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12 mai 2010 3 12 /05 /mai /2010 07:00

Howes-Uk100218.jpgLe prochain chef de l'opération européenne anti-pirates EUNAVFOR Atalanta pourrait être, selon nos informations, un homme issu des commandos marines, le major général Buster Howes. Un homme de terrain qui a connu plusieurs terrains d'engagement difficiles (Irlande du Nord, Irak, Afghanistan), au langage direct et imagé, et qui paraît avoir des idées bien arrêtées sur la défense britannique. Un autre style sans doute que le Rear Admiral Hudson auquel il va succéder (1). C'est le troisième chef pour la mission Atalanta.

Engagé dans les Royal Marines (RM) en 1982, il sert comme commandant de troupe dans le 42e Régiment RM, et est déployé pour la première fois en opération, en Irlande du Nord (Bobby Sands et plusieurs militants actifs de l'IRA sont morts après une longue grève de la faim en 1981 et la province est loin d'être une synécure...).

Il se qualifie ensuite comme guide de montagne et est affecté au Recce Troop (troupes de reconnaissance) du 45e Commando de RM. Après un passage comme aide de camp au General major du Training, Reserve and Special Forces RM, il est affecté à la 2e division de Marine, comme officier d'opérations, durant la 1ère guerre du Golfe. Il commande ensuite la Compagnie C du 40e Commando de RM.

Il est au 42e Commando RM, durant la seconde guerre du Golfe où il participe à la sécurisation de la péninsule stratégique de Al Faw (où sont les puits de pétrole). Puis il est nommé, en 2006, à la 3e Brigade Commando, le principal commandos de marines britannique (créé en 1943). Il a été aussi chef Co-Coordination et Effects au QG de l'ISAF à Kaboul puis directeur de l'Etat-Major naval en 2007.

Sur Afghanistan, il n'élude pas l'aprêté et la longueur de la guerre. A nos confrères britanniques, il déclare : « Notre engagement en Irlande du Nord a duré 30 ans. C'est difficile de savoir combien de temps durera la guerre en Afghanistan. Cela durera certainement des années, même des décennies. Ce sera la guerre de notre génération. » Il avait fait partie de ces officiers qui, publiquement, en termes choisis, avaient exprimé leur regret face à la faiblesse d'équipement des soldats et au manque crucial d'hélicoptères sur le terrain.

 BusterHowes-Bcc0910.jpgEn novembre 2008, ll devient le chef des opérations extérieures britanniques - où il participe de près notamment au Livre vert sur l'avenir de la défense britannique (2), avant de prendre le commandement en février 2010 des Royal Marines.  

 Il a travaillé également au quartier général de la Flotte, à la politique du personnel, a été planificateur de la Force de réaction rapide des opérations de la FORPRONU en Bosnie, et stratège de la Direction du personnel naval, au Ministère. Il a aussi servi comme directeur pour l'ICSC(L) - intermediate command staff course - au Joint Services Command and Staff College (JSCSC) de l'Acamédie de défense britannique et comme chef de staff du commandant des forces amphibies (CAF).

Récemment, il s'était invité lors de la campagne électorale opposant les conservateurs aux travaillistes. Son article publié dans le mensuel des Royal Marines, "Globe & Laurel", avait attiré l'attention de la presse (3) par sa mise en cause de la politique de défense du gouvernement. Howes expliquant qu'il ne fallait pas hésiter à revoir certains projets. « Nos aspirations actuelles de la défense sont inabordables. Des choix très difficiles sont à faire », ajoutant dans une phrase-choc : « les vaches sacrées font les meilleurs beefburgers » (3).

Sinon, le jardinage et le bricolage sont ses passe-temps favoris - il adore réparer ce qui est cassé -, ainsi que l'alpinisme, et a récemment abandonné le ski nautique nous apprend sa biographie officielle.

Il a deux filles jumelles, charmantes, illustrées par cette très belle photo du magazine Life.

(1) Le contre-amiral Hudson désigné chef d'Atalanta

(2) L'avenir de la défense britannique: dans l'UE !  

(3) Lire le Telegraph

(crédit photo : MOD / BBC)

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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 14:13

L'assaut de la marine russe pour libérer le Moscow university s'est terminé de façon dramatique, si l'on en croit les informations diffusées par l'agence russe RIA Novosti. Sachant l'équipage réfugié dans une pièce sûre du fond du navire, le navire s'était rapproché à la faveur de la nuit et les commandos russes étaient passés à l'assaut au petit matin.

Une prise de contrôle qui n'avait duré que 22 minutes selon une source militaire citée par nos confrères russes. Un pirate avait été tué lors des échanges de tirs et plusieurs autres blessés. Après altermoiements de la justice russe, les pirates avaient été relâchés à bord d'un des skiffs, le procureur estimant n'avoir pas les bases juridiques pour poursuivre les impétrants.

On apprend aujourd'hui que, selon une source du ministère de la défense russe, le skiff et ses passagers auraient disparu des écrans radars environ une heure après avoir été libérés. Les 10 pirates sont présumés noyés. Ce ne serait pas la première fois que des pirates meurent noyés. Mais les faits sont troublants et laissent plutôt penser à un petit coup de main de la marine russe à la noyade, genre tir au but.

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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 11:20

EscortNavarraAlphaKirawira3@Eunavfor100106(A NORTHWOOD et BRUXELLES) Après 18 mois de présence dans le golfe et l'Océan indien, voici un dernier bilan de l'opération européenne anti-piraterie Eunavfor Atalanta. Une opération qui a évolué au niveau tactique et s'opère maintenant en "mode offensif", même si la remise à la justice des pirates arrêtés marque actuellement le pas..


L’accompagnement humanitaire : un sans-faute

C'est un aspect souvent oublié quand on dresse le bilan de la piraterie. Mais oh combien essentiels. Environ 30% des forces d’EUNAVFOR Atalanta sont consacrés à ce premier volet de l'action européenne - la protection des bateaux du PAM et de l’AMISOM qui sont escortés de bout en bout, du Kenya à la Somalie. 72 bateaux du PAM ont ainsi été escortés. Ce qui a permis d’acheminer vers la Somalie 364.118 tonnes d’aide alimentaire - ainsi que 42 navires approvisionnant l’AMISOM.

Aucun n’a été attaqué. Des équipes embarquées de protection (VPD) sont à bord. Et c’est efficace selon John Harbour, le porte-parole d'EUNAVFOR : « Cela permet d’avoir une première réaction et d’attendre l’arrivée de l’hélicoptère qui est là rapidement. En général, cela suffit à les faire fuir ». Cela requiert cependant l’autorisation de l’État du pavillon (celui du PAM ou de l'AMISOM ne suffit pas). Des accords cadres ont été passés avec certains pays. Mais pour Panama, par exemple, il faut à chaque fois un accord. 


Dans le Golfe d'Aden, une tactique affinée de "corridor"

Dans le Golfe d'Aden, la prévention des actes de piraterie s'effectue selon deux techniques qui s'opèrent différemment selon les nations.

La technique de "corridor" a été choisie par EUNAVFOR et mis en oeuvre avec les autres forces multinationales (OTAN, CTF) présentes. Le principe n'est pas d'escorter les bateaux mais chacun des navires de guerre surveillant une zone précise, une box. Les navires marchands passant sous la surveillance d'un box à l'autre. Ce qui est suffisant pour intervenir si le navire marchand a utilisé les "bonnes pratiques" en vigueur pour résister. Chacun des participants coordonne à tour de rôle l'action dans le corridor. Commentaire d'un officier européen : "Les pirates n'attaquent pas ou s'ils attaquent des navires de guerre sont rapidement prêts à intervenir. Les prises sont rares". Comme l'a rappelé le contre-amiral Hudson qui commande l'opération Atalanta, la « recrudescence des dernières attaques réussies fin 2009 tient souvent au non-respect de certaines des recommandations de bonnes pratiques maritimes ». 

D’autres nations (Russie, Chine, Inde) utilisent la technique ancienne du convoi escorté par des navires militaires qui est « plus longue et contraignante pour les navires marchands (il doit y avoir un point de rassemblement) et pas automatiquement plus efficace, les pirates attendant le dernier ou le solitaire pour l'attaquer. Le passé l'a prouvé », remarque un officier européen.

A noter: le revirement de la Chine qui a décidé de s'impliquer pleinement dans la coopération multinationale et posé sa candidature pour intégrer le dispositif du corridor IRTC.


Dans le bassin somalien, la stratégie du "containment"

Dans le bassin somalien, le principe est la neutralisation des groupes pirates et la destruction des bateaux mères (cf. mode offensif). 

 

Au bilan, depuis le début de l'opération européenne EUNAVFOR Atlanta, il y a eu 74 attaques réussies des pirates et 170 déjouées sur un total de 244 attaques recensées officiellement, soit un "taux de réussite" des pirates de 1 sur 3. Actuellement, il reste 18 navires sous contrôle des pirates somaliens et 393 membres d'équipage en otage. Bilan qui peut sembler amer. Mais du coté militaire, on est réaliste, on sait très bien que quelle que soit la tactique utilisée, ainsi me l'ont précisé, de façon quasi-unanime, les officiers: "l'action en mer permet juste de limiter autant que possible les faits de piraterie, la solution est ailleurs, à terre".


(crédit photo : EUNAVFOR atalanta)

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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 11:06

ArrestPiratesBateauMère2@Eunavfor100316Il est un fait incontournable, la remise des suspects à la justice marque le pas. Ces derniers mois, si l'interception des pirates a connu un bond, le taux de traduction en justice a en effet fléchi, du fait du manque de pays d'accueil.

Cette saison, toutes forces confondues, près de 400 pirates ont ainsi été interceptés et désarmés (la saison correspond à la fin de la mousson d'hiver, fin février). Mais peu ont été traduits en justice : juste 2 sur 10, alors que ce taux était de plus de 5 sur 10 l'année dernière. Et encore ce taux n'est maintenu à ce niveau que grâce aux remises à la justice au Puntland, province autonome de Somalie, faites par la France sous pavillon national (1).

 

Le cap des 1000 suspects interceptés depuis avril 2008

Depuis la recrudescence des attaques pirates - que je date à la capture du Ponant -, selon mon bilan remis à jour régulièrement (2), toutes forces confondues (locales, nationales, multinationales), on a ainsi passé le cap des 1000 suspects arrêtés et désarmés (1064 selon un dernier décompte)

Sur ce chiffre, 469 ont été remis à la justice, la grande majorité dans les Etats riverains : 165 en Somalie (138 au Puntland et 27 au Somaliland), 123 au Kenya, 95 au Yemen, 42 aux Seychelles (dont 11 ont été libérés). 44 ont cependant été rapatriés selon la loi de compétence universelle contenue dans la convention de Montego Bay (Etat du pavillon, de l'armateur ou de l'équipage) : 15 en France, 12 aux Etats-Unis, 10 en Allemagne, 5 aux Pays-Bas, 2 en Espagne.

Sur les suspects remis à la justice, 111 ont été condamnés : essentiellement ceux remis au Puntland, un procès est terminé au Kenya. Aucune condamnation n'a encore été prononcée dans les pays de "rapatriement". Des jugements sont attendus de façon imminente au Yemen.

On peut remarquer que sur ce bilan, la moitié des arrestations a été effectuée par les forces européennes d'EUNAVFOR Atalanta : 510 suspects interceptés dont 176 ont été remis à la justice, le restant ayant été désarmé et libéré et le bateau-mère détruit, selon le principe défini par le commandant d'opération. 32 pirates sont toujours à bord de la frégate française La Fayette (une livraison au Puntland reste possible).

 

NB : Mon bilan diffère un peu du bilan officiel. Je prends en compte l'opération à laquelle appartient le navire quand les pirates sont arrêtés et non quand la remise en justice est effectuée. En effet, dans plusieurs cas (notamment pour la livraison au Puntland), les navires français d'EUNAVFOR ont repris, le temps de livraison, leur pavillon national. Une couverture formelle juridique et politique mais qui ne répond pas aux impératifs opérationnels. 


(1) Lire : Livrer les pirates ou les libérer ? Puntland ou pas Puntland 

(2) Lire :  Bilan des opérations anti-piraterie (EUNAVFOR Atalanta, CTF

(crédit photo : EUNAVFOR Atalanta)

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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 10:48

JohnHarbourJohn Harbour s'en va de son poste de porte-parole de l'opération européenne EUNAVFOR Atalanta. Il est rare que ce blog tresse des louanges aux uns et aux autres qui changent de poste. Je ferai une exception cette fois. Car sous l'impulsion de cet homme toujours disponible et de bonne humeur - même au fin fond de l'Ecosse, un dimanche matin de "nuage islandais", l'opération européenne a connu une montée en puissance médiatique qui est le reflet de sa montée en puissance opérationnelle. Et cela, je crois, est tout de même, un peu, dû à John... Si Lady Ashton était inspirée, elle garderait cet homme auprès d'elle. A condition qu'il le veuille (et que l'armée britannique le laisse partir).

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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 10:57

Les 27 ministres des Affaires étrangères se réunissent aujourd'hui pour faire le point sur l'opération anti-pirates de l'Union européenne EUNAVFOR Atalanta, notamment sa prolongation (1) et ses nouvelles modalités d'actions. Poussé essentiellement au niveau européen par les Espagnols, le volet "dissuasion" de l'opération Atalanta s'est, au fil des mois, musclé. Et depuis février (2), il est devenu volontairement plus offensif.

Un comportement qui a été décidé et mis en oeuvre de façon coordonnée par toutes les forces multinationales (CTF151 et OTAN) et nationales (USA, Russie...) présentes dans la zone au sein des réunions mensuelles du SHADE (Shared Awareness and Deconfliction) à Dubaï. Coté européen, cette tactique a été consignée dans des "directives militaires" émises par le commandant de l'opération, le Rear Admiral Hudson, à l'instigation des navires européens participant à l'opération. Elle se traduit dans trois axes qu'on peut résumer ainsi.


Premier axe : l'interception des groupes-pirates en pleine mer

Ordre a été donné à certains navires de partir en chasse à l'interception des groupes pirates sans se préoccuper d'éventuelles poursuites en justice. Après le "pouce" du Kenya, et le "feu orange" des Seychelles, la poursuite n'est plus possible que dans l'Etat du pavillon. Cet abandon a, en contrepartie, un avantage : pouvoir agir plus rapidement et plus simplement. Il n'y a plus de nécessité de rejoindre les côtes pour remettre les suspects à des autorités, après une arrestation. Et il n'est plus nécessaire de prendre des précautions de recueil de preuves et d'audition des pirates, ce qui complète toute action.

L'objectif de neutraliser les groupes pirates peut donc être plus systématique et se déroule sur un modus operandi identique : repérage par les avions de patrouille maritimes, intervention d'un navire de guerre avec survol par hélicoptère, coup de semonce éventuel, et appréhension, désarmement des pirates (s'ils ne l'ont pas déjà fait eux-mêmes), admonestation, destruction du bateau-mère ou des skiffs, remise en liberté desdits suspects à bord d'un des skiffs restants au large des côtes avec suffisamment de vivres et d'essence pour rejoindre la côte somalienne. Par exception, les forces ont dû remettre parfois les pirates sur le bateau-mère car ils étaient trop nombreux. Cette tactique devrait donc être affinée, en gardant un ou deux skiffs au lieu de les détruire systématiquement, cela permettra d'avoir une "réserve" de bateaux à "prêter" pour le retour (3).

Cette poursuite ne se fait pas au hasard. Les Européens ont repéré plusieurs chenaux dans l'Océan indien qu'utilisent les groupes pirates pour partir à l'assaut. Sur ces axes, travaillent les avions de patrouille maritime, en trois cercles concentriques progressifs : les Merlin III luxembourgeois autour des Seychelles, le Dash 8 suédois ensuite, les P3 Orion au-delà sur tout le bassin somalien (4).

 Cette action a un effet sur le moral et les finances des pirates selon les officiers d’Atalanta que j'ai interrogés sur le sujet. Ils y voient plusieurs effets. Premièrement, retirer un certain nombre de groupes de la zone — « nous l’avons constaté, les groupes ne reprennent pas la mer tout de suite ». Deuxièmement, ceux qui y participent perdent leur investissement ; on estime à environ 10.000 £ le coût « all inclusive » de l'action d'un groupe pirates. L'investisseur doit donc remettre au pot. Enfin, cela produit un choc. Auparavant – mis à part un naufrage, « il y avait peu de risque à la piraterie. Désormais ce n’est plus sans risque. Et nous escomptons que ceux qui ont ainsi été pris ne reprennent pas la mer de sitôt. »


Deuxième axe : la désorganisation des bases arrières

Plusieurs navires d'EUNAVFOR ou de l'OTAN passent désormais régulièrement le long des côtes, en tentant d'intercepter les bateaux-mères avant qu'ils ne prennent le large (4). L'effet peut être la surprise. Ainsi, le Johan de Witt, navire néerlandais d'EUNAVFOR appréhende, coup sur coup, 2 bateaux-mères près des côtes somaliennes. Il permet aussi d'assurer le maximum de présence pour intimider (lire : Le Johan de Witt capture quelques pirates de plus). Le lendemain, la frégate espagnole, Victoria, intercepte un groupe pirates d'un bateau-mère et deux skiffs à 40 miles des côtes somaliennes, le 25 avril. « Quand ils voient arriver le bateau de guerre, les groupes pirates déménagent », raconte un expert du dossier. En "bloquant" un port pirate, « on n'empêche pas les pirates de passer à l'action, mais on retarde leur action et on la désorganise ». C'est un peu le coup de pied dans la fourmilière.


Troisième axe : la reprise des bateaux piratés

Toutes les actions offensives se sont produit jusqu'ici sous pavillon national, soit par des navires appartenant à l'opération européenne qui reprennent le temps de l'action leur pavillon d'origine ; soit par des navires extérieurs à une opération multinationale (Américains, Russes). Elles ont été rares jusqu'à début avril 2010 et toujours circonscrites à des circonstances particulières ou des nationales précises. En fait, seuls les Français (Carré d'As, Tanit) et les Américains (Maersk Alabama) ont déjà tenté une action commando pour reprendre un navire aux mains des pirates, dans des situations particulières: navires de plaisance pour les Français, navire sous contrat militaire pour les Américains (l'action étant davantage dirigé pour libérer un otage que récupérer le bateau).

Coup sur coup, ces dernières semaines, deux actions ont été menées pour reprendre un bateau aux mains des pirates, dans des circonstances différentes : il s'agit là de reprendre un navire marchand déjà aux mains des pirates, avec un équipage nombre. La première action est effectuée, début avril, par la frégate néerlandaise Hr Ms Tromp sur le MV Taipan, un navire allemand (5). Pour aller plus vite, les Néerlandais agissent sous pavillon national. Mais « l'action aurait pu être entreprise sous pavillon européen » assure un spécialiste du dossier. L'équipage est libéré sain et sauf et les pirates sont remis à l'Allemagne autorité du pavillon pour être traduits en justice (6). La seconde, le 6 mai, par la frégate anti-sous-marine russe Marchal Chapochnikov après la capture d'un de leurs navires, le Moscow University, servi par un équipage russe. L'équipage est libéré sain et sauf mais un pirate est tué dans l'action et plusieurs autres blessés.

 Sans dévoiler tous les aspects tactiques de cette action, celle-ci est cependant soumise à certaines conditions "techniques" : agir vite, dans les premières heures (24 heures, maximum 48 heures) de la capture du bateau par les pirates, et en tout cas, avant que les pirates aient rejoint la côte somalienne. Pour cela, l'alerte précoce d'une attaque pirates soit par l'équipage concerné, soit par un avion de patrouille maritime est essentielle. Et l'équipage du navire marchand doit avoir respecté les consignes, notamment : blocage de certains éléments clés du navire (gouvernail, moteurs...), mise en sécurité de l'équipage dans une salle sécurisée au fond du navire en ayant averti au préalable les forces multinationales (le MSCHOA à Northwood ou l'UKMTO à Dubai). Les commandos largués par hélicoptère peuvent alors intervenir rapidement sans risque de dégâts collatéraux.


Et au bilan...

Il est sans doute trop tôt de dresser un premier bilan. Mais force est de constater ce mode "offensif" commence à donner un certain effet. Depuis le début, les Européens et les autres forces en présence, ont détruit près de 50 groupes pirates. « Ce qui selon les évaluations en présence – en supposant un taux de « capture » de 3 ou 4 – permet d’estimer que nous avons évité une petite dizaine de captures de navires par les pirates » estime un marin d'Atalanta. Depuis début avril, on peut aussi noter qu'une petite dizaine de navires (seulement) ont été capturés par les pirates, ce qui semble représenter un certain ralentissement de la "rentabilité" de la piraterie. On imagine ce que cela aurait été sans l'action des forces de coalition... NB : actuellement les pirates détiennent 18 navires et 393 marins.

Cette action a cependant un revers. Elle étend la zone de « chalandise » des pirates qui n'hésitent plus désormais à aller "pêcher" très loin de leurs zones de prédilection, et en tout cas au-delà de la zone définie pour l'action européenne. Désormais les attaques se rapprochent des côtes indiennes. A plus de 1200 miles des côtes somaliennes, on est effectivement pas loin de l'Inde (environ 500 miles) et tout près des Maldives. Autre évolution les pirates s'en prennent plus systématiquement à des prises "faciles", moins protégées : les bateaux de pêcheurs yemenites, indiens ou thaïlandais. Pas toujours dans l'hypothèse d'une "revente" mais ne serait-ce que pour se ravitailler en haute-mer ou récupérer un navire transformable en "bateau-mère". Témoin de cette double évolution : l'attaque et la capture le 6 mai dernier d'un navire de pêche taïwanais, le Tai Wuan 227, à 1350 miles ! des côtes somaliennes.

 

 (1) L'opération Atalanta prolongée pour 2 ans ? 

 (2) Atalanta va recevoir le mandat de surveiller les côtes somaliennes 

(3) Lire un premier bilan, à mi-mars : 2 nouveaux groupes pirates neutralisés. Pirates libérés

et un autre à mi-avril : Le Hr Ms Tromp rentre au pays, mission accomplie, 73 pirates désarmés

(4) Pour exemple, L'Absalon repère un grand camp de pirates près d'Hobyo

(5) Les Marines du Tromp passent à l'action (Maj)

(6) Dix pirates transférés en Allemagne via Djibouti et les Pays-Bas

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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 10:18

Le navire néerlandais, Hr Ms Johan de Witt, qui participe à l'opération européenne anti-piraterie Atalanta, a désarmé, le 7 mai, un groupe pirates dans le bassin somalien. Un bateau-mère et ses deux skiffs avaient été repérés au préalable par l'avion de patrouille maritime suédois d'Atalanta. Le navire de guerre néerlandais qui n'était qu'à 30 miles des "cibles" a détaché deux de ses péniches de débarquement qui ont approché, discrètement, les pirates. 11 suspects ont été appréhendés. Conformément aux lignes directrices édictées par le commandement d'Atalanta, et après consultation du ministère public néerlandais, ceux-ci ont cependant été remis en liberté. ArrestPirates159830-NL100507.jpg

Les bateaux ont été stockés avec ceux pris dans les dernières semaines, sur le pont du navire. Les Néerlandais ont, en effet, participé de concert avec la frégate française La Fayette, à une interception d'un autre groupe-pirates le 5 mai, à environ 360 miles au nord-ouest des Seychelles.ArrestPiratesPont159832-NL100507.jpg

Pour télécharger la vidéo de la marine néerlandaise

Des péniches bien discrètes et bien utiles

Les péniches de débarquement du Johan de Witt aiment bien jouer l'effet de surprise. Ainsi lors d'une patrouille le long des côtes somaliennes, effectuée fin avril, elles ont pu surprendre et intercepter deux bateaux-mères (baleiniers) en train de prendre le large. Commet le raconte le major Theo Mestrini qui avait troqué son lit dans sa cabine du navire contre un lit de camp à bord d'une des péniches : « nous étions tout près d'un des camps pirates et nous observions eurs activités durant la nuit. Tôt le matin, nous avons soudainement reperé un gros bateau de pêche. Nous l'avons approché. Cela s'avérait en fait un baleinier utilisé en tant que bateau-mère et équipé pour la piraterie. L'équipage était totalement surpris et semblait confus. Mais il a été vite clair que le baleinier était en route vers l'Océan. »

ArrestPirates155051-Nl100426.jpg(crédits photos : marine néerlandaise)

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30 avril 2010 5 30 /04 /avril /2010 22:24

MacBride Neil Attorney@UsL'Attorney général de Virginie (USA) à Norfolk, Neil MacBride, a indiqué, le 23 avril, qu'il entendait poursuivre les 11 somaliens suspectés de piraterie et arrêtés, en flagrant délit, dans l'Océan indien par deux navires de la marine américaine l'USS Nicholas et l'USS Ashland, respectivement le 31 mars et le 10 avril.

Les Somaliens avaient commis une petite erreur d'appréciation... en s'attaquant aux deux batiments de la force navale américaine.

Décision avait été prise de les rapatrier aux Etats-Unis (car ils avaient attaqué un navire militaire). L'enquête a été conduite par le bureau du FBI de New York et de Norfolk et le Naval Criminal Investigative Service (NCIS).

Les 11 hommes ont été inculpés de plusieurs chefs d'accusation (ce qui ne signifie pas encore que leur culpabilité soit reconnue, le principe de la présomption d'innocence) : attaque pour piller un navire ; attaque avec arme dangereuse ; conspiration pour utiliser des armes dans un crime avec violence ; pour lesquels ils risquent 10 ans au minimum à la prison à vie selon les chefs d'accusation.

NB : l'USS Nicholas est basé à Norfolk et l'USS Ashland à Little Creek

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30 avril 2010 5 30 /04 /avril /2010 22:04

La marine néerlandaise a diffusé ce film enregistré à partir de la caméra d'un des soldats qui a mené l'assaut sur le Mv Taipan capturé par les pirates. A votre néerlandais !

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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 20:03

AvionGardeCoteSuedois.jpgLes Seychelles deviennent, plus que jamais, un point incontournable de la lutte anti-pirates au niveau aérien. L'ambition du ministre des transports seychellois, Joel Morgan, de faire un "hub" (1) est aujourd'hui en quelque sorte réalisé.

En ce moment, d'après les informations que je possède, de bonne source, il y aurait 5 à 6 avions de patrouille ou surveillance maritime d'EUNAVFOR Atalanta, basés dans les Seychelles : les deux avions Luxembourgeois (+ 1 de réserve), l'avion suédois des gardes-côtes Dash 8, le P3 Orion portugais (prévu pour Djibouti, il a finalement été placé aux Seychelles, pas de place sur le parking), et un Falcon 50 français (qui va y "résider" pour quelques semaines). Chacun de ses avions a une utilité et peut parcourir tout le bassin sud somalien. Dans un plus court rayon interviennent les Merlin III luxembourgeois ; au-delà les autres avions qui peuvent atteindre jusqu'aux côtes kenyanes ou tanzaniennes (jusqu'à la limite du 11° Sud fixée comme limite d'opération pour Atalanta).

Le Dash 8 suédois ont, particulièrement, été remarqués par les spécialistes. « C'est assez ingénieux ce qu'ont fait les Suédois. Ils ont pris un avion civil de base puis ont installé à l'intérieur toute une série de dispositifs électroniques et de communication, venant de l'industriel national Ericson, mais aussi de fabricants israéliens. » Ce qui explique aussi que certaines photos du Dash 8 (Blue bird), diffusées par les sources officielles, ont été masquées ou floutées.


Les autres moyens : Drones, Patmar, Hélicoptères, Awacs... Utiles ?

Les drones US ne seraient plus actifs dans l'ile. L'objectif des drones US n'était peut-être pas seulement de repérer les pirates... Mais leur utilité d'observation a été remarquée. « Le gros avantage est leur durée en vol. Et aussi leur souplesse d'engagement (les règles de sécurité sont évidemment moins strictes que pour des avions et hélicoptères qui embarquent des personnels). En revanche, ils n'ont pas de possibilité d'intervention. En cela, le couple avion de patrouille maritime (PatMar pour les intimes) - hélicoptère reste un instrument inégalé. On peut aller assez loin, fixer un objectif, et guider sur celui-ci un hélicoptère qui peut intervenir et déjouer directement l'attaque. En général, au bruit de l'hélicoptère et au premier tir de sommation, les pirates décampent ». Les Espagnols pourraient à leur tour déployer des drones selon des informations parues dans la presse. Et les Américains disposent toujours de drones embarqués à bord des navires.

Le couple Patmar-Hélicoptère est ainsi un des vecteurs de l'opération EUNAVFOR-Atalanta les plus efficaces et les plus innovants. Les Européens sont, en fait, les seuls à avoir toute cette panoplie. Les Américains et Australiens de la CTF-151 disposent d'un nombre d'avions P3 Orion conséquents mais ne les utilisent que peu contre la piraterie. Quant à l'OTAN, elle n'a pas d'avions. Enfin, pas encore, elle devrait en être dotée prochainement. 

Quant aux Awacs, l'expérience française n'a pour l'instant pas été renouvelée et ne semble pas prêt de l'être. L'OTAN souhaiterait pouvoir les déployer. Mais ce déploiement se heurte à une question financière - comme pour l'Afghanistan d'ailleurs. Qui paiera ? Les Allemands ne sont pas chauds (outre les difficultés législatives d'accord du Bundestag...), les Français non plus. L'intérêt de l'Awacs dans la lutte anti-pirates n'est d'ailleurs pas vraiment prouvé, selon les marins d'Atalanta. « Il ne permet pas de distinguer des petits skiffs nombreux dans l'Océan indien (...) et, surtout de les qualifier de suspects, comme peut le faire un PatMar qui peut repérer, sur photo, échelles et autres attirail de piraterie ». Son intérêt se situe plutôt ailleurs : dans le repérage de plus gros navires (employés par les trafiquants en tous genres, d'armes, narcotrafiquants...).

(1) Avec trois drones US, un "hub" anti-piraterie aux Seychelles

(2) Il est vrai que ce sont des marins et non des aviateurs . Mais coté aviateurs, je n'ai trouvé encore personne pour vraiment les contredire.

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Bruxelles2 en quelques mots

Derrière les murs, la politique (européenne) des affaires étrangères (PESC), de sécurité et de défense commune (PeSDC) est décryptée. Stratégie, politique, gestion de crises, industrie ou transport aérien militaire, surveillance maritime et protection civile...Missions militaires et civiles de l'UE (Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Géorgie, Moldavie / Ukraine, Afghanistan, Irak, Palestine, Congo RDC, Guinée-Bissau, Haïti, Océan indien, Somalie, Tchad).

logo_ouestfrancefr.pngL'éditeur : Nicolas Gros-Verheyde. Journaliste, correspondant "Affaires européennes" du premier quotidien régional français Ouest-France après avoir été celui de France-Soir. Spécialiste "défense-sécurité". Quelques détails bios et sources.