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28 mars 2000 2 28 /03 /mars /2000 09:36
(article paru dans France-Soir 2000) Y-aurait-il un syndrome des Balkans, comme il y a aurait un syndrôme du Golfe ?

Les témoignages
de plusieurs soldats belges revenus de Bosnie, de Croatie ou du Kosovo le laisseraient supposer. Marc de Ceulaer, que nous avons rencontré, est de ceux-là. Parti à Visocko, en Bosnie, dans le cadre des opérations de maintien de la paix en 1996, il souffre aujourd’hui de graves problèmes de santé, bien réels, mais dont les médecins n’arrivent pas à cerner la cause. « Quand je suis revenu, je ne me sentais pas très bien, j’étais constamment fatigué, j’avais des troubles de mémoire, j’avais des saignements de nez. J’ai été voir le médecin de l’unité. Il m’a dit c’est psychologique. De petites tâches brunes apparaissaient sur tous mes membres, puis disparaissaient sans raison. J’ai consulté un dermatologue. Les analyses dans un laboratoire spécialisé ont confirmé un problème pathologique mais sans pouvoir préciser la cause. » Depuis, aidé de son syndicat (En Belgique les militaires, professionnels, peuvent se syndiquer), Marc de Ceulaer tente désespérément de déterminer l’origine du mal. Est-ce la pollution de l’eau du fait de l’utilisation de pesticides en abondance par exemple ? « Dans le camp de réfugiés voisin, des réfugiés étaient malades avec des problèmes de peau identiques ». Un peu simple peut-être.

Une pollution chimique plus complexe alors ? « Sur le sol il y avait constamment de la poussière noirâtre que nous inhalions » se rappelle Marc de Ceulaer. Et d’autres soldats envoyés en Croatie souffrent également de maux divers, parfois mortels. « C’est après s’être assis sur des sacs de sable dans une cave pour se protéger des mortiers qu’Éric Vande Ven avait ainsi constaté que son bras était complètement brûlé. Soigné sur place, un an plus tard, il constatait l’apparition de petites tâches. » Depuis ce caporal-chef du 5e de ligne est décédé. Diagnostic : « cancer de la peau ».

L’uranium appauvri pourrait-il être en cause comme le soutiennent certains spécialistes ? Peut-être pas dans tous les cas mais il y a des faits troublants. « Ces symptômes ressemblent étrangement à ceux des sauveteurs qui ont travaillé sur l’accident du Boeing à Amsterdam. » remarque Albert De Villers, président de Syndic. De plus, ajoute Marc de Ceulaer, « Au Kosovo, près du poste-frontière de Jankovic, nos collègues sur place ont relevé des traces d’amiante blanche au sol ».

1/6e des militaires ont problèmes de santé. L’armée a d’abord minoré cette « contamination par l’amiante de quelques soldats » puis, face à l’accumulation de témoignages, a décidé de réagir de façon plus vigoureuse. Les 12 000 militaires belges envoyés depuis 1992 dans les Balkans sont depuis plusieurs semaines invités à se présenter devant l'un de leurs 24 médecins du travail. Les premiers résultats (sur 2000 soldats) parlent d’eux-mêmes ! « Entre 15 % et 20 % de ces soldats se plaignent de problèmes de santé » a ainsi révélé le chef d'état-major du Service médical, le médecin général-major Roger Van Hoof, dans les colonnes du quotidien flamand de Morgen. Inquiétant !

Du coté français : no problem
L’armée française reste fidèle à sa qualité de Grande muette. Aucune trace de risques à l’amiante n’a été retrouvé au Kosovo, affirme le service de communication des armées. « J’ai un rapport sous les yeux de Kumanovo qui n’en parle pas » nous a assuré le médecin-chef Estripeau. « Je ne dis pas qu’il y a pas de problème mais s’il y en a, ces éléments ne sont pas parvenus aux médecins sur place ». Honnêteté scrupuleuse mais quelque peu détonnante. D’après nos informations, les militaires belges auraient transmis un échantillon de poussière contaminée « à un officier français » présent sur place qui aurait promis de « faire une intervention ». Cet échantillon se serait-il perdu ? Ou le mythe Tchernobyl, de l’invincibilité française face aux éléments, aurait-il encore frappé ?...
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6 octobre 1999 3 06 /10 /octobre /1999 21:07
(Article paru dans France-Soir, octobre 1999) Bernard Kouchner était hier au Parlement européen à Bruxelles pour une séance exceptionnelle des commissions des affaires étrangères et du budget consacrée à la situation du Kosovo. Une visite de courtoisie tout d’abord, permettant ainsi de rendre sa pareille à la présidente du Parlement européen, Nicole Fontaine qui avait tenue, à peine nommée, à faire son premier déplacement extérieur, au début septembre, au Kosovo.
Des retrouvailles aussi qui ont permis à ce grand séducteur, qui a été quelques années député européen, de pouvoir de la tribune adresser quelques bises du bout de la main à d’aimables collègues - pendant que Nicole Fontaine peinait à retrouver les bribes et les quelques feuilles de son discours perdues - , ou de piquer une colère à moitié feinte comme il en a le secret, après un député espagnol qui le taraudait sur le peu de réalité du désarmement de l’UCK. Au-delà de toutes ses raisons qu’il trouve bien futiles, maintenant qu’il est à la tête de l’administration intérimaire des Nations unies pour le Kosovo (l’UNMIK), Bernard Kouchner était présent pour au moins une raison sérieuse : convaincre les parlementaires de le soutenir auprès de leurs « gouvernements respectifs et du Conseil de l’Union européenne » dans sa recherche de fonds.

Des financements sont nécessaires. Le chef de l’UNMIK, veut ainsi éviter d’affronter tout seul, comme en juillet dernier, lors d’une réunion à Bruxelles, « une vague de colère des ministres de l’économie et des finances du G8 qui ne voulaient pas payer et pensaient que l’ouverture au marché suffisait ». Notre tâche est importante, a plaidé à plusieurs reprises Bernard Kouchner, « il faut que les maisons soient reconstruites », il faut pouvoir « payer un tant soit peu, 200 deutschs mark (environ 700 francs) ce n’est pas grand chose, les juges, les médecins des hôpitaux, les instituteurs » le temps que le Kosovo retrouve un budget autonome. Car sinon « ce n’est pas la peine d’avoir fait tout cela ». Or « pour le moment nous avons reçu beaucoup de promesses mais pas réellement de finances » a asséné l’ancien ministre français de la santé, avant de conclure sur un thème qui lui est de plus en plus cher, la politique. « J’aimerai bien consulter les Kosovars, dans ce qui constitue leur vie quotidienne, leur faire redécouvrir les vertus de la démocratie. Car si on ne veut pas faire du Kosovo un Etat colonial avec un gouvernement colonial, il faut gouverner avec la population. » a-t-il ainsi conclu, avant de se dépêcher pour reprendre l’avion qui l’attendait vers Pristina.
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logo_ouestfrancefr.pngL'éditeur : Nicolas Gros-Verheyde. Journaliste, correspondant "Affaires européennes" du premier quotidien régional français Ouest-France après avoir été celui de France-Soir. Spécialiste "défense-sécurité". Quelques détails bios et sources.