
Pourquoi mourir pour le Congo? Le Ministre qui s'est entretenu avec ses homologues britannique (Miliband), néerlandais (Verhagen) et français (Kouchner) et devrait s'entretenir avec le suédois à Helsinki (Bildt) en est désormais convaincu. Aucun pays n'est prêt à assurer le "lead" de l'opération. "Il est clair que (même) la France n'est pas prête à prendre le lead de l'opération. Elle serait sans doute partie pour participer à une telle mission mais de façon limitée ou en soutien logistique". Et sans engagement d'une nation cadre, pas de mission. Une mission intérimaire de l'UE aurait, en effet, impliqué environ 2 à 3000 hommes. Beaucoup moins que ceux que les pays étaient prêts à engager. "Beaucoup de pays sont en surtension avec l'Afghanistan". Dans d'autres pays (l'Allemagne n'est pas citée, mais point besoin d'une grande enquête pour le savoir), l'attention pour le Congo est proche de 0, tant au niveau politique que médiatique, confie un diplomate.
Un soutien à la Monuc faute de mieux. Les Européens pourraient cependant fournir à la MONUC certaines fonctions de soutien comme le transport (C130 ou hélicoptères), les services de renseignement (des drones, bien utiles dans le Kivu, et l’interprétation des données), ou une aide à la réforme de sécurité ("à condition qu'il y ait un engagement plus net de l’Etat congolais, pour le suivi"). Mais, pour la Belgique, "il n'est pas question de fournir de troupes au sol à la Monuc. Notre contribution aurait pu se faire uniquement dans le cadre de l'Union européenne" précise le Ministre, qui fera rapport à ses collègues du gouvernement fédéral dans un Kern (cabinet restreint) ce mercredi matin.
Une position française divisée sur l'opportunité d'intervenir

1° La répartition des hommes. "Certains hommes de la Monuc sont actuellement sur Kinshasa. Où il ne se passe strictement rien. Cela me paraît normal que nous demandions d’abord à la Monuc - qui a 60 aéronefs et 16000 militaires - de se réorganiser, de mieux répartir ses troupes."
2° Le commandement et l’usage de la force. "Il y a un "problème de commandement et d'organisation. La Monuc intervient sous le chapitre VII des Nations-Unies et peut donc utiliser la force mais se retrouve à ne pas pouvoir l'utiliser car les pays fournissant des troupes ne le veulent pas. Il y a là une contradiction majeure. C’est à la Monuc de mettre en œuvre ses troupes conformément au mandat donné par des Nations-Unies."
Un hiatus gouvernemental. Sans ces deux mesures, préalables, le ministre français ne voit pas d'intervention européenne possible. "Il y a comme une contradiction à vouloir envoyer des forces pour en encadrer d’autres. On peut s’interroger sur la pertinence du dispositif." Maintenant, a-t-il reconnu, les Européens ont proposé leur aide pour faciliter l'assistance humanitaire. Et "la France a toujours indiqué qu’elle pouvait participer à la mise en œuvre du commandement, envoyer des cadres, pour la Monuc.
Apparemment entre Hervé (Morin) et Bernard (Kouchner), pourtant tous deux membres du même gouvernement, et tous deux fidèles de Nicolas Sarkozy, il y a comme une approche qui n'est pas tout à fait identique.
(Crédit Photos : (De Gucht) diplomatie belge - (Morin) Roland Pellegrino/ECPAD