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26 octobre 2008 7 26 /10 /octobre /2008 12:24
L'idée d'un Saint-Malo bis - caressé par certains responsables français - n'est plus tout à fait un rêve. Dans une longue interview, publiée aujourd'hui dans le SundayTimes, le nouveau ministre de la Défense, John Hutton, prend la défense de... l'Europe de la défense. Un nouveau plaidoyer britannique qui intervient après d'autres (lire ici), mais cette fois-ci avec la caution gouvernementale.

La Grande-Bretagne doit réintégrer le coeur de l'Europe de la défense
Commentant les projets français de renforcement de l'Etat-major de l'UE ou de la force de réaction rapide, il explique : "Je pense que nous devons être pragmatiques sur ce genre de choses. La où cela peut aider, nous devons en faire partie". Et d'ajouter : "La France est l'un de nos plus proches alliés, militairement. Les Français croient très fermement à ce type de rôle. Si nous pouvons les appuyer, nous devrions le faire". Et s'il fallait être plus clair  : "Je ne suis pas un de ces ennemis de l'Union européenne (qui pensent) que tout ce qui a à voir avec l'Union européenne doit par définition être terrible. Il y a beaucoup d'entre eux autour (de nous). Franchement, je trouve ce genre de point de vue, pathétique".

Une nécessité stratégique. Pour Hutton, il s'agit d'une nécessité stratégique. "Faire partie d'alliances est la meilleure façon de projeter la puissance, de force et de conviction dans le monde entier. Les gens qui ne comprennent pas çà ne peuvent pas comprendre la nature du monde moderne"... On est très proche du discours de Sarkozy sur la rupture et le "nouveau monde". Concrètement, le Ministre n'envisage pas de participer à toutes les opérations de l'UE. Il ne s'agit pas de "compromettre d'autres missions". Mais il a cité l'opération de lutte contre la piraterie au large de la Somalie, comme le "bon exemple" de la manière dont les forces peuvent être utilisées.

Commentaire : une sérieuse évolution sans nul doute.
Cette prise de position est inconstablement importante. A défaut de constituer un revirement total (on a déjà entendu ce type de propos dans le passé non suivi automatiquement d'effets), elle constitue, selon moi, une sérieuse évolution qu'il faudra suivre avec attention. Et en tout cas davantage qu'une simple déclaration de circonstance. Un constat qu'il faut resituer dans un contexte qu'on peut résumer en quelques points.

La position britannique vis-à-vis de la PESD est à rapprocher de sa position traditionnelle sur la construction européenne qu'on peut résumer ainsi : d'abord méfiance ou réticence, voire opposition à de nouveaux projets. Puis, quand il y a succès, rattachement à la politique européenne. Le Royaume-Uni a ainsi toujours navigué entre la tentation de l'isolement, la crainte de voir des progrès s'accomplir sans lui et une réelle volonté de participation.

L'équilibre des forces existant au sein de l'Union européenne - créé au lendemain de l'intervention américaine en Iraq - est en train de basculer en faveur de la PESD. L'opération au Tchad a été un (des) révélateur(s) de l'effritement de la position britannique. Et l'élargissement de l'Europe a - effet inattendu - démontré que l'UE était capable de monter une opération d'envergure sans un soutien britannique.

La position américaine - elle-même - a évolué, le geste de G. Bush à Bucarest en avril saluant la PESD obligeait le Royaume-Uni à évoluer.

Le retour de la France dans l'Otan peut faire perdre au Royaume-Uni (un peu) de sa position privilégiée. Concrètement, il va falloir (aussi) partager certains postes dans les commandements de planification. Il supprime également un argument de poids : la "Pesd vue comme un cheval de troie pour miner l'Otan" - reproche certainement infondé mais très présent dans certains discours et qui nourrissait forte méfiance de part et d'autre.

5° Le poids de la réalité économique. La conjonction du coût des opérations en cours, en Afghanistan surtout, lourde d'un point de vue structurel et budgétaire, comme la gravité de la crise financière (et de la crise économique à venir) oblige à des ajustements rapides et certains choix. Le Royaume-Uni a besoin de l'Europe désormais pour sauvegarder sa place financière (comme l'Europe a besoin du Royaume-Uni pour sauvegarder sa position économique). C'est sans commune mesure avec quelques considérations, somme toute idéologiques, sur l'Europe de la défense. Le partage de certains coûts ou investissements va devoir être envisagé.

La PESD ne menace pas vraiment l'Otan. Ni le lien Royaume-Uni / Usa. Ces craintes paraissent infondées. A condition que le Royaume-Uni soit au coeur de cette nouvelle politique et non à la marge. La conclusion est donc évidente : autant être au coeur de la PESD qu'à sa marge, on la contrôle mieux. Comme le dit Hutton le Royaume-Uni ne peut plus maintenir sa position de forces qu'au prix "d'alliances" renforcées.

7° La personnalité de Hutton. On ne peut nier la position "non alignée" de J. Hutton sur le peu d'enthousiasme européen du Premier ministre actuel. Blairiste, Hutton - qui avait dit pis que pendre de Gordon Brown - va ainsi plus loin sans doute que son che sur l'Europe de la défense et retrouve ainsi les accents originaux de son mentor, lors de la réunion de Saint-Malo en 1998.

En politique interne. Même si je ne suis pas spécialiste de la question, on peut cerner un avantage à cette position, à première vue. Elle enfonce un coin dans le camp des Conservateurs britanniques, qui avec la crise financière, peuvent apparaître un peu "old fashion". Etre moderne, ce n'est pas être contre l'Europe de la Défense, c'est être pour. Le ministre le dit à plusieurs reprises...
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22 octobre 2008 3 22 /10 /octobre /2008 16:20

James Appathurai, le porte-parole de l'Otan, a tenu à faire un commentaire sur mon précédent post. Il dénie l'existence d'une compétition entre les deux organisations (Otan et Union européenne) ou que l'Otan se cherche une nouvelle "raison d'être", notamment sur la Somalie. C'est une opération "décidée par les mêmes gouvernements qui sont membres de l'UE", rappelle-t-il. Il existe une "pleine complémentarité" avec l'Union. Il assure également du profond "soutien" de l'Otan au développement "plein et entier" de la PESD. "Ce qui est bon pour l'Union est bon pour les relations transatlantiques et aussi pour l'Otan" précise-t-il. Il commente également la situation en Afghanistan - citant l'engagement des Etats membres -. Vous pouvez l'écouter sur Nato Channel Tv

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21 octobre 2008 2 21 /10 /octobre /2008 17:00
Dans un entretien accordé à Europolitique, le ministre allemand de la Défense confie son soutien à l’opération européenne au large de la Somalie contre les pirates, dénie que l’Allemagne soit moins enthousiaste qu’avant sur l’Europe de la défense. Mais quand on passe aux questions concrètes : l’élargissement du mandat des battle groups, du financement commun des opérations militaires ou le renforcement de l’Etat-Major de l’UE à Bruxelles, on ne sent pas néanmoins un très grand allant pour les projets de la présidence française…

Face aux multiplications de raids pirates au large de la Somalie, estimez-vous nécessaire de mettre au point une opération européenne ? L’Allemagne y participera-t-elle ? A quelle hauteur ?
Je suis satisfait que l’Union européenne soit capable de mettre sur pied une telle mission. Et nous la soutenons. Du coté allemand, nous avons maintenant besoin d’un mandat du Bundestag, pour prendre une décision politique. Il faudra ensuite, au niveau européen, décider quels pays participeront à cette mission et quels types de moyens ils seront prêts à mettre à disposition. Le format actuellement prévu pour cette mission est de trois frégates, un bâtiment de soutien, trois avions de reconnaissance et de surveillance maritime. L’Allemagne pourra y participer avec une frégate, mais cela fait partie d’une négociation entre Etats membres pour définir la mission précisément.

Une contribution supplémentaire à ce qui est déjà fait dans le cadre de la task force 150 ?
Oui. Ceci est une contribution supplémentaire, à distinguer de l’opération « enduring freedom » (liberté immuable), qui est une opération de lutte antiterroriste. À partir de novembre, nous aurons dans le cadre de l’opération OEF un bâtiment sur zone où actuellement nous mettons en œuvre un avion de patrouille maritime basé à Djibouti.

On a l’impression que l’Allemagne est plus réticente, ou moins enthousiaste, sur l’Europe de défense ces derniers temps ?
Je n’ai pas cette impression. Nous souhaitons réaliser notre contribution pour Europe défense. Il faut voir que depuis la décision à Cologne en 1999, nous avons parcouru un chemin important. Regardez la mission en Bosnie, au Congo, et l’opération qu’on lancera maintenant en Somalie. L’Allemagne participe aux Battles groups, que nous continuons à faire évoluer. Dans le cadre de la réunion de Deauville, on a dit que nous voulons développer les capacités UE, comme l’initiative sur les hélicoptères et surveillance maritime. Ces sont ces points qui font évoluer l’Europe de défense. Il faut faire évoluer les capacités militaires européennes. C’est de çà dont l’Europe a besoin. 

Permettez alors trois questions tests de l’engagement allemand dans l’Europe de la Défense. Premièrement, les Battlegroups (la force de réaction rapide de l’UE), ne sont pas vraiment utilisés aujourd’hui. Faut-il élargir leur mandat pour l’engager sur un théâtre d’opération comme une force préliminaire… ?
Les Battles groups sont conçus comme une force de pompiers, avec une disponibilité opérationnelle dans les dix jours pour la maîtrise des crises. C’est leur mandat. Aujourd’hui ce ne sont que des unités de l’armée de terre, ce qui importe c’est de l’élargir pour inclure des éléments marine et aérien. Et avoir ainsi une capacité de réaction élargie.

Ensuite, estimez-vous nécessaire de revoir les modalités de financement en commun des opérations militaires, ce qu’on appelle le mécanisme Athena, comme le veut la présidence française ?
Je dirai plutôt : chaque Etat doit mettre en place les capacités dont il est capable pour agir en commun. Nous avons un principe en Europe : les coûts doivent être supportés là où ils sont engendrés. Cela a une conséquence : quand un Etat met un grand nombre de moyens militaires et est appelé à mettre au pot pour les financements communs, il est en quelque sorte « puni » deux fois. Exemple : pour l’initiative des hélicoptères, nous venons de commander pour 28,5 millions d’euros de matériel. Idem, pour l’Airbus A400M, nous avons commandé 60 appareils. Je ne voudrais pas demain qu’on me présente une facture pour participer à des coûts communs d’équipements que nous avons déjà financés. Cette facture doit plutôt être présentée aux Etats qui ne participent pas, avec leurs propres forces et leurs moyens.

…Enfin, que pensez-vous de l’idée d’avoir un Etat-Major militaire renforcé de l’Union européenne à Bruxelles ?
Nous sommes en faveur d’une capacité de planification et de commandement européen. Le Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune doit avoir des fonctions accrues pour que l’Europe dispose d’une réelle capacité d’action. C’est dans ce cadre plutôt qui nous permettra de réfléchir à une éventuelle réorganisation des attributions des différents quartiers généraux, sachant que toute duplication des responsabilités des états-majors doit être évitée.

(article paru dans Europolitique le 7 octobre)

Franz-Josef Jung en quelques mots. Né le 5 mars 1949 à Eltville (Land de Hesse), membre de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), il est ministre fédéral de la Défense – dans le gouvernement d’Angela Merkel - depuis le 22 novembre 2005. Son baccalauréat (Abitur), Jung le passe… en 1968. Service militaire accompli (1969-1970), il fait des études de droit à l’Université de Mayence (1970-1974), passe son doctorat en 1978. Mais c’est la politique qui l’intéresse surtout. Député de Rheingau-Taunus (1972-1987), il fait une bonne partie de sa carrière dans son Land natal au sein du groupe parlementaire de la CDU (dont il devient président en 2003) et au gouvernement du Länder Land (ministre des Affaires fédérales et européennes 1999-2000).



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21 octobre 2008 2 21 /10 /octobre /2008 09:00
"Récup", le mot n'est effectivement pas trop fort. Cela fait effectivement plusieurs années que la piraterie sévit sur certaines côtes au large de la Somalie. Et, au moins plusieurs mois, qu'elle devient critique. 71 attaques depuis le début de l'année dont la moitié environ ont abouti à la capture du bateau (61 attaques au nord, 10 attaques au sud). Et, tout d'un coup, l'Otan s'est décidée à agir ! La décision n'était pas annoncée (à Budapest le 10 octobre) qu'aussitôt des bateaux étaient mis en mouvement et franchissaient le 15 octobre le Canal de Suez... Quelle rapidité ! Juste au moment où l'Union européenne voit la route dégagée pour la mise en place d'une opération militaire destinée à contrer la piraterie, les Britanniques ayant levé leur opposition (voir précédent article).

Étonnante coïncidence ! Il y a quelques jours encore, selon des sources de l'UE, rien de tel n'était programmé. "Nous avons à plusieurs reprises demandé à l'Otan ce qu'elle comptait faire. Et on ne nous a jamais indiqué même l'intention de réfléchir à une opération... jusqu'à vendredi dernier" raconte ainsi un diplomate. Preuve : le Programme alimentaire mondial a alerté à plusieurs reprises tous les interlocuteurs militaires responsables - européens et occidentaux notamment - sur son besoin d'assurer la sécurité de ses bateaux qui ravitaillent la Somalie et la corne de l'Afrique. Si l'UE a intégré cette demande dans sa planification de l'opération militaire en préparation, jamais l'Otan n'a répondu présente (en tant qu'organisation). Ainsi quand le PAM s'est retrouvé à cours d'escorte - entre la mission des Danois et des Canadiens, en juillet, il n'y a eu personne... Même récup, quand les Néerlandais ont annoncé à mi-octobre qu'ils allaient envoyer un navire pour l'accompagnement du PAM. C'est devenu une décision de l'Otan qui acceptait que ce bateau se détache de son groupement permanent. Ce qui est assez fort !

Le Marquage "à la culotte".

Rafistolage médiatique. L'opération annoncé par l'Otan à Budapest tient plus du rafistolage médiatique que d'une réelle volonté d'intervenir. Le groupe permanent de réaction rapide de l'Otan, le SNMG2 (dépendant du QG de Naples) avait prévu de faire une visite des ports dans le cadre de l'initiative d'Istanbul, à Bahrain, au Koweit, Qatar et aux Emirats Arabes Unis. Comme si l'organisation militaire euro-atlantique - qui est restée l'arme au pied lorsque la Géorgie était attaquée par la Russie - se cherchait une raison de justifier son existence (lire autre analyse).

Otan et Ue en "concurrence" sur le conflit en Géorgie. Les ministres des Affaires étrangères de l'UE, en plein mois d'août, ne s'étaient-ils pas aussitôt réunis (le 13 août) que l'organisation euro-atlantique voulait également réunir "ses" ministres des affaires étrangères. Chose faite le 20 août (En gros les mêmes + les Etats-Unis et le Canada.). La déclaration était un peu plus va-t-en guerre, avec "la décision de suspendre les réunions du Conseil Otan-Russie" comme la participation russe à certains exercices. Mais rien de plus... La mission diplomatique russe continuait d'ailleurs de narguer l'organisation en continuant d'organiser des réunions de presse dans son bureau de délégation qui se situe dans l'enceinte de l'Otan à Bruxelles ! Et rien de concret ne vint. Mis à part des bateaux américains d'aide "humanitaire" (qui ont plutôt désorganisé l'aide humanitaire. Des rotations de plusieurs organisations, comme le PAM, étaient déjà en cours d'organisation).

La méthode "globale" de l'UE. Dans cette escalade, la force de l'UE (et de la présidence française), a été sa méthode globale (diplomatique, civilo-militaire, humanitaire, économique). La "négociation", en direct à Moscou et Tbilissi, menée par Sarkozy et Kouchner, avec le finlandais Stubb, président de l'OSCE (lire son récit) et signature d'un plan de cessez-le-feu par les deux bélligérants, sous l'egide de l'UE, le 12 août, annonce d'aide humanitaire supplémentaire par la Commission, sommet européen le 1er septembre, nouvelle réunion information des Affaires étrangères à Avignon le 4 septembre et nouvelle négociation à Moscou au plus haut niveau pour "préciser" les mesures de retrait des Russes le 8 septembre, feu vert européen au déploiement d'observateurs de l'UE le 15 septembre, et finalement retrait (à peu près réussi) des Russes le 10 octobre sur leurs positions d'avant guerre, etc ... Toutes ces initiatives marquent une certaine maturité européenne sur l'intervention de crise et ont fait la différence malgré quelques tentatives de "plaquage" (règle de rugby s'entend) afin de récupérer le ballon ...

La rancoeur éclate. L'Otan, de son coté, restait paralysée, l'arme au pied, à la fois par son absence de méthode globale, de bras civil et diplomatique, et par la campagne électorale aux Etats-Unis. Le 14 septembre, le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, d'ordinaire plutôt très poli, se laissait aller à confier ses critiques dans le Financial Times, A mi-mots, il met en cause le plan Sarkozy-Medvedev, estimant qu'il a trop laissé de latitude aux Russes et n'est "pas acceptable". Avant de démentir quelques heures plus tard (le journaliste avait mal compris!)

L'Otan veut montrer son efficacité. Alors que les ministres de la Défense de l'UE, sont en réunion informelle à Deauville, consacrée au renforcement des capacités, notamment aériennes - avec partage des futurs avions A400M et modernisation du parc d'hélicoptères existant à la clé -, l'Otan annonce, par communiqué de presse, le bouclage de son programme de "transport stratégique", C17. Un hasard certainement... Précisant que 12 pays vont y participer, dont deux ne sont pas membres de l'organisation mais membres de l'UE (FInlande et Suède).

Quelques questions qu'il faudra bien se poser...

Le problème existentiel de l'Otan. Il peut être rageant, en effet, pour une organisation militaire d'importance comme l'Otan de voir la "petite" organisation de sécurité et de défense (PESD) de l'Union européenne - qui ne compte à peine quelques centaines hommes dans ses rangs (Etat major et administration) - débouler sur son terrain et arriver à monter, en un an, trois opérations - Tchad, Géorgie, Somalie - où l'Otan ne peut intervenir, pour des raisons proprement politiques, tenant à son coté trop marqué Américain ; alors qu'elle même est enlisée dans une opération "afghanistan" difficile.

Question de crédibilité, d'efficacité, d'emploi des fonds publics. Même s'il paraît normal, d'un strict point de vue d'organisation, certaines questions doivent se poser, ne serait-ce que par crédibilité de l'existence de ces deux organisations. Quand on parle de duplication de moyens ou de manque de coordination, ne faut-il pas alors les chercher plutôt du coté du Boulevard Léopold III (siège de l'Otan) que de la place Schuman (siège de l'Union européenne) ? En ces temps de restriction budgétaire, de crise financière, économique (et sociale), ne faut-il pas commencer à se poser la question de savoir ce que font les 12 000 agents de l'organisation ? A quoi servent-ils ? Comment l'argent utilisé est bien employé ?  Autant de questions auxquelles il importera un jour de répondre.

NB : de façon parfois exagérée, certains journaux spécialistes de l'eurosceptiscime (The Sun, Bild notamment) s'en prennent à l'Union européenne sur ces questions financières (jusqu'à l'euro près). Bizaremment sur l'Otan, aucune question ou enquête de ce type n'a jamais été faite...
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16 octobre 2008 4 16 /10 /octobre /2008 11:57
Elle ne recherche pas vraiment les feux de la rampe. Et quand un officiel français passe à Bruxelles, il faut chercher au second ou troisième plan, pour l’entrevoir. Pour obtenir un rendez-vous, il vaut mieux insister, et être très souple dans les horaires. Le créneau 22-23 heures étant souvent le seul de disponible qu’elle a sur son agenda. Discrète, Christine Roger « colle » bien au poste-clé qu’elle occupe. Représentante de la France au Comité Politique et de Sécurité (COPS), elle préside durant les six mois de la présidence française ce comité, assez secret, où s’élabore la politique de l’Europe dans le monde. C’est ici que tous les généraux ou diplomates européens de retour de mission, viennent rendre compte. C’est ici que le général irlandais, Pat Nash est venu confier ses doutes sur la volonté des Etats de monter l’opération militaire au Tchad, l’année dernière.

C’est là aussi que les 27 doivent accorder leurs violons sur des questions aussi sensibles que l’indépendance du Kosovo, les sanctions contre le président biélorusse ou les négociations avec l’Iran sur le nucléaire etc. C’est dans cette enceinte, enfin, que s’élaborent les missions, civiles ou militaires, de l’Europe de la Défense. Ainsi, en plein d’août, le COPS s’est réuni en permanence pour mettre au point la réponse européenne dans le conflit entre la Russie et la Géorgie. Résultat, en quelques jours, une mission de 200 observateurs est sur le terrain. Le genre de défi qu’adore cette femme décrite par ses collègues ambassadeurs, comme « austère et sobre, », « redoutablement professionnelle et intelligente », « d’une précision chirurgicale dans ses dossiers ».

Une sorte de revanche aussi pour celle qui a connu l’Europe à 12 et les débuts balbutiants de la « coopération politique européenne ». Elle était conseiller « affaires extérieures » à la Représentation permanente française à Bruxelles de 1992 à 1995, quand l’Europe semblait impuissante face à la guerre en ex-Yougoslavie. Avant de passer à la Commission européenne, au cabinet du président Jacques Santer puis comme directeur de cabinet de Michel Barnier, commissaire à la politique régionale. Toujours dans l’ombre…

(paru dans Ouest-France - photo : © Thierry Monasse)
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16 octobre 2008 4 16 /10 /octobre /2008 11:38
Une « coopération accrue » dans le domaine de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) pourrait être proposé au prochain sommet Ue-Canada, le 17 octobre. Un programme de travail a, en effet, été élaboré, contenant différentes mesures.

Participation aux missions. Le Canada pourrait participer davantage aux opérations de gestion militaire et civile des crises menées par l’UE et aux mesures d’accompagnement, est-il ainsi précisé.
En Afghanistan, dans le cadre de l’opération de formation de la police (Eupol), il s’agit de conforter le déploiement des Canadiens affectés à l’équipe de reconstruction provinciale de Kandahar, de se concerter sur la réforme du secteur de la justice/sécurité dans le pays ainsi que sur la task force de gestion des frontières.
Dans les territoires palestiniens (Eupol Copps), le déploiement de deux Canadiens se termine dans la mission de soutien à la police et aux prisons palestiniennes. Une contribution sous une autre forme (financière) et la possibilité de déploiements futurs doit être étudiée.

Cadre général. De façon générale, l’UE estime qu’il faut « étudier les moyens et faciliter un soutien canadien à d’autres missions / opérations PESD », y compris militaires. Pour faciliter cette coopération, l’UE envisage d’améliorer les modalités de participation des Etats tiers aux missions PESD, en augmentant la fréquence de réunions du comité des contributeurs (à Bruxelles), complétées de réunions informelles d’information. Elle veut aussi préparer un « cadre révisé pour les contributions canadiennes, en nature (équipement) ou financières aux missions PESD.
L'UE indique qu’elle envisage la possibilité de conclure un « accord sur la protection consulaire », utile notamment pour l’évacuation des ressortissants ; et d’étudier les moyens de coopération en matière de réaction aux crises et de protection des civils. La possibilité de conclure un accord de sécurité pour l’échange d’informations classifiées pourrait aussi être étudiée.

Soutien en Afrique. Le programme de travail prévoit la possibilité que le Canada participe davantage aux soutien des capacités africaines de maintien de la paix. Le Canada pourrait ainsi participer à Euro-Recamp – le dispositif de formation des armées africaines -, via notamment le Centre Pearson (un centre spécialisé dans le maintien de la paix, qui forme les casques bleus, membres d’ONGs qui partent en mission difficile. Il prépare régulièrement les scénarios qui servent de trame aux exercices de l’UE).

Formations. Enfin, l’UE entend également échanger davantage avec le Canada en matière de formation. Des formations à la PESD pourraient ainsi être proposées à la task force « stabilisation et reconstruction du Ministère des Affaires étrangères (Start) et à des groupes plus larges d’experts civils canadiens. Et le Canada « devrait participer aux cours d’orientation » du Collège européen de sécurité et de défense. L’échange de modules de formation – par exemple sur le travail canadien mené auprès des ONG – serait aussi intéressant.

(article paru dans Europolitique, octobre 2008)

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10 octobre 2008 5 10 /10 /octobre /2008 11:14
C'est un petit paragraphe - qui figure dans un rapport venant à l'appui des conclusions du Sommet des 27 chefs d'Etat et de gouvernement, le 15 et 16 octobre -. Paragraphe qui mérite de s'y arrêter quelques minutes:
"A court et à long terme, l’amélioration de la sécurité énergétique, qui représente un enjeu essentiel pour la protection des citoyens européens, exige de la part de l’Union européenne et de ses Etats membres un double effort de responsabilité et de solidarité : responsabilité, car chaque Etat membre, garant en premier lieu de sa sécurité d’approvisionnement, doit non seulement prendre toutes les mesures nationales pour se prémunir contre un risque de rupture d'approvisionnement, mais aussi se montrer prêt à contribuer à d'éventuelles mesures de solidarité. Solidarité, dans la mesure où tout Etat membre qui fait face à une rupture subite et temporaire d'approvisionnement énergétique doit pouvoir compter sur le soutien des autres Etats membres et de l'Union. Ce n’est qu’à cette condition que peuvent se mettre en place des dispositifs de solidarité à l’échelle européenne."

Suit toute une série de mesures (efficacité énergétique, infrastructures, diversification des approvisionnements, relations avec les pays tiers, etc.) visant en fait à assurer à l'Europe son indépendance énergétique (rapport à télécharger ici)

A la fois, une démarche concrète et un rappel philosophique pour un enjeu stratégique pour l'UE
Au-delà de l'aspect "marché de l'énergie", ce paragraphe me paraît intéressant, à plus d'un titre. D'une part, il préfigure certaines dispositions du Traité de Lisbonne sur la sécurité et solidarité énergétique. C'est, en fait, une vraie clause de solidarité énergétique qui est proclamée sous couvert de conclusions du Conseil européen. D'autre part, il illustre, de façon concrète, les mesures que peut prendre l'Europe pour assurer son indépendance énergétique, question hautement stratégique, comme l'avait illustré un précédent rapport de Javier Solana, le diplomate en chef de l'UE, en mars dernier (télécharger le rapport sur la sécurité internationale et les changements climatiques). Enfin, d'un point de vue plus politique, il témoigne de la nécessité de "solidarité" qui est la fonction première de la construction européenne (un peu oubliée parfois). Solidarité" mentionnée déjà comme une des obligations de chaque Etat membre dans la politique extérieure européenne qui figure déjà dans le traité existant (*). Une politique extérieure de l'Union qui doit désormais envisager tous les aspects stratégiques (alors que les auteurs du Traité avaient peut-être en vue une notion plus étroite, ou classique, de la diplomatie extérieure).

(*) Article 11b du traité de l'Union européenne : ""Les États membres oeuvrent de concert au renforcement et au développement de leur solidarité politique mutuelle. Ils s’abstiennent de toute action contraire aux intérêts de l’Union ou susceptible de nuire à son efficacité en tant que force de cohésion dans les relations internationales"
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7 octobre 2008 2 07 /10 /octobre /2008 11:00
Ming Campbell, alias Sir Menzies, n'est pas vraiment un anticonformiste. Mais il est dans l'opposition (libérale démocrate). Et son rapport sur la défense britannique ne laisse pas l'ombre d'un doute, comme le titre le laisse penser: "Pas d'autre choix que de changer". "A moins que la stratégie de défense soit fondamentalement remaniée, les militaires continueront à souffrir des tensions du surengagement et l'insuffisance des équipements". explique-t-il. "Nos militaires ont été « sous tension » durant des années, "le budget (de la défense) est en crise. Il y a d'énormes lacunes dans la qualité, la quantité et l'utilité du matériel militaire disponible pour les opérations".

L'armée britannique est soumise à rude contribution
Sir Menzies, interrogé par le quotidien The Sun, illustre son propos - s'appuyant sur des rapports du ministère de la Défense Uk : 46% de la flotte des véhicules de combat légers Warrior sont bons pour le service (364 sur 793). La moitié des chars légers est en fonction (596 sur 1192). Et un tiers des camions de transport Saxon est opérationnel (49 sur 147)... "Chacune de nos forces armées devrait faire moins et différemment, ou alors nous aurons besoin d'une augmentation du budget de la défense, ce qui sera difficile à justifier pour les contribuables" résume Sir Menzies dans son rapport.

La limite absolue de l'engagement extérieur est atteinte
 "Les déploiements en Iraq et Afghanistan ne peuvent être durablement supportés "simultanément". "C'est un fait accepté par les officiers supérieurs" précise le député. Même le retrait d'Iraq ne sera pas suffisant. Tout simplement car l'engagement en Afghanistan est maintenant une operation qui s'inscrit dans la durée et qui n'avait pas été prévue dans la stratégie de 1998 sur la défense britannique. Celle-ci était calibrée sur un "déploiement en zone de combat relativement court" et une autre mission plus longue dans une zone moins exposée, ainsi que de petits missions de maintien de la paix. L'engagement au Kosovo a montré la "limite absolue du déploiement" britannique. Au point que le pays ne peut qu'à peine contribuer à la mission des Nations-Unies au Darfour, en dépit de la pression politique et de l'opinion publique dans ce sens. Le coût des missions en Iraq et Afghanistan depuis 2001 tourne autour de 10 milliards de livres ! "C'est un choix auquel doivent se résoudre les Britanniques : "quelles expéditions entreprendre, avec quels partenaires et avec quel équipement nécessaire."

La Grande-Bretagne doit réaliser qu'elle ne peut plus agir seule
Le choix est également stratégique : c'est "le rôle de la Grande-Bretagne dans le monde" qu'il faut revoir. "Avoir pris part à des opérations agressives en Iraq et Afghanistan a amené nos forces à la limite de la rupture", dit le député. Le Royaume-Uni ne peut plus agir seul. "S'il veut garder un rôle d'influence, ce peut être seulement en choisissant et intégrant des stratégies avec des alliés qui partagent le même objectif". La résistance au Royaume-Uni à l'intégration militaire avec des partenaires européens est né d'un "nationalisme dépassé". "L'intégration à l'Europe ne signifie pas la création d'une armée européenne. Mais des marchés publics, une interopérabilité et une spécialisation des forces qui peut être réalisée si une volonté politique existe pour faire cela". Il n'y a pas d'autre choix, considère Sir Menzies : "il faut approfondir la collaboration et le partage des outils avec nos alliés de l'Otan et de la Pesd. Une telle approche peut signifier des dépenses similaires ou plus grandes à court-terme mais peut produire de significatives économies à plus long terme"...

Conclusion : la PESD doit être une "priorité diplomatique pour le Royaume-Uni"
La relation avec les Etats-Unis est au centre de toute la stratégie de 1998. Mais elle ne doit pas conduire à un "surengagement des forces britanniques" et elle ne doit être absolue si on suit Sir Menzies. "La réapparition de la coopération européenne de défense. Il y a des possibilités significatives pour développer et mettre en commun les capacités militaires européennes à travers la PESD. Son développement doit être la "priorité diplomatique pour le Royaume-Uni" estime-il. L'argument que la PESD saperait l'Otan est largement réglé. Les Etats-Unis (eux-mêmes) assurent que le potentiel de la PESD améliore les capacités de l'Otan. Le député reprend ainsi les propos de l'ambassadrice US à l'Otan, Barbara Nulands, à Paris, en février dernier : ce que nous avons besoin "c'est d'une défense européenne plus forte,plus capable. Une PESD avec un soft power uniquement n'est pas assez". 
Avec Nicolas Sarkozy repositionnant la France et rejoignant les structures de commandement de l'Otan, la Grande-Bretagne a "à la fois une responsabilité et une opportunité de partager et conduire le futur de la défense européenne".

• Pour télécharger le rapport (anglais), ici

Sir Menzies n'est plus tout jeune. Né en 1941, il a été un sportif de haut niveau. Courant le 100 m aux JO de Tokyo... en 1964, c'est peu le Guy Drut grand-breton. Elu député à la chambre des communes, il a été dans plusieurs commissions notamment celle de la défense. Il siège avec les libéraux démocrates, écossais, le troisième parti outre-Manche. Il a notamment pris la défense des droits des Gurkhas, ces soldats des anciennes colonies indiennes, qui ont formé l'ossature de l'armée britannique, durant des années, et que le gouvernement veut expulser aujourd'hui, une fois la retraite venue.

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6 octobre 2008 1 06 /10 /octobre /2008 13:30
La réunion informelle des Ministres de la Défense, à Deauville les 1er et 2 octobre, a été l’occasion pour les Etats membres de l’UE d’indiquer leur participation sur certains projets utiles pour l’Europe de la défense, afin de renforcer ses moyens (comme je l'avais écrit dans un article paru dans Europolitique fin septembre). Le ministre français de la Défense, Hervé Morin, qui présidait la réunion s’en est félicité. « Nous avons avancé, ce n'est pas négligeable du tout ». Malgré des résultats plus faibles qu’attendu, il a dénié tout reniement aux priorités françaises. "Tout ce que nous demandions est en route", a-t-il assuré. « Nous avons même pu développer de nouveaux programmes ».

Hervé Morin a dressé un premier inventaire des contributions déjà effectives ou annoncées (sur cette réunion informelle, lire aussi une courte analyse d'humeur).

Modernisation des hélicoptères. « L'intégralité des Etats membres a reconnu la nécessité de moderniser les flottes d'hélicoptères existantes » a expliqué le ministre français de la Défense. « La France a formé récemment des pilotes tchèques, l'Allemagne forme pour sa part des pilotes européens (suédois, espagnols et polonais notamment) ». Le "fonds fiduciaire" constitué au Shape (Otan) a recueilli les contributions britanniques (7,3 millions d'euros), française (5 millions), danoise (2 millions), luxembourgeoise (500.000 euros), et finlandaise (500 000 euros, montant qui sera doublé selon Helsinki). La Lituanie pourrait participer.

Flotte européenne de transport stratégique (EATF). Plusieurs pays (Hongrie, Bulgarie, Italie, Allemagne, Suède, Roumanie, Espagne et Portugal)« se sont prononcés en faveur de ce projet » basé sur le futur A400M, soit au travers de la cession d'heures de vol, soit par la création d'une unité multinationale.

Coopération navale européenne. Ce projet rencontre un "large soutien" autour des quatre Etats membres de l'UE détenteurs d'un porte-avions ou d'un porte-aéronefs (France, Grande-Bretagne, Italie et Espagne). D'autres Etats qui disposent de bâtiments complémentaires (frégates, sous-marins, bateaux ou avions ravitailleurs) pourraient y participer. C’est le cas de l’Allemagne qui a « annoncé en séance qu’elle contribuerait ». Il ne s’agit pas tout de suite de passer à la phase opérationnelle où une force européenne serait constituée en permanence. Mais plutôt d’avoir des « exercices, des formations en commun, puis d’améliorer l’opérationnalité et enfin la coordination des moyens. (…) Avoir des moyens d’autres pays qui accompagnent le porte-aéronef serait un symbole fort en matière européenne » a fait remarqué Hervé Morin. Le Royaume-Uni est plus sceptique.

Déminage maritime. L’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, la Finlande et l’Italie soutiennent ce projet qui vise à déminer les mers qui recèlent dans leurs fonds de nombreuses bombes non explosées, de la dernière guerre mondiale notamment. La mer Baltique et la mer du Nord sont particulièrement touchées.

Observation spatiale. « En cas de crise, le renseignement spatial est essentiel pour pouvoir réagir rapidement à la réalité de la situation. Les récentes opérations militaires ont prouvé que nos capacités de renseignement, en particulier spatiales, sont insuffisantes » a souligné Hervé Morin. Deux initiatives ont donc été confirmées. L'une vise à accroître les sources d'information militaires du centre satellitaire de l’UE de Torrejon (Espagne) avec la cession d'images provenant des systèmes Helios (français), SAR Lupe (allemand) et Cosmo-Skymed (italien). L'autre tend à développer la capacité spatiale des Etats membres, autour du projet Musis, de nouvelle génération, MUSIS. Un projet qui implique déjà la France, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, la Grèce et l’Espagne. La Pologne a annoncé vouloir y participer. L’étude du « segment sol » du projet serait assuré par l’Agence européenne de Défense (AED). Une lettre d’intention doit le confirmer « avant la fin de la présidence »

Rapprochement entre l'Agence européenne de Défense (AED/EDA) et l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement (OCCAR). Afin d’éviter les duplications, un accord de coopération devrait être conclu le 10 novembre prochain.

Technologie et recherche. Outre les directives  en cours de discussion au niveau communautaire (marchés publics de défense et transfert d’armement à l’intérieur de l’UE), d’autres pistes sont étudiées pour renforcer cette base industrielle et technologique de défense (BITD) : un système européen de sécurité d’information, le contrôle européen des investissements étrangers, un recours accru à des normes communes. « La constitution de groupes de défense européens est essentielle pour permettre l’indépendance de l’Union européenne et faire en sorte que cette dernière puisse assumer sa propre sécurité » a expliqué Hervé Morin. Et a-t-il ajouté, « certains Etats européens doivent accepter de produire certaines parties d’armement, et pas d’autres. Il faut que chacun accepte de ne plus produire certaines capacités, de perdre certaines compétences. (...) On ne peut pas garder tous nos bureaux d’études, c’est un vieux réflexe français ». Un message destiné avant tout en interne mais qui peut s’adresser également aux autres grands pays : Royaume-Uni, Allemagne, Italie notamment.

(article paru dans Europolitique)
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5 octobre 2008 7 05 /10 /octobre /2008 23:21
Le Conseil des ministres de l'Union européenne a adopté - le 2 octobre - quelques ajustements au projet de budget 2009 - celui-ci n'est pas encore voté définitivement -.

- Une ligne budgétaire spécifique sera créée pour la "coopération consulaire" (ligne 19 06 06). Il s'agit en particulier lors d'une crise dans un pays tiers, de pouvoir agir, dans le cadre de la coopération consulaire, pour protéger les citoyens de l'UE non représentants dans ces pays par leur Etat membre. Les délégations de la Commission ont en effet reçu mandat d'agir (articles 20 des traités UE et CE) en liaison avec les Etats membres présents dans le pays (notamment pour la mise à l'abri des ressortissants, leur évacuation, etc.).

- L'aide financière pour la Palestine, au processus de paix et à l'UNRWA sera quasiment doublée : de 161 à 300 millions d'euros.

- Une dotation supplémentaire, de 40 millions d'euros en crédits d'engagement, sera prévue pour "soutenir la stabilité et le développement du Kosovo".

Document à télécharger ici

Une augmentation en trompe l'oeil
Ces deux dernières lignes avaient été anticipées dans le projet de budget discuté en juillet (100 millions pour la Palestine, 60 millions pour le Kosovo). Dans ce projet de budget, figure d'ailleurs une "réserve pour imprévus" de 130 millions d'euros.

En revanche, en juillet, le Conseil avait supprimé la réserve d'aide d'urgence de 244 millions d'euros (proposé par la Commission) et diminué de 10 millions d'euros la ligne "préparation et réaction aux crises - instrument de stabilité" qui s'élève ainsi 140 millions d'euros (ligne 19 06 01 01), au vu de "l'exécution budgétaire" en cours et des "prévisions". Le budget de cette ligne se montaiit à 139 millions d'euros en 2007 et 179 millions d'euros en 2008

La Politique extérieure et de sécurité commune (PESC) - gestion de crises - a été dotée en crédits d'engagement de 159 milions d'euros en 2007 et de 285 millions en 2008 (voir budget 2008). Un montant de 243 millions est prévu pour 2009. En crédits de paiements, cela donne : 179 millions en 2008 et 234 millions prévus pour 2009.

(mis à jour lundi 6 octobre)
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logo_ouestfrancefr.pngL'éditeur : Nicolas Gros-Verheyde. Journaliste, correspondant "Affaires européennes" du premier quotidien régional français Ouest-France après avoir été celui de France-Soir. Spécialiste "défense-sécurité". Quelques détails bios et sources.