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4 août 2010 3 04 /08 /août /2010 12:00

Formateurs-Eutm1007.jpg(Exclusif) Le texte établissant le statut des forces déployées en Ouganda pour la mission de formation des militaires somaliens (EUTM Somalia) est fin prêt (il était temps ! plus de deux mois après le début de la mission). Il doit être approuvé ces jours-ci selon une procédure écrite accélérée au niveau européen. Ce texte sera signé ensuite à Kampala, le 13 août, entre le ministre de la Défense ougandais et l'ambassadeur de l'UE dans la capitale, Vincent de Visscher.

Une première diplomatique

C'est la première fois qu'un chef de délégation de l'UE signe un tel accord international. Auparavant c'était l'ambassadeur du pays de la présidence qui effectuait cette formalité au nom de l'UE. Pour le SOFA d'EUNAVFOR au Kenya, c'était l'ambassadeur tchèque qui avait ainsi signé l'accord (1).

C'est une des conséquences du Traité de Lisbonne, non pas (comme on le croit souvent) du fait de l'attribution de la personnalité juridique à l'UE (2) mais tout simplement de la création d'un service européen d'action extérieure autonome. Plusieurs délégations de la CE ont ainsi déjà basculé comme ambassades de l'UE soit au premier janvier (3), comme celle de Kampala (4), soit au premier juillet (5).

Précision sémantique. Le traité de Lisbonne ayant aboli la distinction entre les opérations militaires et les missions civiles, on ne parle désormais plus que de mission. Et ce texte bien que réglementant le statut des forces (SOFA) est relatif au statut de la mission (SOMA).

Une mission de nature autant civile que militaire

Bien qu'EUTM soit une mission "militaire" au sens de l'UE, le texte signé est d'ailleurs à mi-chemin entre les accords de mission "civile" et les accords de mission "militaire" et reflète bien la nature de "formation" d'EUTM. Il précise ainsi que "cette mission n'exécute pas de tâches opérationnelles et n'est pas autorisée à recourir à des mesures coercitives sans le consentement de l'État hôte".

Les dispositions sont assez classiques, avec plusieurs articles sur :

- l'identification (droit au port du drapeau européen et du sigle EUTM Somalia),
le franchissement des frontières (pas de nécessité de visa, simplification des formalités en douane, liberté de circulation à l'intérieur du pays),

- les privilèges et immunités (inviolabilité des installations d'EUTM Somalia, des archives et documents, de la correspondance, exonération d'impôts, taxes et droits de douanes sur les biens et les personnels, immunité de juridiction pour les biens et les personnes...),

- la juridiction pénale (possibilité pour un Etat contributeur d'exercer tous les droits du pays d'origine sur son personnel),

- les uniformes et armes (si le droit au port d'uniforme est fixé par le commandant de la mission européenne, le port d'armes et de munitions est conditionné par des "ordres" du commandant "communiqués à l'Etat hôte"),

- le soutien de l'Etat hôte (pour trouver des installations, pour l'exécution des contrats commerciaux),

- la sécurité (assurée par l'Etat hôte normalement mais le commandant de la mission EUTM peut créer une unité de police militaire),

- les indemnisations en cas de dommage (avec procédure à trois étages" : règlement amiable, commission d'indemnisation, procédure diplomatique ou d'arbitrage).

(1) Lire : Accord sur le traitement des pirates entre l'UE et le Kenya paraphé

(2) L'UE pour ses missions de PESD a toujours pu signer des accords internationaux (type SOFA ou SOMA)

(3) Lire : 54 ambassadeurs de l'UE ont reçu leur ordre de mission

(4) Lire : EUTM Somalie: l'ambassade de l'UE en "format Lisbonne"

(5) Lire : 120 pays auront une ambassade de l'UE au 1er juillet

(crédit photo : EUTM Somalia / Conseil de l'Union européenne)

Télécharger le texte

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30 juillet 2010 5 30 /07 /juillet /2010 23:07
CombatVuHmsKarlkrona-Swe100730.jpg
Crédit : marine suédoise / Anna Norén

Avec la présence des forces d'El Shabab au-dessus du port de Mogadiscio, chaque entrée dans le port de Mogadiscio est une vraie gageure. Les marins suédois du HMS Carlskrona qui assuraient une escorte d'un des navires de ravitaillement de l'AMISOM, le Petra, en ont été les témoins.

A bord du navire amiral de l'opération européenne anti-piraterie Atalanta (1) l'équipage a pu, de la passerelle de contrôle, voir la fumée des combats, entendre les détonations des armes et des lance-grenades... sentir l'odeur de la poudre. « C'était irréel, c'était comme regarder un film mais c'était pour de vrai. » raconte un des marins, Henrik Olofsson. « C'est très difficile pour l'équipage des navires de commerce d'effectuer les manoeuvres d'approche. Chaque entrée et sortie est risquée ».

L'arrivée du Petra a cependant pu se faire sans encombre. Même si les troupes de l'AMISOM ne contrôlent qu'une petite partie seulement de Mogadiscio ; ailleurs règnent les milices notamment El Shabab, la milice islamiste soupçonnée d'avoir des liens avec les terroristes Al-Qaïda.. Les affrontements dans la capitale somalienne ont fait, ce mercredi, 17 morts et au moins 46 blessés.

(1) Le HMS Carlkrona termine sa mission dans quelques jours avant de passer le relais au navire français De Grasse

Lire également : Pour le président djiboutien, il faut gagner la bataille de Mogadiscio

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12 juillet 2010 1 12 /07 /juillet /2010 11:32

ExplosionKampalacMonitor.jpg(maj 13 juill.) 76 morts à Kampala, au dernier bilan, et une soixantaine de blessés, dont certains graves et toujours hospitalisés. La capitale ougandaise a été secouée dimanche soir par deux séries d'explosions qui ont frappé deux bars, surpeuplés à ce moment, où la finale de la coupe du monde de football se déroulait. Des attentats conçus pour tuer un maximum de personnes, et de préférence des étrangers. L'un visait l'Ethiopan Bar dans le quartier de Kabalagala à 22 heures environ. L'autre visait, une heure plus tard, le Kyadondo Rugby Club, où plusieurs centaines de spectateurs étaient groupés, dehors, devant les écrans. Une double explosion aurait été entendue. C'est là où les victimes auraient été les plus nombreuses. Un ressortissant américain figurerait parmi les victimes.

Tous les regards se tournent naturellement vers les réseaux islamistes, les Shebabs en particulier. Ces forces islamistes présentes en Somalie, ont menacé à plusieurs reprises le gouvernement ougandais, encore tout récemment lors de la décision de l'IGAD de renforcer l'AMISOM (1). On peut aussi signaler que l'UPDF (les forces ougandaises) a mené ces derniers jours une vaste offensive contre la LRA (Lord's Resistance Army = armée de résistance du Seigneur), au nord de l'Ouganda, en faisant pénétrer en République centrafricaine une force de plusieurs milliers de soldats.

L'Ouganda est fortement engagé dans la tentative de l'Union africaine (et de la communauté internationale) de redonner un semblant d'existence à la Somalie (Etat failli par définition). Il fournit ainsi (avec le Burundi) les troupes de l'AMISOM (la force de stabilisation en Somalie), a formé plusieurs centaines de membres des forces de sécurité somaliennes. Il accueille encore, en ce moment, à Bihanga, un contingent complet de soldats somaliens, formés par les Européens (EUTM Somalia (2)). Des mesures de sécurité renforcées devraient être prises prochainement tant au QG européen à Kampala que dans le camp de formation de Bihanga. Ce dernier, situé à plusieurs heures de route de Kampala, a ainsi l'avantage d'être excentré. Placé sur une petite hauteur, il diminue physiquement les chances des assaillants et permet une meilleure surveillance.

(1) Les Etats africains décident du renforcement de l'AMISOM

(2) EUTM Somalia démarre (6). Entretien avec le général Wamala (UPDF)

(crédit photo : New vision)

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7 juillet 2010 3 07 /07 /juillet /2010 18:56

 ReuIgad-5Juillet.jpgLes pays africains participant à l'IGAD (Inter-Governmental Authority on Development) se sont mis d'accord, lundi, à Addis Abeba, pour renforcer "de façon immédiate" l'AMISOM de 2.000 hommes supplémentaires afin d'atteindre le plafond de 8100 hommes. "La détériotation de la situation sécuritaire en Somalie (apparaît) préoccupante" ont-ils souligné. Ils ont également convenu de faire tous les efforts au niveau de l'Union africaine et du Conseil de sécurité de l'ONU pour obtenir le déploiement dans le pays d'une force de 20.000 hommes (comprenant des forces somaliennes et des forces africaines). Cette réunion était tenue au niveau des chefs d'Etat ou de gouvernement et regroupait ainsi .Zenawi (Ethiopie), Museveni (Ouganda), El Bashir (Soudan), Guelleh (Djibouti), Kibaki (Kenya), Sheikh Ahmed (Somalie).

Télécharger communiqué final

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2 juillet 2010 5 02 /07 /juillet /2010 13:59

Au Somaliland, les élections présidentielles débouchent par la victoire du chef de l'opposition, Ahmed Mohamed Silanyo, du parti Kulmye (Unité). Cela n'a pas vraiment suscité de réactions internationales, sauf à Londres où cette élection - dans une ancienne colonie britannique - a été chaudement saluée par le ministre pour l'Afrique, H. Bellingham (lire la réaction du Foreign office : Henry Bellingham welcomes Somaliland's elections). L'UE a plus timidement réagi par un communiqué, publié discrètement le 29 juin sur le site de la délégation au Kenya (compétente pour la Somalie).

Le Somaliland, province du nord de la Somalie qui revendique son indépendance depuis 1991, n'est en effet pas vraiment reconnu par la communauté internationale, ni par l'Union européenne qui tente plutôt de conforter le gouvernement central (GFT) de Mogadiscio, même si cette zone est bien plus stable que le reste du pays (NB : des délégués de l'UE y sont présents alors qu'ils ne le sont pas à Mogadiscio).

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24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 23:15

GuellehDjibouti-ONU.jpgS'exprimant à l'occasion d'un débat organisé à l'ONU sur la paix et la sécurité en Afrique, le 19 mai dernier, le président djiboutien, Ismail Omar Guelleh n'a pas mâché ses mots sur la situation chez son voisin somalien, appelant le Conseil de sécurité et le Secrétariat de l’ONU à « avoir une vision différente pour ressusciter la Somalie ».

La situation est « plus chaotique que jamais en Somalie », a-t-il estimé, mettant en cause l'inefficacité et les querelles internes au sein du gouvernement fédéral de transition. « Une pression doit être exercée sur les principaux éléments de la discorde au sein du Gouvernement somalien, ces derniers devant être avertis sans équivoque qu’ils ne peuvent plus continuer à saper les activités des autorités somaliennes ».

La capitale, Mogadiscio, n'est actuellement plus contrôlée, a-t-il ajouté. Et « Toute offensive gouvernementale pour déraciner les insurgés de Mogadiscio nécessitera une série de sérieuses mesures correctives dans le secteur de la sécurité ». Pour lui, il n'y a pas d'ambiguité : il faut décider « une bonne fois pour toutes, en l’absence d’options alternatives, de nettoyer la capitale somalienne et ses environs des militants extrémistes afin de sécuriser la ville, de rétablir l’ordre et l’état de droit ». Car « Sans une victoire à Mogadiscio, il sera impossible d’empêcher une désintégration pourtant évitable de la Somalie. » A l'inverse « Si la capitale est libérée, cela donnera au Gouvernement une base importante et solide pour contrôler tout le pays ».


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24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 21:00

(A BIHANGA) L'effectif somalien est désormais à peu près complet. Cela a été plus lent que prévu. Mais les Européens devraient commencer leur formation dans les prochains jours à Bihanga. Les premiers Somaliens ont commencé à arriver, depuis le jeudi 6 mai, à Bihanga. Par petits groupes. Très discrètement. Les Ougandais y tiennent. A l'aéroport d'Entebbe, arrivés de nuit, ils ont ainsi été d'abord dirigés vers un camp de l'armée ougandaise pour le premier processus d'enrôlement. Puis direction Bihanga, par petits groupes, en bus civil, également souvent la nuit.

SomalisArrivent*079aA leur arrivée, les Somaliens entrent dans le processus d'incorporation spécifique à l’UPDF auquel les Européens ne sont pas mêlés directement.  Leur paquetage - uniformes, vêtements, chaussures ou bottes, sacs... - leur a été remis. Les ensembles sont assez hétéroclites. Et, dans cette "bande" de jeunes hommes, dont plusieurs n’ont apparemment jamais vu la couleur d’un fusil, ni d'une armée, la discipline est un peu … improvisée. Les chefs de section ont toutes les peines du monde à obtenir un peu d’ordre. Mais la bonne humeur et la bonne volonté règnent. Et il suffit qu’arrive un appareil photo ou une caméra arrive pour susciter, en quelques secondes, un alignement quasi-parfait. Chacun voulant figurer, alors, sur la photo.

SomaliensGardeAVousBihanga*02213a

Première rencontre improvisée

Une première rencontre a lieu dans les baraquements ougandais. Les soldats somaliens viennent d’arriver. Et c’est leur première rencontre avec un officier européen. Un attroupement se forme spontanément. Et la conversation s’engage. Un des mentors irlandais – qui est le G1 du camp européen (responsable personnel et logement) a le contact facile. Ancien des Nations-Unies, il attaque tout de suite « Je ne parle pas vraiment l’arabe, juste quelques mots. Salam Aleikoum. Tout va bien ? » interroge-t-il. « Non » lui répond un « La nourriture. Ca ne va pas. » Et un autre d'ajouter en montrant sur ces doigts. « Trois fois par jour. C'est trop » !

BurkeSomaliBIHANGA*048a-copie-1

D’où viennent-ils ? la réponse est souvent la même, Mogadiscio. En fait, certains viennent d’autres parties de la Somalie. Mais ils préféreront rester discrets sur leur origine. Comment est la situation en Somalie : « bien, bien »…

SomalisArriventBihanga081a.jpg

Les armes sous clé

Pour éviter tout problème, les Somaliens n’ont pas d’armes. Celles-ci sont consignées après chaque exercice dans l’armurerie, où veille la garde du camp, plutôt bien armée.

SomaliRetourArmesBihanga101a.jpgLes Ougandais restent très méfiants. Lors de la première sortie des Somaliens en groupe hors des baraquements, en rang, les gardiens de l’armurerie n'ont pas hésité à enclencher leur fusil.GardesOugandaisArmurerieBihanga-115.JPG

La formation commune démarre ces jours-ci. Avec une répartition bien déterminée comme l'a expliqué, le colonel Bouillaud, un Français, chef adjoint de la mission : « Nous nous spécialisons sur la formation des jeunes cadres, officiers et sous-officiers ainsi que spécialistes. En parallèle, les Ougandais, vont continuer à donner aux jeunes recrues, une formation de base. Et, au fur et à mesure de cette formation de 6 mois, nous allons mixer nos efforts de façon à pouvoir, à la fin du stage, constituer des unités complètes. »

 

Pour avoir une autre idée de Kampala et de Bihanga, vous pouvez voir des images sur la newroom du Conseil de l'Union européenne : ici ou à télécharger


 (crédits photos : © NGV / Bruxelles 2 - tous droits de reproduction réservés)

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19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 07:00

Image-11.pngLe lieutenant général Katumba Wamala - que j'ai pu rencontrer à Kampala - commande les forces terrestres ougandaises (de l'UPDF). Et sa conviction dans l'intérêt d'une mission de formation des soldats somaliens est inébranlable.


• L'armée ougandaise a déjà dans la passé formé des soldats somaliens. Vous commencez une nouvelle session, cette fois avec les Européens. Pourquoi avoir utilisé cette formule de « joint training » ?

L'idée est bienvenue. Et cela peut donner un meilleur résultat, de plusieurs façons. Tout d’abord, nous bénéficions des connaissances des équipes de formation européens, qui ont vraiment une vraie expertise dans certains domaines. C’est important. Dans le passé, nous avons déjà entraîné des recrues pour en faire des soldats. Mais, sur le terrain à Mogadiscio, nous avons réalisé que l’armée somalienne souffrait de sérieux manques dans plusieurs secteurs : au niveau médical, des communications, de la contre-IED (engins explosifs improvisés), etc. Ce que l’équipe européenne nous apporte sur la table, c'est toute cette expertise. Nous allons ainsi pouvoir faire l’entraînement d’une unité complète : une unité avec soutien médical, avec des bons communicateurs, qui puissent lutter contre les IED, etc. Et pour l’UPDF, nous en aurons aussi des bénéfices, car en développant des formations en commun, nous partageons nos compétences.

Mais il y a un plus : cette formation mixte a une signification plus politique. Le message est clair: le problème somalien est un problème qui concerne chacun d’entre nous et doit être résolu par tous. Ce n’est pas seulement à l’Ouganda, au Burundi de le résoudre, ou à l’Union africaine seule, c’est plus large. On le dit : chacun peut et doit contribuer à la stabilité de la Somalie. Car la stabilité de la Somalie est une part de la stabilité de nous tous.

• N'est-ce pas dangereux pour l’Ouganda de s’engager dans cette mission ?

Tout le monde sait que la Somalie est dangereuse. Et il faudrait être aveugle pour ne pas voir que c'est une partie du monde la plus dangereuse. Mais qu’est-ce que nous pouvons faire ? Fermer les yeux. Si nous faisons cela, notre comportement est incompréhensible. C’est comme quand vous vous êtes au soleil. Ce n’est pas en fermant les yeux que vous n’êtes pas exposés. La solution est là : plus nous aidons la Somalie, moins nous aurons à souffrir de l’instabilité. Avoir une Somalie en meilleure santé, c’est notre intérêt. Regardez l’Ouganda, nous sommes un pays enclavé. Nous dépendons de la mer pour nos importations, nos exportations. Si la piraterie continue, la situation va devenir intenable pour le commerce, les assurances vont augmenter, les produits. Croire que le problème de la Somalie va se résoudre tout seul, car c’est trop dangereux, est tout simplement irréaliste. Nous devons prendre le taureau par les cornes ; et dire oui : nous avons besoin d’une Somalie positive et voir ensemble ce que nous pouvons faire pour remplacer les institutions.

• Comment voyez-vous le futur de la Somalie ?

Il n’y a aucun système qui fonctionne en Somalie. C’est typiquement un État failli. Mais la population somalienne est vraiment exténuée. Les hommes et des femmes de la rue, j’ai pu le lire sur leur visage, sont fatigués de la guerre, vraiment fatigués. Je pense que la dynamique sur le terrain montre qu’il y a un espoir, qu’il y a une bonne volonté de la population qui réagit positivement. Car la prolifération des armes légères n’existe pas. Il y a juste quelques personnes qui détiennent des armes, commandent des gangs et veulent préserver leur pouvoir par les armes.

Si vous me demandez s’il y a une chance pour Somalie d’aller mieux, oui je crois que c’est possible. Il y a le temps pour chaque chose. Mais je crois que c’est le moment maintenant. Les gens sont prêts. Et c’est exactement le défi que le gouvernement a aujourd'hui. Les gens veulent que le gouvernement fournisse de l’eau, de l’alimentation. Mais le gouvernement ne le peut pas car tout simplement il n'en a pas les moyens et n'arrive pas à installer les institutions nécessaires. Cependant, je suis vraiment optimiste sur les capacités de Somalie d’aller mieux que dans les années 1980.

• C’est une première étape aujourd'hui, cette formation avec les Européens, comment voyez-vous les autres étapes ? les autres collaborations ?

Nous avons déjà un partenariat avec les Etats-Unis depuis longtemps sur le sujet. Une autre commence avec l’Union européenne maintenant. Et l’Ouganda est, avec le Burundi, engagé dans la mission de paix de l’Union africaine. Mais la sécurité, c’est juste une partie du problème. Nous devons avoir une approche holistique concernant la sécurité : il y a nécessité d’une approche politique, pour construire les institutions fédérales. Si vous me dites, la sécurité est-elle suffisante ? Je vous dirai non. Elle est juste un signal du rôle que nous entendons jouer et de l’approche globale que nous entendons avoir. La solution n’est pas, en effet, seulement dans les mains des militaires. D’autres acteurs doivent venir: les politiques doivent venir, les économistes doivent venir, les acteurs humanitaires doivent venir aussi, car il y a de gros besoins humanitaires sur le terrain. Nous avons besoin de mettre en synergie tous nos efforts.

(crédit photo : Conseil de l'Union européenne)

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13 mai 2010 4 13 /05 /mai /2010 15:50

(A BIHANGA) Les formateurs européens sont arrivés, fin avril, au camp de Bihanga. Le trajet de Kampala a pris quelques heures de plus que d’habitude, un peu plus de dix heures. Les Européens roulaient en convois, escortés par les militaires. Ils ont été salués... par la météo. Pluies, voire même une vraie tempête, ont obligé à naviguer dans la boue pendant quelques jours.

Avec les Ougandais, on peut vraiment parler de formation combinée. Ce qui n’est pas toujours évident. Européens et Ougandais se voienellt donc tous les jours : pour organiser ensemble le planning des formations et les questions pratiques comme l’organisation de la sécurité dans le camp (celle-ci est normalement assurée par les Ougandais). En attendant le démarrage de la formation avec les Somaliens, Ougandais et Européens apprennent donc à travailler ensemble.

Au niveau européen, également, il faut s'accorder. Une centaine de formateurs mais 14 nationalités sont présentes sur le camp, ce qui est une gageure pour organiser la mission. « Nous avons atteint un nouveau niveau de la multinationalité, ce qui n'est pas facile » commente un officier. « C'est vrai » précise le lieutenant-colonel Alessandro Fiori, commandant de force : « nous avons chacun des modes de pensées différents entre les Nordiques et les Latins. Les uns préfèrent concevoir ce qu'ils vont appliquer ensuite. Les autres préfèrent mettent en oeuvre quitte à redéfinir ou à resserer ensuite. Mais nous avons tous un objectif commun ». Il faut cependant s’accorder sur certaines règles communes pour les entraînements de Somaliens, éviter les contradictions. Les réunions comme celles-là (photo ci-dessous) se tiennent donc régulièrement, entre les différents responsables de formation. Par exemple pour définir comment former les officiers, organiser un dégagement d'urgence, etc... Tchad, Liban, Balkans.... la plupart des militaires présents à Bihanga ont déjà cependant servi dans une mission internationale pour l’Otan, l’UE ou l’Onu. Ce qui facilite les rapports. Et, naturellement, la communication s’établit en anglais.

BriefFormationBihanga2235.JPG

La formation AK-47

La première journée de la formation conjointe depuis le démarrage officiel de la mission, le 5 mai (avec la déclaration de Full operational capability FOC) est plutôt surprenante. Ce sont... les Européens qui sont conviés à venir découvrir l’AK-47, l’arme type du continent africain. Certains râlent contre ce retour à leurs premières classes. Le formateur ougandais ne se laisse pas démonter. Et assure son autorité. Quand arrive le moment des questions, grand silence. Le formateur apostrophe ses recrues d'un jour (dont le niveau va quand même jusqu'au commandant) : « je n'aime pas quand je demande s'il y a des questions et qu'on ne me demande rien. Cela veut dire qu'on n'a pas compris »... Cela suffit. Et la conversation s'engage.

EuropeensEnrainAk47Bihanga-015a.jpgLa formation ougandaise à l'AK47, un formateur qui ne s'en laisse pas compter © NGV

Cette formation, absurde en apparence, ne l'est pas pour deux raisons. Comme me l’explique un officier, « bien peu d’Européens, en fait, ont la pratique de cette arme » assez rudimentaire (qui n'est plus qu'en usage en Autriche apparemment). Et d’ailleurs, à l’exercice pratique, montage et démontage de l’arme, très peu ont la dextérité des Ougandais. Pas inutile donc... C'est également pour une question de crédibilité. Si un formateur européen est surpris par ses futurs élèves à ne pas connaître cette arme, « il est cuit » commente un officier. Car c’est avec cette arme, courante en Afrique, que les Somaliens seront formés par les Ougandais.

EuropeensEnrainAk47Bihanga-012a.jpg

Exercice montage-démontage à l'AK47, ceux qui connaissent viennent donner un coup de main à ceux qui découvrent © NGV

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9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 14:34

CampEuropaBihanga*0009a

vue générale du camp aujourd'hui : à gauche la zone "logement" sous tentes", en arrière la partie sanitaire, au premier plan le futur batiment de commandement et de réunion, à sa droite la future infirmerie, au fond à droite le réfectoire, cuisines... (© NGV)CampToilesBihanga-226a.jpg

Le camp de tentes (haut), extincteurs à proximité, souvenir du Tchad, une tente ca brûle vite

Tentes4Bihanga0017a.jpgTentes de 4 lits - teams français, espagnols, italiens... (©NGV)

TenteInterieurBihanga036a.jpgUne tente vue de l'intérieur (© Ngv)

SanitairesBihanga-0233a.jpg

les sanitaires, en dur, eau chaude même pour les derniers arrivés, ce qui est rare dans un camp collectif (© Ngv)

RefectoireVueGeneBihanga-006a.jpg

Le refectoire (qui sert de salle de réunion, de commandement... aujourd'hui) et en arrière la cuisine
Au fond à gauche ce qui sera le logement des contractants, devant a droite ce qui sera le foyer (tracé sur le sol)

CuistotsBihanga2244a.jpg

l'équipe de cuisine du camp de Bihanga

PlatEntree2259a.jpg

les plats concoctés chaque jour, il faut tenir six mois ! (©ngv)

Le camp au quotidien

BriefMatinEspagnBihanga-0022.JPGBriefing du matin, ici les teams Espagnols (© Ngv)

StaffReudelegationBihanga-2256a.jpgRéunion du staff, quotidien le soir, autour du Ltt Col Alessandro Fiori (au milieu), FHQ commander (© NGV)

SoldatSalleInformatique-0306a.jpgL'essentiel est assuré : un ordinateur, une connexion internet, le toit pour protéger du soleil ou... d'une averse et la bouteille d'eau (© NGV)

PlanningJourneeFrBihanga0312a.jpg

Le planning de la journée et le "secteur" Francais  si vous ne l'aviez pas reconnu ... (©NGV)

EntrainQuotidien-296a.jpgFooting d'entraînement (© Ngv)

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logo_ouestfrancefr.pngL'éditeur : Nicolas Gros-Verheyde. Journaliste, correspondant "Affaires européennes" du premier quotidien régional français Ouest-France après avoir été celui de France-Soir. Spécialiste "défense-sécurité". Quelques détails bios et sources.