- 1ère piste : une divergence au sein de l'appareil russe de sécurité. Une partie des "services" soutient l'exportation des produits prohibés. Une autre cherche à la torpiller. D'où les deux abordages. Et la décision de Medvedev d'envoyer, de la façon la plus solennelle, les navires de guerre, sonne comme un message clair : vous vous heurterez à nous si vous continuez.
- 2e piste : le contrat avec l'Iran. La Russie est bien décidée à ne pas livrer les missiles Sam à l'Iran. Mais elle est plus ou moins liée par le contrat de fourniture. Ce qu'il faut c'est respecter le contrat. Mais ne pas livrer. L'empêchement doit être suffisamment public pour laisser supposer que le contrat a été respecté.
- 3e piste : l'intervention d'un service allié. La première attaque - au large de la Suède - est mené par un service allié (le Mossad... ou plutôt un autre). Il s'agit d'envoyer un avertissement net aux Russes qu'ils prennent l'affaire en charge : le bateau est sous surveillance. Nous savons ce qu'il transporte. Maintenant occupez-vous de l'affaire, et au plus haut sommet de l'Etat.
- 4e piste : l'intervention d'un service russe. La deuxième attaque, au large du Portugal, est menée par les services russes "loyalistes" avec pour charge de mener le bateau hors des grands circuits internationaux. Donnant suffisamment de temps aux navires et moyens aériens russes pour se "positionner".
Feuilleton à suivre... -:)
(Analyse) Les récents feux de forêts en Grèce ou en Italie, les inondations à Taïwan auparavant, le crash de l'A310 de la Yemenia Airways au large des Comores, au début de l'été, le démontrent : l'action de sécurité civile si elle a pour premier objectif de sauver des vies (et/ou préserver l'environnement) est aussi un acte, à visée hautement diplomatique, surtout quand il se produit hors de l'Union européenne.
Un exercice de haute politique
L'intervention démontre, d'une part, la présence aux cotés des victimes et des parents, des citoyens. Elle manifeste aussi (et surtout) au(x) pays directement touché(s) de la région, la preuve de la capacité d'intervention, de la puissance du pays (de l'Union européenne quand c'est le cas) qui envoie les forces. En soi, c'est donc un acte politique pur. A l'occasion d'une catastrophe, cela permet de renouer des contacts, d'ouvrir une nouvelle phase de relations ou de fermer la page d'une querelle ancienne, avec un pays tiers.
NB : Quand l'intervention se produit à l'intérieur de l'UE, elle est une marque d'une solidarité, d'une solidité du continent, qui a valeur d'exemple à la fois de l'unité politique et de la capacité d'action opérationnelle.
Entre la PESD et l'action humanitaire
La protection civile constitue ainsi le maillon manquant de la gestion de crises : entre les missions de la PESD qu'elles soient sous forme d'interposition militaire (type Tchad) ou civile (type Géorgie ou Gaza), de rétablissement de l'Etat de droit (Kosovo, Iraq ou Congo) et les missions d'aide humanitaire proprement dit (menée par Echo) ou de développement, elle constitue une marque de puissance civile. Certes cette vision peut paraître très française et peu partagée par tous en Europe.
L'excellent papier de Michel Barnier, remis à la Commission européenne, il y a trois ans, en mai 2006 (télécharger ici), avait été reçu franchement à l'époque, et rangé soigneusement sur une étagère, considéré comme trop démesuré à certains. Plus récemment, lors de la présidence française, certains Etats membres s'étaient opposés à un concept commun d'évacuation des citoyens à l'étranger (lire un exercice à défaut de concept). Mais peu à peu, les esprits évoluent. Et le débat idéologique s'amoindrit.
Une évolution des esprits nécessaire
Le Royaume-Uni, la Suède et (dans la mesure de leurs moyens), la Pologne ou la Bulgarie sont devenus des supporters de cette politique. Il ne s'agit pas d'une vision continentale opposée à une vision atlantiste, car les Etats-Unis ont déjà tracé la voie, ou d'une Europe intégrationniste opposée à l'Europe des Nations. Car, effet (bénéfique?) de la crise économique, la plupart des Etats ont compris qu'ils ne pouvaient plus entretenir des forces trop surévaluées, pesant trop lourd sur leur budget. La solution est alors (pour ce surplus utilisable quelques jours par an) de mutualiser certains moyens pour, dans les cas exceptionnels, pouvoir faire appel au voisin, voire à des moyens disponibles (de façon fédérale) au niveau de l'Union européenne. Là réside encore le débat. La volonté de la présidence suédoise de développer la gestion civile des crises (lire le papier de Malmström) est à remarquer.
En espérant que cette fois-ci, le débat ne s'enlisera pas et que des solutions pratiques, pragmatiques surgiront... comme en matière de feux de forêts (en Grèce) où la mutualisation temporaire de Canadair pour les feux de forêt montre son utilité (même si elle n'est pas encore parfaite).
Bruxelles2 a migré depuis 2010 ! Les derniers posts sont sur : www.bruxelles2.eu
Ou sur la version professionnelle du "Club" sur souscription
Sans oublier le fil http://www.bruxelles2.eu/feed/link... ou le fil Twitter
Avertissement B2 - Bruxelles2 n'est, en aucune façon, responsable de l'irruption de publicités, sur ce site, qui sont de l'unique initiative et responsabilité de l'hébergeur, over-blog. Vous pouvez nous suivre désormais sur le site (sans publicité) de B2
Derrière les murs, la politique (européenne) des affaires étrangères (PESC), de
sécurité et de défense commune (PeSDC) est décryptée. Stratégie, politique, gestion de crises, industrie ou transport aérien militaire, surveillance maritime et protection civile...Missions
militaires et civiles de l'UE (Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Géorgie, Moldavie / Ukraine, Afghanistan, Irak, Palestine, Congo RDC, Guinée-Bissau, Haïti, Océan indien, Somalie,
Tchad).
L'éditeur : Nicolas Gros-Verheyde. Journaliste, correspondant "Affaires européennes" du premier quotidien régional français Ouest-France après avoir été
celui de France-Soir. Spécialiste "défense-sécurité". Quelques détails bios et sources.