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25 mai 2010 2 25 /05 /mai /2010 15:23

La mer bleue. Du sable. Pas un arbre. Une plage à faire rêver un amateur de solitude ? Eh non. C'est tout simplement un des "ports" pirates nichés sur la côte somalienne, observés du navire néerlandais de la flotte anti-piraterie de l'UE, le HNLMS Johan de Witt, qui est actuellement en mission d'observation et d'interception, le long des côtes. PortPirate-Eunavfor100525.jpg

Le Johan de Witt a ainsi bloqué l'accès à la mer de ces bateaux pirates, apprend-on du QG d'Atalanta. Navire amphibie, le Johan de Witt dispose, en effet, de péniches de débarquement (LCVPs) qui permettent d'opérer facilement près des côtes, avec plus de discrétion qu'un navire de guerre (1).

PenicheDebarqJohanDeWitt-Eunavfor100525.jpgEn l'occurence, les marines européennes disposent en ce moment d'un précieux allié, la météo. Le retour de la mousson rend les opérations de piraterie plus difficiles et obligent les pirates à rejoindre la haute mer le plus rapidement possible.

(crédit photo : EUNAVFOR Atalanta)

(1) Le Johan de Witt capture quelques pirates de plus. Il joue la surprise.

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24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 23:48

Trop d'argent illégal entre au Kenya. Selon le dernier bilan publié par la banque centrale kenyanne, la balance des paiements affiche ainsi un montant inexpliqué de 164 milliards de shilling kenyan (soit environ 1,65 milliard d'euros ou 2 milliards de $). Un afflux inexpliqué qui serait la conséquence du blanchiment d'argent d'activités criminelles, notamment des pirates somaliens, selon nos confrères kenyans de Daily Nation. Ces sommes provoquent des bouleversements dans l'économie kenyane, notamment en augmentant de façon très rapide le prix de l'immobilier. Le gouvernement a donc annoncé, dimanche, la mise sur pied d'une  équipe spéciale d'enquête, composée d'experts de la Banque centrale et du bureau national des statistiques. Ils seront chargés de conduire une nouvelle étude sur les mouvements commerciaux "informels" aux frontières.

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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 19:53

  AShtonSeychelles-.jpgC'est avec une écharpe verte flottant au vent — que n'aurait pas reniée Khadhafi — que notre Lady Ashton, diplomate en chef de l'UE, est arrivée aux Seychelles, dernière étape de sa tournée en Afrique de l'Est après la Tanzanie et le Kenya. L'objet de cette visite dans l'archipel était multiple : s'entretenir avec les autorités secyhelloises sur la collaboration avec l'UE, rendre visite aux équipes européennes présentes dans l'île - équipages des avions de patrouille maritime et marins du Carlkrona, le navire-amiral de la force européenne EUNAVFOR Atalanta, mais aussi participer à une réunion du forum régional anti-piraterie. 6 pays étaient présents : Djibouti, Kenya, Maurice, Mozambique, Seychelles, Afrique du Sud, ainsi que des organisations internationales (Union Afrique, COMESA, IOC, INTERPOL and UNODC).

Les Six ont signé, avec l'Union européenne, une déclaration commune affirmant leur volonté d'agir ensemble et de joindre leurs efforts dans une stratégie à court, moyen et long terme. « La piraterie est devenue, à nouveau, une menace pour la haute mer. (...) Le commerce international est interrompu, la sécurité est menacée, l'économie régionale en souffre. La piraterie est aujourd'hui un problème international qui requiert une solution multilatérale globale  ». Il faut « renforcer la coopération régionale est essentiel ». A court terme, il faut « dissuader et capturer les pirates reste une priorité » estiment les participants qui soulignent le « rôle crucial de l'opération EUNAVFOR ». A moyen-terme, « il est nécessaire de renforcer les capacités des pays de la région pour la poursuite et l'emprisonnement des pirates » Mais il a été aussi convenu que « seule une stratégie globale permettra de résoudre les défis sous-jacents de sécurité et de développement qui se posent derrière la piraterie ».

Bref, une belle déclaration d'intention qui a l'avantage d'associer différents pays. Reste à voir ce qui sera applicable.

 (Photo : la Baroness Ashton à son arrivée aux Seychelles)

 
Déclaration de Victoria

Piracy has become again a menace on the high seas. The Indian Ocean, notably those countries in the surrounding region, is particularly affected. International trade is disrupted, security is threatened, the region's economy is suffering, social development is endangered. Piracy is today an international problem which requires a comprehensive multilateral solution. The participants agreed that to be effective in addressing the challenge of piracy, the countries in the region will have to act together. They agreed to forge strong regional cooperation because regional solidarity is essential to fight piracy. To be effective, the participants agreed the need for a joined-up short, medium and long-term strategy. In the short-term, continuing deterring and capturing pirates remains a priority. The participants recognised the crucial role the EU-NAVFOR Atalanta Operation in this regard. In the medium-term, it was stressed the need to strengthen the capacities of the countries in the wider region on the prosecution and imprisonment of pirates. But it was agreed that a comprehensive strategy can only be achieved by addressing the underlying security challenges and development causes behind piracy. At their meeting, the partners agreed to further develop and enhance their domestic action plans to fight piracy with a view to formulating a more comprehensive, coherent and sustainable regional strategy to be agreed at a further ministerial level conference to be convened in the very near future. The EU has reiterated its strong commitment to stand by the countries in the region together with the other international partners in order to help them to effectively address the problem of piracy. The participants agreed to meet again soon and continue their concerted efforts for a coordinated international action for sustainable solutions on piracy.

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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 19:25

EscortPamNivose-Fr1070015.jpgLa frégate française, Nivose, qui participe à l'opération européenne de lutte anti-piraterie, a été prise pour cible à la sortie de Mogadiscio, apprend-on de l'Etat-Major de l'armée à Paris et du QG d'Atalanta à Northwood. Cela s'est passé jeudi 20 mai matin, tout près de Mogasdiscio, à 1 mile.

Le Nivôse était en approche pour prendre en escorte deux navires de commerce, l’Alpha Kirawira et le Petra 1, qui venaient juste de décharger du matériel pour la force de paix de l'Union africaine en Somalie (AMISOM) (1). Il a essuyé alors des coups de feux d'armes légères qui semblaient venir de la rive. Des impacts d'armes légères ont pu être observés dans l'eau juste à 10 mètres du tribord. Le commandant a alors ordonné, en riposte, un tir de semonce de 12.7 mm dans l'eau en direction de la position. Les tirs ont cessé, du moins en direction du Nivôse.

Une investigation détaillée du navire a permis de confirmer que le batiment n'avait pas été touché. Quant aux deux navires de commerce, leur escorte n'a pas été compromise. Ils se dirigent vers Mombasa.

NB : les milices islamistes Al Shabaab ont pris, le 21 mai, le contrôle du nord de Mogadiscio, ce qui leur permet de maintenir le port de Mogadiscio sous pression. Et les tirs pourraient provenir de là plutôt que de pirates.

(1) Des navires du PAM selon l'Etat-Major des armées.

(crédit photo : DICOD / EMA)

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20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 21:50

CedhBatiment.jpg(Analyse) La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a rendu, le 29 mars, un arrêt intéressant (affaire Medvedyev et autres). Certes cela concerne une arrestation en haute mer pour trafic de stupéfiants. Et les bases légales sont légèrement différentes pour les faits de piraterie maritime. Mais cet arrêt mérite une lecture attentive car les solutions qu’il donne peuvent aussi être applicables dans ce cas.

  • A noter que cet arrêt est le second (et définitif) de la CEDH. La 5e chambre avait déjà donné un premier arrêt le 10 juillet 2008. Cette fois, c’est la Grande chambre, saisie par les requérants comme le gouvernement français, qui se prononce. Ce qui rend solennel cet arrêt. Mais le jugement n’a été obtenu qu’à une courte majorité. Deux groupes de juges ont d’ailleurs rendu un avis minoritaire sur cet arrêt.

 

Une affaire de saisie de drogues

L’affaire remonte à juin 2002. Un cargo – le Winner – est soupçonné de transporter une importante cargaison de drogue, qui serait transbordé sur des vedettes rapides au large des Canaries avant d’arriver sur les côtes européennes. Repéré par les services américains, espagnols et grecs de lutte contre les stupéfiants, la décision d’interception est prise à Paris au sein de l’OCRTIS (l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants).

 Le Cambodge, Etat du pavillon, donne son autorisation par une note orale pour « intercepter, contrôler et engager des poursuites judiciaires contre le bateau Winner » (je souligne bateau car c’est un point important ensuite dans l’arrêt). Autorisation confirmée a posteriori en 2008 en précisant que l’autorisation vaut non seulement « contre le navire Winner mais aussi tous les membres de son équipage ».

TirLttHenaff1-Fr1004.jpgArrestation mouvementée

L'aviso français « Lieutenant de Vaisseau Le Hénaff » est dépêché sur place par le préfect maritime, avec à son bord des commandos marine Jaubert et trois experts de l'OCRTIS. Repéré au large du Cap-Vert, le 13 juin, le Winner présente toutes les caractéristiques d’un bateau suspect : pas de pavillon, pas de réponse aux appels radio, colis jetés par-dessus bord… L’interception est mouvementée : «  sommations, tirs d'avertissement et même tir au but sont nécessaires pour que le Winner consente à stopper. Et encore, en montant à bord, les militaires français doivent « faire usage de leurs armes pour ouvrir certaines portes verrouillées. L'un des membres de l'équipage ayant refusé d'obtempérer à leurs sommations, un tir d'arrêt ou d'intimidation est effectué en direction du sol. » Un marin est blessé. Transféré sur l'aviso Lieutenant de vaisseau le Hénaff, puis à l'hôpital de Dakar, il décède une semaine plus tard. Le restant de l’équipage est consigné à bord du Winner sous garde des militaires. Un remorqueur est dépêché de Brest pour prendre en charge le Winner.

Le Procureur de la république confie l’enquête « en flagrance » à l’OCRTIS, le 13 juin. Et le Parquet de Brest ouvre une information contre X le 24 juin. Les suspects arrivent au port de Brest, le 26 juin, au petit matin. Ils sont aussitôt placés en garde à vue par des inspecteurs judiciaires, agissant sur commission rogatoire. Ils comparaissent devant un juge d’instruction dans l’après-midi et, à nouveau, le lendemain, avant d’être mis en examen et placés sous mandat de dépôt le 28 ou le 29 juin, selon les intéressés.


Plusieurs points ont été discutés devant la Cour


1. La compétence de la CEDH (article 1)

Question hautement liée à la reconnaissance de la juridiction de la France. S’agissant de haute mer, la CEDH, qui échappe normalement à une juridiction nationale, la question était cruciale. La CEDH a déjà admis sa compétence en cas de « circonstances exceptionnelles » (arrêt Bankovic). Par exemple à bord « d’un aéronef ou d’un navire portant son pavillon » « ou « lorsque, par suite d'une action militaire – légale ou non –, elle exerce en pratique son contrôle sur une zone située en dehors de son territoire national » (arrêt Loizidou, 23 mars 1995). Jurisprudence applicable en l’espèce.

Les juges constatent « l’existence d'un contrôle absolu et exclusif exercé par la France, au moins de facto, sur le Winner et son équipage dès l'interception du navire, de manière continue et ininterrompue » : c’est un navire et des militaires français qui partent arraisonner le Winner, sur ordre du préfet maritime. Les membres d’équipage ont été maintenus, consignés dans leur cabine, durant le retour en France, donc sous le contrôle exclusif des Français. 

  • Un point important car sensiblement identique dans les affaires de piraterie maritime. Encore que la notion de contrôle exclusif soit parfois brouillé, par le fait que les pirates peuvent "passer de main en main" lors d'une opération d'arrestation. Si tous les pays participant à l'opération EUNAVFOR adhèrent à la Convention européenne des Droits de l'homme, ce n'est pas le cas de tous les navires opérant dans la zone. Ainsi dans une affaire type "Torre Giulia" où des suspects sont arrêtés par des militaires (français), remis à une autorité (Seychelles) puis "rextradés" vers une autre destination par d'autres militaires (toujours français), il peut y avoir, incontestablement, une perte de contrôle. Donc une non compétence de la CEDH. Ce qui serait assez ironique en quelque sorte. Car c'est dans ce type d'affaires qu'un contrôle judiciaire supérieur doit être exercé. Les caractères très restrictifs de ces conditions appellent donc, à mon (humble) sens, une discussion.


2. La privation arbitraire de liberté (article 5.1)

Aucune des parties ne conteste la privation de liberté ni son but : conduire « devant l'autorité judiciaire compétente » des suspects. La discussion porte donc plutôt sur la « base légale » de l’action de la marine française au regard du droit international. La règle habituelle, de l’État du pavillon, ne permet pas d’action ; le Cambodge, état du pavillon du Winner, n’ayant pas signé la convention de Montego Bay. Il faut donc trouver d’autres sources.

Pour les Etats qui ne sont pas partie à la Convention de Montego Bay, la Cour rappelle qu’il est possible chercher d’autres modes de collaboration pour lutter contre certains trafics. En l’espèce, une note verbale avait été échangée entre les deux Etats concernés (France, État poursuivant, et Cambodge, État du pavillon).  La note verbale ayant valeur de traité ou d’accord en droit international. Mais encore faut-il que cette note soit précise. En l’espèce, la note autorise la poursuite judiciaire contre le navire. Mais il n’est rien précisé sur l’équipage.

La Cour tire de cette imprécision, une absence de base légale et une violation de la convention européenne. Elle condamne ainsi l'Etat français à payer 5.000 euros de dommage moral à chaque plaignant (et 10.000 au titre des frais de procédure conjointement).

  • Fait intéressant : la Cour rappelle que pour la piraterie maritime, cette question ne se pose dans les mêmes termes. En effet, la convention de Montego Bay pose « le principe de la juridiction universelle par exception à la règle de la compétence exclusive de l'Etat du pavillon » pour les faits de piraterie, et permet le droit de visite et l’arraisonnement de navires étrangers (ce qui n’est pas le cas de la lutte contre le trafic de stupéfiants).

 

3. Le droit à être traduit aussitôt devant un magistrat (article 5.3)

Ce contrôle judiciaire doit être rapide (prompt), automatique (sans que l’intéressé ait à le demander), effectué par un magistrat habilité par la loi et indépendant vis-à-vis du pouvoir exécutif. Ce magistrat doit entendre personnellement les suspects et pouvoir « examiner les circonstances qui militent pour ou contre la détention ». Toutes conditions qui ont pour objectif essentiel d’assurer une protection contre les comportements arbitraires, les détentions au secret et les mauvais traitements.

Précisons que la Cour ne discute pas la qualité de juges indépendants du juge d’instruction lesquels sont assurément susceptibles d'être qualifiés de « juge ou autre magistrat habilité par la loi à exercer des fonctions judiciaires ».

C’est surtout la condition de promptitude qui était en jeu en l’espèce. Les dealers avaient dû, en effet, subir un séjour de 13 jours de navigation en mer avant d’être, à terre, entendu par un juge d’instruction. Un point intéressant car ce genre de délais est courant en cas d’arrestation de piraterie maritime.

Pour situer le sujet, la Cour a déjà reconnu que des périodes de détention de 4 jours et 6 heures sans comparution devant un juge emportaient violation de la CEDH. A l’inverse, elle a admis la régularité de délais dans « des circonstances tout à fait exceptionnelles » : 1) un délai d'acheminement du navire inévitable, 2) une privation de liberté réalisée sous la supervision d'une autorité judiciaire (reconnue) et 3) une présentation immédiate à un juge à l'arrivée à terre (arrêt Rigopoulos).

La Cour estime la première condition (délai d’acheminement inévitable) remplie :

- au moment de son interception, le Winner se trouve en haute mer, loin des côtes françaises ;

- rien n'indique que son acheminement vers la France ait pris plus de temps que nécessaire, compte tenu notamment des conditions météorologiques et de l'état de délabrement avancé du Winner qui rendaient impossible une navigation plus rapide ;

- les requérants ne prétendent pas qu'il était envisageable de les remettre aux autorités d'un pays plus proche que la France, où ils auraient pu être rapidement traduits devant une autorité judiciaire ;

- la Cour refuse, enfin, de se prononcer sur des solutions alternatives comme l'hypothèse d'un transfert sur un navire de la Marine nationale pour un rapatriement plus rapide, « il n'appartient pas à la Cour d'évaluer la faisabilité d'une telle opération dans les circonstances de la cause ».

La seconde condition de « supervision d’une autorité judiciaire » n’est pas vraiment examinée dans le détail par la Cour qui estime simplement que l’arrestation a début en haute mer le 13 juin 2002 (c’est alors le Procureur de la République qui supervise l’opération) et préfère se concentrer sur la troisième condition de « présentation immédiate ».

Ainsi, pour la Cour, ce qui semble surtout compter est le temps qui s’écoule entre le moment où les intéressés ont mis pied-à-terre et le moment où ils sont conduits devant un juge d’instruction. La durée de la garde à vue des requérants avant leur traduction devant un juge n'a été que d'environ huit à neuf heures après leur arrivée en France. Les requérants ont été placés en garde à vue le 26 juin 2002 à 8 h 45 et leur présentation effective à un juge d'instruction dans les locaux du commissariat de Brest s'est déroulée, au vu des procès-verbaux produits par le Gouvernement, de 17h05 à 17h45.

La Cour valide donc la procédure suivie par la France. Ce qui est significatif  car les affaires d'arrestation de pirates procèdent de manière, sensiblement identique.


Conséquences pour la piraterie maritime et discussion

Cependant ce dernier point n'a été acquis qu'à une voix de majorité (8 contre 7). Les juges minoritaires ont justifié, dans une opinion jointe au jugement, leurs critiques. Elles portent surtout sur l'absence de contrôle judiciaire durant les 13 jours de traversée.

Ces juges estiment notamment que les critères fixés par la jurisprudence (dans l'affaire Rigoupolos) ne sont pas remplis : c'est le ministère public qui a suivi la procédure et non un tribunal central d'instruction (comme dans l'affaire Rigopoulos). Et toute une série de droits n'ont pu être exécutés : information de proches, des ambassades, droit à un avocat... "Nous ne saurions admettre qu'il ait été nécessaire de détenir les requérants pendant 13 jours en dehors de tout cadre juridique, avant de les traduire devant un juge ou un autre magistrat habilité pa la loi à exercer des fonctions judiciaires" estiment-ils, avant de remarquer : "les autorités françaises ont fait des efforts pour embarquer à bord du Henaff des moyens techniques et militaires impressionnants (...) ; il est regrettable qu'elles n'aient, en revanche, fait aucun effort pour que la procédure soit assortie d'une forme adéquate de contrôle juridictionnel". De plus les juges considèrent que la Cour aurait dû vérifier s'il n'y avait pas de solutions alternatives.

  • Toutes remarques qui semblent assez justifiées et pourraient entraîner, la prochaine fois, un basculement de la jurisprudence. Un projet de loi encore en discussion à l'Assemblée nationale a d'ailleurs prévu de confier ce rôle au juge des libertés. Selon le texte présenté à l'assemblée nationale, le 6 mai "Pour l'application de l'article L. 1521-14, le juge des libertés et de la détention peut solliciter du procureur de la République tous éléments de nature à apprécier la situation matérielle et l'état de santé de la personne qui fait l'objet d'une mesure de restriction ou de privation de liberté."

 

(crédit photo : CEDH / Dicod - Le Ltt Vaisseau Henaff à l'entraînement de tirs)

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20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 19:27

Image-18.pngLa Tanzanie pourrait être le troisième Etat de l'Océan indien à signer un accord avec l'Union européenne. Tel est, en effet, le sentiment au sein de la délégation européenne. Il est vrai que cela fait plus d'un an qu'on en parle et que les diplomates préparent le terrain (1). Mais cette fois on semble plus proche d'un accord. Le pays a, récemment, modifié sa loi pénale (2). Et une aide logistique et financière de l'UE pourrait lui être apportée, pour les prisons, la justice et la police a précisé Catherine Ashton, la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères.

(1) Lire : L'UE prépare un accord avec la Tanzanie pour EUNAVFOR (mars 2009)

Transfert des pirates: après les Seychelles, la Tanzanie ou l'Ile Maurice)

(2) Lady Ashton en tournée en Afrique de l'est mais pas en Ouganda 

(crédit photo : Commission européenne)

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20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 12:37

AshtonKenya-.pngLa visite de Catherine Ashton, la Haute représentante de l'UE, au Kenya n'a pas permis de débloquer le dossier. Mais on peut noter quelques avancées dans le véritable bras de fer qu'a engagé le Kenya avec la communauté internationale, et notamment l'Union européenne.

 

Quatre mois pour négocier un nouvel accord

Le Kenya avait dénoncé fin mars l’accord qui le liait à l’Union européenne. Celui-ci ayant un préavis de 6 mois, il reste encore 4 mois pour négocier un nouvel accord.

Le ministre des Affaires étrangères kenyan, Moses Wetangula, n'est pas revenu sur cette dénonciation. Mais il a qualifié, cette visite de "fructueuse". Car l'UE a reconnu la nécessité d'un « partage des charges », d'un « effort international plus concerté » et « qu'un pays ne pouvait résoudre seul ce problème ». Cathy Ashton l'a confirmé à ses interlocuteurs.  Le Kenyan a ainsi fait un geste de conciliation. Le pays pourrait accepter « au cas par cas » de prendre en charge des suspects appréhendés par les navires de la force européenne.

Sur le fond, cependant il n'a rien cédé. Le Kenya entend voir ses préoccupations - tant politiques que juridiques ou financières - prises en compte. Si, dans quatre mois, le pays n'a pas reçu des garanties sur la sécurité et les coûts, il cessera ainsi les poursuites de pirates. Le ministre l'a également confirmé. Nous voulons « une responsabilité partagée, des coûts partagés, des risques partagés » souligne Wetangula.

 

Les raisons du bras de fer

Premièrement, le Kenya ne veut pas être le seul pays de la région à traduire les pirates - ce qui le désigne comme une cible plus importante pour les pirates. C'est donc un message adressé aux autres pays africains de la région, notamment la Tanzanie (où se rend également la Haute représentante) mais aussi l'ïle Maurice, l'Afrique du sud... pour qu'ils acceptent aussi de signer un accord identique et de prendre en charge les pirates (à court terme) et de mettre en place une solution régionale (à long terme).

Deuxièmement, il s'agit de résoudre la crise somalienne, dont le Kenya souffre au premier chef. Du fait de ses frontières communes, et de la possible agitation et troubles, qui menace le nord du pays. Les Kenyans voient bien que la communauté internationale a davantage de préoccupation sur la région depuis que les pirates agissent. Il estime donc nécessaire un engagement plus fort des Etats membres de l’Union européenne sur la Somalie. Mais également d'assurer au Kenya les moyens de sa sécurité (éventuellement avec la livraison et la prise en charge d'équipements de sécurité...).

Troisièmement, il s'agit d'obtenir de l'Union européenne une renégociation de l'accord de remise des pirates dans des termes plus favorables. Notamment en rendant plus stricts les critères d'acceptation des suspects (le "cas-par-cas" deviendrait la règle) ; en obligeant également les pays qui lui remettent des pirates (1) à assurer le "service après-vente" : reprise et réacheminement des suspects si les tribunaux les libèrent, voire emprisonnement dans d'autres pays une fois la peine prononcée (2).

Quatrièmement, le Kenya veut davantage de soutien financier. Le pays estime que les sommes versées par les Européens et la communauté internationale sont limités à un seul fait : la poursuite des pirates - et ne sont pas utilisables pour d'autres besoins (3). Il souhaiterait voir non seulement augmenter ces fonds mais qu'ils soient à finalité plus globale. L'économie kenyane souffre. Selon Wetangula, la piraterie coûte au pays 25 millions de $ par mois. 1 million de $ par jour ! Soit largement plus que les rançons versées aux pirates ou que l'aide européenne pour la traduction des pirates (1,7 millions €). L'UE devra donc passer à la caisse. 

 

(1) Précisons que selon le droit de la mer, c'est l'Etat du pavillon (attaqué) qui est compétent au premier chef. La compétence universelle étant, en quelque sorte, supplétive et concomitant à ce droit.

(2) Conditions qu'a obtenues les Seychelles dans l'accord signé avec l'UE. Lire : L'accord de transfert des suspects avec les Seychelles

(3) Toutes les sommes n'ont pas ainsi été dépensées. Lire :Lady Ashton en tournée en Afrique de l'est mais pas en Ouganda 

(crédit photo : Commission européenne / EBS)

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18 mai 2010 2 18 /05 /mai /2010 17:50

On ne badine pas avec la piraterie au Yemen. Six pirates viennent d'y être condamnés à mort par la cour pénale spécialisée de Sanaa (la capitale). Six autres ont été condamnés à une peine de dix ans de prison. C'est la première condamnation prononcée au Yemen.

Une amende de 2 millions $ a aussi été prononcée, à verser à la compagnie propriétaire du navire attaqué (Aden Refinery cie) à charge pour elle d'indemniser les marins disparus, selon la presse yemenite.

Les pirates avaient attaqué en avril 2009 un tanker yemenite, le Qana, au large d'Aden. Leur arrestation par les gardes-côtes yemenites avaient été plutôt mouvementée : un marin avait été tué lors de l'opération de libération, un autre avait péri disparu, et 3 autres blessés (ainsi qu'un pirate). 

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17 mai 2010 1 17 /05 /mai /2010 22:34

Six Somaliens, suspectés d'avoir attaqué le MV Nada le 9 avril et actuellement détenus au Kenya, pourraient être libérés sous caution. C'est en tout cas la demande qu'a faite la magistrate en chef de Mumbasa (Kenya), Rosemelle Mutoka, selon la presse kenyane. Elle a demandé un rapport au service de probation qui devrait être rendu d'ici le 2 juin. C'est la première fois qu'une telle demande est introduite dans un cas de piraterie. La juge estime qu'elle n'a pas reçu de détails probants ni de l'accusation ni de la défense et que le service de probation est le mieux à même de faire la part des choses. Cette demande intervient alors que la Diplomate en chef de l'UE, Cathy Ashton, débute demain une visite dans la région (lire : Lady Ashton en tournée en Afrique de l'est mais pas en Ouganda)

Les six somaliens sont accusés d'avoir attaqué le MV Nada le 9 avril, dans le Golfe d'Aden, à 100 miles de Socotra, à plusieurs reprises, à l'AK47 et au RPG. L'attaque des pirates avait été déjouée. Le navire britannique HMS Lancaster qui se trouvait dans les parages avait appréhendé les pirates avant de les remettre aux autorités kenyanes le 27 avril. Une remise qui s'est effectuée - faut-il le préciser - alors que le Kenya a gelé depuis plusieurs mois toute arrivée de nouveaux suspects sur son territoire.

(mise à jour 4 juin) l'officier de probation a demandé, début juin, à la juge plus de temps pour localiser les parents des six suspects pirates rapporte la presse kenyane.

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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 13:24

AshtonConfPress2CmeMinAffEtr-UE100510.jpgLady Ashton, la diplomate en chef de l'UE, part en tournée, du 18 au 21 mai, dans trois pays africains concernés au premier chef par la lutte anti-piraterie. Elle visitera ainsi le Kenya (18/19 mai), la Tanzanie (19/20 mai) et les Seychelles (20/21 mai).

La Haute représentante de l'UE va tenter de convaincre ses trois pays d'ouvrir ou de conserver ouvertes les portes de leur justice pour accueillir dans leurs prisons et juger les somaliens suspects de piraterie arrêtées par les forces européennes.  

Elle visitera également les forces européennes impliquées dans la lutte anti-piraterie : avec les avions de patrouille maritime (il y en a trois actuellement: le Luxembourgeois, le Portugais ou le Suédois) et à bord d'un des navires d'EUNAVFOR Atalanta. Selon mes informations ce sera à bord du vaisseau amiral suédois, le Carlskrona, lors de l'escale aux Seychelles. 

Une nécessité ! comme l'explique Cathy Ashton, « La piraterie est un des grands défis de notre temps à la fois pour la région et la communauté internationale. Cela mine la sécurité maritime dans l'Océan indien, la stabilité et le développement dans la région. Nous voulons construire un partenariat avec les pays de la région à travers des solutions durables basées sur un partenariat local avec un soutien international ».   

Convaincre les pays de la région de s'engager sur la piraterie

La situation devient, en effet, critique pour le traitement des pirates en justice (1). Le Kenya a dénoncé début avril, l'accord de traduction des pirates qui le lie à l'Union européenne (2) et n'accepte, de toute façon, plus de suspects depuis le début de l'année. Le préavis dure durant six mois et il est important de faire revenir les autorités kenyanes sur cette décision avant l'automne. Les Seychelles ont menacé de faire de même (3) s'ils n'étaient pas aidés.

Coté Kenyan, les raisons de cette mauvaise humeur semblent multiples : pas assez de soutien européen financier et politique ; système judiciaire et pénitentiaire kenyan débordé ; pas assez d'engagement des autres pays de la région. C'est cette dernière explication que les Européens estiment plus rationnelle. Au niveau financier, en effet, « en cumulant l'aide communautaire (1,7 millions d'euros) et les aides bilatérales données par les Etats, on arrive à un montant de 5 millions d'euros disponibles » m'a-t-on expliqué à la Commission européenne. « Et seul un million d'euros de cette somme aurait été dépensé jusqu'ici. Il reste donc encore suffisamment d'argent ». Quant au nombre de prisonniers, les pirates représentent « à peine 0,2% de la population carcérale kenyane ». Et une aile de la prison de Shimo a été rénovée avec l'argent international.

Quant à la Tanzanie, elle n'a pas encore signé d'accord mais vient de modifier sa loi pénale, pour permettre la traduction en justice des pirates (sans peine de mort), première étape et condition nécessaire à la signature d'un accord. Ce pays est primordial dans l'organisation d'un traitement judiciaire de la piraterie maritime, à la fois à court terme mais aussi à long terme. Car l'idée est d'installer à Arusha (ou ailleurs), un tribunal spécialisé sur la piraterie maritime, ainsi que je l'annonçais il y a plusieurs mois (4). Plusieurs pistes sont ainsi explorées : une chambre spécialisée d'un tribunal tanzanien, un tribunal décentralisé où siégeraient des juges somaliens, une chambre spécialisée de la Cour régionale de l'Union africaine, un mix de ces solutions ou une solution ad hoc.

Pas de visite en Ouganda, un nouveau loupé ?

Aussi bizarre que cela paraisse, la Haute représentante ne se rendra pas en Ouganda, pays hautement impliqué dans la stabilisation de la Somalie et qui accueille la nouvelle mission EUTM qui démarre (5). Cela avait été envisagé dans un premier temps. Mais finalement il a été décidé de se concentrer sur le volet anti-piraterie. « Nous n'avons pas le temps » - explique son porte-parole. « L'Ouganda fera partie d'un prochain voyage en Afrique à l'automne. Quand la mission EUTM qui démarre (à peine) sera en plein régime. » Selon certaines informations, non encore confirmées, la Haute représentante pourrait cependant rencontrer le Colonel Ellul, chef de la mission à Nairobi, lors de son étape au Kenya.

L'explication est louable car trouver une solution pour les pirates interceptés par les navires européens est une priorité effectivement à court terme. Mais cela peut aussi apparaître comme un nouveau "loupé", politique, de la Haute représentante.

En tant que chef de la défense européenne, attendre six mois pour se rendre sur place sur la première nouvelle mission de la PSDC qu'elle a lancé peut ressembler à de l'indifférence.  

Au niveau africain, elle peut être ressentie comme une gifle par les Ougandais qui ont souvent été, historiquement, en situation de rivalité avec le Kenya, d'autant qu'ils supportent à bout de bras la mission de l'AMISOM en Somalie, accueillent la mission européenne de formation des soldats somaliens (EUTM) sur leur territoire et sont un des cinq pays avec qui l'UE a engagé des pourparlers pour accueillir les pirates (6).

Au plan politique, enfin, cela apparaît un geste contradictoire. L'Europe défend une approche globale. Et tous les acteurs (militaires, politiques, humanitaires, régionaux, européens) soulignent que la question de la piraterie ne se résoudra qu'à terre, etc (7). Lady Ashton, le rappelle elle-même  : « Nous avons besoin de s'attaquer aux causes profondes et aux symptômes du problème dans une approche globale ». Or, en focalisant son voyage sur un seul aspect - la piraterie - la Haute représentante ne joint pas le geste à la parole. Et l'Europe peut laisser l'impression, désagréable, que la stabilisation de la Somalie lui paraît moins importante que la sécurisation de ses routes maritimes contre la piraterie.

En bref, une erreur, qui n'est pas la première. Après Haïti, Palma de Majorque... on a l'impression que la Haute représentante, six mois après son entrée en fonction, conserve toujours cette même approche, de prudence infinie, incapable de saisir qu'à un moment donné, il faut être présent politiquement, et non pas au second plan, techniquement...

(1) lire : 18 mois après le début d'Atalanta (2): la remise à la justice marque le pas

(2) lire: Accord sur le traitement des pirates entre l'UE et le Kenya ...

(3) lire: Lutte anti-piraterie: les Seychelles haussent le ton

(4) lire:  Mieux traduire en justice les pirates, réflexion entamée au COPS ..

(5) lire: La mission EUTM Somalia démarre

(6) lire: Ashton autorisée à négocier avec 5 pays pour le transfert des pirates

(7) lire dernièrement : Bilan de 18 mois de lutte anti-pirates, focus EUNAVFOR Atalanta 

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logo_ouestfrancefr.pngL'éditeur : Nicolas Gros-Verheyde. Journaliste, correspondant "Affaires européennes" du premier quotidien régional français Ouest-France après avoir été celui de France-Soir. Spécialiste "défense-sécurité". Quelques détails bios et sources.