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27 avril 2008 7 27 /04 /avril /2008 02:00
Aéroport de N’Djamena, 7 h du matin, base militaire, le thermomètre affiche déjà 24° degrés au soleil et file allégrement vers les 35-40°. Inutile de perdre du temps. Pas de tempête de sable annoncée aujourd’hui. Il faut s’activer pour rattraper le retard de la veille, quand tous les avions étaient cloués au sol, pour cause de tempête de sable, à Abéché. Sur ces deux aéroports, depuis la mi-mars surtout, une bonne partie du trafic aérien est destiné à l’Eufor. Il faut, en effet, tout transporter sur place : du bungalow et douches à l’ambulance ou au tractopelle en passant par les munitions, les frigos médicaux, les éléments du radar ou du drone…

Tous les moyens utilisés

Le matériel lourd est acheminé par voie maritime, via Marseille et Douala - 4 bateaux étaient ainsi attendus en avril (1 irlandais, 1 français et 2 belges) -, puis en train et camions jusqu’à N’Djamena et Abéché. Ce qui fait en tout 50 jours de transit. Cette voie est longue, et souvent encombrée d'autres convois (Onu, ONG…) car c’est la seule praticable quand elle n'est pas soumise aux aléas sociaux ou émeutes de la faim : le port de Douala a ainsi été agité par plusieurs mouvements.
Pour ne pas être fragilisée, l’Eufor étudie donc une route alternative, par la Libye et le nord du Tchad, qui passerait par le désert et les montagnes du Tibesti, et permettrait d’atteindre directement Abéché. Une route plus courte (environ 20 jours de gagnés) mais moins usitée et qui dépend de la bonne volonté libyenne.
Eufor a recourt également à des avions gros porteurs (type Antonov 24 ou Iliouchine 76) qui transitent directement d'Europe ou font la navette entre Douala et N'Djamena. Le transport entre N'Djamena et Abéché ou Birao (en république centrafricaine) étant ensuite assuré par une noria d'avions tactiques (type Hercules ou Transall).

Une noria d'avions
L’Eufor dispose, en effet, depuis quelques jours d’une pleine capacité opérationnelle de transport. Au C130 portugais dédié à l’Eufor — que devait remplacer un C130 espagnol et un C130 grec — s’ajoutent les avions français (Hercules C130 et Transall C160) et les C130 suédois et belge arrivés en renfort. Au point qu'à Abéché, certains jours, on se croirait sur un aéroport européen. Le matin, un avion se pose ou décolle sur l'unique piste toutes les 15 minutes. Il reste le temps du déchargement, de recharger en fuel et repart aussitôt pour ne pas encombrer les parkings qui sont limistés. Et ainsi de suite. Il s’agit en effet de rattraper les jours précieux perdus par suite des aléas politiques (l’attaque rebelle début février), climatiques et mécaniques. Il s'agit aussi de ne pas traîner car il manque de places de parking. Des travaux lourds sont ainsi menés par l’Eufor à N’Djamena et surtout à Abéché pour remédier à cette difficulté. Une « taxi way » - chemin de garage – est ainsi créée pour relier la piste de l’aéroport directement au Camp des étoiles qui intégrera directement une aire de garage des hélicoptères et des avions. Il s’agit aussi d’acheminer tout le matériel avant la saison des pluies pour que les camps de Farchana, Goz Beida, Iriba et Bahai disposent de tout le nécessaire. Après ce sera plus difficile. Le tout en faisant face aux inévitables, et nombreuses, pannes d’avion : les Transall à bout de souffle, passent régulièrement dans les mains des mécaniciens. Les C130 ne sont pas non plus épargnés. Témoin l’avion belge durant le séjour qui a mis deux jours de plus pour repartir.

Dans la salle du transit aérien du camp Kossei — le J4 en jargon militaire —, un grand tableau indique les vols du jour et le matériel transporté. Ce sont les Français – de la mission Epervier, prêtés pour l’occasion à Eufor — qui assurent normalement la gestion du trafic et l’assistance en escale (que ce soit le déchargement ou le chargement des avions). Chaque entité assure ensuite, de façon autonome, la gestion de ces avions. Mais les deux officiers J4 se concertent quotidiennement pour "mutualiser les moyens". Face à la masse de fret à transporter, la moindre possibilité, le moindre espace libre est, en effet, exploité, avec l’agrément de l’équipage concerné. "Nous avons demandé à notre avion qui venait de Libreville d'arriver un jour avant pour faire une ou deux rotations de plus" explique le Lieutenant Colonel Jordan, officier J4.
Pour assurer le transport de ces personnels, de l’Etat-major, contraint à de nombreuses allées et venues, Eufor a loué à une compagnie locale un petit avion d’une vingtaine de places (type Beechcraft), qui fait la navette entre N’Djamena, Abéché, voire Birao.
Quant aux hélicoptères, les Puma français, qui ont transité par bateau jusqu’à Douala, devaient être opérationnels. Et les russes — entre 6 et 8 Mi8 ou Mi26 annonce-t-on  —, sont attendus avec impatience. Ils permettront en effet de compléter la noria d'avions tactiques – voire de les remplacer, pendant la saison des pluies. « Les négociations avec les Russes se passent dans une ambiance positive » explique-t-on à Bruxelles. Sur le terrain, on reste très prudent. « Quand je les verrais aligner au bout de la piste, j’y croirais » explique un Lieutenant-Colonel de l’armée de terre (En France, les hélicoptères dépendent surtout de l'armée de terre).

Contrôle aérien à perfectionner
Si l’aéroport de N’Djamena est un aéroport international, ouvert 24 heures sur 24, avec contrôle aérien attenant, celui Abéché est un aéroport local, avec un contrôle aérien limité de façon horaire (8h30 – 17 h) et en moyens. La vigilance doit être d’autant plus extrême que les hélicoptères militaires tchadiens décollent et atterrissent, sans demander l’autorisation de personne. Le contrôle doit être avant tout visuel.
Eufor a prévu de renforcer ces moyens, avec un radar, des balises lumineuses et sa propre équipe de contrôle aérien. En attendant, en dehors de ces heures, ou la nuit, l’atterrissage des avions se fait à la "Mermoz", à l’ancienne, les militaires français chargés du transit aérien.  "Une dizaine ou quinzaine d’hommes se répartissent le long de la piste pour la baliser, poser les balises lumineuses, et surtout les garder, car sinon elles s'envolent – elles sont volées" précise un militaire. L'avion est alors guidé au sol par radio, selon des procédures très simplifiées. Le pilote d'un avion autrichien a ainsi été surpris en découvrant les conditions d'atterrisage.

Hercules, Transall ou hélicoptère ?
L'Hercules C130, le Transall C160 et l'hélicoptère Mi26 sont sensiblement comparables. Le premier transporte 17 tonnes (ou 92 passagers) à 600 km / heure maximum, le second 16 tonnes (ou 87-91 passagers) à 500 km / heure maximum, le troisième 20 tonnes (ou 85 passagers) à 295 kms / heure maximum. Mais pour les spécialistes aériens, le Transall, malgré son âgé antique, a un avantage net : équipé de roues basses pressions, il n’abîme pas la piste. Le Mi8 (nom de code Hip) peut emmener jusqu'à 4 tonnes de matériel et 32 passagers. Il a différentes versions (T=Transport, TV = mitrailleuses et anti-chars, MS = sauvetage, MT ou Mi17= le plus armé et protégé).
Le Mi26 (nom de code Otan = Halo), l’hélicoptère le plus lourd et le plus grand qui existe, peut s’employer partout et transporter du matériel, soit en soute, soit sous élingue (avec un câble). Utilisé par les forces russes en Afghanistan et en Tchétchénie, et sur la catastrophe de Tchernobyl, sa robustesse a été appréciée par les Nations-Unies qui en font leur moyen de prédilection (Somalie 1993, Yougoslavie 1995, Timor 1999, Sierra Leone 2000…). Son principal défaut est d’offrir une cible de choix. Plusieurs appareils de l’Onu en Croatie et Bosnie ont été victimes de tirs.

(1) Le Tchad est un des pays les plus enclavés d'Afrique. L'océan Atlantique est à 2000 kms et la Méditerranée à 1 200 Km. Il faut au moins entre deux et quatre jours en camions pour parcourir les 1300 kms de route et piste qui séparent la capitale N'Djamena d'Abéché (760 km et 1h20-1h40 par avion type Hercules ou Transall). Et, durant la saison des pluies, de nombreuses routes sont coupées. Et certaines parties du territoire, peuvent être complètement isolées, telles des îles. Ce qui rend nécessaire l'entreposage préalable de réserves.
 
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26 avril 2008 6 26 /04 /avril /2008 13:07
Du sable, du soleil, du vent… Voici les principaux éléments dont disposent surtout les militaires de l’Eufor  — la force européenne déployée au Tchad pour sécuriser la situation des quelque 400 000 réfugiés soudanais et déplacés tchadiens  suite au conflit du Darfour — quand ils arrivent sur le terrain.

Au départ, en effet, il n’y a « rien ou presque rien » explique le Lieutenant-Colonel Axelos de l’opération Eufor. « Il faut faire des forages pour aller chercher l’eau, damer un camp et le stabiliser, installer un drainage, des fossés, en prévision des pluies, enterrer les conduites d’eau et de téléphone, construire des merlons pour protéger le camp », complète, voire même créer des routes comme à N’Djamena ou Abéché.

Quand les Marsouins du Régiment d'infanterie de chars de marine (RICM), complétés d’éléments du 11e régiment d’artillerie de marine (Lande d'Ouée), sont ainsi arrivés à la mi-mars, sur place à Farchana, par la route, au terme d’une « croisière noire » de plusieurs jours, les premiers moments ont été… rustiques. « La première nuit, on s’est réveillé avec plusieurs couches de poussière dans la bouche et sur le sol » raconte le Lieutenant-Colonel Faguet. Et « même aujourd’hui, les conditions restent rudimentaires », explique Faguet : « sous tentes », certaines climatisées, lavabos en plein air, et « rations de combat. « Dans chaque peloton, un homme s’est donc découvert des vertus de cuisinier et va au marché chercher de quoi améliorer l’ordinaire. ».

De vraies petites villes
« C’est simple » explique le Colonel Serge Duval, un des responsables « soutien ». « C’est un bout de désert sur lequel on doit faire pousser trois petites villes de 600 habitants et une ville de 2000 habitants, à partir de rien. Et tout doit être terminé en temps record, avant la saison des pluies en juin… », dans des conditions climatiques — la chaleur (de 35° à 50 °) et les vents de sable – et sécuritaires difficiles.
Dans cette opération, la logistique est donc fondamentale. Il faut en effet tout acheminer sur place : des douches au radar en passant par les ambulances, les munitions, une partie de la nourriture et de l’eau, voire du ciment… Les militaires français de l’opération Epervier — bien implantés, sur des bases en « dur » près des aéroports de N’Djamena et Abéché — prêtent donc main forte à leurs collègues « européens ». Chaque jour, explique le Colonel Périé, commandant "Epervier" « nous devons transporter 12 tonnes de fret entre N’Djamena et Abéché » sans compter les « missions de reconnaissance par jour, avec des Mirages F1 » ou la mise en astreinte d’hélicoptères Puma pour les évacuations sanitaires.

Une fine comptabilité...
Reste ensuite à organiser la vie du camp tous les jours, ce qui inclut aussi une compatibilité fine! Comme il n’y a pas d’armée européenne, chaque Etat doit, en effet, normalement contribuer pour ses propres troupes. Mais pour éviter les doublons, c’est la France, là encore, qui a été désignée comme chef de file « logistique ». L’électricité, l’eau, la nourriture sont ainsi refacturées à chaque unité nationale, au prorata de l’utilisation, explique le « maire » du camp « Europa » — situé à N’Djamena dans l’enceinte de ce qui était destiné à devenir… une prison  — le Lieutenant-Colonel Villuendas. Comme dans une vraie ville…

Décidée par les 27 (les 26 en fait qui participent à l'Europe de la Défense puisque le Danemark a un opt-out) Etats membres de l’Union européenne, le 15 octobre 2007, et confirmée le 28 janvier 2008, la Mission Eufor a commencé officiellement le 17 mars 2008. Elle doit durer un an. Sa mission : sur mandat de l’Onu, protéger le travail des ONGs et les 450.000 réfugiés soudanais et déplacés tchadiens ou centrafricains, à cause du conflit du Darfour voisin. 3700 soldats européens devraient être présents dans l'est du Tchad et en Centrafrique d’ici la fin juin. La France fournit la moitié des effectifs et une majeure part de la logistique. Mais une dizaine d’autres pays ont envoyé des troupes – essentiellement des pays neutres ou d’Europe de l’Est (Irlande, Pologne, Suède et Finlande, Benelux, Autriche, Roumanie, Albanie) —. Et les Russes ont promis des renforts d’hélicoptères.

© Photos : Faguet "croisière noire du Ricm", Ngv Camp Europa de
N'Djamena.

NB - Pour voir un reportage en image sur les difficultés logistiques de l'opération:
 (source Eufor Tchad mai 2008)

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26 avril 2008 6 26 /04 /avril /2008 12:34

Pour ceux qui veulent un aperçu de la situation et les difficultés auxquelles sont confrontés les militaires européens de l'Eufor au Tchad, voici un petit dossier concocté pour Europolitique, avec mon reportage d'avril. télécharger ici

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5 mars 2008 3 05 /03 /mars /2008 17:41
Logo-Eufor-Tchad.jpgUn soldat français de l'Eufor au Tchad / RCA a été tué à la suite d'un accrochage avec les forces soudanaises. Il avait franchi "accidentellement" la frontière. Frontière considérée comme peu stable. C'est le premier incident de la force militaire envoyée au Tchad et Centrafrique pour protéger les réfugiés et déplacés nombreux dans cette zone,  à la suite des combats entre rebelles et forces gouvernementales dans la région du Darfour voisin.

C'est le premier incident suite à des actions violentes sur une opération de l'Europe de défense. Ou, pour être exact, le deuxième. En janvier 1992 - au moment où la politique européene de la défense n'existait pas officiellement mais fonctionnait quand même -, en pleine guerre de Croatie, cinq observateurs européens - quatre Italiens et un Français - étaient décédés après que leur hélicoptère ait été atteint "par erreur" par l'armée de l'air yougoslave (serbe). "Un malheureux concours de circonstances " lié à la "situation extrêmement difficile régnant dans l'espace aérien", avait expliqué, à l'époque, pince-sans rires, le ministère yougoslave de la défense.

Les missions européennes ont subi certaines pertes souvent par accident. Récemment, le 11 janvier, un hélicoptère des forces macédoniennes, MI-17, transportant des militaires de retour de la mission Eufor en Bosnie, s'est écrasé, faisant 11 morts (équipage et passagers).
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29 janvier 2008 2 29 /01 /janvier /2008 17:26
Le Conseil des Ministres de l’UE a approuvé, le 28 janvier, la passation d’un accord avec le gouvernement du Tchad pour la venue de la Force EUFOR. Cet accord est important car il fixe les modalités concrètes de circulation, d’exonération fiscales, d’immunité et de responsabilité de l’EUFOR. Un accord semblable a été passé avec le Cameroun – pays de transit (voie maritime) et avec la République centrafricaine. L’autorisation d’engager les négociations avait été donnée le 18 septembre. Ces accords ont été approuvés par les autorités des deux pays.

Port d'uniforme, de drapeau et d'armes

L’accord autorise les membres de l’EUFOR à porter uniformes, drapeaux et armes. Ils disposent de « la liberté de déplacement et de circulation sur (tout le) territoire, y compris son espace aérien » et peuvent utiliser tout moyen de communication radio. Munis de leur ordre de mission, les forces de l’UE sont exemptées des dispositions de passeport et de visa, ainsi que des formalités d'immigration et du contrôle douanier.

Les forces de l’Eufor doivent « respecter les lois et règlement » du pays hôte et être neutres politiquement : ils « s'abstiennent de toute action ou activité incompatible avec les objectifs de l'opération ».


Exemption fiscale

Les membres de l’EUFOR sont « exempts de taxes, droits de passage sur les routes… Seules des « contributions d'un montant raisonnable, dans les mêmes conditions que celles prévues pour les forces armées de l'État hôte » peuvent leur être imposées. L'EUFOR, ainsi que ses fournisseurs et ses contractants, si ceux-ci ne sont pas ressortissants de l'Etat hôte, sont exempts de tous impôts, taxes et autres droits similaires nationaux, au « titre des biens achetés ou importés, des services rendus et des installations utilisées par elle ».

L'EUFOR est autorisée à construire ou à modifier des installations en fonction de ses besoins opérationnels sans devoir « aucune compensation pour ces constructions ou modifications ».


Inviolabilité et immunité

Les installations de l'EUFOR sont inviolables. « Il n'est pas permis aux agents de l'État hôte d'y pénétrer sans le consentement du commandant de la force de l'UE ». De même, les installations de l'EUFOR, et ses moyens de transport, ne peuvent faire l'objet d'aucune perquisition, réquisition, saisie ou mesure d'exécution. La correspondance et les archives de l’EUFOR sont « inviolables ».

L’accord édicte une « immunité de juridiction » générale pour « l'EUFOR, les biens et les ressources dont elle dispose, où qu'ils se trouvent et quel qu'en soit le détenteur ». Le personnel de l'EUFOR jouit ainsi d’une immunité de juridiction pénale. Il ne peut être soumis à aucune forme d'arrestation ou de détention. A cette immunité, l’Etat contributeur ou l'institution concernée de l'UE (selon le cas), peut renoncer, renonciation qui doit « toujours être expresse ».

L’EUFOR bénéficie d’une immunité civile et administrative. « en ce qui concerne les paroles et les écrits ainsi que tous les actes (à condition qu’ils soient) accomplis dans l'exercice de ses fonctions officielles ». C’est l’autorité de l’EUFOR qui atteste cette condition. Si l’acte n'a pas été commis dans l'exercice de fonctions officielles, la procédure peut se poursuivre.

Le personnel local ne bénéficie de ces privilèges et immunités que si l'État hôte les lui reconnaît.


Responsabilité

L'EUFOR et son personnel « ne peuvent être tenus pour responsables de la détérioration ou de la perte de biens civils ou publics découlant des impératifs opérationnels ou d'activités liées à des troubles civils ou à la protection de l'EUFOR ». Une procédure de règlement amiable est mise en place pour les demandes d'indemnisation pour ces dommages ainsi qu’en cas de décès ou de blessure. Une commission d'indemnisation, composée à parts égales de représentants de l'EUFOR et de l'État hôte, règle les différents non réglés. Au 2e échelon, la demande est réglée au niveau diplomatique (moins de 40 000 euros) ou par une instance d’arbitrage contraignante, composée de trois arbitres (nommés par le président de la Cour de justice des CE en cas de carence). 


(publié dans Europolitique)
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18 novembre 2007 7 18 /11 /novembre /2007 13:26
Rapatrié dans un Embraer de l'armée belge, samedi 10 novembre, Jacques Wilmart, le pilote du petit avion qui a travaillé avec Children Rescue/ Arche de Zoé (association française qui s'est fait connaître lors du Tsunami) a bien voulu m'entretenir (au téléphone) de longues minutes, depuis son lit d'hôpital, mardi dernier.

C'est au « Check-in pilots bar », un petit bar de Waterloo, dans la banlieue de Bruxelles, que tout a commencé. Le patron du bar le met en contact avec un jeune pilote qui doit remonter d'Ogades vers N'Djamena un petit avion, un Cherokee six Piper PA-32 pour Children Rescue, une ONG qui en a besoin pour ses opérations « d'évacuation sanitaire ». L'homme n'hésite pas beaucoup. Depuis sa retraite en 1993 de la Sabena, la compagnie nationale belge (il a été notamment le président de l'association des pilotes du temps où Pierre Godfroid était son PDG), volé tout azimut, d'abord en Asie sur des avions passagers, puis dans le fret cargo, enfin pour des ONGs en Afrique. « Regarder le ciel d'en bas m'est pénible », même à 74 ans dit-il et le projet de venir en aide à des enfants du Darfour le motive. Mais, pour lui, c'est Children Rescue qui l'appelle, pas l'Arche de Zoé ; ce n'est qu'au dernier moment qu'il a eu connaissance de ce nom.

Au Tchad, il commence par attendre. « Je poireaute à N'Djamena trois jours pour atteindre l'autorisation de circuler. Et ce n'est que le 6 octobre, que je décolle, enfin, avec à bord trois pompiers d'Argenteuil. On a un problème technique. L'huile fait monter trop la pression. Je reviens sur N'Djamena. Et finalement on ne redécolle que le lendemain, le 7 octobre ». Direction Abêché. Là, il « découvre l'antenne médicale de Children Rescue, des gosses sous perfusion, choyés, nourris, réapprenant à rire et jouer ». Sa mission : conduire le petit Piper pour aller récupérer les enfants dans les confins du territoire tchadien, à la limite du Soudan. toutes ces pistes de brousse étaient en limite soudanaise, sur territoire tchadien, très près des zones rebelles, Un jour près de la zone rebelle, on n'a pas pu atterrir car la piste était sous les tirs de mortiers. Mais on "n'a jamais franchi la frontière" assure-t-il. L'opération « se fait au grand jour ».

Les Tchadiens étaient au courant de tous les déplacements. « Chaque jour, je remplissais un plan de vol, avalisé par le contrôle aérien de l'aéroport d'Abéché, précisant le nombre de personnes à bord et le manifeste (les noms des passagers) ». Il dénie aussi qu'il puisse y avoir eu le même rapt d'enfants, ayant été « témoin à plusieurs reprises, notamment à Biltin, de la façon dont s'y prenait Emilie Lelouch (la compagne d'Eric Breteau, qui dirigeait toute l'opération), demandant, aux chefs de village et aux traducteurs s'ils étaient bien orphelins ». De toute façon, l'opération se faisait au grand jour. « Eric Breteau m'a dit de porter l'uniforme pompier parisien (NB : Eric Breteau est pompier volontaire à Argenteuil, en région parisienne), avec Children Rescue marqué derrière nous. Car je ne veux pas donner l'impression d'une secte secrète, m'a-t-il expliqué. On se balladait, partout avec des tee-shirt siglés « Children Rescue », des stickers sur l'avion, sur les 4X4. ».

L'affaire commence, en fait, vraiment à déraper le 21 octobre. « On était à Adré. Les 4X4 sont arrivés sur les chapeaux de roues. « On a été arrêté par la police puis relâchés » m'ont-ils dit, met le moteur en marche, et on repart ». A Abêché le soir, conciliabule au camp. C'est là que Wilmart découvre une autre partie de l'opération, l'évacuation des enfants vers la France, l'Arche de Zoé et les familles d'accueil.

Le retour s'improvise. Le 23, Eric me dit : « écoute on met fin à la mission. Je n'ai plus besoin de toi comme pilote de brousse. Va à N'djamena, tu montes le plan de vol, et reviens à Chartres (avec le Piper). (...) On avance l'évacuation des enfants au 25. « Il vaut mieux en sauver 103 que 200 ». Il m'a dit sur «On les a arrachés du Darfour, on a des familles d'accueil en France, ils vont les accueillir pendant la guerre au Darfour ».

(Coïncidence, les généraux irlandais Nash et français Ganascia, commandant la future opération européenne militaire de maintien de la paix, Eufor Tchad RCA, commencent le 21 à N'Djamena une visite qui durera jusqu'au 24 en passant par Abêché, Goz Beïda et Iriba, avant la République centrafricaine)

Le plan de vol du retour. Au Novotel à N'Djamena, "le 24, j'apprends au dernier moment l'arrivée de l'avion loué, un avion d'équipage espagnol, immatriculé islandais ' l'immatriculation ne correspondait pas, suite à un problème technique, l'avion d'origine ne pouvait venir, ils n'ont pas réintroduit de demande, c'est courant" dans le milieu aérien. "J'ai personellement assisté à l'élaboration du plan de vol (du Boeing), la veille du départ. Il était mentionné : Nombre personnes à bord = 7 (commandant bord, l'équipage), remarques : OPS Children Rescue, EVASAN. Nombre de personnes à bord : 119. Destination Vatry. (Pour les noms des enfants), c'est à Abeché, que le chef de mission avait établi le manifeste avec tous les noms des enfants". (...)

Trois jours à attendre ... d'être arrêtés. "On va faire le plein (pour le petit avion). On devait partir pour Agadès. Je découvre alors qu'ils (Eric Breteau et les autres de l'Arche) sont tous arrêtés. Du coup, je décide de rester ; je ne voulais pas laisser l'impression de partir comme un voleur, cela était trop facile." Il décide alors de laisser l'avion là. Accompagné du jeune pilote belge, il décide cependant de changer d'hotal. "Au Novotel, il y avait beaucoup de militaires français", et s'inscrit au Méridien "sous mon nom". "'ai la conviction qu'on peut être arrêté rapidement. En fait, rien, comme s'ils attendaient que je parte comme un voleur. Trois jours se passent, je reste là".

Une arrestation qui traîne. Le 28 au matin, "le "petit belge" (qui avait décidé de repartir et avait trouvé un billet) est en train de faire ces paquets, le commissaire Assan me demande à la réception: « Commandant Wilmart, vous êtes en état d'arrestation, ne demande même pas au "petit belge" qui il est. Il le laisse. Je vois à la sortie, Josselyn Grange du Figaro qui se demande pourquoi il est arrêté, il est  très inquiet, choqué, je dis « interrogez d'abord le journaliste, il doit repartir ». Je suis resté interrogé pendant 6 h 30, jusqu'après le coucher du soleil, j'ai dormi."

En prison. "On était dans une prison à ciel ouvert, au milieu de 20 condamnés de droit commun, il y avait là des criminels, des trafiquants de motos. On a dit que j'avais été racketté. Mais il faut voir ce que signifie ce terme en Afrique. Cela veut surtout dire contribuer à la solidarité des prisonniers.  Ils ont effectivement pris tout ce qu'il y avait dans mes poches. Mais je suis sidéré de l'organisation des détenus. C'est le principe : « Il y a un chef, on t'accepte, et tu contribues à notre bonne entente. Bon j'ai donné un peu plus que le droit d'entrée. Mais on ne touchera pas à un de tes cheveux. J'ai surtout été bouffé par les moustiques. Vers 23h, un espèce de prince peul, en djellabah bleu - je sais ce n'est pas la région mais c'est l'impression qu'il donnait - me dit « toi, ce n'est pas ta place ici. Il me met dans une cellule, seul. Je n'avais pas mangé, ils m'offraient de l'eau tellement dégueullasse que je ne l'ai pas bu tellement j'avais peur d'être malade. »
Le 29, transfert à la police judiciaire. Nouvel interrogatoire. "J'ai vu un général qui m'a dit « je suis convaincu de bonne foi.  Mais on vous a mis dans un beau merdier. (...) Dans l'ensemble, on a été traités de façon très correcte. On s'est retrouvé tous à la maison d'arret, plutôt mieux traités que la moyenne, même si c'était dur." Le personnel de l'ambassade de France au Tchad et l'armée française passaient chaque jour, les premiers pour apporter de la nourriture, les deuxièmes pour les soins médicaux. Ils étaient très chaleureux. "J'étais épuisé physiquement, par la chaleur, la diarrhée. J'ai été transféré à l'antenne médicale
Adji Kossei de N'damena.

Inculpé au Tchad de « complicité d'enlèvement d'enfants », il récuse ce terme et a tenu à acter au procès-verbal du juge tchadien qui l'interrogeait qu'il « transportait des enfants et non pas les enlevait ». Placé en liberté provisoire, il reste à disposition de la justice tchadienne, bien entendu, mais « jamais les autorités belges ne vont m'autoriser à repartir dans son état » plaide-t-il. « J'ai la bonne conscience des innocents. » Ce baroudeur de l'Afrique tient à aussi rappeler, une vérité, la réalité africaine. « Vous savez quand vous êtes au seuil de la misère, les femmes préfèrent confier leur enfant, dans l'espoir qu'il ait une chance de s'en sortir ». Quant aux autorités tchadiennes, il ne veut pas en dire plus. "Pour eux, nous étions une manne qui tombe du ciel. 17 otages. Ca leur a permis d'user de pression pour obtenir certains avantages."

S'il y a eu des erreurs dans l'opération, il en a conscience. Mais il ne regrette rien. « Je me battrais jusqu'au bout de personnes qui ont été salies. Je peux concevoir qu'ils aient été naïfs, aient cherché à bousculer les choses, qu'ils aient commis des violations de certaines règles. » Quant à repartir en Afrique, pourquoi pas, "sur des missions de sauvetage dont je suis convaincu, la vie est devant".

Courage et lâcheté. Jacques Wilmart tient à remercier les Français qui l'ont assistés ainsi que les autorités belges, qui ont « agi beaucoup plus discrètement sans panache » mais tout aussi efficacement, il n'a en revanche pas de mots assez durs sur ceux qui, à distance, les ont critiqué et, surtout lâché. Rama Yade, la secrétaire d'Etat (française) chargée des Droits de l'homme, ' un "faux diamant dans un très bel écrin", particulièrement, lui est restée en travers de la gorge : « Qu'un membre de gouvernement se permette une telle bassesse, çà me révolte » ' comme tous les autres qui ont enchaîné derrière (telle la Commission européenne). Tout comme l'attriste la curieuse jalousie de certaines ONGs « Sur le tarmac d'Abeché, à coté d'avions superbes pour le Programme alimentaire mondial ou l''Unicef, avec mon petit Piper, on faisait un peu enfants pauvres. Et pourtant on agissait »

Pour un autre témoignage d'un médecin d'Argenteuil (voir Le Monde)
Crédits Photos : xx, Ema, Arche de Zoé
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25 septembre 2007 2 25 /09 /septembre /2007 12:08

Résolution 1778 (2007)
Adoptée par le Conseil de sécurité à sa 5748e séance,
le 25 septembre 2007
Le Conseil de sécurité,
Rappelant ses résolutions et les déclarations de son président concernant le
Tchad, la République centrafricaine et la sous-région, y compris la résolution 1769,
Réaffirmant son attachement au respect de la souveraineté, de l’unité, de
l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique du Tchad et de la République
centrafricaine, ainsi qu’à la cause de la paix dans la région,
Exprimant sa vive préoccupation à l’égard des activités de groupes armés et
des autres attaques à l’est du Tchad, au nord-est de la République centrafricaine et à
l’ouest du Soudan qui font peser une menace sur la sécurité de la population civile
et la poursuite des opérations humanitaires dans ces régions ainsi que sur la stabilité
de ces pays, et donnent lieu à de graves violations des droits de l’homme et du droit
international humanitaire,
Réaffirmant le caractère inacceptable de toute tentative de déstabilisation par
la violence et de prise du pouvoir par la force,
Rappelant qu’il incombe au premier chef aux Gouvernements du Tchad et de
la République centrafricaine d’assurer la sécurité des populations civiles sur leur
territoire,
Redisant sa crainte que la violence persistante au Darfour, à l’est du Tchad et
au nord-est de la République centrafricaine ne vienne encore nuire à la situation
dans la région,
Rappelant l’Accord de Tripoli du 8 février 2006 et les autres accords
bilatéraux et multilatéraux entre les Gouvernements soudanais, tchadien et
centrafricain, soulignant qu’un juste règlement du problème du Darfour et une
amélioration des relations entre le Soudan, le Tchad et la République centrafricaine
contribueront à la paix et à la stabilité à long terme dans la région, et saluant le
communiqué publié à l’issue de la 70e réunion du Conseil de paix et de sécurité de
l’Union africaine, consacrée aux relations entre le Soudan et le Tchad, qui s’est
tenue les 12 et 13 février 2007,
Renouvelant son plein soutien aux efforts du Secrétaire général et de l’Union
africaine en vue de la relance du processus de paix initié par l’Accord de paix sur le
Darfour, de la consolidation du cessez-le-feu et du renforcement de la présence de
maintien de la paix au Darfour,
Réaffirmant ses résolutions 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité,
1502 (2003) sur la protection du personnel humanitaire et du personnel des Nations
Unies et sa résolution 1674 (2006) sur la protection des civils en période de conflit
armé,
Réaffirmant sa résolution 1612 (2005) sur les enfants dans les conflits armés,
prenant note du rapport du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés au
Tchad (S/2007/400) et des recommandations qu’il contient, et rappelant les
conclusions relatives au Tchad adoptées ultérieurement par son groupe de travail sur
les enfants et les conflits armés (S/AC.51/2007/16),
Ayant à l’esprit la Convention relative au statut des réfugiés du 28 juillet 1951
et son protocole additionnel du 16 décembre 1966,
Soulignant la nécessité de préserver le caractère civil des camps de réfugiés et
des sites de personnes déplacées internes et de prévenir les recrutements, notamment
d’enfants, qui pourraient intervenir dans et autour de ces camps du fait de groupes
armés,
Saluant la signature le 13 août 2007 à N’Djamena de l’Accord politique en vue
du renforcement du processus démocratique au Tchad,
Ayant examiné le rapport (S/2007/488) du Secrétaire général du 10 août 2007
(ci-après dénommé « le rapport du Secrétaire général ») et les recommandations
qu’il contient sur le déploiement d’une présence internationale dans les régions de
l’est du Tchad et du nord-est de la République centrafricaine énoncées en son
paragraphe 37 (ci-après désignées par les termes « à l’est du Tchad et au nord-est de
la République centrafricaine »),
Saluant la disponibilité de l’Union européenne, exprimée lors de la réunion du
Conseil de l’Union européenne des 23 et 24 juillet 2007, à envisager la mise en
place pour une durée de 12 mois d’une opération qui viendrait appuyer la présence
des Nations Unies dans l’est du Tchad et le nord-est de la République centrafricaine,
et prenant note de la lettre, datée du 17 septembre 2007, adressée par le Haut
Représentant du Secrétaire général du Conseil de l’Union européenne (S/2007/560,
annexe),
Saluant la lettre des autorités tchadiennes en date du 11 septembre 2007
(S/2007/540) et la lettre des autorités centrafricaines en date du 17 septembre 2007
(S/2007/551), approuvant le déploiement d’une présence internationale fournie par
les Nations Unies et l’Union européenne,
Constatant que la situation qui prévaut dans la zone frontalière entre le
Soudan, le Tchad et la République centrafricaine constitue une menace pour la paix
et la sécurité internationales,
1. Approuve la mise en place au Tchad et en République centrafricaine,
conformément aux paragraphes 2 à 6 ci-après et en consultation avec les autorités
du Tchad et de la République centrafricaine, d’une présence multidimensionnelle
destinée à aider à créer les conditions favorables au retour volontaire, sécurisé et
durable des réfugiés et des personnes déplacées, y compris en contribuant à la
protection des réfugiés, des personnes déplacées et des populations civiles en
danger, en facilitant la fourniture de l’assistance humanitaire dans l’est du Tchad et
le nord-est de la République centrafricaine, et en créant les conditions en faveur
d’un effort de reconstruction et de développement économique et social de ces
zones;
2. Décide que cette présence multidimensionnelle inclura, pour une période
d’un an, une mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad
(l’acronyme MINURCAT étant retenu dans toutes les langues), dont le mandat sera
le suivant, dans l’est du Tchad et le nord-est de la République centrafricaine, en
liaison avec l’équipe de pays des Nations Unies :
Sécurité et protection des civils
a) Sélectionner, entraîner, conseiller et faciliter le soutien des éléments de la
police tchadienne pour la protection humanitaire visée au paragraphe 5 ci-dessous;
b) Assurer la liaison avec l’armée nationale, les forces de gendarmerie et de
police, la garde nationale nomade, les autorités judiciaires et pénitentiaires du
Tchad et de la République centrafricaine afin de contribuer à créer un
environnement plus sûr;
c) Assurer la liaison avec le Gouvernement tchadien et le Haut-
Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pour soutenir leurs efforts
tendant à réinstaller les camps de réfugiés qui se trouvent à proximité de la
frontière, et fournir au HCR un soutien logistique à cet effet, là où elle en a la
possibilité et sur la base d’un remboursement des coûts;
d) Maintenir des contacts étroits avec le Gouvernement soudanais, l’Union
africaine, la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS) et l’opération hybride
UA/ONU au Darfour (MINUAD) qui lui succédera, le Bureau de l’Organisation des
Nations Unies en République centrafricaine (BONUCA), la Force multinationale de
la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale en République
centrafricaine (FOMUC) et la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD)
pour échanger leurs informations sur les menaces pesant sur les activités
humanitaires dans la région;
Droits de l’homme et état de droit
e) Contribuer à la surveillance ainsi qu’à la promotion et à la défense des
droits de l’homme, y compris en accordant une attention particulière aux violences
sexuelles et sexistes, et en recommandant aux autorités compétentes les mesures à
prendre, en vue de lutter contre l’impunité;
f) Dans les limites de ses possibilités, soutenir les efforts des
Gouvernements tchadien et centrafricain et de la société civile pour renforcer leurs
capacités en dispensant une formation sur les normes internationales en matière de
droits de l’homme, et les efforts tendant à mettre fin au recrutement et à l’utilisation
d’enfants par les groupes armés;
g) Aider les Gouvernements du Tchad et, sans préjudice du mandat du
BONUCA, de la République centrafricaine à promouvoir le respect de la légalité,
notamment en appuyant un système judiciaire indépendant et un système juridique
renforcé, en coordination étroite avec les organismes des Nations Unies;
3. Décide que la MINURCAT comprendra un maximum de 300 policiers et
de 50 officiers de liaison militaire, ainsi qu’un effectif approprié de personnel civil;
4. Prie le Secrétaire général et les Gouvernements tchadien et centrafricain
de conclure, dans les meilleurs délais, des accords sur le statut des forces de la
MINURCAT, prenant en considération la résolution 59/47 de l’Assemblée générale
sur la portée de la protection juridique offerte par la Convention sur la sécurité du
personnel des Nations Unies et du personnel associé, sa résolution 60/42 sur le
Protocole facultatif à la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies
et du personnel associé et sa résolution 61/133 sur la sûreté et la sécurité du
personnel humanitaire et la protection du personnel des Nations Unies, et note qu’en
attendant la conclusion d’un tel accord avec l’un ou l’autre pays, l’accord type sur le
statut des forces en date du 9 octobre 1990 (A/45/594) s’appliquera provisoirement;
5. Fait sien le concept de police figurant dans le rapport du Secrétaire
général, y compris les dispositions relatives à la mise en place d’une Police
tchadienne pour la protection humanitaire (PTPH) qui aurait exclusivement pour
rôle d’assurer le maintien de l’ordre et le respect de la loi dans les camps de
réfugiés, les sites regroupant les personnes déplacées et les villes principales dans
les régions avoisinantes et d’aider à assurer la sécurité des opérations humanitaires
dans l’est du Tchad, et, à cet égard, encourage le Gouvernement tchadien à mettre
celle-ci en place, souligne le besoin urgent de fournir un appui logistique et
financier à la PTPH et prie le Secrétaire général de mobiliser les États Membres et
les donateurs institutionnels à cette fin;
6. Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,
a) Autorise l’Union européenne à déployer, pour une durée d’un an à
compter du moment auquel l’Union européenne déclarera sa capacité opérationnelle
initiale en consultation avec le Secrétaire général, une opération (ci-après
dénommée « l’opération de l’Union européenne ») destinée à soutenir les éléments
visés aux paragraphes 2 à 4 ci-dessus, et décide que cette opération sera autorisée à
prendre toutes les mesures nécessaires, dans la limite de ses capacités et dans sa
zone d’opérations dans l’est du Tchad et le nord-est de la République centrafricaine,
pour s’acquitter des tâches suivantes, conformément à l’arrangement qui sera conclu
entre l’Union européenne et l’Organisation des Nations Unies, en liaison avec les
Gouvernements tchadien et centrafricain :
i) Contribuer à la protection des civils en danger, en particulier les réfugiés
et les personnes déplacées;
ii) Faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et la libre circulation du
personnel humanitaire en contribuant à améliorer la sécurité dans la zone
d’opérations;
iii) Contribuer à la protection du personnel, des locaux, des installations et
du matériel des Nations Unies et à assurer la sécurité et la liberté de circulation
de son personnel, du personnel des Nations Unies et du personnel associé;
b) Autorise l’opération de l’Union européenne, à l’expiration de la période
précisée au sous-paragraphe a) ci-dessus, à prendre toutes les mesures appropriées
en vue de son désengagement ordonné, y compris en s’acquittant des tâches
précisées au sous-paragraphe a), et dans la limite de ses capacités résiduelles;
7. Invite l’Union européenne, selon qu’il conviendra en vue de la bonne
exécution du mandat de son opération, à participer aux activités de liaison et de
soutien prévues aux paragraphes 2 b) à 2 d);
8. Invite l’opération de l’Union européenne à prendre immédiatement toutes
les mesures appropriées en vue de préparer sa pleine capacité opérationnelle et prie
le Secrétaire général de se coordonner étroitement avec l’Union européenne tout au
long de ce processus, en particulier en ce qui concerne les arrangements requis pour
assurer une protection appropriée du personnel, des locaux, des installations et du
matériel des Nations Unies et assurer la liberté de circulation du personnel des
Nations Unies;
9. Prie l’Union européenne et le Secrétaire général et les Gouvernements
tchadien et centrafricain de coopérer étroitement tout au long de la période de
déploiement de l’opération de l’Union européenne, jusqu’à son désengagement
complet;
10. Prie le Secrétaire général de lui faire rapport, après avoir dûment
consulté les Gouvernements tchadien et centrafricain, six mois après la date précisée
au paragraphe 6 a), sur les dispositions de suivi de l’opération de l’Union
européenne à mettre en place, qui est autorisée pour une période d’un an, y compris
une possible opération des Nations Unies, en fonction de l’évolution de la situation,
et note qu’à cette fin, une évaluation des besoins sera faite avant cette date par
l’Organisation des Nations Unies et l’Union européenne;
11. Invite les Gouvernements du Tchad et de la République centrafricaine et
l’Union européenne à conclure dès que possible des accords sur le statut des forces
de l’opération visée au paragraphe 6 ci-dessus;
12. Prie l’Union européenne de faire rapport au Conseil de sécurité, au
milieu et à la fin de la période précisée au paragraphe 6 a) ci-dessus, sur la manière
dont son opération s’acquittera de son mandat;
13. Demande à toutes les parties de coopérer pleinement au déploiement et
aux opérations de la MINURCAT et de l’opération de l’Union européenne,
notamment en garantissant la sécurité et la liberté de circulation de leur personnel et
du personnel associé;
14. Engage tous les États Membres, en particulier les États voisins du Tchad
et de la République centrafricaine, à faciliter l’acheminement vers le Tchad et la
République centrafricaine librement, sans entrave et sans perte de temps de tout le
personnel ainsi que du matériel, des vivres et des fournitures et autres marchandises,
y compris les véhicules et pièces détachées, destinés à la MINURCAT et à
l’opération de l’Union européenne;
15. Encourage chacun des Gouvernements du Soudan, du Tchad et de la
République centrafricaine à veiller à ce que son territoire ne soit pas utilisé pour
porter atteinte à la souveraineté des autres, et à coopérer activement en vue de
mettre en oeuvre l’Accord de Tripoli et les autres accords destinés à assurer la
sécurité le long de leurs frontières communes;
16. Encourage les autorités et les acteurs politiques du Tchad et de la
République centrafricaine à poursuivre leurs efforts en matière de dialogue national,
dans le respect du cadre constitutionnel;
17. Réaffirme l’obligation pour toutes les parties d’appliquer pleinement les
règles et principes du droit international humanitaire, en particulier ceux relatifs à la
protection du personnel humanitaire, et demande également à toutes les parties
concernées de ménager au personnel humanitaire un accès immédiat, libre et sans
entrave à toutes les personnes qui ont besoin d’une assistance, conformément au
droit international applicable;
18. Prend note des mesures déjà prises par les autorités tchadiennes pour
mettre fin au recrutement et à l’utilisation d’enfants au sein des groupes armés, les
encourage à poursuivre leur coopération avec les organismes des Nations unies, en
particulier le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), et appelle toutes
les parties concernées à faire en sorte que la protection des enfants soit assurée;
19. Exhorte la communauté des donateurs à accroître ses efforts en vue de
répondre aux besoins humanitaires et aux besoins de reconstruction et de
développement au Tchad et en République centrafricaine;
20. Prie le Secrétaire général de le tenir informé des arrangements de liaison
prévus aux paragraphes 2 b) à 2 d) ci-dessus, et de le tenir régulièrement informé de
l’évolution de la situation sécuritaire et humanitaire, y compris les mouvements de
réfugiés et de déplacés, dans l’est du Tchad, dans le nord-est de la République
centrafricaine et dans la région, des progrès accomplis en direction de l’objectif
d’aider à créer les conditions favorables à un retour volontaire, sécurisé et durable
des réfugiés et des personnes déplacées, ainsi que de l’exécution du mandat de la
MINURCAT, et de lui présenter tous les trois mois un rapport à ce sujet;
21. Décide de demeurer activement saisi de la question.

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logo_ouestfrancefr.pngL'éditeur : Nicolas Gros-Verheyde. Journaliste, correspondant "Affaires européennes" du premier quotidien régional français Ouest-France après avoir été celui de France-Soir. Spécialiste "défense-sécurité". Quelques détails bios et sources.