Un exercice qui n'est pas de la théorie. L'exercice qui vient de se terminer (il s'est déroulé du 7 au 15 mai) a permis aux militaires belges de perfectionner leurs dispositifs. « C’est une opération à caractère très belgo-belge. Nous voulons être sûr que s’il faut, nous pouvons évacuer une zone seuls, expliquait le Lieutenant belge Erik Eenaerts. Mais dans l’absolu, cela pourrait sans aucun doute donner lieu à une coopération avec l’Union européenne ou même avec l’OTAN. » Mais à l'approche de la présidence belge de l'Union (en 2010), cet exercice n'est pas non plus inutile au niveau politique. Il vient rappeler que si les 27 n'ont pu s'accorder en décembre dernier sur l'opportunité d'un concept européen d'évacuation des citoyens établis dans un pays tiers, la question demeure d'actualité. Tout simplement car le risque demeure. Il suffit de se remémorer trois exemples récents...
Trois évacuations majeures en près d'un an. Au Tchad, en février 2007, après l'attaque de rebelles sur N'Djamena une présence militaire opérationnelle (avec patrouilles et moyens d'évacuation terreste) a été requise (et ce n'est parce qu'un pays - la France en l'occurence - avait des troupes prépositionnées dans le pays, et contrôlait l'aéroport, que la situation a été contrôlable et n'a pas dérapé). En Géorgie, en août 2008, lors du conflit avec la Russie, les moyens militaires ont été requis mais uniquement comme élément de support logistique pour l'évacuation (ainsi que le renseignement) ; mais chaque pays a, plus ou moins, mené isolément ses opérations d'évacuation. Ce qui n'était pas très efficace (les Français étaient rapatriés en avion tandis que les Allemands ou néerlandais passaient par des voies terrestres plus longues). Quant à l'exemple de Bombay, en novembre 2007, la présence des militaires n'était pas nécessaire ni d'un point de vue de sécurité (les forces indiennes suffisaient) ni d'un point de vue logistique (les avions civils pouvaient se poser) mais l'absence de coordination européenne a été patente, un "véritable souk" ont même dénoncé certains eurodéputés. Lire la leçon de Bombay.
Commentaire : Si on peut donc comprendre les réticences de certains Etats à développer un dispositif nouveau se substituant aux dispositifs nationaux, on a en revanche des difficultés à saisir, en quoi, une coordination des moyens ne serait pas bénéfique, à la fois en termes d'efficacité (rapidité d'intervention), d'économie et de service rendu aux citoyens.
(*) Un NEO est une opération militaire d’évacuation de citoyens (nationaux, européens ou pays tiers) menacés vers une zone sans risque en prévision d’un rapatriement éventuel.
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