(article publié dans Ouest-France 21 janvier 2005) Une simple note devrait être donc présentée ce lundi aux ministres des affaires étrangères qui doivent adopter un plan d’action après le Tsunami.
Le souffle du tsunami retombé, l’élan européen pour coordonner les moyens de protection civile semble s’essouffler. Sauf surprise, les ministres devraient ainsi se contenter, ce lundi, de belles phrases. Ce n’est pas la première une fois... La première résolution en la matière remonte à… 1991. Et ce n’est qu’après une conjonction d’accidents en 1999-2000 — naufrage de l’Erika, tempêtes, tremblement de terre en Turquie… — qu’un semblant de coordination européenne voit le jour. Une petite cellule « protection civile » prend ses quartiers à la Commission européenne (1). Une base de données répertoriant les moyens est mise en ligne. Quelques exercices en commun ont lieu. Michel Barnier, à l’époque commissaire à la politique régionale, voit plus loin et se prononce (déjà !), pour « développer une capacité d'intervention européenne, qui s'appuierait sur les dispositifs nationaux existants et qui serait capable d'intervenir de façon coordonnée ».
Tout est dit… Peu sera fait ! De nombreux Etats membres semblent réticents à lâcher une quelconque parcelle de pouvoir et… de budget (2). Et après les attentats du 11 septembre 2001, la lutte antiterroriste occupe tous les esprits. Certes les incendies de forêts à l’été 2003 et, surtout l’attentat à Madrid en mars 2004, reposent l’urgence d’une solution. Mais la rétention d’informations pour alimenter la base de données reste monnaie courante. La Commission Prodi propose bien aux Ministres un plan d’action précis. Avec les félicitations des 25… Mais, toujours, sans suite concrète.
Les querelles de pouvoir minent, en fait, toute initiative. Entre institutions européennes tout d’abord mais aussi en leur sein (3). La Commission Barroso a ainsi été incapable, mercredi dernier, d’adopter une position commune sur le sujet, les commissaires se disputant le leadership du dossier. Et dans certains pays, ce n’est pas mieux ! Chacun des acteurs concernés – Affaires étrangères, Intérieur, Santé, Environnement…— tente de sauvegarder son point de vue...
Que faudra-t-il pour que l’Europe se dote, enfin, d’une coordination de ses moyens de protection civile adaptée à son ambition ? Une nouvelle catastrophe majeure ?
Nicolas GROS-VERHEYDE.
(1) Non sans difficulté. Quelques jours avant le tsunami, le 21 décembre, les ministres renâclent à voter une augmentation de budget pour la petite cellule de protection civile — 2 millions d’euros par an, une misère à l’échelle européenne.
(2) Ainsi, alors qu'un seul Etat avait signaler avoir des pompes à disposition. six tout d’un coup en mettront à disposition lors des inondations en 2003. Effet bénéfique mais sous la pression. D'ordinaire c'est plutôt la rétention d'informations qui masque la collaboration inter-étatique.
(3) Au niveau européen, Conseil des Ministres et Commission européenne se disputent le leadership du dossier. Et ces dissensions se répercutent à la Commission européenne. Celle-ci a été incapable de présenter une position commune aux ministres.
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L'éditeur : Nicolas Gros-Verheyde. Journaliste, correspondant "Affaires européennes" du premier quotidien régional français Ouest-France après avoir été celui de France-Soir. Spécialiste "défense-sécurité". Quelques détails bios et sources.