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4 mars 2010 4 04 /03 /mars /2010 11:00
Le futur service européen d'action extérieure (SEAE ou EEAS en anglais) est un enjeu de grandes discussions : entre les Etats membres, qui veulent leur part mais aussi avec la Commission. Aussi le premier papier "écrit" de Catherine Asthon était-il attendu avec attention.

Dénommé « A step change in external policy for The Union : delivering on the promise of the Lisbon Treaty », d'une bonne dizaine de pages, il trace les grands principes de ce que sera la future décision du service extérieur. Il précise également le périmètre du nouveau service. Il a donné lieu à une première discussion au sein des ambassadeurs des 27, mercredi. Les ministres des Affaires étrangères, réunis vendredi et samedi à Cordoba (Espagne), en réunion informelle (gymnich), se pencheront à leur tour sur la question.

J'ai pu lire, attentivement, ce document. Voici quelques éléments et quelques commentaires.

Principes directeurs

Le service extérieur aura pour première fonction d'assister le Haut représentant dans l'exéution du mandat. Il assistera également le président du Conseil européen, le président et les membres de la Commission dans leurs fonctions ("coherent policy advice and briefing").

Le service extérieur sera placé sous l'autorité du Haut représentant. Les délégations de l'Union en feront partie. Le Haut représentant sera responsable devant le Conseil et le Parlement européen de le SEAE comme un "service autonome, séparé des autres institutions, et doté de son propre budget". Cela peut paraître évident mais c'est une revendication de plusieurs Etats membres (notamment la France et le Royaume-Uni) qui ne veulent pas voir glisser ce service vers la Commission européenne. Ils veulent garder à la politique étrangère son coté "intergouvernemental.

L'égalité du recrutement
, dans ses trois sources (Commission, Conseil, Etats membres) est rappelé à plusieurs reprises. La décision soulignera que « aucune distinction ne doit être faite entre le personnel des services diplomatiques nationaux et les agents venant du Conseil ou de la Commission pour la répartition des tâches et les conditions de travail ».
Principes budgétaires et programmation financière

Le SEAE aura un rôle important de programmation des instruments financiers qui restent un des instruments privilégiés d'influence de l'UE. Pour certains instruments, comme l'ENPI (instrument de politique de voisinage et de partenariat) et l'IPA (Instrument d'assistance à la pré-adhésion), ils sont « clairement hors du centre de gravité du Service ».

En revanche, un débat va avoir lieu autour de la maîtrise du Fonds de développement (FED) et de l'Instrument de coopération et de développement (DCI). Le document propose trois options :
 - pleine compétence du Service aux trois étapes clés de la programmation (allocations par pays, papiers stratégiques, programmes indicatifs régional et national) ;
- compétence de la Commission à la 3e phase et suivantes de programmation ;
- partage géographique : compétence de la Commission pour le FED (pays ACP), et compétence du Service pour les pays DCI (Asie et Amérique latine).
Dans tous les cas la mise en oeuvre de ces mesures sera faite avec la Commission (actuellement AidCo).
  • NB : pour la France (comme pour le Royaume-Uni) la troisième solution est exclue. Il ne peut être question comme l'explique un diplomate « qu'un fonds comme le FED qui a des ressources nationales.
Le cycle de programmation sera conçu en étroite collaboration entre le SEAE, les délégations et les services de la Commission. Le processus de coordination « résultera de décisions collégiales de la Commission ».

Le budget du SEAE sera autonome, le règlement financier devra être amendé. Mais le principe est que le nouveau service devra être conçu selon le principe de la neutralité budgétaire. « Le budget devra être rationalisé autant que possible dans les limites du traité ». Il couvrara le dépenses administratives relatives au personnel du SEAE, à Bruxelles comme dans les délégations.

Sécurité, protocole et questions générales

Le haut représentant sera non seulement l'AIPN (autorité investie du pouvoir de nomination) mais aussi l'autorité de sécurité du SEAE. Celui-ci établira son propre règlement de sécurité.
  • NB : la problématique de la sécurité va surgir à mon sens très rapidement. A partir du moment, où le SEAE va s'établir et les délégations de la CE devenir des "ambassades de l'UE", des problèmes de sécurité vont rapidement se poser dans de nombreux pays. Manifestations devant le siège, demandes d'asile..., la transformation en cours est plus profonde qu'il n'y paraît. Et l'UE apparaîtra désormais en première ligne, là où auparavant seuls les Etats membres étaient sur le devant de la scène.
Il y aura aussi des questions plus générales à régler : protocole, privilèges et immunités, protection des données, accès aux données, relations avec Euratom (qui ne fait pas partie de l'UE).
  • NB : Questions qui ne sont pas mineures. En effet, aujourd'hui, seuls le chef de délégation de la CE, les représentants spéciaux de l'UE  et certains agents sont inclus dans le périmètre de protection diplomatique. Il faut éténdre cette protection à tous les agents des ambassades de l'UE.

Principes d'organisation du service

1. Organisation par bureaux géographiques. Le SEAE sera constitué essentiellement autour de bureaux géographiques ou thématiques. Ils auront pour tâche de gérer des relations politiques et un rôle de coordination pour les relations avec tous les pays et régions du monde tout autant que les solutions multilatérales. Il y a un accord général que ces bureaux ne devront pas être dupliqués, ni au secrétariat du Conseil, ni à la Commission. Cela suppose que ces bureaux devront prendre en compte certaines responsabilités (commerce, développement, aide humanitaire, élargissement et négociation de pré-adhésion) qui sont du ressort de DG de la Commission.

2. Les structures civilo-militaires de crise

Etat-major militaire, Direction civile de planification et de gestion de crises (CMPD), Etat major civil (CPCC) seront partie intégrante du SEAE. Tout comme le Centre de situation (SITCEN). Le SITCEN continuera, cependant, à fournir ses services aux autres instances, notamment le Conseil europén, les présidents des formations compétentes du Conseil (Justice et Intérieur pour l'aspect terrorisme notamment), le préisndet de la Commission et les commissaires.

Dans les procédures et conditions d'embauche, est-il mentionné explicitement, il faudra tenir compte de la « nature spécifique » de certaines fonctions, pour le personnel militaire comme pour celui du personnel spécialisé du SITCEN.
  • NB : la France considère que la chaîne de commandement et que les spécificités soient strictement respectés. Et que le rattachement direct au Haut représentant soit respecté. Il y a clairement une crainte d'un glissement des structures civilo-militaires vers la Commission.
Les autres agences — Agence européenne de défence (Bruxelles), Centre satellitaire de l'UE (Torrejon), collège de défense de l'UE (Bruxelles), Institut de l'UE pour les études de Sécurité (Paris) — seront "prises en considération". Mais détail n'est précisé.
  • NB : c'est assez logique car ce n'est pas la décision sur le SEAE qui fixe le fonctionnement de ces agences (le collège n'en est pas une, selon moi). Mais des décisions spécifiques, qui doivent donc être modifiées pour tenir compte la nouvelle donne du Traité (Haut représentant, SEAE, ...).

3. Des services de soutien

Le SEAE sera doté des fonctions essentielles de gestion, ce sous la responsabilité d'un Secrétaire général. « L'objectif est de créer un service unique avec un budget unique et une politique unique de ressources humaines, avec des services de soutien et de fonctionnement, sous l'autorité du Haut représentant ». Au besoin, la décision définira dans quelles conditions les services de soutien peuvent être fournis par d'autres institutions à travers des "Service Level Agreements".
  • NB : Il ne peut cependant être question pour le SEAE de déléguer à la Commission les fonctions de gestion du personnel ou budgétaires. Cette autonomie totale vis-à-vis de la Commission est d'ailleurs une revendication des grands Etats membres (France & Royaume-Uni).
  • Sous l'autorité du secrétaire général seront ainsi regroupées les actuelles Directions I, K et L. (voir l'organigramme actuel)
Des "arrangements de travail" entre le Haut représentant, le Conseil, la Commission, comme le Parlement, viendront préciser les relations entre les diverses institutions.

4. Les délégations de l'UE.

En complément du personnel du SEAE, les délégations de l'UE devront être composées de personnels de la Commission et du Conseil, autant que nécessaire, notamment pour assurer une couverture spécialisée dans certains domaines de politique sectorielle et pour assurer l'application des instruments financiers.

L'autorité hiérarchique sera exercée par le chef de délégation pour "tous" les membres du personnel de la délégation. Et il sera responsable de la genstion, coordination et supervision dans tous les domaines de travail de la Délégation. Il sera responsable de l'exécution de toutes les instructions données tant par le HR que par les présidents du Conseil européen et les membres de la Commission.
  • NB : Autrement dit, le chef de délégation reproduira le "double chapeau" qui caractérise la fonction de Haut représentant, à cheval entre Commission et Conseil. Ce devra être un "politique" et un "gestionnaire". Il supervisera tant le travail diplomatique proprement dit que la gestion des instruments financiers du SEAE, ... comme ceux de la Commission.
Une procédure de recrutement « transparente », sera mise en place « aussi vite que possible » par le HR, « basée sur le mérite avec l'objectif d'obtenir des services de haute valeur de disponibilité, d'efficacité et d'ingréation aussi bien que d'assurer un équilibre géographique et également de promovoir une égalité des sexes ». Des accords provisoires devront être aussi pris pour le transfert des différents départements du secrétariat du Conseil et de la Commission, « sous l'autorité du HR en tant qu'AIPN (autorité pourvue du pouvoir de nomination).
  • NB : on connaît la sensibilité de ce point. Autant dire que tous les mots, les virgules de la future décision seront appréciés et soupesés avec soin.
Le principe de rotation est indiqué noir sur blanc : « rotation à l'intérieur du service, tant dans les services centraux  (headquarters) qu'entre les services centraux et les délégations »
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4 mars 2010 4 04 /03 /mars /2010 11:00

A sa casquette de super-diplomate, Catherine Ashton doit ajouter celle de super DRH, pour constituer tout d'abord l'organigramme du futur Service européen d'action extérieur (SEAE), puis ensuite de remplir les "cases" avec des directeurs.

Pour avoir une idée d'où on part, voici les principales têtes actuelles des différents services, avec une biographie (plus ou moins longue) et leur nationalité. On remarquera une certaine présence des Britanniques, des Néerlandais et des Français - ce qui n'est pas illogique - et un peu moins des Allemands - ce qui est moins logique. Attention ! Certains informations demandent encore à être complétées.


I. Les Services centraux

 

• DG Relex (Commission européenne) : 

 

L'actuel DG Relex, Joao Vale De Almeida (Portugais), ancien chef de cabinet du président de la Commission Barroso (2004-2009), est sur le départ pour l'ambassade de l'UE à Washington. En attendant, le poste peut être occupé par un directeur général faisant fonction.

 

Trois directeurs généraux adjoints (DGA)

kovanda_karel1x.jpg- Karel Kovanda (Tchèque) - chargé de la PESC, des relations multilatérales, Amérique du Nord, Asie de l'Est et Pacifique. Diplomate tchèque. Né en octobre 1944 à Gilsland, Grande-Bretagne, il est diplomé de l'école d'agriculture de Prague, a un doctorat en sciences politiques du MIT (1975) et un MBA de l'université de Pepperdine de Californie (1985). Lecteur à l'université de Californie du Sud, il exerce ensuite différentes activités de consultant à Radio Pékin à gérant de société privé, traducteur ou journaliste freelance aux USA (1980-1990). A son retour en république tchèque, en 1991, il devient chef de la section administrative du ministère des Affaires étrangères (1991-93), puis directeur politique, chargé des relations bilatérales avec l'Europe et l'Amérique du nord. Représentant permanent aux Nations-Unies (1994-95) pui au Conseil de sécurité (1996) et au Conseil économique et social de l'ONU, il devient vice-ministre des Affaires étrangères sous Vaclav Havel (1997-1998) puis ambassadeur à l'OTAN à Bruxelles (1998-2005).

- Hughes Mingarelli (Français) - chargé de l'Europe de l’Est, Caucase du Sud et Asie Centrale, Moyen Orient et Méditerranée Sud. Un ancien de l’Agence de reconstruction en ex-Yougoslavie (2000-2002), responsable des relations Ukraine Belarus, moldova et ex Cei à la DG Relations extérieures (1999-2000), desk officer Nigeria DG Développement (avant 1990), à la Cour des comptes (1982-87).

- Stefano Sannino (Italien) : Asie, Amérique latine. Diplomate italien, ancien du Cabinet Prodi. Comme diplomate italien, il a occupé différents postes, notamment chef de mission adjoint à l'ambassade d'Italie à Belgrade (1993-1995) et chef de la mission de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) auprès de la République fédérale de Yougoslavie (2001-2002), avant de rejoindre la Commission européenn. Il rejoint la Commission européenne et le Cabinet Prodi en 2002, comme conseiller pour les relations extérieures et le commerce. Il a notamment été le sherpa au G8. En 2005, il a été nommé directeur chargé de la plateforme de crise et représentant au COPS, au sein de la DGRelex . De 2006 à 2008, il a été détaché au cabinet du Premier ministre italien en tant que sherpa du G8 et conseiller principal pour l'UE et les affaires internationales, avant de revenir à la Commission en 2008 comme directeur chargé de l'Amérique latine.


Trois directeurs, directement rattachés au Directeur général

- Directeur I (Ressources au siège, information, relations interinstitutionnelles) : Tung-Lai Margue (Luxembourgeois), un ancien de la DG justice, chargé notamment de la lutte anti-terroriste.

- Directeur K (service extérieur) : Patrick Child (Britannique), ancien chef de cabinet de Chris Patten et de Benita Ferrero-Waldner (commissaire aux Relations extérieures), de la DG Elargissement.

- Directeur L (Stratégie, coordination et analyse) : Gerhard Sabathil (Allemand)

 

• la DG E (affaires extérieures) (Conseil)

dirigée par Robert Cooper (Britannique)

- la Policy unit est dirigée par Helga Schmid (Allemande)


Les structures civilo-militaires (Conseil et Haut représentant).

• L'État-Major militaire de l’UE (DG EMUE) : Général David Leakey (Britannique) puis Général Ton Van Osch (Néerlandais), à partir de mai.

Adjoint : Contre-Amiral Fernando Lista (Espagnol)

• La Direction civilo-militaire (CPMD) : Claude-France Arnould (Français). Lire : Claude-France Arnould prend la tête de la nouvelle direction.

 

  • L'État-Major Civil (CPCC) : Kees Klompenhouwer (Néerlandais)

 

• Le Centre de renseignement (SITCEN) : William Shapcott (Britannique), ancien diplomate du Foreign Office.


II Les délégations extérieures

Le service extérieur - proprement dit = les ambassades de l'UE - sera constitué des délégations de la CE et des délégations de l'UE voire des représentants spéciaux.

• Délégations de la CE. La Commission compte environ 134 délégations dans les pays tiers et les pays candidats (l'annuaire des délégations). Certaines ne comptent que quelques personnes, d'autres plusieurs dizaines. En tout, elles emploient près de 5.400 personnes. Soit déjà un très sérieux embryon pour le futur service diplomatique. De
rnière ouverture en date : Tripoli (Libye). Certaines pays, en revanche, ne sont pas couverts : l'Iran par exemple.

Délégations de l'UE. Il y en a notamment dans les organisations internationales à l'ONU à Genève et New-York. Ce sont ces deux missions d'ailleurs qui devraient fusionner le plus rapidement.

A cela, il faut ajouter les missions civiles et militaires de l'UE, qui ne devraient pas - en tant que telles - faire partie du SEAE, mais disposent cependant d'effectifs déjà répartis dans plusieurs points chauds du globe (Kosovo, Océan indien, Géorgie, Afghanistan, Palestine, Congo, Guinée-Bissau Irak).

III. Comités et groupes de travail du Conseil

Ces comités continuent d'exister et de travailler au sein du Conseil des Affaires étrangères dont ils préparent les travaux. Seuls deux d'entre eux sont prévus expressément par les Traités : le COPS et le Comité militaire. Les autres sont prévus par le règlement intérieur du Conseil

- Comité politique et de sécurité (COPS) : président fixe, à désigner par le haut représentant, ambassadeur espagnol en attendant.

- Comité militaire : Général Hakan Syren (Suèdois), présidence fixe pour 3 ans élus par ses pairs

- Comités PESD et PESC (1) : présidence espagnole jusqu’au 30 juin, fixe à partir du 1er juillet, à désigner par le Haut représentant.

- Comités géographiques (2) : présidence espagnole jusqu’au 30 juin, belge jusqu’au 31 décembre, fixe à partir du 1er janvier 2011, à désigner par le Haut représentant.


 (1) Groupe politico militaire (PMG), de gestion des crises civiles (CIVCOM), la politique des armes (COARM) — ainsi que certains comités horizontaux de la politique étrangère (PESC) : le Nicolaidais Group (qui vient en soutien de la PESC, COHOM (droits de l'homme), le COSCE (Osce et Conseil de l'Europe), le CONUN (Nations-Unies, le protocole et affaires administratives de la PESC (COADM), le CODUN (contrôle des armes et désarmement), le CONOP (non-prolifération), le COARM (export des armes conventionnelles).

(2) Comités géographiques : Mashreq/Maghreb (COMAG/Mama), Asie centrale et Europe de l'est (COEST), Balkans (COWEB), Moyen-Orient (COMEM'MOG), Asie Océanie (COASI), Amérique latine (COLAT), Relations transatlantiques (COTRA), Afrique (COATR).

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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 08:05

L'ambassadeur danois auprès de l'UE, Poul Skytte Christoffersen, vient renforcer l'équipe de Catherine Ashton, la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité commune. Il a une longue expérience diplomatique européenne. On pourrait presque dire qu'il n'a fait que cela. C'est une arrivée salutaire pour Ashton. Il a le titre de conseiller spécial et va s'occuper essentiellement de mettre en place le futur service européen d'action extérieure.

Premier secrétaire à la représentation permanente du Danemark auprès de l'UE en... 1977 soit peu de temps après l'entrée du royaume de la Petite sirène dans la CEE (en même temps que le Royaume-Uni), Christoffersen a ensuite été chef de cabinet du secrétaire général du Conseil (qui ne s'appelle pas encore de l'Union européenne) de 1980 à 1994. Après un détour par Copenhague, il revient à Bruxelles comme représentant permanent du Danemark auprès de l'UE de 1995 à 2003 - il assure notamment ce rôle durant la présidence danoise de 2002, qui met la dernière main aux négociations d'adhésion des pays d'Europe centrale et orientale. Il fait un saut à Rome, de 2003 à 2005 (comme ambassadeur auprès de l'Italie et des organisations de l'ONU présentes dans la capitale italienne : FAO, PAM et IFAD), avant de revenir à ses premiers amours... Bruxelles. Il sera de 2006 à 2009 le chef de cabinet de la commissaire à l'Agriculture, Marian Fischer Boel.

Agé de 64 ans - il est né le 9 janvier 1946 à Haastrup (Danemark) - il est diplômé d'un masters of Economics de l'université de Copenhague et a étudié au Collège européen de Bruges en 1973. Il a fait ensuite ses premières armes au ministère des Affaires étrangères danois.

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25 février 2010 4 25 /02 /février /2010 11:25
Cmi-Defense--Esp100225.jpg(A Palma de Majorque) L'absence de Catherine Ashton (la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité commune) de la réunion informelle des ministres de la défense continue de faire jaser. « Son absence a été diversement appréciée autour de la table » a commenté Hervé Morin, le ministre Français, devant quelques journalistes en début de matinée. « Je trouve particulièrement savoureux que nous devons évoquer les questions des relations entre l'UE et l'OTAN, que le secrétaire général de l'OTAN soit là et qu'il n'y ait personne pour l'UE, pour la première réunion mise en place du Traité de Lisbonne. » Propos repris en séance par plusieurs ministres : le Belge Pieter De Crem et le Hongrois Imre Szekeres notamment... (deux pays qui vont succéder à l'Espagne pour la présidence de l'UE). Un constat partagé, coté allemand, de façon officieuse...

Avertissement diplomatique... « Elle nous a manqué » a précisé, fort diplomatiquement, un haut responsable de la délégation, accompagnant sa réflexion d'un froncement de sourcils pour bien faire comprendre la signification négative de son commentaire. « Il faut espérer qu'à l'avenir son agenda soit mieux planifié. » « Nous espérons surtout que madame Ashton puisse rapidement nous présenter des propositions sur le service d'action extérieur. Il est temps » a-t-il ajouté expliquant combien il est difficile d'avoir une discussion au niveau ministériel, avec des responsables de l'administration européenne étaient autour de la table, dont on ne sait pas très bien où ils se situent dans la future hiérarchie.

(crédit photo : présidence espagnole)

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24 février 2010 3 24 /02 /février /2010 18:18
CarmeChaconMinDefens-Esp100225.jpg(Palma de Majorque) Face à l'absence de Catherine Ashton, la Haute représentante de l'UE, certains ministres jouent l'indifférence. « Nous aurons d'autres occasions de parler avec la Haute représentante » me précise Christian Schmidt, le secrétaire d'Etat parlementaire allemand à la Défense. « Et nous allons pouvoir échanger avec le secrétaire général de l'OTAN », qui est là, ajoute-t-il sans ironie aucune.

D'autres n'y vont pas avec le dos de la cuillère, comme le secrétaire d'Etat néerlandais, Jack De Vries, qui envoie un petit mot sur Tweeter, entre deux réunions, disant tout haut ce que tous pensent tout bas : « We hebben nu dan wel een EU-president en Hoge Vertegenwoordiger, maar die, mw. Ashton, schittert door afwezigheid. Solana was er altijd » (nous avons bien maintenant un président de l'UE et un Haut représentant. Mais madame Ashton a brillé par son absence. Solana (lui) était toujours là).
Le ton est donné !

Les Espagnols regrettent. La présidence espagnole était amère et n'a pu s'empêcher de la faire savoir. Carme Chacon a ainsi, devant ses homologues, « regretté l'absence de la Haute représentante au moment de la mise en oeuvre du Traité de Lisbonne ». Et sur le document de présentation de l'informelle, la présidence a bien pris soin de rajouter que le « secrétaire général de l'Alliance Atlantique, Anders Fogh Rasmussen, est attendu à la séance de travail ». La présidence espagnole a tout tenté, jusqu'à mettre à sa disposition un avion de Madrid à Palma de Majorque. Même si le directeur général du ministère, Luis Cuesta, tente de dissiper le différend — « Nous avons préparé cette réunion en étroite coordination avec la Baroness Ashton. Et nous comprenons les raisons pour lesquelles elle n'est pas là » —... le mal est fait !
Cette absence de la Haute représentante, ou plutôt le refus d'être présent, sonne comme une gifle pour les Ibères.

Les Européens orphelins. Dans les rangs des officiels européens, les visages sont légèrement crispés, même s'ils n'en paraissent rien. On sent un petit peu d'abandon, comme un sentiment d'orphelins. Pour l'UE - et pour la Commission européenne - qui a toujours défendu d'être présent à la table des ministres -, cela ressemble aussi à une sévère gifle. 
Comme l'a résumé, en séance, le ministre Bulgare de la Défense, Anyu Angelov : c'est « dommage » ! Au point que la ministre britannique, la Baroness Ann Taylor de Bolton, s'est sentie obligée de monter au créneau, à son tour, espérant (perfidie suprême) que la Haute représentante pourra au conseil (jumbo affaires étrangères / défense) de fin avril (à Luxembourg), donner son rapport sur le service extérieur...

Une attitude totalement incompréhensible. Pour essayer de comprendre cette absence, on peut avancer plusieurs explications. Je passe sur l'agenda : assister à l'intronisation d'un dirigeant ukrainien, qui n'est pas le plus parfait des démocrates, qui sera de surcroît reçu à la Commission européenne lundi
est tout sauf une bonne excuse. D'autant que la politique de voisinage ne tombe pas dans l'escarcelle du Haut représentant, stricto sensu. D'autres raisons peuvent être avancées, plus personnelle ou plus politique : 1) volonté de revanche sur la présidence espagnole, 2) souci de marquer son territoire et son indépendance par rapport aux Etats membres, 3) manque de vision politique, 4) prisme personnel considérant que la diplomatie est plus importante que la politique de défense, 5) prisme britannique estimant que l'OTAN suffit pour la politique de défense européenne et qu'il n'y a pas nécessité d'avoir une politique de défense commune de l'UE, etc... Aucune n'est franchement satisfaisante. Je dois l'avouer.

Il est un fait avéré : en ne venant pas, politiquement, diplomatiquement, professionnellement, la Haute représentante a marqué un but contre son camp, contre une meilleure coordination des politiques européennes, dont c'est justement le thème ce jeudi !

(crédit photo : présidence espagnole de l'UE)

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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 20:09
Comment assurer la nomination des chefs de délégation de la Commission européenne qui deviennent des ambassadeurs de l'UE sous l'empire du Traité de Lisbonne ? La question est très sensible, politiquement, comme déjà mentionné (1). Elle est aussi complexe, juridiquement, comme les ambassadeurs des 27 ont pu s'en apercevoir, vendredi dernier, lors d'une séance de travail avec le jurisconsulte du Conseil, jeudi dernier. Nous sommes, en effet, dans une phase transitoire, de vide juridique. Explications que m'a fournies un juriste avisé...

D'un coté, en effet, la Haute représentante de l'UE a normalement la haute main sur « la politique étrangère et de sécurité commune de l'Union » qu'elle « exécute en tant que mandataire du Conseil ». Et depuis le 1er décembre 2009, « Les délégations de l'Union sont placées sous (son) autorité », comme le précise le Traité (article 18 du TUE et article 221 du TFUE). Cette disposition est « claire, précise et directement applicable ». A la Haute représentante, donc, de donner des instructions aux chefs de délégation (et non au DG Relex).

De l'autre coté, la décision sur l'organisation et le fonctionnement du service européen pour l'action extérieure n'est pas encore adoptée. Et donc « la Haute représentante n'est pas investie du pouvoir de nomination (AIPN) ».

Pour sortir de l'impasse, les juristes (qui ont plus d'un tour dans leur sac) ont proposé une solution acceptable pour tous : appliquer les règles (anciennes) qui restent en vigueur « en tenant compte des dispositions du Traité de Lisbonne quand cela est possible juridiquement ». En clair : nomination des ambassadeurs de l'UE
par la Haute représentante (HR), avec association des Etats membres et du secrétariat du Conseil à la procédure de sélection des candidats. Un gentleman agreement, conforme avec ce qu'a proposé Catherine Ashton, la Haute représentante de l'UE, dans une "note" présentée au Coreper sur le processus de rotation 2010. On comprend donc la fureur de la plupart des délégations qui travaillant la question ont appris la nomination du chef de délégation à Washington, sans respect de ce gentleman agreement.

(1)
Le dossier "Vale de Almeida" fait des vagues au Conseil
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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 19:20
C'est une note de Joao de Vale Almeida, le directeur de la DG relex, envoyée à tous les chefs de délégation en fin d'année. Elle donne mission à 54 d'entre eux d'exercer, dès maintenant, en plus de leurs fonctions de chef de délégation de la Commission européenne, les tâches de « représentation, coordination et négociation pour le compte de l'UE », en lieu et place de la présidence tournante. Les pays hôtes ainsi que les ambassadeurs des pays membres de l'UE présents dans le pays en ont été informés.

Trois exceptions générales sont prévues : 1) Quand une réunion bilatérale ou multilatérale doit être organisée, c'est la présidence espagnole qui reste représentante de l'UE jusqu'à la réunion, le chef de délégation n’assumant la fonction de représentation / coordination pour l'UE qu'après la tenue du sommet. Une règle valable y compris pour quelques délégations stratégiques comme Moscou, Washington ou Tokyo, ou "sensibles" comme Tel Aviv (Israël), Tripoli (Libye) ou la Havane (Cuba). 2) La délégation de l'UE ne concerne que le pays dans lequel le chef de délégation est établi, pas le(s) pays qui ressort(ent) de son champ de compétence (par exemple, les Seychelles pour la délégation CE de l'Ile Maurice). 3) Pour certaines autres délégations, c'est la présidence espagnole qui continue (Haïti, Irak, Iran*, Mali). Dans ce cas, c'est la présidence espagnole ou la présidence tournante, selon le tour de rôle organisé par une décision de 2006 (1) qui continue d'exercer cette fonction.

54 délégations. Selon les informations qui figurent la note, sont concernées :
- la plupart des délégations d'Afrique centrale, du Sud, de l'Ouest et de l'Est (Afrique du Sud, Côte d'Ivoire, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Guinée Bissau, Kenya, Madagascar, Maurice, Niger, Nigeria, Ouganda, Rwanda, Sénégal, Soudan, Tanzanie, Tchad, Union africaine, Zimbabwe....) - sauf les délégations d'Afrique du Nord -,
- quelques
délégations majeures en Asie (Afghanistan, Chine, Inde, Indonésie, Philippines, Thaïlande, Timor Leste, Vietnam) et certaines délégations en Océanie et Pacifique (Australie, Fidji, Papouasie Nouvelle-Guinée...) ;
- 8 délégations en Europe (
Norvège, Suisse, Fyrom - Macédoine, Serbie, Arménie, Géorgie, Moldavie, Ukraine).

* Il n'y a pas de délégation de l'UE à Téhéran

(1) Dispositif assez complexe expliqué lors de la présidence tchèque (
Qui représentera l'UE dans le monde: les Tchèques et les autres) et qui donne des représentations assez savoureuses. Par exemple, au premier semestre 2010, c'est l'Allemagne qui assure la représentation de l'UE en Corée du Nord et au Cambodge ; la France aux Seychelles, aux Comores et au Népal ; le Royaume-Uni au Belarus, à Brunei et au Tadjikistan, la Belgique au Congo (Brazzaville) ; l'Italie au Montenegro et en Zambie ; la Bulgarie en Mongolie et la Roumanie au Turkmenistan.
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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 16:15
AshtonCmeAffEtr2-UE100222.jpgCatherine Ashton ne figurera pas sur la photo de famille des ministres de la Défense européens, mercredi et jeudi, à Palma de Majorque (Espagne). Cette fois c'est confirmé. La Haute représentante de l'UE ne sera même pas là en pointillé. Elle n'y sera pas... du tout !

L'agenda a bon dos... « Une question d'agenda. Elle a déjà des rendez-vous prévus » explique benoîtement, un porte-parole de la Commission, plutôt gêné aux entournures (1). La Haute représentante doit être à Moscou, mercredi, et à Kiev jeudi, pour la cérémonie d'investiture du président ukrainien (2).
Et pourquoi pas un trek avec le Roi du Bhoutan ?  

C'est une première dans l'histoire de l'UE ! Javier Solana, son prédécesseur, durant dix années, n'a jamais raté ces réunions qui ne sont pas si nombreuses (une par semestre !). Au contraire. Il y prenait un intérêt certain. Même si, parfois, certaines d'entre elles peuvent paraître un peu barbantes (il faut l'avouer), elles sont, toujours, l'occasion de discussions (informelles), de contacts, d'entretiens privés avec non seulement les Ministres, mais aussi les chefs d'opération de l'UE ou le directeur de l'Agence de défense, qui sont présents. Ces échanges permettent de comprendre les points de vue nationaux, les points de consensus, de pouvoir pousser des sujets. C'est souvent à cette occasion que se sont échafaudés des projets, préparées de futures opérations, débloqués des dossiers...
Certains responsables ne s'y trompent pas. Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen sera, ainsi, présent dès le mercredi soir et y restera le jeudi. L'invité d'honneur en quelque sorte ! Le ministre libyen de la défense devrait aussi venir pour un entretien 5+5 (pays de la Méditerranée).

Un impair politique, pire une faute professionnelle...
L'absence est non seulement un mauvais symbole pour la PeSDC, c'est également un impair politique notable pour la Haute représentante, voire un manquement aux règles du Traité de Lisbonne. Bref, une faute professionnelle ! C'était la première réunion des ministres de la Défense de l'UE en tant que nouvelle Haute représentante pour Catherine Ashton. La première réunion également sous le dispositif voulu par le Traité de Lisbonne qui entend donner une place plus importante à la politique de défense commune, en mettant en place différents instruments nouveaux (3). Faut-il ajouter que le "Haut représentant de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité commune" a, en matière de défense, un rôle d'impulsion, clairement défini, dont il a l'exclusivité (4).

Les capitales peu informées.
Apparemment de cette décision, les capitales n'ont été vraiment informées que fort tard, voire pas du tout. Encore aujourd'hui, le ministère allemand de la défense mentionnait ainsi le déplacement du Ministre allemand Zu Gutenberg à Palma de Majorque pour écouter le rapport de la Haute représentant sur les opérations de l'UE... Il risque d'être, très, très, déçu ! (cf. site du ministre allemand).

Un sacré problème de responsabilité.
Maintenant, c'est clair. La Haute représentante de l'UE n'en a cure de la politique de défense commune... et entend y consacrer le minimum d'attention et de temps possible. Il y a aujourd'hui un "sacré" problème de leadership à la tête de la politique européenne de défense, voire de la politique étrangère tout court. Au point qu'on peut aujourd'hui se poser la question : Madame Ashton est-elle compétente pour exercer durant cinq ans, la tâche de Haute représentante et de vice-présidente de la Commision. Ou ne doit-elle pas être "affectée" à une autre fonction. Cette question devra normalement être posée et discutée au Parlement européen et au prochain Sommet européen.

(1) Explication un peu vaseuse.
Cette réunion est prévue sur l'agenda européen depuis à peu près un an.
(2) Télécharger le communiqué du Haut représentant : Catherine Ashton to participate in EU-Russia ministerial meeting in Moscow and the inauguration ceremony of President-elect Yanukovich in Kiev (faut-il préciser que l'Ukraine est davantage du ressort de Stefan Füle, le commissaire européen chargé de l'élargissement et de la politique de voisinage)
(3) lire:
Traité de Lisbonne: la PESD devient PeSDC. Un peu plus commune ?
(4) lire:
Les fonctions et pouvoirs du Haut représentant, d’après le Traité de Lisbonne
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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 21:43
AshtonBildtCmeAffEtr-UE100222.jpg(bâtiment du Justus Lipsius, Bruxelles) La nomination de Joao Vale de Almeida, actuel DG relations extérieures de la Commission, comme chef de la délégation de l'UE à Washington a semé l'émoi parmi le corps diplomatique. Celui qui fut surtout le chef de cabinet de José-Manuel Barroso et son sherpa au G8 a, en effet, été nommé par son ancien mentor, sans consultation des Etats membres, selon les règles en vigueur sous le Traité de Nice (la Haute représentante étant à peine tenue informée, elle aurait appris la nouvelle par la presse). Nombreux y ont vu une tentative de mainmise de la Commission sur le futur service d'action extérieur. Et au conseil des Ministres des Affaires étrangères, ce lundi à Bruxelles, le différend a été mis sur la table... lors du déjeuner. La Haute représentante de l'UE aux Affaires étrangères, Catherine Ashton en a pris pour son grade. Et José-Manuel Barroso a dû entendre les oreilles siffler...

Les Etats ruent dans les brancards
. Le premier à tirer, avait été le Suédois. Carl Bildt s'était, en effet, fendu d'une lettre à ses homologues avant le week-end. Il s'y plaignait à la fois de la façon dont la nomination avait été avalisée et de la baisse de niveau. L'ancien chef de délégation, l'Irlandais Brutton, nommé en 2004 était un ancien Premier ministre irlandais qui savait soigner ses relations. Tandis que Vale de Almeida n'est "que" un haut fonctionnaire. Lors du Conseil, le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Pierre Lellouche a aussi à exprimer le mécontentement de la France. Il en fait part lors de l'habituel point de presse avec les journalistes. Il ne s'est pas encore assis pour répondre à nos questions qu'il embraye aussitôt (visiblement il avait envie d'en parler même si on ne lui avait pas posé la question). « Les nominations, oui, il faut en parler. J'ai évoqué la question lors du déjeuner. Et j'ai été approuvé par plusieurs délégations qui ont approuvé mon intervention » a-t-il expliqué. « Nous voulons l'application de tout le Traité, rien que le Traité » a-t-il expliqué. « C'est la Haute représentante qui doit nommer les ambassadeurs (de l'Union). Mais les États doivent être consultés. Le service extérieur est un trépied »
Et d'ajouter : « nous n'avons rien contre la personne de Vale de Almeida. Au contraire, sa nomination est plutôt vue avec bienveillance. Il a beaucoup d’amis à Paris. C’est la procédure qui est en cause. C'est une question de méthode. on ne peut pas perdre de temps dans des batailles bureaucratiques. »

Un gentleman agreement. Un diplomate parfaitement au courant du dossier nous a donné ensuite quelques éléments plus précis. « On ne peut continuer à faire comme si le Traité de Lisbonne n'existait pas. Mais effectivement nous sommes dans une période de transition. D'un coté, il y a un nouveau traité. De l'autre, il n'y a pas encore de Service d'action extérieure, ni de procédure précise de nomination. Nous ne pouvons pas geler toutes les nominations d'ici là. » Une trentaine de postes d'ambassadeurs de l'UE (30 de chefs et 2 adjoints) sont, en effet, actuellement en balance (d'ici l'été), pour la rotation 2010, dont des postes assez en vue comme celui de la Chine. « Nous avons donc convenu d'un gentleman agreement avec la Commission. Toutes les nominations d'ambassadeurs, de chefs de délégation  seront faites par la Haute représentante, après consultation d'un panel qui réunira les représentants de la Commission, du secrétariat du Conseil, des États membres. C'est l'esprit du traité de Lisbonne. (...) Et quand le service extérieur sera mis en place, et son statut défini, nous n'aurons plus alors qu'à procéder à une confirmation ».

Une perte de pouvoir de la Commission. Ce coup de gueule peut s'interpréter comme un double avertissement. Le premier est donné à la Haute représentante de l'UE. En termes gentils, on pourrait dire que c'est un encouragement à prendre son autonomie vis-à-vis de la Commission. En termes plus directs, on pourrait dire que ce la signifie "arrêtez d'être le bon toutou de la Commission ; vous êtes aussi à notre service". C'est aussi un sérieux frein donné aux velléités de pouvoir du
président de la Commission, José-Manuel Barroso. Celui-ci perd ainsi sa faculté de nommer qui bon lui semble aux délégations de la Commission européenne. On voit, ainsi, apparaître un aspect assez peu visible du Traité de Lisbonne - pervers diront certains observateurs - et qui explique pourquoi nombre d'Etats membres militaient en sa faveur ainsi que de celle d'un service extérieur commun - : avec ce nouveau service, la Commission perd ainsi d'une partie de l'autonomie acquise durant des années. On assiste aussi une certaine "renationalisation" des délégations extérieures de la Commission européenne.

NB : D'un strict point de vue administratif, la nomination de Vale de Almeida est faite sur la rotation 2009 et non sur la rotation 2010. C'est ainsi que se défend le cabinet de Me Ashton. Mais l'explication a un coté super "bureaucratique" qui ne fait pas le poids par rapport aux arguments plus politiques.

(crédit photo : Conseil de l'UE - Catherine Ashton et Carl Bildt)
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21 février 2010 7 21 /02 /février /2010 14:50
La Haute représentante de l'UE, Catherine Ashton, ne pourrait faire qu'un "saut" à la réunion informelle des ministres de la Défense à Palma de Majorque. Selon son agenda, elle est, en effet, à Moscou le mercredi 24 pour une réunion des ministres des Affaires étrangères et à Madrid, le jeudi 25, pour une réunion des commissions des Affaires étrangères des parlements nationaux. Et, il n'est pas encore sûr qu'elle puisse avoir le temps d'aller à Palma, autrement que pour quelques heures. Ce qui serait une première pour une réunion des ministres de la Défense de l'UE.

Cela ressemble à un geste de mauvaise humeur à l'égard de la présidence espagnole qui présidera la réunion, comme d'habitude. Mais c'est surtout un signe politique d'une certaine désaffection, voire de défiance de la Britannique à l'égard d'une politique de sécurité et de défense commune. Lors de ses auditions au Parlement européen, C. Ashton n'avait pas d'ailleurs caché son manque d'intérêt pour la question et sa méconnaissance du sujet, remarquées par tous les députés présents (
Lire : La vision très british de Catherine Ashton sur la défense européenne ).

NB : Javier Solana, l'ancien haut représentant, était toujours présent, très présent, lors de ces réunions, sans que cela ait jamais posé de problème véritable avec la présidence tournante (autre que de protocole).
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