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25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 15:00
« On lui a chanté sur tous les tons. Si avec cela elle n'a pas compris » Guy Verhofstadt, l'ancien Premier ministre belge, et leader des Libéraux & Démocrates au Parlement européen n'a pas caché sa joie juste après l'audition de Cathy Ashton, la diplomate en chef de l'UE, qui était au Parlement, mardi, pour dialoguer avec les eurodéputés sur les contours du futur Service européen d'action extérieure. Et, effectivement, groupe après groupe, les eurodéputés ont répété une anthième quasi identique. Chacun l'entonnant avec des nuances. Rédigé par l'Allemand Elmar Brok (CDU) et le Belge Guy Verhofstadt (VLD), le "non-paper" (qui est en fait un rapport quasi-officiel du Parlement) et l'organigramme qui y est joint, sont ainsi partagés, peu ou prou, par la plupart des groupes: PPE, Socialistes et démocrates du S&D, Libéraux et démocrates de l'ALDE, Verts (avec une réserve sur la gestion de crise militaire). Trois volontés se dégagent ainsi.

Le Parlement veut affirmer sa compétence, d'abord, au niveau budgétaire, qui ressort de sa prime compétence
. « Nous devrions avoir une ligne budgétaire par mission » explique Franziska Brantner (Verts, Allemagne). Le PE veut avoir, aussi tôt que possible, une proposition sur le futur statut du personnel. Il veut enfin pouvoir entendre les représentants spéciaux et les chefs de délégation avant la nomination.
  • Cathy Asthon a assuré le Parlement européen qu'il « pourra jouer un rôle complet » notamment qu'il aura un « plein contrôle financier » sur le budget du Service. Quant aux nominations, elle a précisé que chaque personne nommée, au moins pour les principaux postes, aurait un « entretien informel » avec les membres de la Commission. Un gentleman agreement a été passé, en ce sens, avec les responsables du Parlement. Le représentant spécial en Afghanistan, le Lituanien Usackas a inauguré cette formule, mardi (1). Il devrait être suivi par le nouvel ambassadeur de l'UE à Washington, Joao Vale de Almeida, dont la nomination avait été contestée (2).
Le Service d'action extérieur doit être aussi large et aussi proche de la Commission que possible. Ainsi il doit couvrir le développement comme la politique de voisinage (compétences normalement des commissaires européens Georgieva et Füle). Il doit être le plus connecté possible à la Commission européenne, aux niveaux administratif et budgétaire pour éviter les doublons. « Soit nous avons un petit service très indépendant de la Commission, de la taille qu'avait le service de Solana ; soit un grand service qui s'occupe des politiques importantes » justifie Verhofstadt (ALDE, Belgique). « Mais il faut éviter d'avoir deux administrations distinctes » a-t-il ajouté.
  • « Le service n'est pas attaché à la Commission. Il lui est lié. » a répondu Ashton. « Nous irons dans le sens du Parlement. Nous aurons une approche globale. Parfois, dans certains pays, il faudra insister sur le commerce ; dans d'autres ce sera le climat. Dans certains, on englogera le militaire, comme en Somalie. » « L'important est de montrer que l'UE est en action » a-t-elle ajouté. « Les prérogatives des (autres) commissaires doivent être préservées ».
Des adjoints politiques à la Haute représentante. Les Eurodéputés ne sont pas d'accord avec le principe d'un secrétariat général qui ferait "écran" entre les services et la Haute représentante pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité. Ils préfèrent la formule trouvée par la Convention, celle d'adjoints. « Nous pensons à des responsables politiques, non des fonctionnaires » a tonné Elmar Brok (PPE, Allemagne). Des responsables qui pourront remplacer au besoin la diplomate en chef de l'UE dans certaines fonctions et venir s'expliquer devant le Parlement européen. Ils estiment également que le système de mandater des ministres des Etats membres comme envoyés spéciaux est négatif. « Cette idée de Ministres comme envoyés spéciaux va atomiser la position européenne » considère Kristian Vigenin (S&D, Bulgarie). Plus généralement, la question des nominations des responsables du service, le nécessaire équilibre hommes-femmes et surtout géographique ont été largement évoqué snotamment par les députés venus de l'Est de l'Europe (qui ne disposent pourtant pas d'un important corps diplomatique).
  • Concernant un adjoint politique, Cathy Ashton a assuré « J'ai bien compris le message. (...) Je vais y réfléchir. (...) J'essaierai d'être présente aussi souvent que possible. Mais il faut trouver un système quand je ne pourrai pas l'être. (...) Il faut continuer la discussion ». Répondant indirectement à l'hypothèse de nomination du Français Pierre Vimont au poste de secrétaire général, elle a lâché laconique : « Qui sait quelle sera sa nationalité ? ». Elle s'est montré très ouverte à la nomination de femmes. « J'ai dans mon bureau une photo avec tous les chefs de délégation. C'est dominé par des hommes. Il faut changer cela. Le déséquilibre des genres doit être réglé. » Concernant l'équilibre géographique, elle a été moins directe. C'est vrai, a-t-elle reconnu, « Il y a peu de représentants de pays du sud ou de l'Est. Il faut faire le possible pour corriger cela ». Mais ce ne pourra être fait tout de suite. « Il faudra des années. C'est la même chose dans la Commission ». Elle a ainsi « refusé tout quota géographique, l'important est d'avoir les bonnes personnes ». Sur le fait de ne plus nommer comme envoyés spéciaux des Ministres, elle a été plus réticente. « Les Ministres sont très utiles - explique-t-elle - Bien souvent, ils me disent où ils vont, et peuvent ainsi faire passer un message à nos interlocuteurs. Ils peuvent faire un discours en mon nom et me remplacer. »

(1)
Usackas (RepSpé Afghanistan) auditionné au Parlement
(2) Le dossier "Vale de Almeida" fait des vagues au Conseil


Télécharger le non-paper (en anglais)
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22 mars 2010 1 22 /03 /mars /2010 18:45
Les eurodéputés allemand Brok (PPE) et belge Verhofstadt (ALDE) ont bâti une contre-proposition pour le service européen d'action extérieur avec un organigramme. Le voici...
SeaeOrganBrokVerhofstadt-.jpgNB : La lisibilité n'étant pas parfaite, vous pouvez aussi le télécharger en fichier pdf
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21 mars 2010 7 21 /03 /mars /2010 20:19
DrapeauSerbie.pngLe Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UE devrait autoriser, lundi 22 mars, Cathy Ashton, sa Haute représentante pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, à négocier un accord d'échange d'informations sécurisées avec la Serbie.

Le vice-premier ministre et ministre de l'intérieur de Serbie avait transmis à la Haute représentante, le 16 décembre 2009, une demande en ce sens. Le projet d'accord-type a été adapté pour tenir compte de la nouvelle donne du Traité de Lisbonne. Ce qui est intéressant ainsi est l'apparition aux cotés des institutions ou entités habituelles (Conseil de l'UE, Commission européenne, Haut représentant) du Service européen d'action extérieur (SEAE).

Un service qui aura sa propre autonomie en matière de sécurité (comme le montre également le premier organigramme diffusé). Ainsi la correspondance est normalement centralisée au chef du greffe
du Conseil. Mais, exceptionnellement, si la correspondance concerne uniquement le SEAE, par exemple, c'est le chef de greffe du SEAE qui sera responsable de la transmission.
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18 mars 2010 4 18 /03 /mars /2010 16:36
(exclusif) Pour constituer le service européen d'action extérieure, il ne reste pas beaucoup le temps. Un premier organigramme a, donc été mis au point chez Cathy Ashton, la Haute représentante pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité de l'UE. Chaque case est encore vide. Il s'agit d'abord de mettre tout le monde d'accord sur un organigramme. Ensuite il faudra mettre des noms en face des fonctions. Ce sera autrement plus difficile...

Dans cet organigramme que j'ai pu consulté (voir ci-dessous la reconstitution), on peut noter plusieurs aspects, plus ou moins conformes à la note générale que Cathy Ashton avait préparé début mars.

1. Un secrétaire général et deux secrétaires généraux adjoints. Si les fonctions ne sont pas encore tout à identifiés, l'un aura plus une tâche institutionnelle (la gestion de la "boutique"), l'autre une tâche extérieure, plus "politique", notamment avec la coordination du COPS.

2. L'organisation sera pluridimenssionnelle : d'un coté des DG géographique (il y en 4 sur le dessin, il pourrait y en voir 3 ou 5 à termes, pourquoi pas) et la DG thématique et la DG "Corporate (traduction : "les services généraux"). De l'autre, on trouve des services atypiques, directement rattachés au secrétaire général : service juridique, relations institutionnelles, communication et public diplomacy, enfin les structures civilo-militaires

3. Les services civilo-militaires de gestion de crises semblent avoir une autonomie de fonctionnement, avec un lien direct, préservé par la "chaine opérationnelle de commandement", avec la Haute représentante.

ServActionExt-Organ1cB2-copie-1.png
Mettre des noms, le plus difficile « Il y a un équilibre nécessaire à trouver » non seulement entre les trois sources du Service d'action extérieur mais également au sein des Etats membres, explique un proche de Cathy Ashton. « Mais il se défend de tout « quota par Etat membre. Cela dépend de savoir si un Etat peut présenter de bons candidats.  » En fait, la plupart des Etats ont déjà présenté des candidatures et des noms ou sont en passe de le faire, selon un nombre en relation avec leur poids géopolitique (5 pour la Finlande, 20 pour la Bulgarie...). Candidatures à la fois pour les services centraux ou pour les "ambassades" de l'UE dans le cadre de la rotation 2010. 

NB : « En tout de 1000 à 2000 personnes devraient travailler au quartier général et dans les délégations » (non compris les personnels locaux et personnels d'administration, ce qui permet d'approcher le chiffre de 8000 souvent cité)


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14 mars 2010 7 14 /03 /mars /2010 23:40
Cmi-AffEtr-Saariselalla-Fi100312.jpg7 ministres des Affaires étrangères — Alexander Stubb (Finlande), qui était l'hôte, Carl Bildt (Suède), Ahmet Davutoglu (Turquie), Franco Frattini (Italie), Bernard Kouchner (France), Miguel-Angel Moratinos (Espagne) et Urmas Paet (Estonie) se sont, donc, retrouvés dans le grand nord finlandais ce week-end, avec Cathy Ashton(UE), la diplomate en chef de l'UE .

En quelque sorte, Blanche Neige et les 7 Nains. Si l'une
est novice en diplomatie, elle apprend ; les autres sont connaisseurs, ils n'en sont pas moins à l'échelle mondiale des Nains. Chacun a maintenant intérêt à s'allier et ne plus se tirer dans les pattes.
« Si l'on veut être influent, il faut une politique étrangère forte et inclusive » a expliqué l'Estonien Paet. « Ce que nous voulons simplement, c'est une Europe qui parle d'un seule voix » a considéré l'Italien Frattini « c'est un objectif politique et stratégique ». Le format de la réunion a été particulièrement apprécié par ses participants qui se sont juré de se retrouver, au même endroit, l'année prochaine selon Alexander Stubb « C'est le début d'un mouvement » a commenté le Français Kouchner. « Nous n'avons pas besoin d'être entourés par des ambassadeurs et conseillers, la sécurité et tout le tintouin. Nous sommes assez grands, et connaissons plus ou moins les sujets dont nous sommes supposés parler (pour le faire seuls) ».

NB : Les ministres britannique, allemand et norvégien avaient également été invités mais ils ont décliné l'invitation pour cause de problème d'agenda.

Un club de soutien à Cathy. La composition de cette réunion est intéressante car elle ne correspond pas à une donne géopolitique précise : ce ne sont pas les grands, ou les petits, les Nordiques ou les Latins, les nouveaux ou les anciens. Il y a là une combinaison intéressante - qui traduit aussi certains intérêts particuliers de la Finlande (Suède, Turquie, Estonie) et trois pays latins (Italie, France, Espagne). Des pays que réunissent une certaine volonté de voir la Haute représentante réussir dans son job et le nouveau service européen d'action extérieure trouver sa marque (*). « Nous soutenons tous le travail de la Haute représentante » a précisé Stubb. 
Cmi-AffEtr-Saariselalla-3-Fi100312.jpg
Faire taire les petites dissensions. Cette réunion a, donc, été d'abord l'occasion de faire taire certaines différences ou divergences. Rien de mieux que le grand froid « et la beauté du cadre et des paysages de la Laponie finlandaise dont je suis particulièrement fier, a expliqué Alexander Stubb sur son blog « Au cours des réunions formelles des ministres des Affaires étrangères, nous avons moins de temps pour les discussions stratégiques et approfondies ». Ainsi après une soirée passée autour d'un dîner commun dans un élevage de rennes, les 7 se sont retrouvés au petit matin. Trois sujets avaient été mis sur la table par Alexander Stubb : Les défis institutionnels de l'UE avec l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne ; la politique étrangère européenne, son rôle d'acteur global et de ses relations avec les pays-tiers comme les USA, la Chine, la Russie. « Il ne faut pas aussi oublier de développer des relations avec des pays comme l'Inde, le Brésil ou l'Afrique du sud. C'est très important » a précisé Ashton. La Politique de voisinage de l'UE a également été abordée. Point important pour l'Estonien Paet : « L'UE doit se concentrer sur les Balkans et le partenariat oriental » a-t-il estimé.

Un processus de remplacement. Les Ministres ont également proposé d'être les "missi dominici" de la Haute représentante de l'UE quand celle-ci est occupée. Un procédé expérimenté en janvier, pour la conférence de Haïti à Montréal, où Bernard Kouchner avait été mandaté pour représenter l'UE. « Les envoyés spéciaux ne doivent pas être des fonctionnaires mais des Ministres » a justifié le Français. Ce processus de remplacement est pleinement partagé du coté de Catherine Ashton. Si la diplomate en chef de l'UE ne peut être présente, expliquait récemment un de ses proches, elle pourra être remplacée utilement soit par le futur secrétaire général du Service d'action extérieur, soit par un des ministres des Affaires étrangères. Dont acte...

L'UE passera aux sanctions unilatérales sur l'Iran. Parmi les sujets sensibles abordés, l'Iran et le Proche-Orient. Les ministres présents sont d'accord de passer aux sanctions contre l'Iran si un accord n'aboutit pas en ce sens à l'ONU. Alexander Stubb a parlé d'un consensus "émergent" au sein de l'UE pour ces mesures unilatérales. Bernard Kouchner a confirmé « nous essayon d'avoir un accord par négociation et en même temps nous travaillons aux sanctions. Nous espérons aboutir d'ici juin, mais ce n'est pas sûr ».

L'urgence de la paix au Proche-Orient. Cette réunion a également permis de faire quelques mises au point : condamnation de l'annonce par le gouvernement israélien de l'ouverture d'un chantier de nouvelles colonies.
Et appel à la négociation. « Dans deux ans il sera trop tard pour négocier car il n'y aura plus de territoire (palestinien). Et les  » a commenté l'Espagnol Moratinos. « Nous avons besoin d'un règlement négocié de la paix, on en a besoin rapidement et maintenant » a déclaré Cathy Ashton, avant de s'envoler pour l'Egypte, première étape de son voyage au Proche-Orient qui l'emmènera à Damas (Syrie), Amman (Jordanie), Beyrouth (Liban), Tel Aviv (Israël) et Gaza, avant de finir à Moscou par la réunion du Quartet.

 

(crédit photo : Alexander Stubb / Eero Kuosmanen)

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10 mars 2010 3 10 /03 /mars /2010 23:55
SaariselkaSnowmobiling.jpgLe ministre des Affaires étrangères finlandais, Alexander Stubb, a eu une bonne idée : inviter certains de ses homologues (français, italien, suédois, estonien et turc) ainsi que la Haute représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Mme Ashton, à un séminaire à Saariselkä en Laponie, du 12 au 14 mars. Un petit vilage à 250 kilomètres au nord du Cercle Polaire.

Sous la glace, des sujets chauds... : comment renforcer le rôle de l’Union dans la politique internationale (avec un compte rendu de Cathy Ashton), ainsi que la politique de voisinage de l’UE. Température : -9°. C'est raisonnable...

La Finlande vise un ou deux postes de premier rang dans le service extérieur dont un poste d'ambassadeur dans un grand pays.  A Helsinki, on rêve d'un poste d'ambassadeur de l'UE à Moscou ou Pékin. « Il ne serait peut être pas mal si des politiciens de premier rang étaient nommé à des postes comme Pékin et Moscou, au lieu de fonctionnaires », a déclaré Stubb... Cathy Ashton a, justement annoncé, au  Gymnich à Cordoue, que trois postes de chefs de représentations de l’UE seraient prochainement ouverts : en Chine, en Afrique du Sud et au Brésil. Quel hasard !


(crédit photo : office de tourisme de Saariselkä)
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10 mars 2010 3 10 /03 /mars /2010 22:17
La question pouvait se poser pour le conseil "jumbo" du 26 avril qui se déroule à Luxembourg, vu la complexité de l'organisation de ce conseil d'ordinaire (*). On pouvait se demander qui le présiderait... Ne cherchez plus ! Ce sera Cathy Ashton, la diplomate en chef de l'UE. Ses proches me l'ont spécialement confirmé. « La Haute représentante de l'UE présidera bien ce conseil des ministres de la Défense ». Les horaires seront aménagés afin que les conseils des ministres de la Défense et des ministres des Affaires étrangères qui d'ordinaire se déroulent en parallèle (*), puissent être présidés, tous deux, par la Haute représentante. La leçon de Palma de Majorque a porté...

(*) Jusqu'à présent se déroulaient 2 ou 3 conseils se chevauchant : un conseil "Défense" non décisionnel, un conseil "Défense" en format "conseil d'administration de l'Agence européenne de défense" décisionnel, un conseil "Défense + Affaires étrangères", un conseil "Affaires étrangères", suivi éventuellement d'un conseil "Développement" ou "Affaires étrangères-développement.
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6 mars 2010 6 06 /03 /mars /2010 14:30

AshtonBureauEquipe2-Ebs100305.pngDans son document cadrant le futur service européen d'action extérieure, Cathy Ashton indique aussi comment pourrait être composée la future structure, au point de vue hiérarchique et organisationnelle. C'est-à-dire la première esquisse de l'organigramme. Reste à définir, plus précisément, les rattachements hiérarchiques et, surtout, à remplir chaque case. Les couteaux sont tirés...

 

NB : la France a présenté au poste de secrétaire général, la candidature de Pierre Vimont, actuel ambassadeur à Washington, ancien directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères (d'abord Michel Barnier puis Philippe Douste-Blazy), il a commencé sa carrière à Londres.

La structure hiérarchique

La structure comportera 4 niveaux hiérarchiques.

- Au niveau supérieur, un secrétaire général. Ce sera une personne "en charge", responsable, et rapportant directement à la Haute représentante/Vice présidente de la Commission, supervisant l'ensemble de l'organisation et la représentant à l'extérieur. Cette appellation renvoie à ce qui existe dans certains Etats membres et dans les autres institutions européennes. Le profil de ce Secrétaire général est défini : combiner de « fortes capacités managériales » et un solide jugement politique ». Il sera flanqué d'un adjoint. Le secrétaire général et le secrétaire général adjoint seront aptes à remplacer la Haute représentant de façon subtantielle dans certaines situations. Dans d'autres cas, si la HR/VP ne peut être présente, une « alternative » peut provenir des Commissaires ou des Ministres des Affaires étrangères.

- Les directeurs généraux. Un nombre limité couvrant les fonctions basiques a été identifié, l'existence de directeurs généraux adjoint doit être prévue. Certains d'entre eux auront des responsabilités géograhiques, d'autres couvriront la gestion de crises, les questions horizontales, de ressources, de coordination, les communications stratégiques et de planification politique. Quant à la position exacte d'un "Directeur politique" - ou d'une fonction similaire, elle doit (encore) être définie ».

- Les directeurs et conseillers principaux : Leur nombre dera assurer le dédoublement des zones de compétence du secrrétaire général adjoint et des directeurs généraux. Certains pourront être attachés directement au secrétaire général.

- les chefs d'unité et conseillers.

Les blocs de compétence

Le service central. Selon les premières indications, le SEAE devrait être composé à la fois d’un noyau central de diplomates et d’experts administratifs, assez important, basé à Bruxelles, d’environ 2000 personnes (le service central). Il reposera essentiellement sur l’ossature de l’actuelle direction générale des Relations extérieures (RELEX) et de certaines unités de la DG Développement - et des services du Conseil des Ministres de l’UE, notamment : sa direction des relations extérieures (Dir E) et son unité politique (voir organigramme actuel). Il intégrera les structures civilo-militaires, mais pas trop, pour qu'ils gardent leur spécificité.

Il regroupera plusieurs blocs de compétence :

- les desks géographiques qui intégreront également les représentants spéciaux avec un mandat géographique ;

- les structures de gestion de crises = Etat-major militaire, SITCEN, CMPD et CPCC ;

- un ensemble d'unités thématiques (droits de l'homme, Etat de droit, non-proligération, questions de sécurité - crime organisé, terrorisme, cyber-sécurité) ;

- la coordination et les relations interinstitutionnelles ;

- le soutien pour la présidence du Conseil des Affaires étrangères : les services généraux (ressources humaines, service juridique, sécurité) ;

- la diplomatie publique (communication stratégique, dialogue avec la société civile, ONG...) ;

- le planning politique.

 

A l’extérieur, les « ambassades » de l’Union européenne reprendront, en grande partie, le dispositif déjà déployé par la Commission européenne qui a 134 délégations. Les représentants spéciaux de l’UE "qui ont un mandat géographique" (Soudan, Géorgie, Afghanistan…) seront intégrés.

(crédit photo : Conseil de l'UE - Tv)

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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 08:23
AshtonTarmacHaiti-E100303-copie-1.jpg(Humeur) On a beaucoup glosé de ci, de là sur les erreurs de Cathy Ashton, la Haute représentante de l'UE, durant ces premiers 100 jours. Et effectivement des erreurs il y en a eu : du cabinet trop étriqué, venant du Commerce, et peu ouvert à la diplomatie et, encore moins, aux questions de sécurité à l'absence au Conseil informel des ministres de la Défense, en passant par le parachutage de José-Vale de Almeida à Washington, ou sa faiblesse de réaction en Haïti. Inutile d'y revenir. Maintenant, il est temps à "Cathy" de prouver ce qu'elle peut et sait faire.

La tâche qui l'attend n'est pas négligeable. Je n'en citerai que deux : 1) négocier et mettre en place le Service européen d'action extérieure, 2) mettre en place les structures nouvelles de sécurité commune (coopération structurée permanente, fonds de lancement...). Le tout en faisant face à l'actualité géopolitique internationale, en se déplaçant aux quatre coins de la terre et en prêtant le flanc aux 1000 critiques. Pas facile...

Il y a cependant une évolution qui semble souhaitable, à mon sens. La Haute représentante aurait intérêt à abandonner "le café de la Commission" (1) pour s'établir dans un autre bâtiment, distinct. Ce n'est qu'un symbole. Mais la diplomatie c'est cela aussi. C'est un pas nécessaire pour s'affranchir de tout soupçon d'être aux mains de la Commission, ou de certains Etats membres. Les choses ne seront pas plus faciles après. Mais elles seront plus claires !

(1)
Ashton, nouvelle HR, apôtre de la démocratie tranquille... et du café de la Commission

(Photo : Commission européenne. Catherine Ashton sur le tarmac de l'aéroport de Port au Prince, Haïti)
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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 05:06
AshtonHelicoCastilla-E100303.jpg(Analyse) Cathy Ashton a intérêt à rester couverte, et garder son casque et son pilote d'hélicoptère, quand elle reviendra à Bruxelles (comme sur cette photo prise sur le tarmac de Port au Prince à Haïti lors de la visite aux troupes espagnoles). Pour négocier les contours et le statut du nouveau service diplomatique de l’Union, et passer toutes les embûches, la Haute représentante aux Affaires étrangères en aura bien besoin.

Une question très politique. La création de ce service est, en effet, un vrai champ de mines que chacun va s'empresser de poser sous ses pieds. Logique. Dans nombre de pays, l'organisation de la diplomatie est un domaine très sensible qui dépend bien souvent du domaine réservé du président (régime présidentiel) ou d'un kern restreint (régime parlementaire de coalition). Il est, en quelque sorte, inséparable de l'histoire de certains pays. Et la nomination d'un ambassadeur est souvent matière à récompenser un fidèle fonctionnaire ou un homme politique d'un certain rang. Les Etats membres vont donc devoir consentir à quelques abandons de souveraineté, au moins apprendre à partager avec les autres. Du coté de la Commission européenne, qui se voit en quelque sorte dépossédée de "ses" délégations, la tentation est également très grande de défendre, autant que possible, becs et ongles, ses prérogatives. Au milieu de cela, il y a ... Cathy Ashton, et son casque.
On peut donc comprendre que la bataille sera rude, non seulement sur les noms proposés mais sur les modalités de nomination, le statut, etc... Pas durant plusieurs semaines mais... durant plusieurs années.

Le jeu en vaut la chandelle. Le service diplomatique sera à terme important. Environ 8.000 personnes devraient travailler sous les ordres de Cathy, sans compter les effectifs des missions civiles et militaires de la défense (plus de 10.000 personnes déployés sur une dizaine de zones sensibles, de l’Afghanistan au Congo). Quand tout sera organisé, l’UE disposera alors d’un des services diplomatique, de défense, et humanitaire les plus puissants au monde qui pourraient lui donner une force de frappe aussi importante que l’Euro l’est en matière monétaire. Mais avant d’arriver là, il y a un intense travail de restructuration administrative et budgétaire tout autant que de négociation politique à mener. Au point qu'on peut dire qu'avant d'être une super-diplomate, Ashton devra être une super-DRH...

Une super DRH... L’échéance d’avril paraît bien courte pour certains proches du dossier, pour boucler toutes les décisions. Un important travail doit, en effet, être réalisé au niveau du statut des personnels. Les discussions ont commencé assez tard — tout le monde attendait la ratification du Traité de Lisbonne pour entamer vraiment les débats — et les questions sont nombreuses. Quel statut régira les diplomates européens d’un nouveau genre ? A priori, un statut unique. Mais les statuts de la Commission européenne et du Conseil sont déjà différents. Il faut les harmoniser. Quant au personnel venu des Etats membres, il y a là une réelle inconnue : sous quel statut et le contrat les engager ? Jusqu’ici, ils bénéficiaient d’un statut ad hoc, d’expert national détaché, notamment, un contrat limité dans le temps. Une des options sur la table reprenait ce statut, mais les Etats membres veulent être placés sur un pied d’égalité avec les fonctionnaires européens. Ils estiment que ceux-ci doivent, aussi, avoir un contrat limité dans le temps. Le seul hic relevé par les juristes est que le Traité de Lisbonne a introduit un distinguo, subtil mais réel indiquant que le service se compose de « fonctionnaires des services compétents du secrétariat général du Conseil et de la Commission et de personnel détaché des services diplomatiques nationaux ».

Un changement profond de culture. L’action extérieure de l’UE ne part pas de rien. Il y a des délégations dans presque tous les pays (voir ci-dessous). Mais bien souvent, dans nombre de lieux, le travail d’un chef de délégation de la Commission européenne a essentiellement pour tâche de gérer et contrôler l’attribution des fonds par la Commission (pour le développement, le voisinage…), travail différent de celui d’un réel ambassadeur, plus politique. A l’inverse, les représentants spéciaux envoyés par l’UE effectuent un travail éminemment politique et diplomatique, avec une part de gestion réduite. Entre civils et militaires, entre fonctionnaires de la Commission — soumis à une forte hiérarchie et davantage orientés vers la gestion de programme —, et ceux du Conseil — plus petite organisation, habituée à une hiérarchie courte et plus politique —, sans compter les diplomates nationaux, il y a aussi un abîme et des cultures fort différentes qu’il va falloir marier, avec harmonie. Il faudra une certaine dose d’habilité et d’autorité pour mener à bien cette restructuration.

  • Quelques trous dans la couverture "diplomatique" de l'UE. L’Iran est le principal manque, la Birmanie et la Corée du Nord également (et la Somalie, mais les questions de sécurité empêchent tout établissement). L’Océan indien et le Golfe d’Aden restent particulièrement mal couverts : Bahrein, Comores, Emirats Arabes unis, Koweit, Oman, Qatar, Seychelles !… n’ont pas de délégation. L’Asie centrale comporte quelques pays où la représentation européenne est assurée par un autre pays (souvent d'Europe de l'Est) : Mongolie, Ouzbékistan, Turkménistan.

(Crédit photo : Commission européenne! Catherine Ashton sur le tarmac de Port au Prince en visite troupes espagnoles du Castilla déployées à Haïti)
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Derrière les murs, la politique (européenne) des affaires étrangères (PESC), de sécurité et de défense commune (PeSDC) est décryptée. Stratégie, politique, gestion de crises, industrie ou transport aérien militaire, surveillance maritime et protection civile...Missions militaires et civiles de l'UE (Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Géorgie, Moldavie / Ukraine, Afghanistan, Irak, Palestine, Congo RDC, Guinée-Bissau, Haïti, Océan indien, Somalie, Tchad).

logo_ouestfrancefr.pngL'éditeur : Nicolas Gros-Verheyde. Journaliste, correspondant "Affaires européennes" du premier quotidien régional français Ouest-France après avoir été celui de France-Soir. Spécialiste "défense-sécurité". Quelques détails bios et sources.