution nécessaire afin de pouvoir déclencher l'alerte ou rapatrier les équipes en cas d'incident. Sauf urgence, personne ne travaille la nuit — mis à part les gardes de faction — afin de préserver les équipes. « Il s’agit de durer » explique un officier.
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27 avril 2008 7 27 /04 /avril /2008 08:54
La rumeur étant une donnée fondamentale dans le pays, qu’il s’agisse de données stratégiques — attaque des rebelles, désertions, camps de réfugiés — ou plus banales — comme l’arrivée des pluies. « Même pour la saison des pluies, je n’arrive pas vraiment à savoir quand elle arrive » explique ironique un militaire. Coté sécuritaire, explique un spécialiste du renseignement, c’est clair « nous sommes sur une poudrière. Ca peut péter d’un instant à l’autre. » « Ici, un simple accident de la route peut transformer une population accueillante, souriante, en autant d’individus hostiles » complète un gendarme. Et il y a un nombre de personnes armées, aux intentions difficiles à saisir: militaires réguliers en dérive, rebelles, bandits. Une situation d’autant plus compliquée que, souvent, les mêmes sont alternativement l’un et l’autre. D’où l’importance pour les militaires européens de disposer de leurs propres renseignements stratégiques.

Dans le ciel, les Mirages et drone, au sol les cellules civilo-militaires
Dans le ciel, l’Eufor peut utiliser des mirages F1 français – de reconnaissance, ou tactiques – capables d’aller très vite à l’autre bout du pays et d‘être ravitaillés en vol — et dispose d’un drone (CL-289), avion sans pilote, capable de rester longtemps dans un même point. Au sol, ce sont les équipes « d’en avant », forces spéciales essentiellement, ainsi que les patrouilles régulières, voire les cellules civilo-militaires qui sont chargées de récolter un maximum d’informations. Toutes ces informations atterrissent à la cellule J2 (renseignement) où elles sont croisées avec d'autres. Celle-ci dispose, en effet, également de « capteurs », contacts de la société civile qui sont à même de les informer de l’évolution de la situation, au travers de conversations somme toute banales, autour d’un verre de coca-cola ou d’une bière dans une taverne discrète de la ville ou au pied d’un arbre.

De l'importance relative de la photo...
Comme dans chaque opération multinationale (Otan ou UE), chaque Etat membre peut disposer d’une NIC (cellule nationale de renseignement) qui peut faire remonter certaines informations à son état-major. Ainsi, Paris comme Dublin, Londres, Varsovie ou Stockholm... peuvent avoir connaissance de certaines informations recueillies sur le terrain. Mais, ainsi que le précise un agent chargé de ce service, une « photo en soi ne veut rien dire. Il en faut plusieurs, avec des annotations, la date, et d'autres informations pour retracer une réalité ». Et, effectivement, quand on regarde une photo, il faut vraiment l’œil de l’expert pour discerner dans la petite tâche de quelques millimètres qu’il s’agit d’un « pick up de rebelles détruit », comme le mentionne la légende. Tout l’art du renseignement est donc de croiser les informations recueillies dans le ciel avec celles recueillies sur terre, ou au contact de certaines personnes.

Une instabilité politico-militaire
Loin de s’atténuer, ou au contraire de s'aggraver, le risque d’affrontement militaire se perpétue. Le gouvernement tchadien s’arme et soutient, sur son territoire, les rebelles soudanais, voire les instrumentalise. Le gouvernement soudanais fait de même avec les rebelles tchadiens. Et des deux cotés, on s'arme. L’armée nationale tchadienne, renforce ainsi notamment sa flotte d’hélicoptères d’attaque. « Deby a compris combien ceux-ci étaient utiles » commente un militaire sur place. Possédant déjà plusieurs hélicoptères Mi35 et Mi171, dont certains basés en permanence à Abéché, le Tchad est en passe d’en acquérir deux autres, notamment auprès d’Ukrainiens (des Mi24P surnommés la « libellule de la mort », hélicoptères Mi27 améliorés avec des armements). Et la négociation de deux autres Gazelles ou Fennec français serait en cours. De son coté, le Soudan n’est pas en reste. Selon des témoignages, photographies à l’appui, recueillis par Amnesty international, la Russie aurait signé un accord de livraison de 15 hélicoptères Mi17 en 2005 et 2006 et fourni 12 hélicoptères d’attaque Mi24.

Les attaques rythmées par les pluies
Si la saison des pluies (entre juin et septembre) est, de fait, une période de trêve, les attaques rebelles se concentrant en général en deux phases — autour de novembre et d’avril — la période actuelle reste critique car il s’agit des dernières possibilités pour les rebelles d’attaquer. Certes après leurs trois défaites consécutives - en novembre 2007 (dans la région d'Abéché), en février (à N'Djamena) et en avril 2008 à Adé (près de la frontière soudanaise, en pleine zone "Eufor") -, le risque paraît moindre. Mais « la vigilance reste cependant de mise » affirme-t-on du coté de la mission française Epervier chargé de veiller particulièrement à la stabilité du pays et d’évacuer les ressortissants civils européens en cas de coup dur. Car « un coup de main localisé n’est pas à exclure ».

Des forces fluctuants entre "gouvernementaux" et "rebelles"
Le gouvernement tchadien dispose de plusieurs forces de sécurité : l’ANT, l’armée nationale tchadienne régulière, une unité d’élite – la garde présidentielle composée des fidèles du président dont les bâtiments sont gardés par de très jeunes soldats —, la Gendarmerie nationale et la Garde nationale et nomade du Tchad (GNNT). Cette dernière force composée de supplétifs et d’anciens rebelles ralliés est très mouvante - certains s'y rallient puis désertent et se rallient, encore, parfois contre une prime - et peu disciplinée.
Les forces rebelles sont, aujourd'hui, plus que jamais très divisées, souvent de façon claniques. Entre l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) de Mahamat Nouri, composée de Goranes (ainsi que d’Arabes et de Tamas) et le Rassemblement des forces pour le changement (RFC) de Timane Erdimi, neveu de Deby - qui rassemble surtout des Zaghawas, l'ethnie du président Deby - s'est ainsi créée une dissidence, l’Union des forces pour le changement et la démocratie (UFCD), autour d'Adouma Hassaballah, composée essentiellement d’habitants de Ouaddaï (la région d’Abéché). Certains mouvements comme l'UFDD, l'UFDD Fondamentale (UFDD-F) d'Abdelwahid Abdoud Makaye, et le Front pour le salut de la République (FSR) d'Ahmat Soubiane sont regroupées dans une "Alliance nationale".

La neutralité au quotidien
Dans tous ses actes au quotidien, l’Eufor prend bien garde à ne pas être prise en défaut de neutralité. Ainsi toute la zone Est du Tchad est passée sous commandement Eufor, les Français de l’opération Epervier n’y interviennent normalement plus, de leur propre chef. Des campagnes d’information — avec tracts à l’appui — sont menées dans les villages pour expliquer la présence européenne, le sens du drapeau bleu à 12 étoiles, ainsi que la présence d'éléments de plusieurs pays. Dans la vie de tous les jours, les militaires de l’Eufor prennent bien soin à certaines attitudes. Ainsi le port du chech a été évité – afin de ne pas prêter confusion — avec les troupes militaires tchadiennes, régulières ou rebelles, qui le portent régulièrement. Alors qu’il existe deux routes pour aller à l’escale militaire de N’Djamena, les voitures Eufor prennent bien soin de ne pas prendre celle qui passe par le camp tchadien, pourtant beaucoup plus rapide (le contrôle des militaires ANT étant plutôt bon enfant), et préfèrent transiter par le camp français. Enfin, trois aumôniers — un catholique, un protestant (à Abéché) et un musulman (à Farchana) — assurent une présence spirituelle. « Dans un pays musulman, la présence d’un religieux musulman dans nos troupes est un atout » souligne un militaire. 'Cela facilite les contacts'.

L'évacuation des résidents
La protection et l’évacuation des ressortissants européens et internationaux – essentiellement diplomates et personnels des ONGs — ne sont normalement pas au nombre des responsabilités assumées par l’Eufor. Cette fonction est assurée intégralement par les forces françaises de l’opération Epervier. Un plan dénommé "Chari Baguirmi" organise les différentes étapes : consignation des résidents à domicile, rassemblement sur des points de regroupement, extraction et évacuation via le camp Kossei et l'aéroport de N'Djamena. Ainsi que les évènements de février 2008 l’ont montré, cette éventualité n’est pas théorique. Une centaine d'hommes sont mobilisables pour assurer l'accueil des ressortissants.

(Paru dans Europolitique)
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27 avril 2008 7 27 /04 /avril /2008 08:49
L'opération Eufor obéit à une mécanique complexe de gestion dûe à sa composition multinationale et à ses diverses sources de financement : paracommunautaire (Athéna) et nationale, doublée d’accords bilatéraux.

Le principe d'organisation par nationalité ou par accord bilatéral
Selon le principe des opérations multinationales, chaque nation contributive s’organise, en effet, comme elle l’entend et soutient ses propres forces avec une cellule NSE (National support Element). Elle peut aussi passer un contrat avec un autre pays afin de mutualiser, ou de sous-traiter certaines tâches.
Les Irlandais, les Autrichiens et les Suédois (en tandem avec les Finlandais) ont fait le choix d’avoir une NSE autonome. D’autres pays ont passé des accords techniques, plus ou moins complets, avec les Français: les Espagnols pour certaines fournitures de maintenance aérienne, les Polonais pour la réalisation du camp d'Iriba, restauration et logement. Cette formule « gîte et couvert » - résume un responsable logistique - «  a été une des conditions pour inciter les Polonais à venir plus vite que prévu ». Des accords techniques ont aussi été conclus ou sont en négociation avec les Slovènes, les Roumains, les Russes et les Albanais (incluant jusqu'à la founiture de tenues pour ceux-ci).
Certaines fonctions de base sont assurées pour toutes les NSE par l’Eufor comme le transit aérien (chargement et déchargement des avions, quels qu’ils soient), le soutien pétrolier (ravitaillement en essence), tâches logistiques effectuées par le bataillon logistique français.

Une vraie gestion de petite ville
Coté financement, c’est aussi une structure à plusieurs niveaux. Le budget européen (avec le mécanisme Athéna), fort de 120 millions d’euros couvre l’installation des deux camps d’Etat-major (« Europa » et « Etoiles) – du terrassement au tableau électrique – et le fonctionnement de l’Etat-major. "Pour les troupes basées sur place, le carburant comme l’utilisation de la cantine, sont refacturés à chaque nation, au prorata de leur utilisation", explique le lieutenant Colonel Villuendas, le "maire" du Camp Europa. Pour l’eau, on utilise un forfait : 100 litres d’eau par jour et par personne. Idem pour l’électricité selon le type d'installation. C'est l’officier J8 (finances) de l’Etat-major qui gère cette fonction.
En fait, ainsi c’est une vraie gestion « communale » qui se recrée dans chaque camp avec ses « services publics » gratuits, ses « services payants » et ses services... délégués. Certaines fonctions (cantine des camps fixes, travaux publics…) sont, en effet, souvent sous-traités à des entreprises privées locales, choisies après respect des règles de marché. C’est ainsi une filiale de Vinci qui bâtit le camp des Etoiles.

Le support des EFT
Inutile de le nier, cette opération repose en large partie sur la logistique de la base permanente française "Epervier" au camp Kosseï, à N'Djamena. « J’ai reçu mission d’assurer le soutien de l’Eufor » explique le Colonel Périé, commandant "Epervier". Nous avons un contrat opérationnel à assurer : « transporter 12 tonnes de fret entre N’Djamena et Abéché, faire une mission de reconnaissance par jour (qui mobilise 2 avions Mirage F1 et éventuellement un ravitailleur Airbus) selon les instructions données par le bureau de renseignement de l’Eufor, garder une patrouille de Mirage en alerte pour un appui aérien en cas d’accrochage avec les rebelles » et un hélicoptère Puma pour les évacuations sanitaires (Evasan). Certains personnels – au rôle de soutien logistique, à l’arrière – ont donc une double casquette assurant la mission Eufor ou Epervier, selon le cas, avec des chaînes hiérarchiques bien séparées et des procédures d’engagement sensiblement différentes. « La double casquette » explique le Colonel Périé « a un double avantage : permettre de prendre en compte les besoins de chacun, d’arbitrer entre les priorités, et de mutualiser les moyens. Il y a une volonté nette pour que cette opération réussisse, alors on met tout en œuvre pour cela ».

Le respect des normes européennes jusqu'au bout du désert !
Parfois décalées, souvent nécessaires, les normes européennes sont applicables dans les camps de l’Eufor. Un contrôle vétérinaire est ainsi exercé et, autant que possible, les préconisations sanitaires européennes (chaîne du froid...) adaptées aux pays chauds, sont observées. De même, l’interdiction de fumer dans les locaux publics est respectée, chacun fumant dehors, en évitant évidemment les zones d’essence et de munitions. De manière générale, d’ailleurs les règles de sécurité incendie sont strictes et les pompiers passent régulièrement pour en vérifier le respect. Les temps de conduite des personnels civils doivent aussi être limités, sauf nécessité.
Enfin, les règles de transparence et de mise en concurrence sont normalement suivies pour passer des marchés publics, soumis à publication (dans la presse locale ou au JOCE, selon les seuils). Il existe même sur l’aéroport Abéché et dans le camp Crocci, une «mini-zone Natura 2000 » composée d’un oued et d’oiseaux sauvages qui trouvent là une halte rafraîchissante, que les militaires ont l’obligation de préserver !
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logo_ouestfrancefr.pngL'éditeur : Nicolas Gros-Verheyde. Journaliste, correspondant "Affaires européennes" du premier quotidien régional français Ouest-France après avoir été celui de France-Soir. Spécialiste "défense-sécurité". Quelques détails bios et sources.