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19 juin 2008 4 19 /06 /juin /2008 22:52
Un hélicoptère transportant quatre personnes, deux membres d’équipage espagnols et deux militaires allemands de la force européenne de maintien de la paix en Bosnie (Eufor Althea), s'est écrasé jeudi vers midi dans le centre du pays, à une vingtaine de kilomètres au nord de la ville de Travnik, a annoncé l'Eufor. L'hélicoptère, un appareil espagnol de type Mbb BO-105, effectuait un vol de routine et de transport de personnel, et s'est écrasé dans une zone montagneuse très boisée et difficile d'accès. Les raisons du crash sont inconnues comme a témoigné le deuxième hélicoptère qui l’accompagnait. C’est le deuxième accident qu’a à subir l’Eufor. En janvier 2008, un hélicoptère macédonien Mi17 transportant 11 soldats de retour d’opération s’était écrasé au nord de Skopje.
© photo - Eurocopter
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12 juin 2008 4 12 /06 /juin /2008 07:37
Le général Claude Mathey a pris le commandement depuis le 1er juin de la Task-Force Multinationale Nord (TFMN-N) de la Kfor au Kosovo.

Un commandement stratégique puisqu’il garantit l’intégrité territoriale du Kosovo, ayant notamment dans sa zone, la ville mixte de Mitrovica, et des points stratégiques comme les usines de Strepca, la réserve d’eau de Gazivodsko Jezero et le point principal d’entrée avec  la Serbie (Gate 1). Il devra notamment travailler avec la mission Eulex de l’Union européenne pour garantir son bon déploiement.

Le général Mathey vient du Centre des Hautes Études Militaires, où il occupait la fonction de directeur adjoint. Il a notamment occupé la fonction de directeur adjoint de la cellule " ex-Yougoslavie " du Centre Opérationnel Interarmées (COIA), où il a rempli une mission en Bosnie-Herzégovine, à Sarajevo puis à Mostar, en 1997. (Photo © Dicod)
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25 mars 2008 2 25 /03 /mars /2008 21:36
Plus d'un mois après la proclamation d'indépendance du Kosovo, il reste encore une dizaine d'Etats à ne pas avoir reconnue l'ancienne "république autonome" de Serbie.

La république Tchèque pourrait reconnaître le Kosovo. Mais il y a du "tirage" dans la coalition au pouvoir.
Si le ministre des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg (Vert) envisage de soumettre au gouvernement le projet de reconnaissance du Kosovo déjà le 2 avril, avant le début du sommet de l’OTAN qui a lieu à Bucarest, le Parti chrétien-démocrate KDU-ČSL, majoritaire au pouvoir, est plus circonspect. Selon le Premier ministre Mirek Topolánek, l’indépendance du Kosovo ne sera pas à l’ordre du jour de cette réunion du cabinet le 2 avril. Auparavant il avait déclaré que la Tchéquie reconnaîtrait l’indépendance du Kosovo à condition que ce pays assure le respect du droit, l’ordre public et la protection des minorités sur son territoire.

La Roumanie a conservé sa position le 20 mars encore : pas de reconnaissance du Kosovo, avec une nuance relevée par la presse nationale. Le ministre des affaires étrangères, M. Cioroianu a indiqué que « des mots comme « jamais » et « toujours » n’ont pas leur place  en diplomatie ».
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15 mars 2008 6 15 /03 /mars /2008 08:09
Homme politique russe, diplômé de la faculté de journalisme de Moscou, Dimitri Rogozine fonde en 1993 un petit parti nationaliste, « Le Congrès des communautés russes », puis prend la présidence de Rodina (patrie) avec un économiste venu du Parti communiste, Sergueï Glaziev, un parti aux accents anti-occidentaux jusqu'en 2006, il venait juste de créer un nouveau parti « Grande Russie » (plus nationaliste) avant d'être nommé ambassadeur de la Russie à l'Otan.

Vous n'êtes pas pour l'indépendance du Kosovo. Mais on ne peut pas empêcher un peuple de se séparer ?
Bien sûr... Je serai prêt à souscrire à ce propos. Et pas seulement dans les Balkans : en Corse, au Pays basque, en Irlande du Nord... Et partout. C'est un effet domino... Si on peut le faire ici, on peut le faire là-bas. L'Urss a aussi éclaté. Pourquoi ne soutient-on pas le Karabakh, l'Abkhazie, l'Ossétie du Sud, la Transnistrie... c'est la même chose. Cet exemple va éclater le monde, aujourd'hui, demain, après-demain. C'est dangereux. C'est une violation de tous les droits internationaux.

Mais entre Kosovars albanais et serbes, il y a un passé irréversible?
Il faut toujours chercher les perspectives, les possibilités de dialogue. S'ils ne veulent pas vivre aujourd'hui, peut être leurs enfants vont vivre ensemble.

Ils vivront tous demain dans l'Union européenne ?
L'UE n'est pas une internationale du prolétariat (sourire). La base d'une nation, c'est l'Etat. Il y a des Etats mono ethnique et pluriethnique. Les minorités doivent avoir leurs propres droits. Mais pas seulement eux. La majorité a aussi ses propres droits. Si la majorité veut vivre dans l'Etat commun, pourquoi la minorité a le droit de se séparer, d'éclater l'Etat. Le Kosovo a été créé par les migrations et les mouvements démographiques. Regardez Berlin, c'est la troisième ville turque, peut-on dire. Si, demain les Turcs habitant Berlin veulent y créer un Etat national, qui peut être contre ? C'est une très bonne idée après le Kosovo, c'est la même chose (sourires).

Au Kosovo, vous considérez donc la mission Eulex comme illégale ?
Bien évidemment. Dans ces questions délicates, c'est le Conseil de sécurité de l'Onu qui doit décider. Changer de mandat, c'est une improvisation, très dangereuse, qui peut mener à des blessés. Cela conduit au désordre. C'est comme franchir un carrefour au feu rouge. C'est dangereux, car l'autre peut faire la même chose.

Seriez-vous prêt à revenir dans la région, pour protéger les Serbes, en intégrant la mission Eulex - à l'image d'autres pays tiers -, ou au sein de la Kfor - comme c'était le cas auparavant ?
C'est votre problème maintenant. Pas le nôtre. Nous vous avons prévenu. Vous ne nous avez pas écouté. Alors goûtez cette soupe, vous-même ! La Russie ne va pas utiliser sa force armée pour régler les problèmes au Kosovo. Pour nous, la Kfor a un chef et un seul, c'est le Conseil de sécurité de l'Onu. Ce n'est pas l'Otan ni l'UE. Seulement et uniquement le Conseil de sécurité.

Quelles initiatives comptez-vous prendre... au Conseil de sécurité ?
Le plus important est de maintenir l'impartialité et le mandat concret, basé sur la résolution 1244, défini par le Conseil de sécurité, de faire revenir le droit international. Il n'est pas question de redéfinir le mandat de la Kfor, il est déjà défini. Tout le reste n'est qu'improvisation.

La Minuk doit donc rester en place, après juin ?
Oui.

(entretien réalisé le 3 mars 2008 en vis-à-vis)
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12 mars 2008 3 12 /03 /mars /2008 14:54
S’exprimant devant plusieurs journalistes à Bruxelles, autour d'une table, le général Vincenzo Coppola, chef de la mission de Police de l’UE (MPUE) en Bosnie-Herzégovine a tenu à rappeler la nécessité de la réforme de la police dans ce pays. « Une réforme aussi, sinon plus importante, que la réforme constitutionnelle » a-t-il commenté. Un préalable qui ne pourrait pas cependant voir le jour avant avril-mai, selon lui.


De la difficulté de créer une police unique
A l’origine, "le projet de réforme pour une seule police avait la faveur des responsables politiques. Mais il faut le reconnaître, explique le général Coppola: "ce n’était pas possible". Et pas seulement du coté des Serbes de Bosnie. Le deuxième projet, reposant sur une autre approche, sur des différences de dispositions territoriales, a "aussi échoué", vu l'hostilité des Bosniaques. Le général reste donc bien conscient de la "difficulté de créer une police unique, dans un pays qui reste divisé: pourquoi un Croate irait travailler dans une zone serbe ou vice-versa". Mais le plus important, pour lui, ce n’est pas tant la réforme de la structure, que "le renforcement de la coordination entre les différentes forces de police". « Nous n’avons pas besoin d’une mise en place complète de la réforme de police pour agir. Mais nous pouvons au moins mettre en œuvre certains aspects, comme par exemple l'interconnection des bases de données". "Dans tous les cas un minimum d’accord politique est nécessaire" a-t-il ajouté. Et, il est aussi nécessaire de "renforcer en moyens techniques (radios,...) cette police" qui travaille avec vraiment peu de moyens et où les agents sont payés modestement (entre 100 à 500 euros selon les zones).

Malgré tout de bons résultats
Le général souligne, malgré tout, que la police bosniaque "a obtenu de bons résultats, notamment l’arrestation de plusieurs responsables de la Mafia. Une opération combinée a été organisée entre les polices slovène, croate et bosniaque, comme il y a un an à Banja Luka". Selon lui, « Le crime organisé n’est pas plus élevé que dans certains autres pays européens. Nous ne l’avons pas éradiqué en Bosnie-Herzégovine. Mais dans plusieurs pays européens, non plus et avec des moyens autrement plus conséquents » explique-t-il. "La principale menace provient du crime financier". Et le poids de la corruption, « endémique » joue un poids important. "On peut arrêter certains criminels. Mais il ont des appuis politiques, économiques très forts. Les groupes mafieux sont organisés de façon ethnique mais il y a une coopération forte entre eux". Il a souligné que la présence européenne est bien acceptée. "Les policiers bosniaques ont davantage besoin de collègues qui travaillent et échangent avec eux que de professeurs".

Concernant les conséquences politiques de l’indépendance du Kosovo, il souligne que "pour l’instant, mise à part une inflation de discours, rien ne s’est vraiment passé. Honnêtement on aurait pu s’attendre à plus de tensions. Les responsables de la republica Srpska sont plus réalistes que nous l’attendions" précise-t-il.

Article publié dans Europolitique
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6 mars 2008 4 06 /03 /mars /2008 08:39
La Minuk restera au Kosovo... Du moins c'est l'objectif avoué des Russes, si on en croit Dimitri Rogozine, l'ambassadeur de la Russie à l'Otan (que j'ai interviewé - entretien paru dans Europolitique).
Rogozine1985.gifAmbassadeur mais aussi homme politique et ardent nationaliste, Rogozine (photo datant de 1985 © Rogozine) prévoit que durant la présidence russe du Conseil de sécurité (présidence tournante, en mars, c'est au tour des Russes) prendront diverses initiatives pour maintenir le rôle primordial de l'Onu dans la région. Pour lui, il "n'y a qu'un chef au Kosovo, c'est le Conseil de sécurité, ce n'est ni l'Otan, ni l'UE". Autrement dit  : la mission Eulex reste, si elle veut, mais la Minuk également. Et c'est l'Onu qui commande. On va se retrouver donc avec deux forces, aux mêmes fonctions , sous un double commandement.

Un petit coup de force des Russes destiné à montrer leurs muscles et affirmer leur présence sur l'est européen qui devrait durer au moins jusqu'au sommet de l'Otan (avril à Bucarest). L'Organisation atlantique doit se prononcer, en effet, sur l'élargissement à des pays très proches, Ukraine et Géorgie. Ce auquel la Russie est absolument opposée. Il y a là un intérêt stratégique et tactique autrement plus important pour l'ancien empire des tsars que la présence de quelques Serbes et monastères dans une province aride du sud balkanique... Objectif également des Russes : faire reconnaître l'indépendance des républiques autonomes et autoproclamées d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie à la Géorgie, et régler la question de la Transnistrie, territoire qui s'est séparé de la Moldavie...
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5 mars 2008 3 05 /03 /mars /2008 08:39
Depuis le 17 février, près d'une quinzaine d'Etats de l'Union ont ainsi déjà reconnu le Kosovo : France et Royaume-Uni (18 fév), Allemagne, Autriche et Lettonie (20 fév), Danemark, Italie, Estonie et undefinedLuxembourg (21 fév), Pologne (26 fév), Irlande (29 fév), Suède et Pays-Bas (4 mars), Slovénie (5 mars), Finlande (7 mars), Hongrie (19 mars), Bulgarie (20 mars. Prochains sur la liste : Belgique, Lituanie. Malte le fera "au moment opportun".

La deuxième vague de reconnaissance commence
Les quelques pays réticents, au départ, ont souvent mis un bémol estimant qu'il s'agissait d'une position "pour l'instant" (République tchèque, Slovaquie, Grèce, Bulgarie).
• La Bulgarie a d'abord annoncé, le 18 février, qu'elle reconnaîtrait le nouvel Etat "d'ici quelques semaines". Quelques jours plus tard, en visite au Kosovo, Yavor Kouyoumdjiev, vice-ministre de l’Economie et de l’énergie, a approuvé l'idée d’ouvrir une représentation commerciale. Elle a reconnu le 20 mars.
• La République tchèque reconnaitra éventuellement l'indépendance mais plusieurs conditions doivent remplies au préalable a estimé, le 1er mars, le Premier ministre Mirek Topolanek. "s'il y a une garantie de la loi et l'ordre, la protection des minorités et de lhéritage culturel et si des forces de l'Otan gardent l'ordre" (garanties qui ne paraissent pas inattaigables en l'espèce).

Les pays encore réticents.
• En Roumanie, des voix se font entendre de plus en plus nombreuses pour faire remarquer le décalage avec les autres Européens.
• Même la Grèce, très réticente, a laissé entendre qu'elle ferait partie de la "troisième vague de reconnaissance".
• Seuls resteraient alors : Chypre - où l'arrivée d'un nouveau gouvernement moins irréductible à la réconciliation avec la partie nord de l'ïle laisse aussi présager une évolution - et l'Espagne - où la campagne électorale joue un rôle majeur dans une position aussi dure.

Le cap de la majorité qualifiée atteint 15 jours après l'indépendance
Il y a fort à parier que d'ici la fin de l'année quasiment tous les Etats membres de l'UE aient formellement reconnu le Kosovo. Ce qui est une gageure vu la difficulté du sujet. D'ores et déjà, début mars, on avait atteint ainsi la majorité qualifiée. Même si ce calcul n'a qu'une valeur symbolique - car ce type de sujets n'est pas soumis à procédure législative -, c'est un cap symbolique qui est franchi, quinze jours à peine après la déclaration d'indépendance.

Parler ensuite de désunion, comme certains l'ont fait, est une bien audacieuse interprétation.

NB : Dans les autres pays européens : la Turquie (18 fév), l'Albanie, la Norvège, la Suisse (27 fév), l'Islande (29 fév) ont tout de suite reconnu le nouvel Etat. La Croatie l'a fait ensuite (19 mars). Et la Macédoine doivent le faire. Hors d'Europe ont déjà reconnu le Kosovo : les Etats-Unis, le Japon et le Canada (19 mars).
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1 mars 2008 6 01 /03 /mars /2008 22:12
Yves de Kermabon est chef de la mission Eulex Kosovo.

Agé de 58 ans, français, diplômé de Saint-Cyr (l’école des officiers supérieurs), issu de l’armée blindée de cavalerie, Yves de Kermabon a participé à de nombreuses missions extérieures : Tchad (1978 et 1979), République Centrafricaine (1981), Cambodge (1992). Il a servi à la Forpronu (commandant adjoint du secteur de Sarajevo, 1995), à l’Ifor (Division Multinationale Sud-Est, 1996), puis à la Kfor au Kosovo (chef de la Brigade Multinationale Nord à Mitrovica, 2002, commandant adjoint, 2003, puis commandant en chef, 2004-2005).

Vous connaissez bien le Kosovo, vous commandiez la Kfor il y a peu encore, comment jaugez-vous la situation actuelle ?
Il est trop tôt pour établir des jugements définitifs. Les Serbes sont clairement sous le coup de la déclaration d’indépendance et de la reconnaissance par les Etats membres. Leur réaction est compréhensible. C’est un coup très dur et on peut comprendre qu’ils aient des réactions un peu vives, spontanées. Cela ne veut pas dire que j’approuve ces réactions de violence.

Ces incidents, vous les placez où sur une échelle de gravité ?
Je dirais que ce sont des réactions d’une amplitude moyenne, auxquels on s'attendait assez. Mais cela aurait pu être pire. Nous avons eu des incidents aux frontières, des manifestations à Mitrovica et des Kosovars d’origine serbe refusent d’obéir aux instances du Kosovo. Mais ils continuent de respecter l’Unmik et Kfor. Ce qui s’est passé à Belgrade, d’une certaine façon, est presque plus grave qu’au Kosovo.

Pas vraiment plus grave que des troubles dans une de nos banlieues européennes, donc ?
On peut le dire comme çà. Mais il faut rester vigilant. Attendons de voir… ce qui va se passer. Il est important de garder notre calme et notre sang-froid.

Il y a cependant des Serbes qui franchissent la frontière par les montagnes, de façon illégale donc, que ferez-vous quand vous aurez la charge des frontières ?
Ce n’est pas acceptable. Mais après l’Unmik, ce sera la police (des frontières) et les douanes du Kosovo qui seront aux frontières, avec d'éventuels renforts de la Kfor. Ce seront, eux, qui seront en première ligne, comme aujourd'hui. Eulex sera là mais davantage en soutien et en assistance.

Dans quel esprit abordez-vous votre mission ?
Mon idée maîtresse est de rétablir la confiance. Il y a une défiance réciproque, due à ce qui s’est passé ces dernières années, dans la population mais aussi vis-à-vis des institutions. Il faut rétablir ce lien.

Comment…?
Il faut faire œuvre de pédagogie, montrer que cette mission est de l’intérêt de tous, des minorités, et des Serbes essentiellement. C’est une garantie pour eux que la loi soit respectée, les minorités protégées, la liberté de mouvement assurée, la propriété respectée, voire que les propriétés qui leur appartenaient leur soient rendues.

Mais vous n’êtes pas encore au Kosovo ?
J’y suis allé plusieurs fois ces dernières semaines. J’y serai, à nouveau, dans une dizaine de jours (vers le 15 mars), pour des rencontres officielles. Mais je ne serai effectivement établi de façon définitive qu’à l’issue de la période de transition (avec l’Unmik).

Une manière de marquer que la mission d'Eulex ne démarre vraiment que le 15 juin ?
Oui. Etre ici me permet d’avoir une position plus équilibrée. Je ferai des allers-retours, entre Bruxelles et le Kosovo, les contacts avec les capitales, et New-York (Onu)... Et sur place, il y a mon adjoint, Roy Reeve, qui mène le déploiement de la mission.

Vous irez à Belgrade ?
Bien sûr, dans la mesure du possible. Une partie de la clé de la situation est à Belgrade. Il faut continuer à maintenir des liens avec eux, les écouter, les entendre. Car notre mission est dans l’intérêt de tous. La corruption, le crime organisé sont très multiethniques dans les Balkans, comme ailleurs. Il faut donc travailler en réseau.

Comment voyez-vous la coopération avec les autorités Kosovares, avec la Kfor ?
Je retrouve des personnes que je connais bien, au gouvernement comme au niveau local, Albanais comme Serbes. Avec la Kfor, je considère qu'il est impensable que chacun travaille en ignorant l’autre. C'était déjà mon opinion quand j'y étais, je n'ai pas changé. Ce serait contreproductif et donnerait une très mauvaise image. Ce serait aussi donner l'ccasion à certains « bad guys » d’exploiter cette mauvaise situation.

Comment avez vous vécu la préparation de la mission, c’était long ?
Pas si long. Vous savez. Solana m’avait demandé de postuler au poste au mois de mars. J’ai été sélectionné en mai l’année dernière. Mais durant trois mois encore, j’avais encore ma double caquette de général français. En fait, compte tenu de l’importance de cette mission, et des délais impartis, avec le travail de génération des forces, depuis octobre, nous n’avons pas eu trop de temps pour vraiment nous préparer.

Hanter les couloirs des diplomates n'est-ce pas frustrant, pour vous, qui êtes un militaire opérationnel ?
J’ai un passé de terrain, effectivement. Mais travailler avec les 27 Etats membres — j’étais au COPS régulièrement — est un challenge captivant. J’avais besoin qu’ils me donnent la possibilité d’utiliser des procédures particulières, vu les délais et le recrutement. Il fallait aussi définir la stratégie d’entrée de mise en place la mission. C'est un travail très opérationnel.

… et très politique aussi ?
Vous savez. Au Kosovo tout est très politique. Mais effectivement la police, la justice, les frontières, c’est le cœur du problème, et de notre mission : établir un Etat de droit. Cependant il ne faut pas oublier l’économie et les écoles. Ce n’est pas ma mission… Mais ce sont les deux autres challenges importants pour le Kosovo, qui conditionneront aussi notre réussite.

(Entretien réalisé en vis à vis, le 28 février 2008 - paru dans Europolitique début mars)
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26 février 2008 2 26 /02 /février /2008 09:30
Certains voient une division de l'Europe dans la reconnaissance en ordre dispersé du Kosovo, une marque de division. A ces cassandres de la première heure, quelques faits :
EulexLogo.jpg
1) L'existence d'une mission Etat de droit au Kosovo a été avalisée par les 27 pays de l'UE (et la plupart sauf Malte pour des raisons techniques y participent). Jusqu'à nouvel ordre, une mission "Etat de droit" ne peut avoir lieu que dans un Etat... Il y a donc bien reconnaissance tacite de la part de l'Union européenne.

2) L'envoi d'un haut représentant, responsable d'un Office civil et d'une délégation de la Commission européenne est aussi symptomatique, de cette reconnaissance.

3) La Commission européenne a programmé le lancement, en 2009, de la négociation d'un accord de stabilisation et d'association avec le Kosovo, « si les conditions sont remplies » (voir stratégie 2009).

4) En revanche, la reconnaissance d'un nouvel Etat par les Etats membres n'est pas de la compétence de l'Union européenne mais de chaque Etat - indépendamment. Aucune position unie ne peut donc être imputée ou décidée.

5) Force est cependant de reconnaître que la grosse majorité des Etats a reconnu. Immédiatement, les plus gros Etats membres - c'est la principale différence avec la période 1991 où l'indépendance de la Slovénie et de la Croatie, où s'était produite une "division" réelle celle-là, un schisme - entre l'Allemagne et l'Italie d'un coté, le Royaume-Uni et la France de l'autre, les uns pour une reconnaissance rapide, les autres. Aujourd'hui, les 4 concernés sont unis et ont marqué leur reconnaissance rapide. Et avec tous les autres la concertation est réelle. (Voir l'état des lieux).


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26 février 2008 2 26 /02 /février /2008 00:00
Solana-2007.jpgInterview express avec Javier Solana, Haut représentant pour la politique extérieure et de défense (publiée dans Europolitique)

• Vous avez discuté des opérations et du renforcement des capacités militaires, avec quel objectif ? Changer le mode de fonctionnement actuel ?
Toutes les opérations sont différentes et souvent complexes. On ne peut avoir un même schéma pour toutes. Il faut sans doute avoir plus de flexibilité, toujours se confronter avec la réalité pour faire évoluer notre capacité. Il faut s’ouvrir aux opinions des autres. C’est en cela que la réunion était intéressante. Tenir « la tête ouverte » est important et c’était çà l’essentiel de notre travail aujourd’hui.

• Les groupes de combat ne sont cependant pas vraiment efficaces, ils n’ont jamais servis. Ne faut-il pas revoir quelque chose ?
Je ne suis pas du tout d’accord avec vous. Les groupes de combat sont un succès, ils existent. Et il ne faut pas confondre leur usage à celui des autres missions. Les groupes de combat n’ont pas vocation, a priori, à servir dans des opérations de la PESD, à s’incorporer dans des processus de génération de force. Ils sont là pour réagir rapidement à une situation. Ce n’est pas la même chose.

• Certains députés réclament un changement de mandat de l’Eubam Rafah et son extension à l’Egypte (voir article séparé), qu’en pensez-vous ?
Il faut être très prudent sur cette question. Cela ne dépend pas que de l’Union européenne. Il faut que l’Egypte en soit d’accord et que toutes les parties se mettent d’accord. S’il faut changer quelque chose, il faut le faire en accord avec toutes les parties.

• Les Russes sont actuellement très remontés contre l’opération Eulex au Kosovo. Ils ne le cessent de le clamer sous tous les tons. Pourrait-on imaginer un jour, qu’ils participent à cette mission ?
Oui pourquoi, pas. Ils sont bienvenus s’ils le désirent.

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logo_ouestfrancefr.pngL'éditeur : Nicolas Gros-Verheyde. Journaliste, correspondant "Affaires européennes" du premier quotidien régional français Ouest-France après avoir été celui de France-Soir. Spécialiste "défense-sécurité". Quelques détails bios et sources.