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6 décembre 2008 6 06 /12 /décembre /2008 09:10
Dix ans après le sommet franco-britannique de Saint-Malo, et la déclaration commune sur la défense européenne, les ministres britannique et français de la Défense, John Hutton et Hervé Morin, se rencontraient symboliquement, le 4 décembre à Northwood, au quartier général d’opération (OHQ) de l’opération européenne de lutte anti-piraterie (Eunavfor Atalanta), près de Londres. (Visite à laquelle j'avais été conviée).

Tous les deux se sont d’abord félicités du lancement prochain (le 8 décembre) de l’opération Atalanta. « C’est une opération d’importance, la première opération navale de l’UE. Et nous la soutenons, comme nous soutenons le renforcement des capacités de l’UE » a déclaré John Hutton. « Face l’augmentation des attaques de pirates, il était nécessaire d’agir. J’espère que cette opération pourra avoir un effet dissuasif  » Bien sûr a-t-il reconnu, que cela ne réglerait pas l’entièreté du problème de la piraterie. « Si nous ne l’avions pas fait, nous aurions encore plus été critiqué » a-t-il expliqué, « l’opération devrait amener une amélioration significative du problème ». Un optimisme partagé par Hervé Morin. Bien sûr, a-t-il reconnu, 6 à 7 bâtiments « cela peut paraître peu par rapport à une zone immense, 3000 km sur 1000 km. Mais on ne pouvait rester les bras ballants. Et l’initiative de l’UE peut être complétée par d’autres pays. Entre les Européens – avec « Atalanta » - , l’Otan et les pays tiers, nous pouvons avoir près de 15 bateaux sur la zone, cela commence à être significatif et dissuasif ».
John Hutton (Uk) et Hervé Morin (Fr) au quartier général de Northwood © NGV

Le Royaume-Uni fervent soutien de la PESD... depuis toujours ! John Hutton en a profité pour se livrer à un véritable plaidoyer en faveur de la PESD : « l'UE dispose d'un puissant ensemble de ressources – l’expertise civile, des forces militaires, la puissance économique et le plus vaste réseau diplomatique dans le monde, ainsi qu'être le plus grand donateur de développement. Cela la rend bien placée pour répondre à l’instabilité" dans le monde. Trouvant que cet enthouiasme était particulièrement nouveau, je lui ai demandé pourquoi un tel changement de position car il ya un an encore, on ne voyait pas encore le Royaume-Uni aussi pro-Pesd. Ce à quoi Hutton s'est montré (finement) très étonné. « Je ne reconnais pas du tout votre description. (Nous sommes) pour renforcer l'Europe. Et la PESD est vraiment très importante pour cela. Cela suppose des objectifs stratégiques. » Sous-entendu, ce que nous avons aujourd'hui... (un propos qui confirme une précédente interview dans le Sunday Times)

Sans le Royaume-Uni pas de progression de la PESD. Quant à Hervé Morin, il a assuré son identité de vues avec les Britanniques : « L’Europe de la défense ne pourra progresser qu’avec le Royaume-Uni. Cela peut paraître contradictoire mais c’est la réalité. Nos deux pays sont ceux qui dépensent le plus pour la défense et qui ont encore une industrie. Sans la France et le Royaume-Uni, rien ne se fait. Le principe de la Pesd n’est pas se substituer à l'Alliance Atlantique mais d’en être complémentaire. Et le meilleur exemple est cette opération que nous lançons contre la piraterie. Nous avons des bateaux Otan qui patrouillent. Et bientôt les bateaux européens vont prendre le relais ».

Le ministre français a aussi évoqué certaines idées pour renforcer l'industrie européenne de défense.
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5 décembre 2008 5 05 /12 /décembre /2008 22:00
J'ai pu avec quelques confrères français visiter - en avant-première - le quartier général d'opération (l'OHQ) qui va servir pour l'opération de lutte contre la piraterie (Eunavfor Atalanta).

Départ de Vélizy dans la matinée dans un Casa 235 de l'armée de l'air pour atterir sur la base militaire de Northolt, base célèbre durant la 2e guerre mondiale et situé non loin de Northwood. Nos accueillants anglais nous dirigent tout de suite vers... la "Polish house", salle de réception, dédiée aux aviateurs polonais, dont les portraits ornent les murs. A juste titre, semble-t-il. Ces pilotes s'illustrèrent particulièrement durant la 2e guerre mondiale : plus expérimentés et plus audacieux que leurs collègues britanniques, ils ont à leurs actifs un nombre impressionnant de succès (avions allemands descendus. Un  "spit(fire) polonais" trône d'ailleurs à l'entrée de la base...
Spitfire aux armes polonaises, 2e guerre mondiale - base aérienne de Northolt © NGV

Situé à Northwood, au nord de Londres (et non au bord de la mer comme l’ont mentionné, romantiquement, quelques dépêches de l’AFP…). Le quartier général est surtout un chantier permanent. Des bâtiments en briques rouges. Et surtout des grues, des bennes, des blocs de béton et des bâtiments en construction. Northwood n’est, en effet, pas seulement le commandement de l’opération Atalanta mais surtout le commandement opérationnel britannique pour les opérations extérieures (Irak, Afghanistan…), ainsi le commandement naval de l’Otan. Et à juger par les contrôles rigoureux à l’entrée – avec passage du chien dans nos rangs pour renifler les explosifs – et les regards inquisiteurs sur le passage. D’ailleurs il est interdit de se promener tout seul même pour aller fumer une cigarette ou aller aux toilettes. Histoire que l’on se perdrait. Le silence règne à l'approche des journalistes. C'est normal. Tout n'est pas tout à fait calé. Le plan d'opération est d'ailleurs encore en discussion sur certains points. Les points juridiques particulièrement.Et surtout, il s'agit de ne pas défleurer le sujet : la conférence officielle de lancement est prévue le 9 décembre à Bruxelles.
Entrée de la base de Northwood UK © NGV

Le drapeau européen dans une base britannique, ce n'est pas courant. L’OHQ en lui-même est un bâtiment de 3 étages devant lequel flotte – c’est assez rare pour être signalé – les drapeaux européens et britannique côte à côte -. Environ 80 à 90 officiers venant d’une dizaine d’Etats membres y travaillent, répartis dans différents bureaux. Quelques uns n'ont pas vraiment eu beaucoup de chemin à parcourir. Ils travaillaient dans les bâtiments à coté, comme officier de liaison au quartier maritime de l'Otan..
Batiment de l'OHQ (drapeaux européen, britannique et anglais) © NGV

La salle de commandement (nous ne franchirons pas la porte... du moins pas officiellement) est, en fait, toute simple : quelques tables, des sièges, quelques ordinateurs. Au mur, une grande carte du Golfe d’Aden affichée au mur. Des téléphones et des câbles. L’essentiel se fait en effet par liaisons téléphoniques, internet ou vidéo-conférences sécurisées. Donc pas de voyants qui clignotent avec les positions des bateaux en temps réel. Et des multitudes de cartes. Point la peine d'ailleurs, celles-ci sont digitalisées ...
De toute façon, l’OHQ n’est pas là pour commander directement les mouvements des bateaux. Il assure plutôt le commandement politique (stratégique) de l'opération, la liaison avec les principales autorités politiques, européennes ou internationales : à Bruxelles (avec le comité politique et de sécurité, avec Javier Solana...), et dans les capitales. Il donne aussi les instructions et autorisations d'actions dans certains cas : arrestations de pirates, transfert dans un pays ou un bateau donné, accompagnement d'un navire qui l'a demandé.
Crédit photo : R.Pellegrino / ECPAD

Mais au niveau tactique, c'est le commandant de force, le commodore Grec Papaioannou, depuis son bateau dans la zone, qui définit quel bateau est habilité à intervenir et avec quels moyens. Dans certains cas, il est habilité à intervenir directement - cas d'urgence par exemple. De même, un bateau sur la zone qui verrait un bateau se faire attaquer a non seulement la possibilité mais l'obligation de se porter secours, le plus vite possible, en référant à son commandant de force (celui-ci transmet immédiatement).

Le problème de la "détention"... Ce peut être à lui également de résoudre les questions juridiques qui ne manqueront pas de se poser. L'arrestation des pirates ne pose pas un problème majeur mais leur "détention" (et leur éventuelle traduction devant un tribunal) est "toujours un problème". explique John Hutton le ministre britannique de la Défense. Et d'ajouter "On croise les doigts pour qu'il n'y ait pas de problème", ... en joignant le geste à la parole...

(mise à jour) Pour jeter un oeil sur l'OHQ :

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5 décembre 2008 5 05 /12 /décembre /2008 21:58
C'est en tout cas l'éventualité envisagée par nos confrères polonais de Dziennik qui prépare un contrat d'achat de trois avions pour une valeur de plus de 100 millions de Zlotys (plus de 25 millions d'euros). Et l'Airbus aurait de grandes chances de l'emporter. Cette procédure avait été lancée il y a plusieurs mois déjà. Mais le gouvernement du libéral Tusk a décidé de l'accélérer après la panne de de deux avions présidentiels en Asie, le président Kaczynski avait ainsi dû interrompre son programme de visites en Asie et annuler certaines rencontres. Les avions ont plus de 18 ans et leur conception remonte à 1968. "Une honte" commente un responsable du bureau de la sécurité nationale. Pour aller plus vite, les Polonais pourraient demander au fournisseur de leur "prêter" un avion le temps que les autres leur soient livrés. Le président Sarkozy avait promis à l'ancien premier ministre (frère de l'actuel président) Jaroslaw Kaczynski de faire tout son possible auprès d'Eads pour accélérer les choses. La promesse était tombée ... en même temps que le gouvernement 
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5 décembre 2008 5 05 /12 /décembre /2008 21:55

Arturo Alfonso-Meiriño doit prendre, début janvier, le poste de directeur "Industrie et marché" à l'Agence européenne de défense. Il était jusqu'à présent le numéro 2 dans cette direction aux cotés de Ulf Hammarström, qu'il remplacera désormais. C'est un spécialiste de l'aéronautique qui arrive à ce poste.


Un des négociateurs de l'A400M. Né en 1955, il sort diplomé de l'académie militaire espagnole aérienne en 1977 et est aussi diplomé en sciences économiques de l'université de Madrid en 1982. Outre ses diverses fonctions dans les forces aériennes espagnoles, il a été impliqué dans plusieurs programmes internationaux de coopération en matière de défense. Officier de liaison à l'Us-Navy de Philadelphie, il assure la gestion financière et logistique du programme Hornet EF-18 espagnol. En 1992, il est nommé à l'agence de l'Otan chargée de la gestion du programme Eurofighter et Typhoon (Netma) à Münich, comme spécialiste financier du programme Typhoon EF-2000. En 2000, il passe à Toulouse à l'Office du programme international intérimaire chargé de la négociation du contrat de développement, de production et de soutien logisitique initial avec Airbus Industry pour la construction du futur avion militaire A400M, ensuite transféré à l'Occar où il est responsable des aspects commerciaux et directeur-adjoint..


La direction "Industrie et marché" à l'Agence europénne de défense - établie à Bruxelles - est plutôt stratégique car elle travaille à créer un Marché européen des équipements de défense principalement à travers un régime intergouvernemental de marchés publics et elle soutient la restructuration et le renforcement de ce qu'on appelle la  Base européenne industrielle et technologique de défense.


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5 décembre 2008 5 05 /12 /décembre /2008 17:26
L’examen du paquet défense se poursuit tant au Conseil qu’au Parlement européen. Proposé en décembre 2007, par la Commission européenne, le « paquet  » se compose de deux directives qui visent à organiser et structurer le marché européen de Défense. Le premier texte fixe les règes des marchés publics de défense, le deuxième organise le transfert des biens de défense à l’intérieur de l’UE. Et les négociateurs ont bon espoir de pouvoir boucler le dossier dans les jours qui viennent. Ce qui pourrait constituer un succès indéniable pour la Commission et les présidences slovène et française qui ont suivi le dossier. Un an après la proposition, cela constitue aussi un record, pour un sujet de cette sensibilité.

L’insertion dans un secteur jusqu’à là fermé et opaque de règles de marché ne doit, en effet, pas être négligé. Les enjeux sont multiples. Tout d’abord, c’est « un pas incontestable vers le marché intérieur pour un secteur qui, pour l’instant - il faut le reconnaître - échappait à l’économie normale » comme le confirme un expert du dossier. Ensuite, cela donne aux institutions communautaires – la Commission européenne, pour les procédures en manquement, et la Cour de justice des CE, pour les arrêts – des armes juridiques supplémentaires pour intervenir, corriger les imperfections ou divergences qui ne manqueront pas de naître dans l’application de la directive, et au besoin approfondir le marché. Enfin c’est donner à la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD), le complément économique et industriel qui lui manquait.

En effet, derrière l’objectif immédiat d’ouverture des marchés, se profile un autre enjeu à moyen terme : la création d’un vrai marché des industries européennes de défense et le renforcement de la base industrielle et technologique de défense (BITD) qui est, pour l’instant, resté davantage un mot creux qu’une réalité concrète. Ainsi, au-delà de l’ouverture des marchés, ses promoteurs escomptent qu’elle incitera encore davantage les industriels à effectuer des regroupements et la naissance d’une « vraie » industrie de défense européenne.

La longue route vers un compromis

Plusieurs trilogues informels ont eu lieu ces dernières semaines avec un objectif : permettre aux diplomates et aux eurodéputés de s’accorder sur les amendements nécessaires afin de faciliter une adoption en une seule lecture.

Transferts de défense. Cet objectif est déjà atteint au moins pour un texte, celui sur les transferts de produits liés à la défense. Le Coreper doit donner son accord pour les amendements de compromis le 5 décembre, sous forme d’une lettre adressée au Parlement, avalisant ainsi l’accord qui s’est produit lors d’un trilogue informel le 24 novembre dernier. Et si le Parlement européen approuve intégralement cette position, lors de la plénière le 16 décembre prochain, la directive sera alors réputée adoptée. Ne restera alors plus au Conseil qu’à formaliser l’accord par une adoption du texte en « point A » lors d’une prochaine réunion (plutôt début 2009).

Marchés publics. L’accord, en revanche, semblait plus difficile à atteindre sur le second texte, sur les marchés publics de défense. Un projet global de compromis a été transmis par la présidence au Coreper fin novembre. Et un trilogue informel (Commission, Parlement européen, Conseil) se tenait le 3 décembre également. Une « clarification » a pu avoir lieu entre les différents partenaires. Après des réunions techniques cette semaine, un dernier trilogue devrait avoir lieu mercredi 10 décembre, à un niveau plus représentatif (avec la présence de l’ambassadeur du Coreper), pour tenter d’aboutir à un accord global. Le vote en plénière au Parlement européen étant prévu en janvier.

L’objectif de la présidence française de l’UE de boucler le dossier avant fin décembre pourra donc être, presque, atteint.
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4 décembre 2008 4 04 /12 /décembre /2008 11:02

Peut-être ne l'as-t-on pas vu ? Mais depuis quelques jours, depuis le 24 novembre très exactement les diplomates, les militaires préparent l'opération Alisia. Le COPS a tenu plusieurs réunions sur le sujet, dès le 24 novembre ainsi que le comité de gestion de crises. L'Etat major militaire et l'Etat major civil (CPCC), le Quartier général opérationnel (OHQ) du Mont-Valérien, en France ainsi que le centre satellitaire de l'UE à Torrejon (Espagne) sont mobilisés...

Après une période d'agitation, "Alisia" s'est dotée d'un gouvernement transitoire, et d'une constitution, et la présence internationale de l'Onu (UNOA) s'est largement réduite, passant d'un contingent de plus de 5000 hommes à un effectif de 200 observateurs. Mais les tensions persistent notamment la province nord-ouest du pays, à Bilisi, et dans la capitale. La découverte de nouveaux gisements de diamants en avril 2008 aiguise les appétits instables. L'instabilité règne à nouveau. De nombreuses personnes fuient et se réfugient dans des camps. Les mouvements rebelles recrutent. Des enfants soldats sont aperçus. La police locale - composée en majorité d'Havas - est accusée de parti pris et de discriminations contre les Silas (originaires de Rhodenie). L'UE qui a une présence dans le pays, avec une mission de police et d'aide à la réforme de la justice, ainsi qu'un engagement financier pour la stabilisation, est appelée à la rescousse par les Nations-Unies, pour déployer une force militaire (Eufor). Une résolution est votée au conseil de sécurité autorisant le recours à la force. etc...


Ne cherchez pas... où cela peut être. Et toute ressemblance avec une situation existante (au Congo proche du Rwanda, par exemple, avec Tutsis et Hutus...) est tout à fait fortuite ! Mais alors tout à fait...


Il ne s'agit, en fait, que d'un exercice d'Etat-Major, de planification opérationnelle (sans déploiement donc de troupes). Plus précisément, l'exercice de gestion de crises, qui se déroule chaque année, et est dénommé CME 08 (pour crisis management exercise). Le scénario, cette année, consistait à entreprendre pour la première fois en parallèle la planification opérationnelle d’une opération militaire et d’une mission PESD civile reconfigurée menées sur le même théâtre.


L'objectif est de tester le dispositif actuel scénario, avec suffisamment d’éléments de contexte pour être réel, et de vérifier la capacité de  l’UE à mener une opération type nécessitant le déploiement de toute la gamme d’instruments de l’UE, militaires et civils, y compris communautaires (une force militaire, une mission de police avec éléments d’état de droit, etc).


NB : Cet exercice était prévu pour se tenir fin septembre, début octobre, mais une "certaine crise en Géorgie" a occupé toutes les forces de gestion de crise de l'UE. Et il a été décidé de le reporter. Le premier exercice de gestion de crise (CME 02) dans le cadre de la PESD s'est déroulé en mai 2002. En novembre 2003, l'UE et l'OTAN ont procédé à un exercice conjoint de gestion de crise (CME/CMX 03). En mai 2004, l'exercice CME 04 s'est concentré sur la manière dont l'UE gère les crises en recourant à la fois à des instruments civils et militaires, y compris leur coordination, sur la base d'un scénario envisageant une opération autonome dirigée par l'UE, sans recours aux moyens et aux capacités de l'OTAN. Le premier exercice militaire ("MILEX 05") a été mené en novembre 2005; le deuxième, "MILEX 07", comprenant la première activation du Centre d'opérations de l'UE, s'est déroulé en juin 2007 et le troisième exercice, "MILEX 08", a eu lieu en juin 2008 (pour tester le centre opérationnel de Rome). 


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4 décembre 2008 4 04 /12 /décembre /2008 08:15
Président de la délégation de la commission du Parlement européen en Inde - qui s'est retrouvée coindée à Bombay lors des attentats - le catalan espagnol Ignasi Guardans (qui appartient au groupe libéral et démocrate) garde un souvenir très particulier de la façon dont l'évacuation des députés européens s'est déroulé. A lire la lettre qu'il vient d'envoyer à H.G. Pöttering, le président du Parlement européen. Le témoignage est assez effarant devant "le manque de coordination" (pour être gentil) entre les différents consulats et amlbassades pour prendre en charge les ressortissants de l'UE pris dans une situation de crise. Et les parlementaires devraient d'ailleurs poser une question orale sur ce sujet au Conseil (et à la présidence française).

Son récit vaut le coup d'être lu dans toutes ces circonvulations. Car comme le dit le député (traduction) : "Je suis convaincu qu'il y a des leçons à prendre de ce que nous avons été témoins et de la façon dont cela doit être géré par les différents acteurs européens" (...) "ce que nous avons vécu a été aussi vécu par d'autres Européens - poursuit-il. Et cela montre comment il reste beaucoup de travail pour faire que la citoyenneté européenne ne soit pas seulement un mot vide de sens, spécialement dans ces moments de crise dans un pays tiers où les citoyens européens pourraient attendre davantage de l'Union européenne - que nous aimons et supportons".

(le texte original est en anglais)

La différence entre la théorie et la pratique, le Consul allemand dit : "je ne prends que les Allemands".
"A member of the EC delegation in Delhi and myself we assumed the coordination with different European authorities to be evacuated from there and be taken together to a safer place. It was during those hours that the German Consul in Bombay showed us all how different the EU theory and discourse can be from reality, when he came to the place we where sheltering in, repeating that sentence which I will never forget: “I will only take Germans”. And so he did."

Les Français offrent de prendre en charge la délégation
"Later on, immediately after sunrise, the Spanish Consul brought in two cars and brought those of us from the restaurant to a hotel lounge where they took care of us. At that time, the UK Consul and the one from Hungary had also offered their support in different ways. Some hours later, we accepted the invitation of the French consulate to gather all at the Consul’s Residence. It was there where the European Parliament Delegation was reunited, including those who had escaped from the Taj Mahal hotel, and those who had spent most of the night in the streets. We were later joined by the French Ambassador and by the Head of the EC Delegation in Delhi. On Thursday night we all moved to the residence of an Indian businessman, who for the following 15 hours provided us with rooms, food and even some basic clothes and hygienic stuff."

... Mais la contradiction permanente règne! Et, sans passeport (perdu dans les évènements), pas de possibilité de s'échapper
"During all that time, a long line of contradictory information regarding our situation and how and when we would leave the country succeeded one to each other, depending on who would you talk to. Most of us had no passport, so there was no way to take any commercial flight. And at that time we still believed it would be a good thing for all of us to stay and return together. An official from the French Consulate informed us that they would provide us with a “laissez passer” and the exit visa delivered by the Indian authorities. On the basis of this promise of a common treatment of our papers, members of the delegation, including myself, kindly said no to the offers of our respective consulates to provide us with travel documents. "

Pour des raisons que je ne comprends pas, les laissez-passer promis n'arrivent pas
"Unfortunately, for reasons I still do not understand, that promise was never fulfilled. 24 hours later we had still not received any personal travel document. It is to be noted that even a staff member of the Delegation, who has double French-German citizenship, was at that moment denied the right to receive French papers, on the bureaucratic argument that she had used her German passport to enter the country. (Only many hours later, and some political pressure in Paris, the French consulate accepted to provide her with a French temporary passport)."

Le consul allemand atteint le summum de la bureaucratie :"venez déclarer la perte de votre passeport à la police".
"All confidence lost in the french offers, each one rushed to contact their own national representation, some of which had also made an offer to provide papers for non-nationals. And within hours we received very different documents: some got a full new valid passport, others a temporary one, others a laissez-passer with or without the Indian exit visa. Again, the German consul was the one who gave the worst answer, in form (extremely impolite) and in substance to the requests received, complaining that this German-French national should have denounced the loss of her passport in writing, and that she should personally go to the police if she wanted an exit visa."

Réaction espagnole très rapide... mais avec un tout petit avion trop petit pour emmener tout le monde
"Some remarks regarding the evacuation itself. The Spanish Government made an offer from the very beginning to take us all on their plane. But they seriously miscalculated the number of Spanish citizens they had to take care of, and they sent a very small plane."

L'avion français prend du retard, l'ordre succède au contre-ordre...
"They then asked us to accept an offer from the French Government, which we did, and we all went to bed on Thursday believing what we had been told: that a French plane had left Paris hours ago and would be taking us in the morning. On Friday morning we learnt that that again was not true, that a big plane from the Ministry of Defense was coming much later than expected, and that it would only leave Mumbai after confirming that no French citizen was left, and not earlier than Saturday 3 am. It was then when several MEPs, who had their passports, some of them strongly upset, organized their departure on their own and left in the following hours. The rest of us, now trying to clarify the situation of our documents, without which no commercial flight was possible, we stayed together until late night. As you know, but that time the Parliament had assumed the organization of the departure of everybody and booked several places on a flight to Brussels. An interpreter, a policy adviser and I we flew back in the French evacuation flight."

Ma critique sur la présidence française: pas de transparence, pas d'information, ou des mauvaises informations...
"My criticism here is not on what the French presidency decided was best for us and for their citizens. What was wrong in all this was that we were treated for many hours, in particular by the French Ambassador and the one official under him who was put in charge of us, more or less as a group of helpless and irresponsible children who needed evacuation. No transparency, no information, even misinformation in some cases, no sharing of decisions, no reasonable options made available to us. It all added stress to a group of serious and experienced persons already under strong emotional pressure without any personal belongings with them. This is also something that could be seriously improved."
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4 décembre 2008 4 04 /12 /décembre /2008 00:00
La présidence tchèque n'est pas commencée que déjà la présidence suédoise se profile. Un premier calendrier circule déjà (et je ne pouvais que vous faire communication).

Au niveau conseils des ministres, notons :
- le conseil informel des ministres des affaires étrangères (gymnich),  les vendredi 4 et samedi 5 septembre 2009 (à Stockholm)
- le conseil informel des ministres de la défense, les 28 et 29 septembre (à Goteborg)
- le conseil formel jumbo "défense - affaires étrangères", les 23 et 24 novembre (à Bruxelles)

Côté sommets européens, le premier sous présidence suédoise aura lieu - exceptionnellement - les 5 et 6 novembre (à Bruxelles) et non en octobre (il s'agit de préparer ou d'entériner la nomination de la Commission européenne). Tandis que le sommet de fin de présidence aura lieu les 17 et 18 décembre (à Bruxelles).

Enfin coté Comité de politique et de sécurité (COPS), le premier aura lieu sous présidence suédoise, le vendredi 3 juillet, le dernier (normalement) le 22 décembre.

télécharger le calendrier complet ici
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3 décembre 2008 3 03 /12 /décembre /2008 19:30

La relève des troupes polonaises au Tchad devrait se terminer le 4 décembre. Entamée le 12 novembre, la plupart des troupes sont déjà sur place, apprend-on du coté polonais. Ils seront basés – comme leur prédécesseurs – dans le nord du dispositif, près de la ville d’Iriba, sur la base « North star » mais n'auront pas tout à installer. Le Génie polonais ayant travaillé d'arrache pied pour faire - à partir de rien ou presque - une petite cité d'environ 400 personnes. Ils auront la charge d'assurer la sécurité notamment autour des camps de réfugiés soudanais - et déplacés tchadiens - qui rassemblent environ 120 à 130 000 personnes dans plusieurs lieux (Oure-Cassoni, Iridimi, Touloum, Amnabak, Kounoungou, Mile). Le groupe d’aviation - avec trois hélicoptère de type Mi17 - reste basé à Abéché (avec les hélicoptères français rejoints maintenant par les Russes). Changement de commandant également : le colonel Maciej Siudak succédant au colonel Wojciech Kucharskiego.

 

Après mars 2009, pas sûr... Quant à l'avenir après mars 2009 - et le passage sous le fannion des Nations-Unies - il est encore "très incertain". "Aucune décision n'est prise" a confirmé le ministre de la défense polonais, Bogdan Klich, à nos collègues de Rzeczpospolita. Ce qui contredit les déclarations - peut-être un optimistes - de la présidence française de l'UE, notamment d'Hervé Morin, le ministre de la défense. "La Pologne sera sans doute beaucoup moins motivée pour y participer" a précisé Klich. "Ce qui a motivé notre participation dès le début de l'opération était de soutenir et renforcer la politique européenne de sécurité et de défense" a-t-il ajouté.

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3 décembre 2008 3 03 /12 /décembre /2008 19:17
Un Illiouchine-76 militaire russe vient de terminer sa troisième rotation, en amenant dans la nuit de mardi à mercredi, cinq nouveaux soldats du groupe d'hélicoptères russes au Tchad et du matériel, après une escale de ravitaillement en fuel, à Sebkha, en Turquie, selon le lieutenant-colonel Vladimir Drik, officier de presse du commandant de l'Armée de l'air russe, cité par nos collègues de Ria Novosti.

L'avion cargo a notamment acheminé un véhicule sanitaire AS-43501 monté sur la base d'un camion tous-terrains. Mercredi soir, l'avion effectuera une nouvelle rotation pour amener de nouveaux militaires et un véhicule de transport d'eau à Ndjamena.

La première rotation avait été entamée le 14 novembre, à partir de l'aéroport militaire de Tver (nord de Moscou), emmenant 10 hommes et 10 tonnes de matériel. Une deuxième avait eu lieu quelques jours plus tard, emmenant notamment des habitations modulaires. Une dizaine devrait être nécessaire afin d'acheminer, tous les hommes et matériels. Les Russes se déplaçant, en effet, avec les équipements complets, et autonomes totalement...

Stationné à Abéché, avec les autres hélicoptères (français et polonais), le contingent russe sera chargé de transporter des cargaisons et des agents l'ONU et d'effectuer des opérations d'évacuation, de recherche, de sauvetage et de patrouille. Il devrait comprendre un peu plus de 100 hommes et quatre hélicoptères Mi-8MT équipés des armements et des munitions nécessaires au Tchad pour 12 mois si l'on en croit, le décret signé par le président russe Dmitri Medvedev.

Les hélicoptères russes pourraient ainsi continuer leur mission au-delà de la mission de l'UE et passer alors sous la bannière de l'ONU à partir de mars prochain.

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logo_ouestfrancefr.pngL'éditeur : Nicolas Gros-Verheyde. Journaliste, correspondant "Affaires européennes" du premier quotidien régional français Ouest-France après avoir été celui de France-Soir. Spécialiste "défense-sécurité". Quelques détails bios et sources.