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29 août 2008 5 29 /08 /août /2008 21:23
Si la situation humanitaire en Géorgie est encore difficile, elle semble désormais sous contrôle des organisations humanitaires (internationales ou non gouvernementales). Ce point sera cependant à l'ordre du jour du sommet européen extraordinaire du 1er septembre à Bruxelles.

L'aide est arrivée de façon assez rapide et en grand nombre. En trop grand nombre parfois, l'arrivée massive de l'aide américaine vers Tbilissi a ainsi obligé le PAM (programme alimentaire mondial, une agence des Nations-Unies) à interrompre ses distributions pour laisser la place à celles d'UsAid... (selon une des organisations présentes sur place).

Un problème d'accès en Ossétie du Sud
La situation est plus délicate dans la "zone de sécurité" russe autour de l'Ossétie et en Ossétie du Sud même. Où seule une organisation, partenaire de l'Union européenne, - le Comité international de la Croix-Rouge -, a accès à cette région (depuis le 21 août). Aucune autre organisation n'y a accès pour l'instant. L'Office européen d'aide humanitaire (ECHO) a bien proposé d'envoyer un de ses experts sur place (du bureau de Moscou). Mais cette demande n'a pas reçu encore d'accueil positif des autorités russes. Celles-ci n'y tiennent pas vraiment.
La Russie préférerait en fait que toute l'aide transite par le ministère russe des secours d'urgence (Emercom) qui a déployé, comme l'expliquait l'ambassadeur de la Russie à l'Otan, V. Rogozine, avant son rappel à Moscou, "des moyens importants sur place. Il est important que les ONGs s'adressent à lui. Elles bénéficieront ainsi de facilité douanières notamment".

Des dégâts assez lourds et des risques "d'après-conflit" toujours présents
Le bilan humanitaire peut être dressé, d'après différentes sources, compilées par les autorités européennes.
Le niveau des destructions en Ossétie du Sud est "substantiel" (source : HCR, Conseil de l'Europe). Il existe toujours un risque de mines ou d'objets non explosés, particulièrement autour de Gori. Une partie de la deuxième tranche d'aide (5 millions) décidée par la Commission européenne sera consacrée au déminage.
158 700 personnes ont été affectées par le conflit (source Onu). Il y a : 97.983 personnes déplacées - du coté géorgien (enregistrés par le ministère géorgien des Réfugiés) ; 14 872 réfugiés d'Ossétie du Sud sont toujours dans les départements du sud de Russie et 22.582 personnes sont déjà retournées en Ossétie du Nord (source : Emercom).
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29 août 2008 5 29 /08 /août /2008 15:00
33 bâtiments ont été détruits, après les combats entre Russes et Géorgiens, à Gori (Géorgie), selon l'agence des Nations Unies pour l’imagerie satellite (UNOSAT), qui vient de publier une dernière carte de l'état de la situation. 18 sont détruits totalement, 15 gravement endommagés. Sur cette carte (télécharger ici), on voit également l'impact de l'explosion d'un dépôt de munitions et on peut localiser l'endroit où a explosé le train géorgien.

et la preuve d'une "épuration ethnique en Ossétie" ?
Mais le plus intéressant est sans doute la carte des destructions en Ossétie du Sud. Environ 1000 batiments détruits (794 totalement, 256 sévèrement (télécharger là). Pas de dommage visibles sur les 5.372 bâtiments encore identifiés. Une conclusion "préliminaire importante" s'impose, au vu de cette analyse satellite, explique l'Unosat : "il y a une concentration importante observée des dommages dans des zones résidentielles bien définies". Des zones géorgiennes sont atteintes, il y a une volonté "d'épuration ethnique", précise l'organisation de droits de l'homme, Human Rights Watch, réputée pour la qualité de ses informations (lire son analyse complète ici).
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28 août 2008 4 28 /08 /août /2008 12:30
La Russie isolée, la Russie sanctionnée ? Pas si vite... L'avancée militaire russe en Géorgie d'abord, la reconnaissance de l'indépendance des régions d'Abkhazie et d'Ossétie du sud, ensuite, témoignent d'une volonté stratégique affirmée, réfléchie de la Russie. Qui a calculé, tel un joueur d'échec, les risques de ce nouveau positionnement et les réactions possibles de l'adversaire. Comme en 1991, il y a une accélération de l'histoire, avec une recomposition de certains espaces d'influence, notamment dans les régions de conflits gelés, entre l'Ouest et l'Est. Dans cette première manche, la Russie semble avoir réussi son coup. Elle a accepté de sacrifier, momentanément, des pièces du jeu qu'elle jugeait inutile ou obsolète (l'image pacifique) pour en regagner d'autres (la puissance notamment). Avec des yeux d'occidental, on peut juger cette attitude suicidaire. Mais il faut non pas considérer la Russie d'aujourd'hui comme celle des années 1990 ou 2000, très atlantiste. Mais plutôt comme une Russie plus traditionnelle, plus impériale, plus orientale. Avec le couple Medvedev-Poutine, une nouvelle Russie est en train de naître, incontestablement, qui se repositionne dans le contexte international. En réclamant à nouveau toute sa place dans le monde, elle offre une alternative claire à la toute-puissance américaine des dernières vingt années. Sans céder à l'émotion du moment, on peut cerner sept "nouvelles pièces" dans ce jeu russe.

1° La puissance. La Russie est redevenue une "puissance" avec qui compter. Ce pays, auparavant puissant, ne comptait depuis 1991 plus vraiment sur la scène internationale. Les Occidentaux ont pu arrimer l'Europe centrale à l'Union européenne, bombarder la Serbie, intervenir en Irak ou en Afghanistan, sans vraiment son accord, Avec son coup de force en Géorgie, elle réussit à rattraper ces vingt ans d'impuissance. L'Otan a subi une défaite.

2° Un parapluie alternatif. La Russie constitue une offre alternative à l'autre puissance que sont les Etats-Unis. Le message est clair : si vous avez un problème avec les Etats-Unis, nous avons une armée bien formée, une volonté politique bien affirmée, du pétrole, du gaz, et surtout des équipements militaires à vendre. Bref, la Russie offre un "parapluie" stratégique à tout Etat, qui désire s'affranchir de la pression américaine. Certains pays (comme la Syrie) ne s'y sont pas trompés. D'autres pourraient suivre.

3° Une offre industrielle militaire renouvelée.
L'armée russe a, ici, fait une démonstration pro domo. En s'affirmant comme une alternative industrielle militaire crédible, la Russie devient, à terme un concurrent dangereux pour l'industrie militaire occidentale (européenne ou américaine). Les contrats signés se multiplient. La demande mondiale est importante. Et le retour d'une course aux armements pourrait être profitable à cette industrie qui a besoin de marchés pour se développer et se moderniser. Et l'industrie russe a un avantage concurrentiel : le prix. "Le matériel modernisé est très proche des dernières conceptions (occidentales). Et deux fois moins cher" affirme Vladimir Palechtchouk du service de coopération militaire et technique dans Novosti.

4° Le retour de la notion de frontières. La comparaison avec la guerre froide tient sur ce point : non pas bloc contre bloc (ce qui suppose des frontières opaques) mais zone contre zone. Il y a une zone occidentale étendue, adhérente à l'Union européenne et/ou à l'Otan, clairement affirmée. Et une zone russe qui s'affirme. Puis une course de vitesse pour rattraper à ces zones quelques pays ou morceaux de territoire. La Biélorussie, la Géorgie, la Moldavie dans la "zone russe". La Serbie, le Kosovo, la Macédoine, dans la zone européenne. Reste quelques pays à disputer, à commencer par le plus gros : l'Ukraine. La crise géorgienne constitue à coup sûr un avertissement très net aux pays qui seraient d'aller "de l'autre coté".

5° Un axe plus oriental. Bien sûr il y a des dommages collatéraux en terme d'image. Mais ils restent limités pour l'instant à l'Occident. Et surtout faibles au regard des gains potentiels. Ce qu'elle perd à l'Occident, la Russie peut le regagner à l'Orient. Il y a là un rééquilibrage de la stratégie russe. Moins atlantiste. Plus asiatique. Les possibilités d'investissement et de croissance ne se trouvent plus seulement en Occident mais aussi dans d'autres pays (Inde, Indonésie, Chine, avec lesquelles la Russie a lié récemment de nombreux contrats). L'ambassadeur à l'Otan, Rogozine disait récemment : nous ne sommes plus dans un monde bipolaire mais multipolaire.

6° Le reformatage des liens avec l'Occident. La Russie a besoin des Occidentaux, certes. Mais l'inverse est aussi vrai. Et c'est bien cela un des buts recherchés : la Russie doit être traitée à égalité avec les Etats-Unis. Les Russes ne se sont pas privés de le rappeler. Non sans raison. La Russie est en position de force sur les Occidentaux en Afghanistan : le Conseil de sécurité de l'Onu doit prolonger, en septembre, la mission de la coalition internationale (l'IFAS). Et l'Otan avait conclu un accord avec les Russes pour le transit de certains matériels par route ou air, dans l'espace russe (ce qui permettait de ravitailler plus vite et moins cher ses troupes présentes). Au Tchad, les Européens comptent toujours sur les hélicoptères russes pour mener à bien leur mission. De même que l'Onu a besoin des Russes au Darfour (une préoccupation très au coeur des Britanniques). Sans compter le pétrole, le gaz russe et les capacités d'investissement et de développement qu'offre le pays. Capacités d'autant plus grande que son territoire, son empire et sa zone d'influence seront étendus.

7° Une capacité d'action raisonnée. Le mot peut paraître déplacé. Mais quand on regarde l'accord de cessez-le-feu, on voit une évolution par rapport aux interventions soviétiques (Budapest 1956, Prague 1968, Afghanistan 1979). Les Russes savent s'arrêter avant que ce ne soit trop tard. Ils n'ont pas ainsi envahi toute la Géorgie (et sa capitale, ce qui semblait à portée de main, a priori). Qu'est-ce qui les a arrêté ? : le plan de l'Union européenne. La baisse de la bourse qui a rappelé au réalisme économique certains responsables... Ou un plan bien arrêté qui ne prévoyait pas d'aller jusqu'au bout... Ou un peu des trois.

Crédit photo : OSCE Georgia - Gori le 21 août
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25 août 2008 1 25 /08 /août /2008 08:30
Les 27 ambassadeurs membres du comité de politique et de sécurité (COPS) se retrouvent, le 26 août, sur la crise géorgienne. Comme les précédentes rencontres depuis plus de trois semaines - le 12 août (pour préparer le conseil des ministres des affaires étrangères) et le 19 août (pour faire un état des lieux de la situation) - c'est la Géorgie qui sera au centre des discussions. Un premier document conjoint Commission - Conseil a été distribué, le 19 août, dressant les principales pistes possibles. Parmi celles-ci figurent :

• A très court terme, le renforcement du bureau du Représentant spécial de l'UE à Tbilissi, le suédois Peter Semneby, et du "Border support Team" (BST) déjà en place. Environ une demi-douzaine de personnes (on parle de six à huit), des conseillers politiques essentiellement, pourraient ainsi être envoyées très rapidement (dans les jours qui viennent = ce pourrait être une décision du Conseil européen). Ce qui nécessite, formellement, de modifier l'action commune (qui date de 2003) afin notamment de mettre une rallonge budgétaire.

• Le renforcement de la délégation de la Commission européenne à Tbilissi et du Sitcen, le centre de renseignements de l'UE, par des experts nationaux détachés des Etats membres spécialistes des pays du Caucase.

• A moyen terme, une "mission européenne de surveillance" pourrait être déployée, sur le modèle de celles déployée en ex-Yougoslavie ou à Aceh (Indonésie). Les différents comités compétents du Conseil (Relex, Coex...) cogitent actuellement de même que l'Etat-Major de l'UE et le nouveau CCPC.

Les experts doivent, en effet, envisager des réponses à un certain nombre de questions (liste non limitative) :
- Si l'UE envoie une mission, la nature de la mission: civile ou militaire, voire... civilo-militaire ?
- le contexte de la mission : mission PESD montée en coopération / liaison avec celle de l'OSCE ? Sur la base une résolution de l'Onu ? Ou en propre (avec invitation de la Géorgie) ?
- le financement : si c'est une mission civile, c'est le budget communautaire - dans sa ligne "Pesc - relations extérieures" - qui est mis à contribution (le Parlement européen doit voter une augmentation de budget); si c'est militaire ce sont les Etats membres, avec pour partie un mécanisme de solidarité (Athena) (1);
- la base juridique de la mission : nouvelle décision (pour une mission "Pesd" en propre), ou modification de l'Action commune déjà en cours
- le nombre de personnes affectées à cette mission et le budget ;
- le mandat détaillé de la mission : surveillance des frontières, signalement des violations du plan de paix (mais lequel), surveillance des droits de l'homme, protection des minorités, rapports d'alerte au Conseil et aux belligérants;
- la nature de la coopération avec les belligérants : la Géorgie et, surtout, la Russie,
 etc.

Le mandat de la mission pourrait être "calé" sur deux missions antérieures européennes :

- le plus proche dans le mandat et le contexte géopolitique - mais le plus lointain dans le temps est - la mission EUMM de surveillance en ex-Yougoslavie qui avait pris le relais, en 2001, de ce qui fut la première mission PESD avant la lettre: la mission d'observation de la Communauté européenne en ex-Yougoslavie (ECMM), entamée... en 1991 (voir archives). Elle était particulièrement chargée de surveiller les frontières, nées des différents conflits entre républiques ex-Yougoslaves. Composée de 120 observateurs, 26 Etats européens y participèrent au final (UE-25 + Norvège), cette mission avait pour objectif: a) de suivre l'évolution de la situation politique et en matière de sécurité dans la zone relevant de sa compétence; b) d'accorder une attention particulière à la surveillance des frontières, aux questions interethniques et au retour des réfugiés; c) d'établir des rapports analytiques sur la base des instructions reçues; d) de contribuer à l'alerte rapide du Conseil et à l'instauration de la confiance, dans le cadre de la politique de stabilisation menée par l'Union européenne dans la région; etc.

- la plus proche dans le temps, mais dans un contexte un peu différent, est la mission AMM à Aceh en Indonésie - chargé de surveiller l'application de l'accord de paix entre le gouvernement indonésien et le mouvement "Aceh Libre" (voir l'action commune). Cette mission avait surtout pour objectif de : a) surveiller la démobilisation du GAM et son désarmement; (...) c) la situation des droits de l'homme ; (...) g) les violations présumées du mémorandum d'entente et les plaintes en la matière; h) établit et maintient des liens et une bonne coopération avec les parties.

Coté coopération internationale, la mission devra s'appuyer sur deux autres internationales actuellement sur place :

- la mission de l'Onu en Géorgie, la Monug, déployée en Abkhazie qui comporte la participation de militaires, dont 60 environ provenant d'un pays de l'UE, mais dont le mandat est plus limité que ce que pourrait être une mission Pesd (voir son dernier rapport).

- la mission de l'Osce en Géorgie.

En toile de fond de toutes ces discussions figure le contexte géopolitique : si on ne peut avoir un accord officiel des Russes au déploiement de ces missions, l'UE devra obtenir leur accord tacite. Il faut aussi que les Européens évitent d'accréditer que la limite "Géorgie-Ossétie du Sud" est une frontière internationale, et entériner ainsi une "ligne verte" intangible. Il faut aussi une force de maintien de la paix (dans son mandat de force), qui puisse travailler, sans un plan de paix, des deux cotés d'une frontière (Géorgie-Ossétie). Enfin, il faut (paraître) s'imposer face aux Russes sans (paraître) les brusquer. Le chemin est donc délicat...

(1) La logique voudrait que ce soit une mission civile - même si elle sera composée de militaires - ou civilo-militaire, donc avec une bonne part de budget communautaire. On verra alors si le Parlement européen  acceptera  de voter une rallonge budgétaire,  à hauteur de son discours très engagé et interventionniste, au budget "relations extérieures - missions civiles de la PESD", déjà bien ponctionné par la mission Eulex Kosovo.

Crédit photo : Conseil de l'UE (Peter Semneby)
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24 août 2008 7 24 /08 /août /2008 08:48
Ambiance assez extraordinaire à la réunion, improvisée, des commissions "Affaires étrangères", "Défense" et la délégation "Ue-Caucase" du Parlement européen, ce 20 août. La "petite" salle au bout du couloir du 3e étage était pleine de députés (pas toujours aussi assidus quand il s'agit de séances ordinaires), et dont beaucoup étaient venus spécialement pour l'occasion. Tenue en présence de la ministre des Affaires étrangères de Géorgie, la séance a surtout été l'occasion, pour chacun, de faire part de ses sentiments, qu'on peut classer en trois catégories :

- assurer la solidarité des Européens aux Géorgiens face à l'agression russe qui rappelait à chacun de mauvais souvenirs, s'alarmer de la situation en Géorgie. "Vous avez tout notre soutien madame" a déclaré Christopher Beazley (PPE conservateur, Royaume-Uni) "Cette crise doit nous faire ouvrir les yeux, nos collègues occidentaux ont été trop naïfs avec la Russie" - Zbigniew Zaleski (PO-PPE libéral, Pologne). Nous "retrouvons une attitude impérialiste de la Russie" - Jozef Pinior (PSE socialiste, ancien dirigeant de Solidarnosc, Pologne). "il y a une guerre des nerfs qui est lancée, la population géorgienne est à bout. Il y a une terreur semée sur le territoire" par les Russes - Marie-Anne Isler Beguin (Verts, France et présidente de la délégation "Caucase" du PE qui a été sur place, voir son interview). "Il faut comprendre que la Russie ne partage pas nos valeurs", a renchéri une autre députée. "Il faut agir vite et (...) éviter que la Géorgie soit occupée, comme la Tchécoslovaquie en 1968, durant 22 ans" - Jana Hybásková (PPE-DE, République tchèque). "Ce n'est pas le moment de rechercher toutes les causes du conflit. La réaction a été disproportionnée. A la partie russe, il faut dire que nous ne voulons pas relancer la guerre froide. Mais quand un accord est signé, il doit être respecté" - Ria Oomen-Ruijten (PPE-DE, Pays-Bas).

- souligner le rôle joué par la Géorgie dans le déclenchement de la crise. "Saakachvili a vraiment été stupide de tomber dans le piège que lui tendait " a dit Andrew Duff (ALDE libéral, Royaume-Uni)."Le gouvernement géorgien a aussi une responsabilité. Il faut que l'Europe arrête de payer les pots cassés des néoconservateurs" (américains), a ajouté Ana Maria Gomes (PSE socialiste, Portugal).  "Je voudrais savoir quel est le rôle des conseillers américains dans ce conflit. Que diable votre président s’est-il dit quand il a donné cet ordre d’attaque" s'est interrogé Tobias Pflüger (PDS-GUE communiste, Allemagne), se tournant vers la Ministre géorgienne.

- s'interroger sur l'action de l'Europe. "il y a un conflit entre le droit au respect à l'intégrité territoriale et le droit à l’autodétermination. Il faut veiller à ce que ne soient pas les armes qui gagnent mais la négociation" a expliqué Francesco Enrico Speroni (Ligue du Nord/UEN, Italie). "Je suis surprise que Solana ne se soit pas rendu sur place. Et je me demande: à quoi nous sert-il alors. Avons-nous besoin de lui" s'est exclamée Katrin Saks (PSE, Estonie). "Nous devons louer l'intervention du Président Sarkozy davantage pour sa rapidité que... pour sa qualité" a ironisé Adam Bielan (Pis-UEN, Pologne) critiquant "l'absence de toute référence à l'intégrité territoriale dans l'accord de cessez-le-feu".

Tous les députés ont cependant, peu ou prou, réclamé une intervention plus vigoureuse de l'Union européenne dans la région, à l'image du président de la commission des affaires étrangères du PE, le conservateur polonais Saryusz-Wolski, réclamant l'envoi d'une mission de forces de paix PESD (une résolution du Parlement est en préparation), et de la Verte française Isler-Beguin, soulignant la nécessité d'avoir aussi sur place une "présence d'observateurs civils ou parlementaires".

La présence de la Ministre géorgienne des Affaires étrangères, Eka Tkeshelashvili , applaudie généreusement aurait pu être très intéressante si elle avait vraiment répondu aux questions de députés , notamment sur le rôle joué par les Américains. Elle a préfé se concentrer sur la situation humanitaire "catastrophique" et l'occupation de son pays par les Russes, qui continue. "Il n'y a pas de signe de retrait des forces russes, au contraire, la présence militaire devient une réalité, elle est même renforcée". Elle a appelé à une "refonte totale du format du maintien de la paix" et une action déterminante de l'UE - "soyons francs, les 20 observateurs de l’Osce ne vont pas modifier la donne ; la Russie qui a droit de veto (dans cette organisation) a restreint le travail de ces personnes" . "L'intervention d'une organisation dans laquelle la Russie n’est pas partie prenante est importante. Nous avons besoin d’aide. Espérons que vous pourrez jouer ce rôle" a-t-elle conclu.

En catimini, le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, avait fait, entre deux séances, un point de presse, devant les ascenseurs. Ce qu'il a dit n'en est pas moins important quand on tendait l'oreille (car le bougre ne parlait pas très fort) : "Ce qui est important est le cessez-le-feu, le respect des accords, la présence européenne renforcée dans la région, le renforcement des observateurs OSCE dans la région, l'aide humanitaire". Et d'ajouter, "nous souhaitons que le secrétaire général et les effectifs du Haut représentant soient renforcés". Ce qui confirme au passage les projets en cours dans les couloirs diplomatiques dont nous avons eu écho. "L'UE est un acteur et doit rester un acteur" a-t-il conclu.
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22 août 2008 5 22 /08 /août /2008 09:00
Dérapage "Prévisible" ? Oui c'est le sentiment de Marie-Anne Isler Beguin, l'eurodéputée spécialiste du Caucase et présidente de la délégation du Parlement européen sur le Caucase (lire son interview alors qu'elle était encore à Tbilissi). Dérapage "Connu", au moins en Russie.

Début août, la situation dérape sur le terrain
Nous sommes le 4 août, plusieurs quotidiens russes font déjà mention, d'affrontements d'une "envergure inédite depuis quatre ans" (1). Lisez : " Les autorités sud-ossètes ont annoncé le début de l'évacuation des civils, en premier lieu des enfants, dans les zones calmes de l'Ossétie du Sud et dans la province russe d'Ossétie du Nord. Un ordre de mobilisation des réservistes a été proclamé pour la deuxième fois en un mois dans la république non reconnue, qui attend également l'aide de volontaires "de tout le Caucase du Nord". "La nuit de vendredi à samedi a été terrible", a déclaré une habitante de la capitale sud-ossète au quotidien Novye izvestia. Seuls des contacts secrets entre diplomates russes et géorgiens permettent d'éviter des opérations militaires de grande envergure en Ossétie du Sud. "Des contacts ont eu lieu hier soir entre diplomates russes et géorgiens, grâce auxquels la nuit dernière a été calme", a déclaré dimanche matin une source compétente à Nezavissimaïa gazeta . L'initiative des contacts appartient aux Géorgiens qui ont demandé de persuader Tskhinvali de faire preuve d'un maximum de modération". Faut-il un autre commentaire...  ?

Où était la diplomatie européenne à ce moment ?
On peut se le demander ? A quoi sert d'avoir des principes de planification stratégique, de prévision des crises si c'est pour ne pas s'en servir. En fait, il semble bien que l'Union européenne était avertie - par son centre de situation (de renseignement), le Sitcen. Fin juillet, les ambassadeurs "stratégie" du Comité de politique et de sécurité (COPS) de l'Union européenne avaient même envisagé le renforcement des moyens du Représentant spécial de l'UE sur place, comme ceux de la délégation de la Commission européenne, ainsi que du Sitcen (le centre de renseignements de l'UE) sur la région. Mais "envisagé" seulement... Et encore, était-ce bien limité comme action. Rien de très conséquent. La résolution de la crise en Géorgie et en Ossétie du sud semblait ne pas concerner les Européens, préoccupés ailleurs.

Le principe de la résolution de crise en Ossétie du Sud a échappé à l'Europe.
Le format des troupes de maintien de la paix (Russie-Géorgie) était cependant une réelle provocation à la guerre. C'était aussi un bel oubli des règles internationales qui veulent que, justement, l'on fasse appel, pour le maintien de la paix, à des pays moins impliqués, à défaut d'être totalement neutres. (A noter : en Abkhazie la situation était légèrement différente puisqu'une mission de quelques 130 observateurs militaires de l'ONU, la Monug, était présente). Le format des négociations (Russie, la Géorgie et les deux Osséties, nord et sud) ressemblait aussi à une impasse puisqu'il aboutissait, en gros, à un match trois contre un. Inutile d'espérer négocier quoi que ce soit en fait dans un format où sont absents des intermédiaires neutres.

Les Russes étaient, eux, très satisfaits de cette situation. SI on se refère aux journaux russes. Moscou et Tskhinvali (Ossétie du sud) ont bien proposé, début août, à la Géorgie d'entrer en négociations mais uniquement dans le cadre de la Commission mixte de contrôle (CMC). En fait, comme le soulignent nos confrères russes. "Le format actuel arrange Moscou, car c'est un instrument de pression sur Tbilissi qui aspire à adhérer à l'OTAN, ce qui irrite le Kremlin. Quant au régime d'Edouard Kokoïty, auquel même Moscou peut avancer des reproches concernant l'utilisation de l'argent alloué au développement de la république non reconnue, en cas de progression des négociations, il risque de rester sans moyens de subsistance."

La Géorgie a insisté à plusieurs reprises pour inclure à ces négociations et à ces forces de maintien de la paix des partenaires extérieurs, tels l'Union européenne ou l'Osce, la Russie a toujours refusé. Et l'Union européenne a fait la sourde oreille à cette demande. Les 27 se sont ainsi bien gardé de reprendre cette idée, peu enthousiastes d'aller mettre leur nez dans le "bourbier caucase" (le Royaume-Uni étant alors sur la même ligne que l'Allemagne...). Seuls quelques groupes politiques, au Parlement européen, ont relayé cette demande (voir en mai notamment).

(1) Vremia Novosteï, Nezavissimaïa gazeta et Novye izvestia cités par l'agence Novosti

Crédit photo : www.Maib.info
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21 août 2008 4 21 /08 /août /2008 12:59
Alexander Stubb, le Ministre finlandais des Affaires étrangères (et ancien député européen), a confié à des journalistes finlandais, du Helsingin Sanomat, son récit des négociations. Ajouté à des confidences de diplomates (finlandais), cela donne un autre ton, un autre angle des négociations que celles entendues, en France notamment. Intéressant.

C'était une expérience "un peu surréaliste" confie-t-il. "Une totale improvisation. Il n'y avait pas de plan". Sur son blog, qu'il a continué de tenir (même en tant que ministre des Affaires étrangères), il écrit le jeudi avant la crise : "je crains le pire". Le pire s'étant réalisé... le ministre interrompt ses vacances en Sardaigne et rentre à Helsinki. Mais , là, gros problème. Le président de l'OSCE en exercice n'a aucun moyen pour se rendre sur place. "Pour des raisons incompréhensibles, l'Etat Finlandais n'avait pas d'avion disponible". Et aucune compagnie n'était prête "à assurer un avion de location pour Tbilissi". Prosaïquement, le ministre se tourne alors vers la France: "J'avais un mandat (en tant que président de l'Osce), ils avaient des avions". Paris où "on commençait lentement à comprendre que la crise nécessitait un voyage en Géorgie", commente ironiquement le journaliste, reflétant les propos de la diplomatie finnoise.

Le fameux plan de paix nait dans l'avion
Dans l'avion qui relie Paris à Tbilissi, Stubb, ébauche un plan comprenant plusieurs points, à commencer par l'accès humanitaire, un retrait mutuel et un dialogue au sein des organisations internationales. C'est celui qui va servir de base à la discussion ensuite. A l'arrivée, ils rencontrent le président géorgien, pour un diner en pleine nuit, sur la terrasse. La surprise continue : le président géorgien propose en pleine nuit aux deux européens un voyage à Gori. Les deux Ministres proposent de remettre cela au lendemain. L'impression qu'a Stubb, à ce moment, est que les Géorgiens ont quelque peu improvisé ce conflit et que rien n'est planifié. Même au plus fort du feu, le président géorgien préparait son voyage pour Pékin aux Jeux olympiques !

Un président géorgien, un peu fantasque, signe un plan de paix en 4 points
Le lundi matin (11 août), les Européens ont en main un papier proposant une démarche de paix (un "non paper" en jargon diplomatique), élaboré à l'ambassade de France, à partir du plan Stubb, amélioré avec l’aide des "diplomates finlandais qui connaissaient la situation sur place" et des diplomates français. La Ministre des Affaires étrangères géorgienne, Eke Tkeshelashvili, l'approuve. Mais gros hic : Saakashvili est introuvable, la Ministre ne sait pas où elle est. Finalement, on localise le Président géorgien à son bureau. Et il signe le plan de paix en quatre points. Celui-ci comporte des références à l'intégrité territoriale de la Géorgie et l’obligation de retrait des troupes russes (notions qui seront amoindries dans le plan finalement signé).

Stubb fausse compagnie à Kouchner...
Stubb voulait aller à Moscou immédiatement pour continuer la négociation. Mais Bernard Kouchner a d'autres projets: il voulait "être au contact de la population". Résultat, tout le monde va à Gori. Et là devant les caméras, on sort un corps accompagné d’un médecin et d’un religieux, pour l'occasion. De la « propagande de guerre » selon Stubb. Un mot qui revient souvent dans sa bouche. Le ministre finlandais décide, finalement, lundi soir, de fausser la route à son compagnon de voyage et de rejoindre Moscou, via Erevan et la route. Il arrive dans la capitale russe, mardi matin (12 août)... en même temps que Kouchner. Mais celui-ci ne veut pas participer à des négociations avec son homologue russe, Lavrov. Stubb ne retrouvera son homologue français que le mercredi matin, à Bruxelles, lors du Conseil des ministres des Affaires étrangères.

...Mais à Moscou c'est Sarkozy qui négocie avec Medvedev
Le président français avait "pris les choses en main", explique Stubb. "Nous n’avions rien contre" poursuit-il. Mais à ce moment, le Finlandais est exclu des négociations. Il rencontre quand même Lavrov qui lui explique, lors du déjeuner, que Medvedev (le président russe) va bientot annoncer un cessez-le-feu. Contrairement à Tbilissi, à Moscou, les dirigeants avaient des plans bien au point, commentent les Finlandais.

...les Russes avaient, eux un plan, bien préparé
Poutine s'était invité à la négociation avec le président Français (le Premier ministre russe dispose toujours à la Chancellerie présidentielle d'un bureau, fort d'une cinquantaine de personnes, chargé des affaires étrangères). Et un cinquième point apparut - les fameuses "mesures additionnelles de sécurité" - qui donne en fait aux Russes une marge de manoeuvre en Géorgie au nom du "maintien de la paix".

Lire l'article du HI (en anglais)

NB : le ministre finlandais est reparti le 21 aout à Tbilissi avec les deux premiers observateurs militaires OSCE de renfort.

Crédit photo : blog Stubb "Kouchner et Stubb à l'arrivée à Tbilissi" - Elysée "Sarkozy et Medvedev le 12 août.
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21 août 2008 4 21 /08 /août /2008 12:58
Voici le plan en quatre points agréé par le président géorgien Mikheïl Saakachvili le 11 aout au matin. On peut observer qu'il comporte de singulières différences par rapport au plan finalement signé, en six points, l'intégralité territoriale de la Géorgie, un retrait d'Ossétie du Sud de toutes les forces, un arrêt de la rhétorique enflammée, et l'intervention possible des organisations régionale (et non pas seulement internationalement). Lire aussi le récit d'Alexandre Stubb, le ministre finlandais des Affaires étrangères et président en exercice de l'OSCE. Source : HELSINGIN SANOMAT
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20 août 2008 3 20 /08 /août /2008 14:20
La réunion des Ministres des affaires étrangères de l’Otan, voulue par les Etats-Unis et certains pays de l’Est, qui s'est tenue le 19 août à Bruxelles, a atteint son objectif : surtout rassurer… les Alliés eux-mêmes, et leurs opinions publiques. Certes le message désormais est bien clair. La Russie doit « appliquer le plan de paix proposé par la France au nom de l’Union européenne » et signé par son président Medvedev, comme l'a souligné le secrétaire général de l’Otan, le néerlandais Jaap de Hoop Scheffer. « Les forces Russes doivent donc se replier sur leurs positions antérieures ». Tant que cela ne sera pas fait, les relations avec les Russes ne pourront plus être « business as usal » (celles de tous les jours) a-t-il précisé. Il n’y aura donc pas « pour l’instant » de réunions du Conseil Otan – Russie, organisée au siège de l’organisation à Bruxelles. Et comme l’ont déjà fait les Américains ou les Canadiens, ils ne participeront plus à des exercices en commun. "Nous sommes très déçus car il n’y a pas de retrait des troupes. Nous n'acceptons pas que la parole des signataires soit remise en question, les Russes doivent respecter leur signature, et retirer leurs troupes. Cela aurait dû être faite depuis 2 jours déjà" a précisé, de façon ferme, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, lors de sa conférence de presse tenue après la réunion (voir ici). "A un moment donné, il faut respecter sa parole, sinon il n’y a plus de communauté internationale possible" a-t-il ajouté.

Mais, à coté d’un discours qui se veut "réactif", les mesures concrètes semblent bien faibles pour une organisation militaire. Ainsi il n'est pas question d'intervenir d'une autre façon. Si l’adhésion de la Géorgie à l’Otan – bloquée en avril par plusieurs pays dont la France, l’Allemagne et l’Espagne – reste toujours d’actualité, aucun engagement n’a été pris pour accélérer le processus. Le Conseil Otan – Russie n’a pas été supprimé. Quant à la représentation de la Russie au sein de l’Otan, elle continue d’être ouverte. Simplement, les Russes ont été privés, hier à Bruxelles, de la possibilité d’utiliser une salle de l’Alliance pour faire leur conférence de presse, comme ils le font d’habitude. Et ils ont donc dû se replier dans le bureau de leur représentation. Tout un symbole !

Au-delà des mots, les Alliés savent très bien en fait qu’une escalade n’est ni souhaitable… ni possible. "Ce qui compte, ce n’est pas de juger ni de blâmer" a répété Bernard Kouchner, parlant aussi en tant que présidence de l'Union européenne. "Nous cherchons les moyens de pression pour que les Russes respectent leur plan de paix". Parmi ces moyens concrets pour faire pression, il y a la possibilité de "convoquer un sommet européen extraordinaire pour montrer la détermination des Européens". Mais pas plus (cf. sur l'intervention possible d'un battle group). Interrompre toutes les relations avec les Russes ne semble pas vraiment envisagé. Du moins pour l'instant : ainsi la candidature à l'Omc de la Russie reste active et le Conseil UE - Russie prévu en novembre est toujours d'actualité. "Personne n'empêche de relations avec qui que ce soit. (...) Si on ne se parle pas la tension augmente" a-t-il justifié. "Si on ne s’était pas parlés, les Russes seraient peut-être aujourd’hui à Tbilissi".  D'un point de vue général, le Ministre français a aussi commenté que : "Nous ne sommes pas revenus au temps de la guerre froide. C'est une autre situation" (Mais) nous sommes sûrement revenus plusieurs années en arrière, avec un risque de contagion. Et il nous faudra plusieurs années pour rattraper ce retard".

Un retrait russe savamment orchestré
Les troupes russes ont commencé à se retirer de Gori, un retrait savamment orchestré sous les yeux des caméras. D’ici au 22 août, a promis le président russe Medvedev, dans un communiqué publié à Moscou, une partie des troupes russes vont se retirer sur leurs positions antérieures au conflit géorgien (Russie, Ossétie du Sud). Resteront sur place dans la zone dite de sécurité, d’une dizaine de kilomètres autour de l’Ossétie du sud "500 personnels chargés de la mise en oeuvre des mesures additionnelles de sécurité" comme prévus par l'accord du 12 août, précise un communiqué conjoint signé de Dmitri Medvedev et Nicolas Sarkozy.

Commentaire : l'armée russe est une grosse machine, plus ou moins indépendante du pouvoir politique, du calendrier officiel - un Etat dans l'Etat l'a-t-on qualifié -, et se retire, donc en bon ordre, selon son propre calendrier, stratégi. Le 22 août pourrait donc ne pas être tenu. L'important est que le retrait - même lent - soit effectif. Ce qui permet, aussi, aux Occidentaux d'éviter une confrontation trop directe.

Crédit photos : Otan
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18 août 2008 1 18 /08 /août /2008 19:32
Plusieurs spécialistes européens de l'aide humanitaire et des secours de catastophe ont rejoint Tbilissi ces derniers jours. Les premiers sont des agents d'Echo, l'Office européen d'aide humanitaire ; certains étaient en poste à Amman - le bureau régional d'Echo responsable pour le Caucase, d'autres à Moscou ; tous sont expérimentés et connaisseurs de la question caucasienne - qui a mobilisé à de nombreuses reprises l'aide humanitaire (cf. Tchétchénie notamment) -. Leur première tâche : évaluer les besoins, rassembler toutes les informations pour permettre un bon déploiement de l'aide humanitaire européenne. Les seconds sont arrivés au titre du Mécanisme européene de coordination de la sécurité civile (MIC), déployé souvent pour les feux de forêts ou autres catastrophes naturelles. C'est un peu un baptême du feu, pour le Mic, que cette situation en temps de conflit armé (et il faut sans doute y voir une volonté de la présidence française de l'Union de promouvoir davantage une sécurité civile européenne).  On y trouve un Danois - chef du team -, un Français, chef adjoint (colonel de sapeur-pompier, du Sdis de Charente), un Britannique, expert en coordination, ainsi qu'un agent de la Commission européenne. Leur mission : prêter aussi une évaluation des besoins sur les feux de forêts par exemple (il y a des "besoins en matériel" m'a expliqué leur porte-parole), le secours aux personnes également.

Coté humanitaire, il n'y a pas une situation mais trois sortes de situations sur place, m'explique un responsable européen (la carte permet de se repérer).

1) A Tbilissi (la capitale) et alentours, il n'y a pas de problème d'accès, la ville est calme, et bien ravitaillée. On est dans une situation, assez classique, d'afflux d'une population. Mais la machine humanitaire s'est mise en marche. La situation est stable, "sous contrôle", et les besoins plutôt couverts. Ce qui est plus problématique, est la logistique, il faut arriver à localiser, et approvisionner tous les centres d'accueil mis en place par les Géorgiens (il y en a plus de 500). 70 000 personnes sont arrivés, petit à petit dans la capitale géorgien, qui ont tout perdus, réfugiés de l'Ossétie du sud ou déplacés de la zone des combats. Des produits de base alimentaires - pain, haricots, boites... - ont été distribués par le Programme alimentaire mondial ; les autres besoins (couchage, hygiène, savons...) couverts par deux ONGs partenaires de la CE (Première urgence et le Danish Refugiee Council) ; le tout financé en partie par la première aide d'urgence débloquée par la Ce (un million d'euros).

2) A l'Ouest de la Géorgie, près de l'Abkhazie, (Zugdidi...), c'est plus compliqué. Les informations sont confuses. L'accès est possible mais difficile car la route principale (par Gori) est coupée ; il faut donc emprunter une route secondaire par les montagnes, ce qui prend du temps. Il y a des besoins, on sait qu’il y a des déplacés. Mais on doit encore faire une évaluation.

3) A Gori et Ossétie du Sud. On ne peut pas travailler, la sécurité n’est pas garantie. Seule la Croix-Rouge internationale (CICR) a, en fait, accès pour le moment à cette région, en passant par l'Ossétie du Nord. Les Nations-Unies n’y ont pas accès. Deux camions du PAM ont pu amener des rations vers le sud de Gori, et valables 2500 personnes pour 10 jours, grâce au soutien financier européen. Mais c'est tout (pour l'instant). Des informations circulent, via les personnes qui se sont enfuies de la région, mais il reste difficile de cerner les besoins réels sur place. Selon le PAM, il y a peut être 10 000 personnes, dans le sud de Gori, déplacés qui n’ont pas pu arriver sur Gori ou préféré rester sur Gori.

Lire aussi : la première évaluation des besoins par le CICR
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