Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 février 2010 5 19 /02 /février /2010 14:09
Image-17.pngPour son premier "vrai" déplacement à l'étranger, Lady Ashton, la Haute représentante de l'UE aux Affaires étrangères a choisi les Balkans. Choix parfaitement justifié, à mon sens. Car s'il y a une politique étrangère, une stratégie européenne de sécurité, des battle-groups, ... c'est en grande partie, à cause (ou grâce) du drame yougoslave et du dramatique échec européen des années 1990. Il est bon de remonter aux sources de cette histoire récente avant d'en aborder les contours présents. D'autant que la PeSDC a encore un rôle important dans la région.

L'UE a ainsi toujours quatre missions  militaires, de police ou d'Etat de droit, déployées dans la région : EUFOR Althea et EUPM en Bosnie, EULEX au Kosovo, PAMECA en Albanie. Soit près de 6000 hommes et femmes sous drapeau européen. Ce, sans compter les militaires de la KFOR au Kosovo. Et la question des Balkans est toujours délicate quand on voit les discussions qui ont précédé le lancement de la mission EULEX au Kosovo ou la transformation de la mission Althea en Bosnie. Et certains discussions ne sont pas encore entamées, comme l'éventuel passage de témoin entre l'OTAN et l'Union européenne au Kosovo (un sujet évoqué régulièrement par certains interlocuteurs).

Au camp Butmir, à Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine, Lady Ashton a ainsi fait sa première revue de troupes : le bataillon multinational (MNBN) d'un coté, l'unité de police intégrée (IPU) de l'autre. Elle a pu aussi et surtout pu discuter avec le commandant des troupes Eufor (Comeufor), Bernhard Bair (2), des conditions de sécurité dans le pays (1), et envisager le futur de la mission : réduction des effectifs et transformation de la mission en mission non exécutive comme l'en a décidé le dernier conseil des ministres des Affaires étrangères (3
). Lady Ashton s'est ensuite envolée pour Belgrade (à suivre).

(1) Dernier rapport de situation, lire :
Bosnie (dossier) La situation est "calme" au plan de la sécurité, selon Althea
(2) Biographie, lire :
Un Autrichien va prendre la tête d'Eufor Althea
(3) Lire : Pas de nouvelle opération en Bosnie, mais une nouvelle mission au sein d'Althea
Partager cet article
Repost0
6 février 2010 6 06 /02 /février /2010 11:00

RepresentantsSpeciaux-UE09.jpgLes représentants spéciaux dont le mandat se terminait (pour la plupart) le 28 février 2010 vont voir ce mandat prolongé. Au moins provisoirement jusqu'à la date de création du service d'action extérieur ou, au plus tard, jusqu'au 31 août 2010. La décision a été discutée au COPS - le comité politique et de sécurité de l'UE - lors d'une de ses dernières réunions, le 29 janvier. Et elle devrait être avalisée lors d'une prochaine réunion du Conseil des ministres.

Seule exception : le représentant spécial pour l'Afghanistan. Son titulaire actuel, l'Italien Francesco Sequi pourrait être remplacé. Un appel à candidatures a été lancé. Et lors de la réunion de Londres sur l'Afghanistan, la question de son remplacement a été évoquée. On parle du Lituanien Vygaudas Ušackas (selon nos confrères d'European Voice). Le remplaçant pourrait en tout coiffer les deux responsabilités : Représentant spécial et responsable de la délégation de la Commission européenne.

On peut remarquer qu'aucun représentant spécial sur Haïti n'est pour l'instant envisagé, alors que les Etats-Unis avaient tout de suite nommé leur représentant spécial en la personne de Bill Clinton qui est, depuis, devenu le Représentant spécial de l'ONU. Il faut noter également que personne n'est pour l'instant nommé sur les questions de piraterie ou la Somalie. L'ancien représentant personnel de Solana pour la Somalie, le général Français Pierre-Michel Joana n'a pas été reconduit. De façon générale, d'ailleurs, aucun des représentants personnels de Solana n'ont été reconduits.


Balkans


2131_er_dr__valentin_inzko.jpgBosnie-Herzégovine : Valentin Inzko (Autriche). 50 ans. Un spécialiste des Balkans. Parcours: Ambassadeur en Slovénie (2005-2009) et en Bosnie-Herzégovine (1996-1999), Chef du département Europe de l'Est et Sud-Est au ministère autrichien des Affaires étrangères (2000-2004), Conseiller culturel à l'ambassade de Prague (1993-1996), Chef de la mission de l'OSCE au Sandjak de Novi-Pazar (1992), Directeur fondateur de l'Institut culturel autrichien à Prague - Rép. Tchèque (1991-1995), Directeur de la section Presse - Information du ministère des Affaires étrangères (1989-1990), conseiller à la Mission autrichienne aux Nations-Unies New-York (1986-1989), Attaché de presse et attaché culturel à l'ambassade autrichienne à Belgrade - Yougoslavie (1982-1986). Entre au ministère autrichien des Affaires étrangères au département "Europe centrale, du Sud-Est et asie centrale" (1981-1982). Chef de la représentation du PNUD  à Colombo - Sri-Lanka (1978-1980) et à l'Office des Nations-Unies à Oulan-Bator Mongolie (1974-1978). Lire aussi : Inzko, le représentant spécial de l'UE en Bosnie, un connaisseur...

 

Fouere-RepSpe-UE09.jpgFyrom (Macédoine) : Erwan Fouéré (Irlande) (*). 63 ans. Un "communautaire" qui a fait toute sa carrière à la Commission. Parcours : Chef de délégation CE en Slovénie (2002-2005), Chef de la section OSCE à la DG Relex (1998-2002), Chef de la dégation en Afrique du Sud (1994- 1998), à Mexico et Cuba (1989-1993), adjoint à la délégation à Caracas - Venezuela (1984-1989) ... Administrateur à la DG Environnement de la Commission européenne en charge de la négociation des conventions internationales (1979 - 1983), Administrateur à la DG Relex de la Commission européenne chargé des pays de l'Est et CSCE (1975-1979).


FEITH_Pieter_Cornelis.jpgKosovo : Pieter Feith (Pays-Bas). 65 ans. Un expert de la gestion de crise UE. Parcours : Directeur des opérations civiles PESD au Conseil - CPCC (2007), Chef de la délégation d'observateurs à Aceh AMM (2005-2006), Chef de l'équipe d'experts de l'UE en Iraq (2005), Représentant personnel de Javier Solana au Darfour (2004), Directeur général adjoint aux affaires politico-militaires au Conseil de l'UE (2001-...). A l'OTAN (1995-2001) : Représentant personnel du secrétaire général Robertson en Yougoslavie, Directeur de la direction des opérations et de gestion de crises, Chef de la Task Force de l'Otan dans les Balkans, Conseiller politique, Polad, du commandant de l'IFOR en Bosnie-Herzégovine. Entré au service diplomatique néerlandais auparavant en 1970 où il a servi jusqu'en 1995.

 

Caucase - Asie centrale


morel-RepSpe-UE09.jpgCrise en Géorgie / Asie centrale : Pierre Morel (France). 65 ans. Un diplomate chevronné spécialiste des républiques ex-Urss. Parcours : nommé représentant spécial pour l'Asie centrale en 2006 et pour la crise en Géorgie en septembre 2008. Conseiller au centre de planification politique du ministère des Affaires étrangères (2006), Ambassadeur de France au Saint Siège (2002-2005), en Chine (1996-2002), en Russie avec en charge Moldavie, Mongolie, Tadjikistan et Turkmenistan (1992-1996), au Kirghizstan (1993-1996), en Géorgie (1992-1993), conseiller diplomatique du président français (Mitterand) faisant partie de la délégation à la négociation du Traité de Maastricht (1991).


Mizsei-RepSpe--UE10.jpgMoldavie : Kálmán Mizsei (Hongrie). 54 ans. Parcours : Professeur visiteur à l'Université d'Europe centrale (2007), Assistant du secrétaire général de l'ONU, et directeur du bureau régional pour l'Europe et la CEI au PNUD (2001-2006), Directeur des investissements et infrastructures en Europe centrale et de l'EST à AIG Global Investment Corp (1997-2001), Président de Hungarian Export Import Bank Ltd et Hungarian Export Credit Insurance (1995-1997), Vice-président des programmes économiques à l'Institut pour les études est-Européennes de New-York (1992-1995), directeur adjoint de l'institut pour l'Economie mondiale à l'Académie des sciences hongroises (1990-1991).


web_semneby.jpgSud Caucase : Peter Semneby (Suède). 50 ans. Parcours : chef de la mission de l'OSCE en Croatie (2002-2005) et en Lettonie (2000-2002), responsable de la PESD au ministère suédois des Affaires étrangères (1997-2000). Postes dans des ambassades suédoises en Allemagne, Ukraine, URSS.

 


Afrique

VandeGeer-RepSpe-UE09.jpgGrands Lacs : Roeland van de Geer (Pays-Bas). 57 ans. Un professeur et diplomate spécialiste de l'Afrique. Parcours : Ambassadeur des Pays-Bas en Afghanistan (2006 – 2007), professeur itinérant (2005 – 2006), directeur Afrique au Ministère des Affaires étrangères néerlandais (2002 – 2005) et auparavant directeur de l'hémisphère ouest (1998 – 2002), Ambassadeur au Mozambique (1994 – 1998), chef du département "développement" Afrique du sud au ministère des Affaires étrangères (1991 – 1994) et auparavant de l'Afrique du nord (1990 – 1991), directeur adjoint au Centre for Development Co-operation Services de l'université libre d'Amsterdam (1986 – 1989). Entre en 1982 au ministère des Affaires étrangères. Auparavant, professeur détaché de l'université libre d'Amsterdam à l'université du Lesotho et au gouvernement du Lesotho.


TorbenBrylle-RepSpe-UE09.jpgSoudan : Torben Brylle (Danemark). 61 ans. Un diplomate de carrière. Parcours : Ambassadeur du Danemark en Egypte (2007), en Afrique du Sud pour tous les pays alentours (2001-2007), Secrétaire adjoint aux affaires multilatérales au ministère des Affaires étrangères à Copenhague (1997-2001), chef du département Moyen-Orient, Afrique du Nord, Amérique latine (1994- 1997), directeur du cabinet du ministre des Affaires étrangères et Coopération au Développement (1994-1997), Chef du département Afrique du Sud (1991-1994), ... premier conseiller à l'ambassade danoise à Paris (1983-1986). Entre en 1978 au ministère danois des Affaires étrangères.


Vervaeke_Koen-RepSpe-UE09.jpgUnion Africaine : Koen Vervaeke (Belgique) (*). 50 ans (22 avril 1959). Parcours : chef de l'Unité Afrique à la "Policy unit" au Conseil de l'Union europénne (2003-2006), Envoyé spécial de la Belgique dans la région des grands lacs (2002-2003), Chef du service de presse et porte-parole du Premier ministre (Verhofstadt) (1999-2002), conseiller politque à la représentation politique de Belgique aux Nations-Unies à Genève (1995-1999) et à l'ambassade belge à Bujumbura - Burundi (1992-1995), Premier secrétaire à l'ambassade belge à Tunis - Tunisie (1989-1992). Entré au Ministère des Affaires étrangères belge en octobre 1987. Auparavant chef des relations publiques et culturelles de la banque ASLK-CGER (Caisse générale d'épargne et de retraite).


Asie - Moyen Orient


Sequi-RepSpe-UE09.jpgAfghanistan : Ettore Francesco Sequi (Italie) (**). 53 ans. Entré en 1985 au ministère des Affaires étrangères italien.Ambassadeur d'Italie à Kaboul (2004-2008), chef adjoint de l'ambassade d'Italie à Tirana (2000-2004), Conseiller au cabinet du ministre des Affaires étrangères (1998-2000), conseiller à la représentation permanente auprès de l'ONU à New-York (1994-1998), Consul d'Italie à Teheran (1989-1994), cabinet du directeur général des Affaires économiques du ministère des affaires étrangères (1988-1989).


Otte-RepSpe-UE09.jpgProcessus de paix au Moyen-Orient : Marc Otte (Belgique). 62 ans. Un diplomate spécialiste aussi de la PESD. Parcours : conseiller de Solana sur la PESD (1999-2003) et chef de la task-force sur la PESD au Conseil. Directeur pour la politique de sécurité et du désarmement au ministère des Affaires étrangères belge (1997-1999), ambassadeur de Belgique en Israël (1992-1996), Consul général de Belgique à Los Angeles (1988-1992). Conseiller, chef du service économique, à l'ambassade de Belgique au Zaïre (1984-1988), Premier secrétaire, chargé de l'Economie et du Commerce à l'ambassade de Belgique à Washington (1980-1984), Chef de la division coordination interminstérielle au département des Affaires européennes du ministère des Affaires étrangères (1978-1980), attaché économique à l'ambassade belge de Washington (1976-1977). Entré au ministère des affaires étrangères en 1976, auparavant il avait exercé dans une entreprise privée comme directeur technique de Kloeckner Bamaco SA et a été enseignant à l'école de formation des maîtres de Bokakata de RD Congo (1970-1972).


(*) "Double chapeau", dirige également la délégation de la Commission européenne.

(**) jusqu'au 28 février.

(crédit photo : Conseil de l'Union européenne. En haut : Photo de groupe avec Javier Solana. Je n'en ai pas d'autre !)

Partager cet article
Repost0
4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 22:00
Rantanplan.jpgLa récente "gifle américaine à l'Europe" de Obama, refusant de se rendre à un sommet UE-USA, le discours d'Hillary Clinton qui fait l'impasse sur une partie de l'UE en matière sécurité et de défense, et l'absence de poids et d'unité de l'Europe dans l'intervention humanitaire à Haïti, ces trois évènements récents montrent qu'il y a plus qu'un hiatus aujourd'hui entre l'UE et les Etats-Unis. L'incompréhension semble, en effet, totale des deux cotés de l'Atlantique. Et Washington semble aujourd'hui considérer comme le cadet de ses soucis d'encombrer son esprit à discuter avec un partenaire européen, brouillon et confus. Ce qui s'apparente, tout de même, à un raté personnel, pour Catherine Ashton. La Haute représentante de l'UE avait rencontré il y a quelques jours Hillary Clinton. Apparemment cela n'a pas été très efficace... Il faut dire que lors de la crise à Haiti, la Haute représentante n'a pas démontré non plus son efficacité.

Haiti: comment l'UE et Ashton ont raté la communication de crise...

Catherine Ashton, pour des raisons diverses, n'a pas su ou voulu prendre la mesure de l'évènement pour imprimer sa marque et surtout montrer que l'Europe était tout entière aux cotés d'Haiti. Alors que ce séisme est une des premières catastrophes naturelles de ces dernières années, avec le Tsunami sur l'Asie du sud, en 2004, on n'a pas senti vraiment l'Union européenne en phase. En paraissant plus préoccupée de sa confirmation par le Parlement européen et de la composition des cabinets, la Commission européenne et Catherine Ashton ont été en-deçà des espérances des Européens. Les actions importantes de l'UE (déblocage de fonds, envoi de personnels, coordination) se sont égarées dans un jargon administratif et perdues dans le brouhaha médiatique. Un
beau loupé ! En fait, même si la mécanique administrative a fonctionné, il n'y avait pas de "pilote" dans l'avion européen. Au-delà de la polémique, il s'agit d'un problème de fond. La diplomatie "tranquille" que prône Catherine Ashton ressemble de plus en plus à une diplomatie "pépère", une diplomatie "Rantanplan" dont l'UE souffre au premier chef. Ce qui n'est pas conforme à la définition du poste du Haut représentant dans le Traité de Lisbonne, qui doit être davantage qu'un simple "administrateur" ou "coordinateur" de la PESC mais un fédérateur, un dynamiseur de l'unanimité.

Haïti n'a même pas eu droit
aux drapeaux en berne comme pour le Tsunami

Qu'aurait pu faire de plus la Haute représentante ?

C'est la question qui revient souvent quand on ose une remarque. Mais tout simplement faire de la politique, pourrait-on répondre... Etre là quand il fallait ; là où il fallait. Je ne suis pas de ceux qui critiqueront Catherine Ashton pour ne pas être aller à Haiti. Il y avait de bonnes raisons de ne pas y être (1). En revanche, ne pas être présent à Bruxelles, de façon plus affirmée, est une erreur politique. Certes, un point de presse a été tenu, mais en catimini : un jeudi en milieu d'apres-midi, en prévenant à peine une heure auparavant, alors que tous les journalistes sont partis boucler leurs papiers. Si la Haute représentante voulait faire un geste un peu plus politique, elle pouvait - comme c'est d'ailleurs l'usage en cas de sujet important - "descendre" dans la salle de presse du Berlaymont, à l'habituel point de midi, là où se retrouvent tous les journalistes. 13 étages par ascenceur (cela prend 45 secondes !), elle était assurée d'avoir un maximum d'écoute, pour un minimum d'engagement horaire. En matière de communication de crise, chaque heure compte (2), et l'effet politique des gestes diminue rapidement. Sans tomber dans le voyeurisme et les effets d'annonce sans lendemain, elle pouvait aussi mêler des gestes symboliques et concrets. Quelques exemples...


La symbolique a manqué
1° une journée de deuil dans toutes les représentations de l'UE dans le monde (en abaissant les drapeaux européens), comme le font tout Etat, et demander que symboliquement le drapeau haitien soit hissé le long des hampes du Conseil européen et de la Commission européenne, aurait été un minimum (pour le Tsunami, plusieurs jours de deuils avaient ainsi été proclamés dans de nombreux pays) ;
2° déclencher l'envoi d'un commissaire européen à l'aide humanitaire sur place, immédiatement (3) ou nommer un envoyé spécial de poids (comme le feront les Américains avec Bill Clinton) ;
3° annoncer qu'une cellule de crise se réunira tous les jours pour faire le point au plus haut niveau, etc...

Des gestes concrets ont été retardés
1° faire une synthèse précise des moyens en personnel et sommes débloquées par l'Europe (4) ;
2° ressortir des tiroirs le rapport Barnier et annoncer (ce que Barroso annoncera une semaine plus tard) que sa première tâche sera de mettre en place une coordination plus étroite en matière de secours de catastrophes à l'extérieur de l'Union ;
3° enclencher la 2e phase, c'est-à-dire le relais des Américains dans l'aide d'urgence, la suppléance des moyens de l'ONU. Ce que les Etats feront plus tard, avec la force de sécurisation européenne, pouvait dès les premières heures être enclenchée.

La diplomatie "pépère" de Ashton
n'est pas adaptée à la gestion de crise

Si cela avait été fait, aurait-on encore parlé de manque d'Europe, d'erreur de coordination ? ... Je ne le pense pas. Cette sortie aurait pu être critiquée, par un ou deux Etats membres ou par quelques grincheux. Ils auraient été minoritaires. Mais pour cela, il fallait oser. Oser faire de la politique. Il fallait rebondir sur l'évènement pour permettre à l'UE d'avancer, comme l'ont fait certains commissaires dans le passé : Emma Bonino (avec la mise en place de l'Office humanitaire), Loyola de Palacio (avec la sécurité maritime au lendemain de l'Erika). Il ne fallait pas se cantonner dans
une "petite" diplomatie routinière. La volonté de Catherine Ashton de faire de la "quiet diplomacy" est une erreur quand elle s'apparente à faire une diplomatie "pépère", avec trois déclarations écrites et un point de presse rapidement expédié. Ce n'est pas adapté au monde d'aujourd'hui. Ce n'est pas comme cela qu'on saura se fera entendre des Grands de ce monde. Pour exister, il faut être visible. Le monde "global" n'est pas un "long fleuve tranquille". Quant aux cieux, ils le sont encore moins...

(1)
Catherine Ashton avait-elle raison de ne pas être à Haïti ?
(2) Le point de presse a été annoncé moins d'1 heure avant par voie électronique !
(3) Karel de Gucht ira plus tard sur demande de JM Barroso
(4) Ce qui n'a été fait que plus tard
Partager cet article
Repost0
4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 05:00
Obama-Us09.jpgIl y a un hiatus décidément entre l'Europe et les Etats-Unis. Le discours d'Hillary Clinton, fin janvier à l'Ecole militaire, était déjà une indication que l'Union européenne et sa politique de défense comptaient très peu voire pas du tout aux yeux de Washington (lire ici). La décision prise par Obama de ne pas assurer sa présence lors du sommet UE-Etats-Unis est une nouvelle gifle, autrement plus conséquente, puisqu'elle concerne un agenda prévu de longue date.

Même si, de part et d'autre de l'Atlantique, on cherche à minimiser l'incident, en invoquant des problèmes de calendrier, ce n'est pas vraiment cela qui semble en cause. Le porte-parole du Département d'Etat,
interrogé par des journalistes, mardi, lors de son briefing quotidien, l'a d'ailleurs reconnu. Les Etats-Unis ne comprennent plus très bien qui commande vraiment dans la "boutique européenne" et attendent de voir, que la fumée s'éclaircisse.

Avec "Lisbonne", on ne sait plus très bien qui fait quoi en Europe. Ce sont en gros les termes de Philip J. Crowley, l'assistant du secrétaire d'Etat : « ... We’re – in light of the Lisbon treaty, we’re going through – Europe is going through some adjustments in terms of the processes through which U.S.-EU summits occur. Up until recently, they would occur on six-month intervals, as I recall, with one meeting in Europe and one meeting here. And that was part of – the foundation of that was the rotating presidency within the EU. Now you have a new structure regarding not only the rotating EU presidency; you’ve got an EU Council president, you’ve got a European Commission president. So Europe itself is reassessing how these meetings are going to be – when these meetings are going to be held. » (...) We’re at a juncture where the structure has changed, and so thestructure is not only at the leader level, but at the ministerial level. All of this is kind of being reassessed in light of meeting architectural changes in Europe. »

Un quiproquo transatlantique ? A croire que la visite de Catherine Ashton à Hillary Clinton la semaine dernière n'a servi à rien sinon à brouiller encore plus le message européen. Que s'est-il dit réellement entre les deux femmes ? On peut légitimement s'interroger sur la teneur de la conversation et la conviction européenne développée par la Haute représentante de l'UE. Soit la relation entre l'UE et les Etats-Unis s'est « détérioriée » à un point tel qu'il est urgent de réparer le lien transatlantique. Soit Catherine Ashton n'a pas été très convaincante, voire pas du tout, ce qui a convaincu les Américains de ne pas changer leur fusil d'épaule, et qu'il était plus urgent de mettre la priorité sur la Russie, l'Asie voire l'Afrique que sur l'Europe. Soit, encore, ce qui serait particulièrement retord, elle a joué un double jeu, convaincant la ministre des Affaires étrangères américaine que le seul interlocuteur valable était la Commission européenne...

La leçon américaine de Lisbonne. On peut prendre l'air offusqué de cette "ingérence" américaine qui choisit ses interlocuteurs, refutant l'Espagnol trop faible à son goût, pour préférer un autre : Herman Van Rompuy ou José-Manuel Barroso. On peut aussi avoir une lecture plus optimiste (qui transparaît aussi par moments dans l'intervention d'Hillary Clinton, à l'école militaire). Les Etats-Unis veulent avoir une Europe, qui se prenne en charge, toute seule, et ne vienne pas quémander qui un bouclier anti-missiles, qui des moyens de transport, des armes, ou de protection pour ses troupes en Afghanistan ou en Afrique, etc... Et surtout une Europe qui arrête de s'apitoyer sur elle-même tout en faisant la leçon aux Américains. Ceux-ci se sentent, peut-être un peu comme un père (ou une mère) face à un jeune adulte qui reste au foyer, avec le repas fait par la mama, la voiture et la machine à laver à disposition... et qui se permet (encore) de critiquer quand le repas n'est pas servi à l'heure ou qu'on lui demande un effort collectif...

La gifle, méritée ! L'Europe pourrait, peut-être, arrêter de s'autocentrer sur ses (petits) problèmes institutionnels et se prendre en main. S'affirmer un peu plus ? Cela ne sert à rien d'avoir des "têtes" si celles-ci ne s'expriment pas, n'élèvent pas un peu le débat, montrent le chemin... Il faudra aussi, un jour, que les Européens se penchent sur les moyens de leur autonomie : avoir les moyens de leur sécurité par exemple. Pourquoi le bouclier anti-missiles à l'Est de l'Europe n'est pas pris en charge et installé par les Européens ensemble ? Après tout, le risque iranien (ou si russe il y a) concerne autant, sinon plus, les Européens que les Américains.
Pourquoi faut-il toujours se reposer sur les Américains pour fournir les moyens de transport stratégiques ou les mettre en pool ? Pourquoi les Européens sont incapables de faire l'effort de visibilité et de logistique dont ont été capables les Américains à Haïti ? Pourquoi les Européens ne disent pas "non" clairement à une double stratégie américaine qui perdure en Afghanistan et mine tous les efforts de pacification : d'un coté le développement, la reconstruction, de l'autre l'action militaire offensive Enduring Freedom ? Etc... Il y aurait là matière à débat. Et je gage qu'Obama ferait alors le déplacement...

(crédit photo : Maison blanche, discours sur l'Union)
Partager cet article
Repost0
29 janvier 2010 5 29 /01 /janvier /2010 19:45
(mis à jour sam. 30 janv & 11 février) Pour composer son cabinet, la Haute représentante pour les Affaires étrangères de l'UE n'a eu que l'embarras du choix. Aussitôt sa nomination, plusieurs centaines de CV ont atterri sur sa table.

11 personnes. Sans compter les assistant(e)s, ce cabinet devrait se composer de 11 personnes. En effet, après quelques négociations - qui n'ont pas été évidentes -, elle a obtenu du président de la Commission d'avoir une dérogation à la règle ordinaire (6 conseillers) et de pouvoir recruter 11 conseillers. Ce qui est logique, conséquence de sa double fonction (vice-présidente de la Commission et Haute représentante). Même si la Haute représentante peut disposer de ressources au sein de l'administration européenne, cela reste somme toute, relativement peu par rapport à l'étendue des fonctions (Solana avait une quinzaine de personnes à son cabinet, inclus il est vrai 2 assistantes).
Mais le président de la Commission, José-Manuel Barroso, n'en a que 12...

Un cabinet de quadras. Le cabinet est un savant dosage entre les anciens de son cabinet au commerce, des anciens du cabinet Solana ou du Conseil et de la diplomatie des Etats membres, ainsi que de la Commission européenne. On peut déjà remarquer que nombre d'entre eux ont un parcours diversifié alliant un passage dans une institution européenne (Conseil, Commission, Parlement), dans la diplomatie d'un Etat membre (Royaume-Uni, France, Allemagne, Espagne), la présence sur le terrain (Balkans, Chine, ONU), voire dans le privé. On peut remarquer, aussi, que nombre d'entre eux ont à leur actif, d'avoir été soit à Londres, soit d'avoir déjà travaillé auprès d'un Britannique. Et que l'âge moyen tourne plutôt au-dessous de la quarantaine.

L'architecture du cabinet n'est pas encore définie. Il pourrait être divisé entre conseillers seniors et conseillers juniors. Chacun de ses membres devrait avoir dans ses dossiers une attribution géographique et une attribution sectorielle ; les dossiers "ordinaires" de la Commission étant partagés entre tous les membres.

Tous les noms ne sont pas encore connus ou officialisés. En voici les principaux selon les informations qui restent à confirmer (ce devrait être chose faite cette semaine).

morrison-copie-1James Morrison (Royaume-Uni) : chef du Cabinet. Diplomate britannique. Il a démarré sa carrière à la direction de la nationalité et de l'immigration du Home Office à Londres mais est vite passé, en 1991, Foreign office (FCO) où il a travaillé sur les questions humanitaires et de crimes de guerre. Il a passé ensuite les cinq années suivantes à la Représentation britannique de l'UE traitant des questions de commerce ou d'aide international jusqu'à 1998 (date de la présidence britannique de l'UE). Il retourne, en 1999, au FCO comme porte-parole puis devient secrétaire privé de deux ministres chargés de l'Europe (dans le gouvernement de Tony Blair). Après avoir été chef du département de la PESC (politique étrangère et de sécurité commune), il revient à Bruxelles où il est responsable du team "présidence" lors de la présidence britannique de l'UE en 2005, également en charge des questions de commerce et de relations avec l'Asie. Après un passage au niveau universitaire à la Business School d'Ashridge, il revient à la Commission européenne, en 2008, comme de cabinet de Catherine Ashton (Commerce).


lutz_guellner.jpgLutz Güllner (DEU) : porte-parole. 39 ans. Il exerçait la même fonction au cabinet Ashton (Commerce) depuis mars 2009.  Parcours : il a travaillé au ministère de l'environnement français, en charge des relations avec les pays d'Afrique subsaharienne. Il démarre sa carrière à Bruxelles comme consultant en affaires publiques, avant de rejoindre la Commission, d'abord à la DG Relex où il s'occupe des relations avec les pays voisins de l'UE à l'est (2003-2005), puis à la DG Commerce, où il est responsable des relations économiques avec la Russie. Cursus : Né en 1971, diplomé en sciences politiques et relations internationales de l'université de Berlin et de Sciences-Po Paris. Sa femme est néerlandaise et ils ont deux enfants.


Bannerman.jpgEdward Bannerman (UK) : Conseiller. Membre du cabinet Ashton (Commerce) en charge de la politique transatlantique, de l'OMC, du marché unique, de l'énergie, des fonds souverains et des droits de propriété intellectuelle. NB : il pourrait continuer de suivre les dossiers "sensibles" pour les Britanniques qui viennent au collège.


Pelayo Castro-Zuzuarregui (ESP) : conseiller. Après avoir été
administrateur à la commission "Commerce international" du Parlement européen, il était depuis 2007 "assistant personnel" du premier ministre espagnol, Jose-Luis Zapatero. Ce qui pourrait être utile pour assurer le lien avec la présidence espagnole. Autre parcours : assistant du chef correspondant d'El Pais aux USA. "Junior Officer" à l'office commercial économique de l'ambassade d'Espagne à Bruxelles. Cursus : Masters degree in European Studies du Collège d'Europe de Bruges (promotion Leonardo da Vinci), Master of Science in Foreign Service and Honors Certificate in International Business Diplomacy de l'université de Georgetown (Washington DC), Degree in Political Science de l'université autonome de Barcelone. Sa femme est néerlandaise et ils ont une fille.

EvertsSteven.jpgSteven Everts (NL) : conseiller "énergie - relations transatlantiques" (Usa, Canada). 39 ans. Il était jusqu'à représentant personnel de Javier Solana (Haut représentant) sur l'Energie et la politique étrangère. Parcours: conseiller spécial chargé des relations transatlantiques (Us Canada), de l'OSCE, du Conseil de l'Europe du G8 et des changements climatiques (2005-2008). Chercheur au Centre for European Reform à Londres (1999-2004) et enseignant au college Brasenose de l'université d'Oxford, chargé des relations internationales (1996-1998). Cursus : Né en 1970, diplomé de l'université britannique, doctorat en droit international, avec un titre de thèse, prometteur : "Adapation in Foreign Policy. British and French reactions to German unification". Il a également étudié à l'université de Leiden (Pays-Bas) en science politique.


GuittonAlice.jpgAlice Guitton (FRA) : conseiller "Gestion de crises - Somalie Piraterie". 32 ans. Diplomate française, elle était jusqu'à présent chef de la mission de gouvernance au Quai d'Orsay depuis mai 2009. Parcours : Conseiller au cabinet de Bernard Kouchner en charge des questions des affaires multilatérales et stratégiques (Onu, piraterie...) de 2007 à 2009 (notamment durant la présidence française de l'UE). Première secrétaire à l'ambassade de France à Londres (2005-2007). Rédacteur à la division affaires politiques du quai d'Orsay (2002-2005) après avoir été à la division des affaires économiques, en charge des questions des organisations internationales et de l'ONU (2000-2002). Cursus : études de philosophie à l'Université Sorbonne Paris IV et d'économie (1994-1997), Sciences politiques Paris (1997). Diplômée de l'ENA (promotion Averroès 1998-2000), elle effectue ses stages obligatoires à la préfecture de Creuse et à Pernod Ricard. Elle a été également en stage à la Cour des Comptes européenne (1996) et à la délégation de la Commission européenne à l'OCDE et à l'UNESCO (1995).


HallergardCarl-CabSolana-UE.JPGCarl Hallegard (SWE) : conseiller "Afghanistan - Pakistan". Jusqu'à présent au cabinet de Javier Solana comme conseiller "Balkans" du Haut représentant. Parcours : après un stage au cabinet de la Commissaire suédoise, Anita Gradin, il entre à la Commission à l'Office Humanitaire (ECHO (1996), puis passe au secrétariat du Conseil (2000) à l'Unité de Planification de la Politique et d'Alerte Rapide (UPPAR) qui deviendra ensuite l'Unité politique. Cursus : Ecole de Commerce de Stockholm, université en science politique et philosophie, Collège d'Europe de Bruges (1995).

 

jennings-michael.jpgMichael Jennings (UK) : secrétaire privé. 34 ans. Il était jusqu'ici "press officer" pour la Commissaire Ashton (Commerce) après avoir exercé la même fonction auprès de Peter Mandelson (depuis 2007). Parcours : chef du service de presse de la délégation de la CE en Chine et en Mongolie (2005-2007). Responsable des relations presse et publiques à Bayer China (2002-2005). Né en septembre 1976. Cursus : masters of letters et master en économie et science ppolitique (1995-1999) au Trinity College Dublin (1995-1999 et 1999-2001), Baccalauréat (Abitur) en Allemand à la Freiherr-vom-Stein Grammar School de Leverkusen (1995).

 

anna-kaisa_itkonen.jpgAnna-Kaisa Itkonen (FIN) : officier de presse. Elle exerçait la même fonction chez Olli Rehn (commissaire à l'élargissement) et était auparavant porte-parole de la délégation de la Commission en Finlande. Cursus : originaire de Carélie du sud, elle a passé son enfance à Lappeenranta et Joutseno. Diplômée de la Haute école de Joensuu, elle est ensuite partie étudier les langues et le droit européen à l'université d'Edinburg en Ecosse.

 

 

MajaKocijancic.gifMaja Kocijancic (SLO) : porte parole du HR. Elle était jusqu'ici porte-parole de représentation slovène à Bruxelles et a notamment assuré cette fonction lors de la présidence slovène de l'UE en 2008. Elle était auparavant journaliste correspondant UE et OTAN pour l'agence de presse slovène (STA).

 

Nikolay.jpgRenate Nikolay (DEU) : conseiller "relations avec le Parlement". Elle exerçait la même fonction dans le cabinet Ashton (Commerce) et était également dans le cabinet de Peter Mandelson (Commerce) en charge des questions de sécurité alimentaire. Elle a commencé sa carrière au ministère des affaires étrangères allemand.



holm-pedersen_h.jpgHelene-Holm Pedersen (DK) : chef de cabinet adjoint, conseiller "Balkans". Ancienne membre du cabinet Rehn (Elargissement) chargé de la Bosnie, du Kosovo, du développement et de l'aide humanitaire, des consommateurs et des relations avec le Conseil. Parcours : Après avoir travaillé avec le haut représentant de la communauté internationale (OHR) en Bosnie et à Bruxelles, à l'OCDE et avec le représentant spécial de l'UE à Skopje, elle rejoint la task-force du secrétariat du Conseil en 2002, sous la houlette du représentant spécial de l'UE, Lord Ashdown. Puis passe en 2005 au cabinet de Rehn.


NB : Le Conseiller militaire de Catherine Ashton est le Général Hakan Syren (SWE), le président du comité militaire.

Partager cet article
Repost0
25 janvier 2010 1 25 /01 /janvier /2010 11:30

MoratinosAshtonDeGucht-UE100118.jpgPlusieurs parlementaires et commentateurs se sont fait l’écho de l’absence de Catherine Ashton, la Haute représentante pour les affaires étrangères de l’Union européenne, qui n’était pas à Haïti juste après le séisme. Je ne partage pas leur avis. N’en déplaise à certains, je trouve qu’elle a eu raison. Aller là-bas avait quelques avantages mais aussi des inconvénients.

Certes, c'est un « momentum » politique : être là en même temps qu’Hillary Clinton ou Ban Ki Moon peut être important pour le futur. C’est aussi un geste de solidarité : envers les Haïtiens. C’est un instant médiatique : où la présence de l’Europe doit être symbolisée, personnifiée.

Mais il y a aussi des inconvénients tout aussi sérieux, opérationnel, politique et médiatique. Ce n’est pas vraiment un problème de places dans l'avion en soi, qui pose question (il y a toujours quelques sièges de disponible) mais cela gèle l'espace aérien pendant quelques temps, ainsi que la circulation sur l'aéroport. La sécurité générée par l’arrivée d’une haute personnalité entrave les secours. C'est un fait. La venue de Clinton a ainsi gelé pendant quelques temps, la circulation sur l’aéroport. C'est aussi céder à la politique spectacle. On vient, on serre trois mains, on prend un enfant dans les bras devant les caméras et on repart. Si Ashton avait fait çà, il m'est avis qu'elle se serait fait autant critiquer, sinon plus... Au plan politique, la discussion à New York à l'ONU et à Washington avec Clinton était plus profitable au plan politique. Au plan médiatique, je ne vous fais pas la photo : entre Hillary Clinton, Ban Ki Moon et un représentant européen qui croyez-vous que les médias auraient choisi pour illustrer leur reportage ?  (*)

Catherine Ashton avait donc raison de ne pas aller à Haïti

Sa place était davantage à Bruxelles (voir le NB) pour organiser, coordonner l'action au niveau politique. Ce qu'elle a fait en convoquant (un peu tard) un conseil des Ministres extraordinaire. Ce qui est dommage, c'est qu'elle n'ait pas alors délégué la fonction de représentation de l'Europe, à un ministre déjà sur place - le vice-Premier ministre espagnol par exemple -, à un commissaire européen - après tout, c'était plutôt le rôle du commissaire à l'Aide humanitaire, en l'occurence, De Gucht - ou qu'elle n'ait pas proposé la nomination, rapidement, d'un envoyé spécial (**), à même non seulement de coordonner l'aide européenne mais d'avoir un certain rang politique. Cette dernière solution a ma préférence - même si d'excellents experts du dossier m'affirment qu'elle avait un inconvénient de compliquer la donne. Je ne le crois pas.

NB : Si en revanche, elle n'était ni à Haïti ni à Bruxelles, mais à Londres (vendredi et samedi), pour faire du shopping comme l'a relaté mon confrère Jean Quatremer sur son blog, mais surtout pour une série de briefings, en particulier, avec certains responsables du Foreign Office, comme cela avait déjà été le cas avant son audition par le Parlement européen, ce serait plus difficile à justifier. Et je n'ose y croire. La fonction de Haute représentante se doit d'être indépendante.

(*) Quant aux autres raisons invoquées par certains diplomates, invoquant le fait la fonction de Haute représentante vient juste d'entrer en fonction, que le service extérieur n'existe pas, que la Commission est en transition, etc., certes elles justifient un peu une certaine "pagaille", mais elles ne sont pas vraiment recevables au regard de l'intensité de la catastrophe. Quels que soient les changements institutionnels en cours, il existe, de part et d'autre, une administration (à la Commission européenne et au Conseil) qui devrait être rodée à la gestion de crises. De plus, la fonction en soi du Haut représentant n'est pas nouvelle, elle existe depuis 10 ans. Celle de commissaire européen naux relations extérieures. C'est la fusion des deux fonctions (commissaire européen et Haut représentant qui est nouvelle. Et encore ! Elle est prévue depuis 6 ans. Il est étonnant que personne n'ait réfléchi, au niveau stratégique, non administratif, sur les nécessités qu'emportait cette fusion...

(**) Décision qui ressort de la seule initiative de la Haute représentante et nécessite une approbation - à la majorité qualifiée seulement et non pas à l'unanimité - par les Ministres. Ce genre de procédure peut se régler soit par écrit, soit par un conseil extraordinaire : il y en avait un, lundi dernier, des Ministres du Développement : ils avaient la capacité d'en décider.

Partager cet article
Repost0
24 janvier 2010 7 24 /01 /janvier /2010 23:00

Les principaux responsables "Affaires étrangères" du Parlement européen (Elmar Brok pour le PPE, Hannes Swoboda pour les S&D, Andrew Duff pour l'ALDE, Franziska Brantner pour les Verts) viennent de prendre leur plus belle plume pour faire part à Catherine Ashton, la Haute représentante pour les Affaires étrangères de l'UE, de leurs craintes concernant l'avenir de la direction civilo-militaire de crise (CPMD).

Pas assez de civils et trop de militaires... Dans cette lettre (dont j'ai pu prendre connaissance), ils se plaignent notamment de la composition par trop "militaire" de la nouvelle direction, dirigée par le directeur général adjoint Claude-France Arnould. Ainsi ils remarquent que la future unité de planning stratégique intégré (Integrated Strategic Planning), qui devra planifier les missions civiles comme militaires, serait composée en majorité de collaborateurs venant du monde militaire. « 18 out of its 23 collaborators having a military or defence related background ». Une préoccupation qui s'étend aussi à tous les postes de haut rangs de la CPMD : « the deputy director general, her deputy, her Chief of Staff and the Head of the Strategic Planning Unit share the same political-military background and have so far not been engaged in Civilian Crisis Management » expliquent-ils.ClaudeFranceArnould-Cs09.jpg

Claude France Arnould dans la ligne de mire ?

(crédit photo : présidence tchèque de l'UE - conseil informel des ministres de la défense - eu2009.cz)

 

Certaines missions "civiles laissées de coté... Au-delà de cette préoccupation, ponctuelle, les quatre rapporteurs du Parlement européen mettent en cause « le calendrier de la restructuration », peu de temps avant la proposition pour le service diplomatique soit faite, et « le fait que la structure proposée ne tienne pas compte des nombreuses activités communautaires dans le domaine de la gestion civile des crises ». Par exemple, ils estiment pas logique que des missions comme la mission de l'UE d'assistance aux frontières moldaves ukrainiennes (EUBAM Moldova/Ukraine) ou la mission de la Communauté européenne d'assistance à la police en Albanie (PAMECA) ne soient pas intégrées dans la nouvelle structure. Ce qui serait somme toute logique.

Commentaire : une Française dans la ligne de mire ? Ce n'est qu'un des premiers avatars (et sans doute pas le dernier) des mesures que nécessite la mise en place du service diplomatique et qui démontrent, qu'il ne s'agit pas d'une simple réorganisation, mais bel et bien d'une restructuration complète qui ne sera pas évidente. Les déceptions risquent d'échauffer les tempéraments et d'aiguiser les plumes. Il faudra sans doute raison garder durant ces prochains mois de toutes ces remises en cause qui ne seront peut-être que des règlements internes. 

Partager cet article
Repost0
20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 06:10
 La question on peut effectivement se la poser. Y-a-t-il une coordination de la politique européenne extérieure d'aide humanitaire sur Haïti ? Que fait l'Europe aujourd'hui ? La crise d'Haïti était une crise test pour le nouveau dispositif issu du Traité de Lisbonne. Qu'a fait l'Europe ? Pas moins qu'hier ? Mais pas plus et pas mieux. Elle a sorti, comme d'ordinaire, son chéquier pour payer aux organisations humanitaires et à l'ONU de quoi agir rapidement. Des experts sont partis sur le terrain évaluer les dégâts. Experts humanitaires (de l'Office européen d'aide humanitaire ECHO) et de la cellule de crise "sécurité civile". Le COPS s'est réuni. Mais en matière de coordination des secours, d'action concertée, coordonnée, c'est le désert.

Au Parlement européen, hier il a beaucoup été question de ce sujet. Et Catherine Ashton, la Haute représentante, a été sujet de nombreuses questions, parfois très critiques. L'une d'entre elles était : Ashton n'aurait-elle pas mieux fait d'être à Port au Prince qu'à Bruxelles ou Strasbourg ? On peut légitimement se poser cette question. Mais était-ce bien son rôle ? Pour C. Ashton, c'est clair. Répondant aux députés européens qui la critiquaient, elle a dit : "Je n'avais rien à fournir sur le terrain sinon prendre un espace précieux alors que les avions étaient incapables d'atterrir à cause de l'état de l'aéroport. Je ne suis pas un médecin, ni un pompier. Ma place était de réunir une coordination au niveau de l'UE et des Nations unies ". Le premier élément de défense est un peu spécieux. Car il était toujours possible d'obtenir un siège dans un des nombreux avions en partance de Belgique, des Pays-Bas ou de France. Le deuxième élément est plus pertinent. C. Ashton n'est pas commissaire à l'aide humanitaire, mais responsable politique. Et son travail était celui-là. Mais je ne suis pas sûr qu'en matière d'organisation des secours et de poids politique, cela aurait été le point adéquat. Et en matière de visibilité politique, la présence sur place des Américains et de l'ONU aurait sans doute masqué la présence de C. Ashton. (2)

Chut ! Ne dites rien on agit

Pas de représentant spécial. Bien entendu avoir un représentant européen sur place aurait eu un peu de gueule. Et aurait marqué une présence politique. Là est le point faible à mon sens. Rien n'empêchait C. Ashton de nommer, tout de suite,
un représentant spécial pour aller sur place, coordonner les secours, avec un poids suffisant pour assurer une présence politique visible. Un technicien expérimenté voire un poids un peu plus lourd politique. Nous ne manquons pas de grand nom qui auraient certainement pu prendre le relais facilement. Pourquoi pas Emma Bonino ? Eh oui. Je suis désolé. Mais Emma, envoyée spéciale de l'UE à Haïti, aurait eu immédiatement un poids politique. Mais c'est évident qu'elle aurait un peu volé la vedette" aux autres.

Une réunion tardive des ministres du Développement. Par rapport à la première crise d'urgence, la réunion des 27 était très tardive. Elle ne valait que pour la phase de reconstruction. On peut se demander pourquoi une réunion un peu plus solennelle du Coreper ou du Cops n'aurait pas pu prendre place très rapidement pour illustrer cette coopération européenne.

Pas de bilan global. La Commission européenne a été incapable,
aujourd'hui comme hier, de fournir des chiffres globaux de tous les moyens humains, aériens, de secours engagés par les 27. On en reste toujours à une liste qui énumère l'ensemble des moyens nationaux. Ce site a été le seul à procéder ainsi.

Pas de réaction politique. La coordination de la sécurité civile, cela près de 10 ans qu'on en parle. Guy Verhofstadt le rappelait. Michel Barnier qui a rédigé un excellent rapport et que j'ai rencontré dans les couloirs bouillait d'impatience, enrageait presque que son rapport soit resté depuis 4 ans (il a été déposé en 2006) lettre morte. On n'a pas profité de l'évènement pour ressortir ce dossier. Et le pousser politiquement. La réunion des chefs d'Etat et de gouvernement le 11 février pourrait être une occasion. Mais ce sera la dernière sur cette crise. Après la pression de l'actualité, et donc la pression politique retombera.

Pas de visibilité. L'UE n'a pas manqué d'agir. Mais rien n'a été fait pour médiatiser cette action. Une réunion de crise réunissant les plus haut responsables de l'action humanitaire, militaire, sécurité civile... avait lieu chaque jour. Aucune communication sur ce point. Aucune photo même disponible. Dommage. On n'en reste au traditionnel : Chut ! Ne dites rien on agit. Le problème, aujourd'hui, en matière politique est différent. Il faut agir et le dire.

Comme le dit Marielle de Sarnez, députée européen du MODEM : « plus nous procédons à des nominations, plus nous créons des fonctions et des titres, moins nous existons. Et ceci devrait nous interroger. Combien de catastrophes faudra t-il encore pour que les responsables de l'Union européenne soit enfin à la hauteur de leurs responsabilités ? ».

(1)
Le nom officiel est MIC = comme monitoring and information center

(2) Et il y avait la présence américaine. Le fait que nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités américaines représente également un élément important de notre action actuelle et future", a déclaré Mme Ashton.
Partager cet article
Repost0
17 janvier 2010 7 17 /01 /janvier /2010 15:45
(mise à jour mar 19 janvier) Boal Pilar Juarez, qui était le numéro 2 de "l'ambassade" de l'UE à Haïti, est décédé. Donné un moment comme identifié par la presse espagnole, le corps se trouverait toujours sous les décombres aux dernières nouvelles mais les chances de retrouver vivante sont plus que minimes. Elle a été surprise par le tremblement de terre dans le bâtiment des Nations-Unies alors qu'elle assistait à une réunion. C'est le premier mort en exercice pour le service diplomatique de l'UE depuis la mise en place du Traité de Lisbonne. Mais ce n'est pas le premier agent européen décédé en mission (lire in memoriam). NB : trois victimes espagnoles ont été, en revanche, confirmées dont un inspecteur de police, Rosa Crespo Biel, qui travaillait avec l'ONU. Lire ici
Partager cet article
Repost0
12 janvier 2010 2 12 /01 /janvier /2010 21:00
Image 2-copie-1Lors de son audition, Catherine Ashton, la haute représentante aux Affaires étrangères, a légèrement éclairci sa future politique à la tête du service d'action extérieure et comme coordinateur du pôle "extérieur" à la Commission. Elle y a été plus précise que sur la politique de défense.

Priorité n°1 : mettre sur pied le service extérieur

Une occasion unique en une génération. Le service extérieur n'est pas "un simple exercice bureaucratique" a-t-elle assuré. C'est "un outil qui rassemble tous les éléments de notre engagement - politique, économique et militaire - pour mettre en œuvre une stratégie cohérente". Ce sera bien différent de ce que peuvent faire les ministères » a-t-elle estimé. Mais c'est "une occasion qui ne se présente qu'une fois en une génération" a-t-elle ajouté.

Un statut sui generis. « Nous avons deux options : au sein de la Commission, ou sui generis. Atitre personnel, je penche pour un statut "sui generis" ». Ce qui rejoint d'une certaine façon les opinions des eurodéputés. Le Parlement européen sera, de toute façon, consulté tout au long du processus, « avant la décision du Conseil en avril », a-t-elle précisé.

Total contrôle du Parlement sur le budget. Ashton a aussi rendu les armes au Parlement, estimant que le SEAE "ferait l'objet d'un droit de regard complet de la part du Parlement".

Mais pas d'audition des ambassdeurs de l'UE par le Parlement.
« Ambassadeurs ou chefs de délégation, appelez-les comme vous voulez », cela doit rester de ma compétence seule, a souligné Ashton. "Je ne suis pas convaincue par l'idée que des auditions doivent être organisées pour les plus hauts postes", a-t-elle expliqué répondant ainsi à la libérale belge Annemie Neyts. « Ce qui est important, c'est d'avoir une procédure de nomination, transparente ».
NB : cette position est parfaitement légitime pour les
ambassadeurs ou chefs de délégation. Si le Parlement européen commence à organiser des auditions à chaque nomination d'ambassadeur, cela semble difficile à justifier, peu d'Etats européens procédant ainsi (aucun à ma connaissance). En revanche, pour les représentants spéciaux, qui sont comme leur nom l'indique "spéciaux", en nombre beaucoup plus restreint, et surtout dont la présence et le rôle sont définis par le Traité européen, l'audition par la commission compétente du Parlement européen peut se justifier.

Mon rôle : discuter dans l'ombre

Fédérer, pas opposer. Au niveau de l'Union, Catherine Ashton définit ainsi son rôle : non « pas l'opposition. Mais plutôt fédérer les énergies, les volontés pour travailler ensemble ».  La recherche du résultat, du consensus, sont des mots qui reviennent souvent dans sa bouche de même que la discrétion, la discussion.

Discuter discrètement, leitmotiv. Manifestement
Ashton préfère d'ailleurs l'ombre à la lumière. « Diplomatie tranquille, cela ne veut pas dire que je suis tranquille. Mais quand je discute avec des personnes discrètement, cela permet souvent d'atteindre mieux ses objectifs. Et cela permet à d’autres de prendre le crédit d’idées qui lui sont suggérées. Parfois sortir en public ne permet pas d’atteindre un résultat. Il faut trouver la démarche efficace selon le pays avec qui nous discutons. »

Commissaire et haut représentant, un distinguo subtil. « Je serai commissaire quand je viendrai vous présenter les dossiers de la Commission. Je serai le représentant du Conseil quand je viendrai rendre compte des débats au Conseil. » « Maintenant - a-t-elle reconnu - il faudra d'un point de vue logistique régler la question », reconnaissant ainsi que le distinguo n'était pas facile à opérer

Conduire les autres commissaires dans le bon chemin. Le traité "est très clair", Ashton a "autorité" sur les autres commissaires. « A moi de créer le cadre stratégique, cela relève de ma compétence, et de demander à la Commission de me rejoindre" explique-t-elle. Pour autant l'autonomie de chacun sera préservée : "Je travaillerais avec un groupe de commissaires avec une division du travail claire qui mettrait notamment l'accent sur la mise en œuvre comme en matière de développement par exemple".

Une diplomate unilingue


Au niveau linguistique, on a pu constaté que Catherine Ashton n'a fait aucun effort. Même pas un petit mot en Français, en Allemand, en Espagnol ou en Polonais. Rien Nada. Anglais, anglais, anglais, de bout en bout. Un "sérieux" problème pour un diplomate en chef, ont estimé, après coup, plusieurs députés. Mais aucun d'entre eux n'a eu la présence d'esprit de lui demander pourquoi...
Partager cet article
Repost0

Nouveau Site


Bruxelles2 a migré depuis 2010 ! Les derniers posts sont sur  : www.bruxelles2.eu

Ou sur la version professionnelle du "Club" sur souscription

Sans oublier le fil http://www.bruxelles2.eu/feed/link... ou le fil Twitter

Avertissement B2 - Bruxelles2 n'est, en aucune façon, responsable de l'irruption de publicités, sur ce site, qui sont de l'unique initiative et responsabilité de l'hébergeur, over-blog. Vous pouvez nous suivre désormais sur le site (sans publicité) de B2

Bruxelles2 en quelques mots

Derrière les murs, la politique (européenne) des affaires étrangères (PESC), de sécurité et de défense commune (PeSDC) est décryptée. Stratégie, politique, gestion de crises, industrie ou transport aérien militaire, surveillance maritime et protection civile...Missions militaires et civiles de l'UE (Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Géorgie, Moldavie / Ukraine, Afghanistan, Irak, Palestine, Congo RDC, Guinée-Bissau, Haïti, Océan indien, Somalie, Tchad).

logo_ouestfrancefr.pngL'éditeur : Nicolas Gros-Verheyde. Journaliste, correspondant "Affaires européennes" du premier quotidien régional français Ouest-France après avoir été celui de France-Soir. Spécialiste "défense-sécurité". Quelques détails bios et sources.