Un "flop" ! Il n'y a pas d'autre mot. Présentée comme imminente dans plusieurs médias, le lancement d'une opération anti-piraterie par l'OTAN semble bien plus difficile qu'annoncée. Et même si le secrétaire général de l'OTAN, Jaap de Hoop Scheffer à l'ouverture de la conférence des Ministres de la Défense de l'Alliance, jeudi, s'est voulu optimiste — "Ministers took stock of our successful efforts to date and discussed the scope of NATO’s possible longer-term involvement in counter-piracy" a-t-il déclaré — ; il avait bien en mémoire le résultat de la première conférence de génération tenue au SHAPE la veille. Un "échec complet" selon un spécialiste de la question. Malgré la présence des 28 membres de l'Alliance comme d'Etats tiers (Australie, Corée, Russie...), le constat a été clair : il y a peu de forces disponibles pour l'OTAN.
Les SNMG en opération placebo. Conséquence : l'Otan va continuer à utiliser le passage de ses groupements maritimes (SNMG 1 ou 2) pour... simuler une opération. Tous les spécialistes de la question savent, en effet, pertinemment que "les opérations Allied Provider et Allied Protector" ne sont pas, en tant que telle, une véritable opération, structurée, permanente. D'autant que certains Etats (comme l'Allemagne) quittent le SNMG dès qu'il est au large de la Somalie pour passer sous commandement de l'UE (mandat strict du Bundestag oblige).
Problème de capacité mais aussi juridique. Ce n'est pas la première fois que l'Alliance tente de mettre la main sur l'opération maritime anti-pirates. Jusqu'au sommet de Budapest, concomitamment à l'opération de l'UE "Atalanta", l'OTAN tentait de mettre sur pied sa propre opération, voire de ravir à l'UE le leadership. Mais l'OTAN souffre d'un problème de capacité. Et également d'un problème juridique. Elle n'a toujours pas de cadre légal d'intervention face aux pirates ni d'accord avec le Kenya comme l'UE, les USA ou le Royaume-Uni. Conséquence : même si sa présence permet de renforcer les moyens "sur zone" - pour l'escorte de navires du PAM ou de navires marchands - ; elle aboutit inévitablement, en cas d'intervention contre les pirates, à leur... libération (après désarmement). Dans le bilan régulièrement remis à jour, je n'ai noté, en effet, qu'une seule remise de pirates à la justice (au Kenya grâce à l'accord signé, à titre bilatéral, par les Britanniques). "La signature d'un tel cadre n'est pas une précondition absolue à l'opération. Mais elle serait d'une grande aide" a expliqué à Bruxelles le secrétaire général de l'OTAN, Jaap de Hoop Scheffer.
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