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La politique européenne de sécurité et de défense commune (PeSDC) avance discrètement derrière les murs du Justus Lipsius (le Conseil de l'UE), le Cortenberg 150 (l'Etat major) ou la rue des Drapiers (l'Agence européenne de Défense). Missions militaires et civiles (Kosovo, Tchad, Afghanistan, Israël, Ouganda, Irak...), logistique et transport aérien

Il y a 20 ans, je n'étais pas à Berlin, mais à Prague

Il y a vingt ans, à Prague, la grande manifestation organisée par les universités rassemblait plusieurs dizaines de milliers de personnes. Je l'écoutais à la radio. J'avais aussi des amis dans ces universités. Il me fallait partir, les rejoindre. Le temps de faire le visa - en mettant une adresse bidon et un motif de visite innocent (visite familiale), de prendre auprès des journaux avec qui je travaillais (Quotidien de Paris, Impact Médecin) et d'autres (Kiss FM, une radio musicale qui avait décidé vu les évènements de donner toute la place à l'l'info), de prendre la voiture, et d'arriver, sous les premiers flocons, au soir, dans cette ville que je n'avais fait que traversé quelques années plutôt, pour voir ce qui allait devenir la révolution de velours, la douce révolution (lire quelques articles rédigés à l'époque).

Grâce à mes amis étudiants tchèques engagés dans le mouvement, je me retrouvais badgé en un rien de temps et une intervention, plus tard, dans l'amphi bondé de l'université de médecine, dans le genre "Y-a-t-il un médecin parlant français dans la salle ?", je me retrouvais en compagnie de mon interprète improvisée, charmante au surcroit... Et nous voila partis, tous les deux, à la découverte de ce Prague fantastique qui hésitait encore entre la crainte de se retrouver en prison le lendemain et la joie de savourer cette liberté retrouvée.

La première halte notable fut le lendemain à la Laterna Magica, un des théâtres de la capitale tchèque, réquisitionné par les intellectuels et dirigeants du forum civique, sorte d'agora et d'agitation permanente intellectuelle. Ce soir-là, l'histoire était au rendez-vous. Un homme venu du bout de la scène est venu présenter un petit bout de papier à un des interlocuteurs assis à la table, celui-ci l'a lu, l'a passé un peu interloqué à son voisin, même scénario, celui-ci a pâli, l'a passé au suivant et ainsi de suite pour arriver - si mes souvenirs sont bons à Havel qui a marqué un temps - la salle avait compris qu'il y avait un grain de sable... extraordinaire. En bon dramaturge, il a alors pris sa respiration, et annoncé la nouvelle en quelques mots : "le bureau politique du PC a démissionné". Point besoin de comprendre le tchèque pour saisir qu'on avait passé une borne. Puis rien, un silence, une respiration dans la salle bondée, et un tonnerre d'applaudissements (y compris des journalistes), des embrassades. Et le soulagement...

Le régime avait commis l'irréparable d'une dictature : céder à la rue.
Il faut dire que la veille, l'idéologue en chef du parti avait été convoqué à Moscou pour une "visite amicale". Et sans doute un sévère remontage de bretelles pour lui expliquer que les temps avaient changé et que les fils barbelés étaient désormais coupés. Désormais, il n'y avait plus de doute, à Prague comme à Berlin quelques jours auparavant et Budapest trois mois avant, le velours avait triomphé du glaive. C'en était fini des années de chuchotement, de méfiance des voisins de café ou de faculté, d'uniformes à étoile rouge, de contrôle politique sur les médias, les universités, les usines... Le vent de l'histoire avait tourné ! (lire : petit papier pour KissFM sur l'atmosphère de l'époque - écrit sur le bord d'une table, et enregistré sous la table, pour se préserver du bruit...).

(crédit photo : © NGV - manifestation d'étudiants à Prague)
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