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6 juillet 2009 1 06 /07 /juillet /2009 08:09
Il l'a officiellement confirmé à nos confrères espagnols d'ABC, dimanche, comme il l'avait déjà laissé sous-entendre (cf. biographie) Javier Solana, le Haut représentant pour la politique étrangère de l'UE ne briguera pas un troisième mandat. Mais il en a déjà fait deux à ce poste, soit 10 ans. Et, comme il le dit "je pense que dix ans est plus que suffisant". Mais pour autant il ne compte pas raccrocher. "Cela ne signifie pas que je vais me coucher. J'ai encore de nombreuses années, à être actif et je ne quitterai pas. Il existe de nombreux endroits où on peut servir. Je vais mourir avec leurs bottes."

L'Europe a un téléphone : celui de Solana

Celui qui est le "diplomate en chef de l'Union" a donné un peu de voix et d'âme à la politique étrangère européenne. Bien sûr cela n'a pas été avec tambours et trompettes. Et à l'intérieur de l'Union européenne, on peut trouver le personnage un peu mou, pas assez tonitruant. D'une certaine façon, on pourrait dire "heureusement". Car c'est ce qui a permis au nouveau poste qu'il a créé, d'exister d'abord, et de se développer ensuite. A l'extérieur de l'UE, en revanche, il n'y a pas de doute. En Iran, au Moyen-Orient particulièrement, en Afrique également (avec son alter ego à la Commission européenne, Louis Michel, chargé du Développement), dans le Caucase ou les Balkans,
l'Europe a bien "un téléphone" : celui de Solana.

Depuis presque dix ans, il n'a cessé de voyager dans tous les pays, de rappeler, discrètement, les "15" puis les "25" et les "27" à leurs devoirs. Et petit à petit se forge non pas une vision unique mais ce qu'on pourrait appeler "une communauté d'approches" malgré des histoires différentes. Quand on connait peu Solana, on peut se laisser abuser par son air inoffensif, voire confus, et trouver son rôle insignifiant. C'est la première impression qu'il m'a donné. Et comme d'autres, je m'y laissé abusé, restant sur cette première impression durant plusieurs années. Mais depuis que je suis de plus près la politique de défense (PESD), j'ai eu l'occasion de le côtoyer à plusieurs reprises et mieux le découvrir. Et ses phrases (paraissant) incompréhensibles, ses hésitations ou ses silences veulent parfois davantage dire que des discours. Et, puis, ce n'est pas le genre à se vanter publiquement d'un accord ou d'un succès auquel il n'a pas contribué. Même quand il y a contribué, il reste très discret (lire son portrait
publié dans Europolitique).

On pourra voir toute la place qu'il occupe, quand il quittera ses fonctions, fin octobre. Enfin... fin octobre. Un peu plus peut-être, pour cause de Traité de Lisbonne, un peu retardé dans la ratification, ou de brouillage dans les nominations des commissaires pour la nouvelle Commission (lire le premier ratage de Barroso II).

Et quelques souvenirs

L'entretien avec ABC est un exercice personnel, assez intimiste. Ce qui a le plus impressionné Solana ? "Le roi Hussein de Jordanie. Un homme d'une grande dignité, d'une grande intelligence et avec un style personnel". Et quelques moments : "un voyage sur le fleuve Congo, avec le Président Kabila, dans un petit bateau près de la misère, avec une bonne atmosphère qui a fait rédiger deux ou trois articles de la Constitution, pour les élections au Congo. Ou à la mort d'Arafat, il était le seul étranger à partager avec ses amis le soir de l'enterrement. De longues discussions avec les Pachtounes, après l'assassinat de Bhutto ... " Et si d'ici la fin de son mandat (fin octobre), il peut négocier un "processus de paix", il serait le plus heureux des hommes du monde.
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23 juin 2009 2 23 /06 /juin /2009 22:59
Le jeu des candidatures et des chaises tournantes est commencé. Comme la présidence du Parlement européen - dévolue à un membre du parti majoritaire, le PPE - risque d'échapper aux Italiens et pourrait profiter au Polonais Buzek - soutenu à la fois par plusieurs pays d'Europe centrale, la France et l'Allemagne... (ce qui fait beaucoup) ; l'Italien pourrait retirer sa candidature (C'est plus élégant que de subir une défaite).

Quel rapport avec le poste de Haut représentant ? Tout simplement, car en échange, le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi revendique ce poste pour son ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini, ancien commissaire européen à la Justice et l'Intérieur, voire d'ici un an la présidence de l'Eurogroupe pour son ministre des Finances, Tremonti.
Les Polonais sont tout disposés à soutenir cette candidature italienne (au poste de Haut représentant) qui dégage la voie pour leur poulain. De même, qu'ils sont disposés à ne plus prétendre au poste de commissaire au Marché intérieur, pour obtenir le soutien de la France (qui guigne ce poste officiellement). Vous suivez ?

Pour autant la candidature de l'Italien au poste de Haut représentant n'est pas acquise. Car le poste de Haut Représentant est aussi convoité par des (non)candidats tout aussi sérieux (j'oserai dire plus sérieux) :
- par les Suédois, Carl Bildt, actuel ministre des Affaires étrangères (conservateur) : sa candidature a été un peu "plombée" par de récentes prises de position, peu "diplomatiques", notamment en faveur de l'élargissement à la Turquie, peu appréciées dans plusieurs capitales, notamment à Paris et La Haye. L'intéressé a confirmé qu'il n'était pas candidat : "trop occupé".
- les Néerlandais, Jaap De Hoop Scheffer, ancien secrétaire général de l'OTAN, ancien ministre des Affaires étrangères CDA (chrétien-démocrate) : "pas du tout candidat" mais disponible.
- voire les Français, Michel Barnier ou Bernard Kouchner... : "il est trop tôt" ou "enfin, quelle idée".
Et d'autres encore à venir ! Les Belges, par exemple, candidats à rien, mais toujours prêts à rendre service "s'il le faut", ont un ou deux "bons" candidats en réserve: Louis Michel ou Guy Verhostadt, par exemple (dans la logique politique belge, ce serait davantage le flamand que le wallon d'ailleurs qui pourrait emporter la mise). A noter que les Finlandais, un moment tentés par le poste, ont raccroché le tablier. Olli Rehn viserait plutôt un poste de commissaire "développement", selon Helsinki.

Un Espagnol à la tête de l'Europe ?
Du coté de la future présidence du Conseil européen, nouveau poste créé par le Traité de Lisbonne, Silvio Berlusconi - jamais avare de déclarations, même contradictoires - a annoncé soutenir la candidature de Tony Blair (l'ancien Premier ministre Britannique) à la présidence de l'UE, afin de se garantir le soutien britannique en retour de ses prétentions. Mais, au cas où..., il a gardé une poire pour la soif avec une candidature italienne pour le poste de président du Conseil de l'UE, en la personne de Giuliano d'Amato, ancien président du Conseil (socialiste). Vous suivez toujours ? ...

La candidature qui a la cote en ce moment serait cependant plutôt à chercher du coté du socialiste espagnol Felipe Gonzalez. Son compatriote, Javier Solana,
l'actuel Haut représentant, s'est départi, lundi devant quelques journalistes, de sa traditionnelle réserve, pour estimer que Gonzalez avait "l'énergie et la capacité pour faire ça". Une déclaration qui va dans le sens du momentum politique. Au dernier sommet européen, vendredi à Bruxelles, le président français Nicolas Sarkozy a refusé de confirmer son soutien à la candidature de Tony Blair. Un silence surprenant quand on sait qu'il n'hésitait pas auparavant à citer cette candidature comme "le meilleur" pour le poste. Et la définition qu'il a fait du poste ne milite pas vraiment en faveur du Britannique. « Si nous avons Lisbonne, le premier président stable pour deux ans et demi de l’Europe, c’est un choix qui parlera extrêmement fort. Sa nationalité, sera-t-il d’un petit ou d’un grand pays, son expérience, son engagement européen, sa famille politique ? » a expliqué Sarkozy. Est-ce la dérouillée qu'ont subi les travaillistes, ou la crise financière, qui ne militent plus vraiment pour la candidature britannique ; en tout cas, celle de l'Espagnol a une logique propre. L'Espagne sera le premier pays, après l'entrée en vigueur (présumée) du Traité de Lisbonne, à devoir renoncer à présider le Conseil de l'Union européenne. Il serait juste que le premier Président soit Espagnol. Au moins pour les deux années et demi du premier mandat. Pour le mandat suivant, rien n'interdit un autre candidat, y compris Tony Blair...

Détaillons les critères qu'a donné Sarkozy de la prochaine répartition :  « Tout ceci devra se construire dans le cadre d’un équilibre : Président de Commission - si c’est M. BARROSO, plutôt petit pays, sans porter atteinte au Portugal – le Haut représentant, Vice-président de la Commission et le Président du Conseil. Tout ceci se discute. (...) Ce que je souhaite, c’est qu’il y ait à ce moment-là un accord d’ensemble, vous voyez, un équilibre. Une famille politique ne pourra pas avoir tous les postes, ce n’est pas possible, ce n’est pas raisonnable. » Dans cet esprit, les postes de Haut représentant et de Président du Conseil européen se répartiraient entre les familles politiques "libérale" et "socialiste", et l'un au moins de ces postes proviendrait d'un grand pays. C'est notamment avec à l'esprit ces critères qu'il faut relire la liste des candidats au poste de Haut représentant.
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15 février 2009 7 15 /02 /février /2009 22:32
Le Haut représentant est le poste le plus sensible à nommer dans la période de transition entre les deux Traités car son rôle change fondamentale et surtout sa position institutionnelle.

Avec le Traité de Lisbonne, le Haut représentant « pour les affaires étrangères et la politique de sécurité » est à cheval sur la Commission européenne et le Conseil de l’Union européenne. Il remplit, en effet, trois tâches : 1) un rôle diplomatique – chef de la diplomatie de l’UE, il a normalement la responsabilité du service extérieur et des opérations de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) – ; 2) politique – il préside le Conseil des Ministres des Affaires étrangères (mais pas le Conseil des Affaires générales, qui reste présidé par la présidence tournante) – ; 3) législatif et économique – il est vice-président de la Commission, chargé de la coordination de tout le domaine des relations extérieures avec plein droit de vote sur tous les sujets. Par ailleurs, il participe aux travaux du Conseil européen (sans en être formellement membre, ainsi il n’a pas le droit de vote). Dans la Commission européenne, version Lisbonne, c’est donc « l’homme fort » du nouveau collège. Il est nommé par le « Conseil européen, à la majorité qualifiée », « avec l’accord » du futur président de la Commission. (NB : le secrétaire du Conseil est alors nommé par celui-ci).

Avec le Traité de Nice, le Haut représentant « pour la politique étrangère et de sécurité commune » a une double casquette : secrétaire général du Conseil de l’UE, donc chef de l’administration, dont le rôle très discret n’en est pas moins primordial (préparation des conseils, groupes de travail, service juridique…). Il est nommé par « le Conseil, à la majorité qualifiée ». Son mandat prend fin automatiquement (comme celui du secrétaire général adjoint du Conseil) à l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne.

Dans ces conditions, la possible nomination à ce poste se heurte à un véritable casse-tête. D’autant que, par souci d’équilibre global, influe un élément extérieur à l’Union européenne : la nomination du secrétaire général de l’OTAN. Javier Solana (PSE/Espagne), l’actuel détenteur du poste, qui a créé la fonction en 1999, après occupé le poste de secrétaire général de l’OTAN, ne songeant pas à un troisième mandat. « Sauf si les Etats membres le lui demandent » assurent ses proches.
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logo_ouestfrancefr.pngL'éditeur : Nicolas Gros-Verheyde. Journaliste, correspondant "Affaires européennes" du premier quotidien régional français Ouest-France après avoir été celui de France-Soir. Spécialiste "défense-sécurité". Quelques détails bios et sources.