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6 octobre 2008 1 06 /10 /octobre /2008 13:30
La réunion informelle des Ministres de la Défense, à Deauville les 1er et 2 octobre, a été l’occasion pour les Etats membres de l’UE d’indiquer leur participation sur certains projets utiles pour l’Europe de la défense, afin de renforcer ses moyens (comme je l'avais écrit dans un article paru dans Europolitique fin septembre). Le ministre français de la Défense, Hervé Morin, qui présidait la réunion s’en est félicité. « Nous avons avancé, ce n'est pas négligeable du tout ». Malgré des résultats plus faibles qu’attendu, il a dénié tout reniement aux priorités françaises. "Tout ce que nous demandions est en route", a-t-il assuré. « Nous avons même pu développer de nouveaux programmes ».

Hervé Morin a dressé un premier inventaire des contributions déjà effectives ou annoncées (sur cette réunion informelle, lire aussi une courte analyse d'humeur).

Modernisation des hélicoptères. « L'intégralité des Etats membres a reconnu la nécessité de moderniser les flottes d'hélicoptères existantes » a expliqué le ministre français de la Défense. « La France a formé récemment des pilotes tchèques, l'Allemagne forme pour sa part des pilotes européens (suédois, espagnols et polonais notamment) ». Le "fonds fiduciaire" constitué au Shape (Otan) a recueilli les contributions britanniques (7,3 millions d'euros), française (5 millions), danoise (2 millions), luxembourgeoise (500.000 euros), et finlandaise (500 000 euros, montant qui sera doublé selon Helsinki). La Lituanie pourrait participer.

Flotte européenne de transport stratégique (EATF). Plusieurs pays (Hongrie, Bulgarie, Italie, Allemagne, Suède, Roumanie, Espagne et Portugal)« se sont prononcés en faveur de ce projet » basé sur le futur A400M, soit au travers de la cession d'heures de vol, soit par la création d'une unité multinationale.

Coopération navale européenne. Ce projet rencontre un "large soutien" autour des quatre Etats membres de l'UE détenteurs d'un porte-avions ou d'un porte-aéronefs (France, Grande-Bretagne, Italie et Espagne). D'autres Etats qui disposent de bâtiments complémentaires (frégates, sous-marins, bateaux ou avions ravitailleurs) pourraient y participer. C’est le cas de l’Allemagne qui a « annoncé en séance qu’elle contribuerait ». Il ne s’agit pas tout de suite de passer à la phase opérationnelle où une force européenne serait constituée en permanence. Mais plutôt d’avoir des « exercices, des formations en commun, puis d’améliorer l’opérationnalité et enfin la coordination des moyens. (…) Avoir des moyens d’autres pays qui accompagnent le porte-aéronef serait un symbole fort en matière européenne » a fait remarqué Hervé Morin. Le Royaume-Uni est plus sceptique.

Déminage maritime. L’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, la Finlande et l’Italie soutiennent ce projet qui vise à déminer les mers qui recèlent dans leurs fonds de nombreuses bombes non explosées, de la dernière guerre mondiale notamment. La mer Baltique et la mer du Nord sont particulièrement touchées.

Observation spatiale. « En cas de crise, le renseignement spatial est essentiel pour pouvoir réagir rapidement à la réalité de la situation. Les récentes opérations militaires ont prouvé que nos capacités de renseignement, en particulier spatiales, sont insuffisantes » a souligné Hervé Morin. Deux initiatives ont donc été confirmées. L'une vise à accroître les sources d'information militaires du centre satellitaire de l’UE de Torrejon (Espagne) avec la cession d'images provenant des systèmes Helios (français), SAR Lupe (allemand) et Cosmo-Skymed (italien). L'autre tend à développer la capacité spatiale des Etats membres, autour du projet Musis, de nouvelle génération, MUSIS. Un projet qui implique déjà la France, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, la Grèce et l’Espagne. La Pologne a annoncé vouloir y participer. L’étude du « segment sol » du projet serait assuré par l’Agence européenne de Défense (AED). Une lettre d’intention doit le confirmer « avant la fin de la présidence »

Rapprochement entre l'Agence européenne de Défense (AED/EDA) et l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement (OCCAR). Afin d’éviter les duplications, un accord de coopération devrait être conclu le 10 novembre prochain.

Technologie et recherche. Outre les directives  en cours de discussion au niveau communautaire (marchés publics de défense et transfert d’armement à l’intérieur de l’UE), d’autres pistes sont étudiées pour renforcer cette base industrielle et technologique de défense (BITD) : un système européen de sécurité d’information, le contrôle européen des investissements étrangers, un recours accru à des normes communes. « La constitution de groupes de défense européens est essentielle pour permettre l’indépendance de l’Union européenne et faire en sorte que cette dernière puisse assumer sa propre sécurité » a expliqué Hervé Morin. Et a-t-il ajouté, « certains Etats européens doivent accepter de produire certaines parties d’armement, et pas d’autres. Il faut que chacun accepte de ne plus produire certaines capacités, de perdre certaines compétences. (...) On ne peut pas garder tous nos bureaux d’études, c’est un vieux réflexe français ». Un message destiné avant tout en interne mais qui peut s’adresser également aux autres grands pays : Royaume-Uni, Allemagne, Italie notamment.

(article paru dans Europolitique)
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6 octobre 2008 1 06 /10 /octobre /2008 08:10

Les soldats de la 17e Brigade mécanisée "Wielkopolska" (17WBZ) ont été sélectionnés pour servir au groupement tactique de l'UE (Battle group ou GT 1500) qui sera de permanence au premier semestre 2010. La Pologne servira de nation-cadre à cette force de réaction rapide légère de l'UE, avec l'Allemagne, la Slovaquie, la Lituanie et la Lettonie.

Le noyau du groupe sera composé de 800 soldats, un bataillon d'infanterie de la 17e brigade mécanisée, basé à Międzyrzeczu (Lubuskie), et équipé de 160 véhicules, dont 53 véhicules blindés,  Rosomak. C'est une des unités les mieux équipées de l'armée polonaise, selon un porte-parole. La 17e est ainsi (ou a été) présente sur la plupart des opérations extérieures où les Polonais ont été engagés (Afghanistan, Iraq, Tchad).

NB : le groupement tactique se compose d'environ 1500 hommes capable de se déployer en 15 jours après la décision politique. Ils sont en mesure de mener des opérations d'un à trois mois. Un autre battle group sera de permanence ce semestre, Royaume-Uni et Pays-Bas

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5 octobre 2008 7 05 /10 /octobre /2008 23:21
Le Conseil des ministres de l'Union européenne a adopté - le 2 octobre - quelques ajustements au projet de budget 2009 - celui-ci n'est pas encore voté définitivement -.

- Une ligne budgétaire spécifique sera créée pour la "coopération consulaire" (ligne 19 06 06). Il s'agit en particulier lors d'une crise dans un pays tiers, de pouvoir agir, dans le cadre de la coopération consulaire, pour protéger les citoyens de l'UE non représentants dans ces pays par leur Etat membre. Les délégations de la Commission ont en effet reçu mandat d'agir (articles 20 des traités UE et CE) en liaison avec les Etats membres présents dans le pays (notamment pour la mise à l'abri des ressortissants, leur évacuation, etc.).

- L'aide financière pour la Palestine, au processus de paix et à l'UNRWA sera quasiment doublée : de 161 à 300 millions d'euros.

- Une dotation supplémentaire, de 40 millions d'euros en crédits d'engagement, sera prévue pour "soutenir la stabilité et le développement du Kosovo".

Document à télécharger ici

Une augmentation en trompe l'oeil
Ces deux dernières lignes avaient été anticipées dans le projet de budget discuté en juillet (100 millions pour la Palestine, 60 millions pour le Kosovo). Dans ce projet de budget, figure d'ailleurs une "réserve pour imprévus" de 130 millions d'euros.

En revanche, en juillet, le Conseil avait supprimé la réserve d'aide d'urgence de 244 millions d'euros (proposé par la Commission) et diminué de 10 millions d'euros la ligne "préparation et réaction aux crises - instrument de stabilité" qui s'élève ainsi 140 millions d'euros (ligne 19 06 01 01), au vu de "l'exécution budgétaire" en cours et des "prévisions". Le budget de cette ligne se montaiit à 139 millions d'euros en 2007 et 179 millions d'euros en 2008

La Politique extérieure et de sécurité commune (PESC) - gestion de crises - a été dotée en crédits d'engagement de 159 milions d'euros en 2007 et de 285 millions en 2008 (voir budget 2008). Un montant de 243 millions est prévu pour 2009. En crédits de paiements, cela donne : 179 millions en 2008 et 234 millions prévus pour 2009.

(mis à jour lundi 6 octobre)
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3 octobre 2008 5 03 /10 /octobre /2008 18:00
Une rencontre informelle de Ministres, comme celle qui vient d'avoir lieu pour les ministres de la Défense à Deauville, les 1er et 2 octobre, c’est fait - comme son nom l’indique - pour que les Ministres puissent se parler sans détour, sans ordre du jour, sans papier à lire, de façon plus directe qu’en temps ordinaire, dans une réunion formelle. C’est aussi fait pour ménager des moments où, de façon tout aussi impromptue, il puisse y avoir des échanges entre Ministres et journalistes. Pas automatiquement avec des prises de rendez-vous - comme c'est toujours possible, d'ordinaire, dans toutes les rencontres formelles et même en dehors.

Il est ainsi possible de rencontrer de façon inopinée un chargé de mission chypriote, tchèque ou allemand qui pourra vous éclaircir un point, compléter une information, vous donner des éléments de contexte national, auxquels vous n'auriez pas pensé spontanément... Tout çà parce que vous avez la possibilité d'échanger un ou deux mots sur un coin de table, ou autour d'un café. Cela participe de ce qu'on appelle le "background" et à croiser les sources, la base du métier.

Cette heureuse tradition qui faisait le charme des rencontres européennes se perd

La réunion informelle de Deauville au niveau des Ministres de la Défense l’a prouvée. L’organisation était impeccable (le wifi marchait - ce n'est pas le cas de toutes les rencontres de la présidence française !), le personnel mis en place par le service de presse des Armées (Dicod) était serviable, disponible, efficace (un peu trop même -:). Là n’était pas le problème… Mais on avait bien pris soin de bien isoler chaque espace : d’un coté les journalistes, de l’autre les Ministres et leurs conseillers. Aucun espace – type cafeteria, no man’s land – pour que les premiers puissent rencontrer, informellement, les seconds. Une tendance naturelle désormais dans nombre de ces rencontres.

Raison de sécurité m'a-t-on expliqué… Cette satanée sécurité a décidément bon dos. Car il faut préciser que n’entre pas dans ce type de réunion n’importe qui : il faut s’inscrire auparavant, montrer patte blanche (passeport, carte de presse, accréditation etc…), puis passer les contrôles électroniques (comme dans tout aéroport), et enfin il y a une présence très large de personnels de sécurité. Et puis pour tout dire, il y a avait assez peu de journalistes à cette réunion (une cinquantaine), dont la plupart sont des têtes connues des responsables de presse. Autant dire que, pour commettre une agression, il faut être suicidaire.

Entendons nous bien : il ne s'agit pas ici du "petit" confort du journaliste. Mais de l'accès aux sources d'information. De façon libre et sans contrôle de tel ou tel.

Un but très politique

En fait, la raison de tout çà est plus prosaïque. Il s'agit tout simplement de contrôler la communication, de n'avoir qu'une parole, celle de la présidence. Cette tendance s'inscrit régulièrement, dans une tendance à de plus en plus contrôler cette communication, ce groupe de journalistes "bruxellois", un peu indiscipliné, qui travaille souvent en pool, de concert (s'échangeant ou vérifiant des informations) qui gêne totalement les logiques de communication.

Cette volonté de contrôle de l'information existe, indéniablement, à la présidence française de l’UE. Soyons honnêtes : toutes les présidences de l’UE ont cette tentation. Et, même la Commission européenne - auparavant réputée pour son ouverture et sa transparence - se ferme petit à petit, verouille ses portes.

Seules certaines présidences, souvent de pays dits « petits », comme la Belgique, le Luxembourg, la Finlande, le Portugal…, savent bien faire cela. Elles assurent une sécurité "cool" (mais efficace) en laissant des espaces mixtes où journalistes et officiels peuvent se rencontrer, tout aussi informellement (de façon très limitée tout même). Au final, elles arrivent à donner une image "sympa", "rassurante", "efficace" de leur pays. La France, qui place sa grandeur et son prestige un peu haut, un peu trop haut peut-être, est plus « rigide » et au final, moins efficace.

Le Morin immanent

Et avec le Ministre de la Défense français, c'était clair. Voulant réussir son examen de passage dans son fief, la Normandie (dont il est un élu local, à Epaignes), Hervé Morin ne souhaitait entendre qu’une seule voix : la sienne. Il ne s’agissait pas qu’un journaliste vienne accoster un Ministre. Et en rapporte une déclaration contradictoire qui vienne briser le message principal décerné à satiété: « Excellente ambiance, unanimité, consensus, tout le monde (ou presque) est d’accord » revenus en permanence dans sa bouche. Tout va bien. Et surtout que rien ne vienne gâcher l’engagement annoncé par le président français, Nicolas Sarkozy : il y aura retour à l’Otan si il y a un progrès de l'Europe de la défense. Le progrès est constaté. Donc on peut revenir à l'Otan.

Au passage, le Ministre a piétiné les engagements présidentiels, de mener une présidence modeste et en collaboration avec ses partenaires. Le trio de présidences (Tchèques et Suédois) n’était ainsi nullement représenté à la conférence de presse. Quant à la présidence « modeste », il faudra repasser ! Quelques perles du Ministre (publiques) : « Je ne mens jamais c’est çà l’avantage ». Erasmus militaire « c’est sorti de mon imagination ». etc.

Compte rendu de la réunion
Photo : présidence française UE / Ecpad
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3 octobre 2008 5 03 /10 /octobre /2008 11:55
L'actuel ministre du Commerce, John Hutton, va devenir ministre de la Défense dans le cadre d'un remaniement plus profond destiné à donner un second souffle au gouvernement de Gordon Brown. Il succède ainsi à Des Browne, dont la dernière apparition en public aura été la réunion informelle des Ministres de la Défense à Deauville. Des Browne est ainsi dégagé du gouvernement (un poste de compensation lui sera offert). John Hutton sera remplacé à son poste par... Peter Mandelson, l'actuel commissaire européen au Commerce qui quitte Bruxelles (après avoir été aux négociations de l'OMC sans y réussir vraiment d'ailleurs).

Député du Labour (le parti travailliste) depuis 1992, John Hutton est réputé proche de Tony Blair. Ministre de la santé sous Tony Blair, puis secrétaire d'Etat au Travail et aux pensions (quand Plunkett démissionne), c'est un peu l'homme des missions difficiles. Outre les Affaires sociales, il s'est toujours un peu intéressé aux questions de sécurité et de défense, il a notamment siégé à la commission "Affaires intérieures" et "Défense" de la chambre des communes. A son nouveau poste, il va devoir d'abord gérer une armée britannique, engagée sur deux terrains difficiles, Irak et Afghanistan, et en proie à de solides difficultés financières et matérielles.

A suivre...
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3 octobre 2008 5 03 /10 /octobre /2008 11:00
4 hélicoptères russes et 120 hommes sur une mission militaire européenne, Des Russes sous commandement européen, ce n'est pas commun. C'est même la première fois. Alors effectivement c'est difficile à négocier. Et il faut faire quelques entorses aux règles habituelles des opérations européennes. Du moins si j'en juge le texte du projet de décision qui entérine l'accord. Mais la stabilisation dans cette région troublée, de l'est du Tchad, aux confins du Soudan, ne vaut-elle pas quelques "entorses" aux principes...

Une négociation laborieuse
Si comme pour toute contribution d'un Etat extérieur à l'Union européenne (UE), dit Etat tiers, on signe un accord, cette négociation avec les Russes a été particulièrement longue et difficile, il a fallu s'y reprendre à plusieurs fois. Le gouvernement Français - qui tenait à cette présence - a particulièrement insisté à plusieurs reprises pour que les Européens acceptent d'être plus "coulants" sur certains principes. Et que les Russes en acceptent d'autres. Ce n'est pas illogique somme toute, car c'est la première participation russe à une mission militaire de l'UE. Entre autres sujets sensibles, la chaîne de commandement (russe sous commandement européen, ou commandement russe autonome), le financement et les procédures de règlement des litiges.

Aujourd'hui, l'accord a été paraphé coté russe - avec quelque difficulté cependant, l'état-major russe a un peu ronchonné et certaines modalités d'organisation doivent encore être fixées, d'ici la fin octobre. Et du coté européen, tous les pays semblent prêts à avaliser le texte, même après les évènements en Géorgie. Simplement, il faut passer en douceur, discrètement. On cherche donc à "étaler" le dossier après certaines échéances, plus politiques - comme celle du 10 octobre fixé pour le retrait russe des zones de sécurité de Géorgie. Ce qui explique que cet accord soit encore sur la table des ambassadeurs qui doivent l'approuver et le transmettre dans un prochain conseil des ministres de l'UE.

Une mission bien cadrée : le transport

La mission assurée par les Russes est bien cadrée et précisée expressément. Ce sera une mission de transport : "transport des membres de l'Eufor et de la Minurcat" (la force des Nations-Unies), "opérations de sauvetage" pour ces deux forces et "transport de matériel". Il n'est ainsi pas question de "mission de combat" (davantage du ressort des hélicoptères français, Gazelle, d'ailleurs, si j'en crois les spécialistes de la question).

Une chaine de commandement, atypique : qui préserve l'autonomie russe et la capacité de décision européenne

Le point clé de l'accord se situe dans la "chaine de commandement". Le contingent militaire reste "entièrement sous le commandement de la partie russe" est-il mentionné (ce qui est peu commun). Simplement les autorités compétentes russes "délèguent au commandant de l'opération "la faculté d'assigner au contingent militaire des tâches en vue de l'exécution de sa mission (...) Un ordre de mission aérienne ou toute autre décision affectant le contingent militaire russe est arrêté en étroite coordination avec les hauts représentants militaires russes.

La force russe est soumise aux règles d'engagement de l'opération définie par le commandement européen (logique) "dans la mesure où elles ne sont pas en contradiction avec la législation russe". Ces "restrictions d'engagement" (caveat) vont être notifiées au commandant d'opération, le général Nash.

C'est l'officier commandant le contingent militaire russe qui est responsable de la discipline quotidienne au sein du contingent (NB : disposition logique).

Les Russes peuvent retirer leur contribution "à tout moment", soit à la demande du commandant de l'opération, soit par décision russe. (NB : un contingent européen s'engage généralement sur la durée de la mission, ou sur une durée limitée, précisée à l'avance).

La Russie - mêmes droits, mêmes obligations - qu'un Etat de l'UE...

La Russie participe pleinement à l'opération. Elle a les "mêmes droits et obligations en terme de gestion quotidienne de l'opération que les Etats membres de l'UE qui y participent".

Les forces russes sont soumises aux règles de l'accord sur le statut des forces (Sofa) signés avec les trois Etats accueillant : Tchad, république centrafricaine (terrain d'opération) et Cameroun (transit du matériel). Hormis cela, le contingent militaire reste sous la juridiction russe.

Les Russes ont accès à la plupart des informations classifiés "défense" de l'opération. Ils doivent en assurer la confidentialité. Ils ne doivent pas utiliser cette information à d'autre fin (?), ne doivent pas la divulguer à aucun tiers, et restreindre l'accès en interne aux seules personnes "qui doivent nécessairement en avoir connaissance pour s'acquitter de leur mission officielle".

Un officier de "haut rang" russe sera d'ailleurs au quartier général de l'opération, l'OHQ au Mont-Valérien, aux cotés du général Nash. Un autre au quartier général de la force (FHQ) à Abéché, aux cotés du général Ganascia. (NB : je préfère "aux cotés" que "sous les ordres", car cela semble refléter davantage la situation. Aucun de ces mots d'ailleurs n'est mentionné dans l'accord)

... enfin presque, car il y a quelques arrangements financiers et juridiques

La Russie assume tous les coûts liés à sa participation à l'opération - sauf financement commun prévu ad hoc. Dans ce cas là, c'est le mécanisme Athéna de prise en charge qui prend le relais. Par ailleurs, Eufor fournit un soutien logistique contre remboursement des coûts (au prix coutant). La Russie est "exemptée de toute participation financière aux coûts communs".

En cas de dommage collatéral - victime locale - ce sont les règles signés avec les pays d'accueil qui s'appliquent : en gros, tout dommage est "extériorisé". L'Etat d'accueil s'engage à ne pas faire de procédure judiciaire. A la place, il est prévu une procédure de règlement amiable (indemnités), voire un recours à une commission d'arbitres. En cas de litige sur la nomination des arbitres, c'est le président de la Cour internationale de justice qui est appelée à la rescousse pour désigner l'arbitre (pour les autres Etats européens, c'est le président de la Cour de justice européenne). Raffinement supplémentaire (qui montre la difficulté de négocier le moindre détail), il est précisé que si le président de la CIJ est un national de l'UE ou de Russie, c'est un autre membre de la Cour qui doit intervenir. (Une disposition qui n'est pas de pure forme car la présidente actuelle est britannique).

Ultime précision (importante quand on sait les problèmes de "traduction" qui ont lieu lors des accords en Géorgie) : l'accord est rédigé en anglais et en russe, "chaque version faisant foi".

Pour télécharger le texte de la décision et de l'accord
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2 octobre 2008 4 02 /10 /octobre /2008 11:55
Le Danois, Kai Vittrup pourrait prendre la tête de la mission civile de police (Eupol) de l'UE en Afghanistan. Cette décision doit être confirmée par le Comité politique et de sécurité (COPS) de l'UE ce vendredi. Kai est un peu un baroudeur des opérations internationales. Il était jusqu'ici responsable du secteur police au sein de la Mission préparatoire de l'ONU au Soudan (UNAMIS) qui vise à restructurer et former la police soudanaise.

Diplomé de l'école de police de Copenhague en avril 1965, Kai a à son actif près de 41 ans de service. Tout d'abord, dans la police danoise à différentes fonctions (enquêteur, chef de patrouille, chef inspecteur, chef de l'unité de support tactique...), comme commandant de la police d'Aalborg, puis de la capitale, Copenhague. Depuis 1992, il est surtout actif au niveau international : en 1992, à la Forpronu, à Sarajevo. A partir de 1996, il suit les cours de l'Otan à l'école du Shape ainsi que ceux de la gestion civile de crise. Il dispense aussi ses conseils et son expérience lors de conférences de haut rang des agents de police anti-émeute dans la foule et de contrôle à Gaza, en Cisjordinanie, Albanie, Estonie et Lettonie. En 2000, il repart en mission internationale : conseiller sécurité de la mission de l'ONU à Timor Est (UNTAET) ; conseiller principal pour la sécurité en Irak, pour la formation, le suivi, l'encadrement et la logistique de la police irakienne (2003-2004),  commissaire de police de la Mission des Nations-Unies au Kosovo, MINUK (oct 2004 - 2006), chef police à l'Unamis (septembre 2006- 2008).

Son CV, télécharger Ici
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1 octobre 2008 3 01 /10 /octobre /2008 00:32
Capacités matérielles, opérations militaires de l'UE et lien entre Europe de la défense et citoyens : tels seront les sujets qui animent les discussions, des 27 ministres de la Défense de l'UE, réunis à Deauville et Trouville (Normandie). Un lieu que connaît bien le ministre français de la Défense, Hervé Morin, puisqu'il est maire d'une petite commune de non loin de là, Epaignes.

Quatre opérations en discussion
La réunion s'ouvre, mercredi 1er octobre, par un déjeuner de travail (au casino de Deauville) consacré aux opérations militaires en cours, en présence du commandant de l'opération Eufor Tchad/RCA et de celui de l'opération Althea, en Bosnie, sur leur conduite et leurs perspectives. Dans le premier cas, il s'agit de donner des premières intentions sur ce qui va se passer en fin de mandat, après mars 2009. En ce qui concerne la Bosnie, la question est plus politique : quand et comment faut-il envisager la fin de l'opération ? "Il faut commencer à penser à une stratégie de retrait et à diminuer les effectifs. On ne peut pas continuer à maintenir des troupes en grand nombre dans un pays qui a signé un accord de stabilisation et d'association et qui pourrait, un jour, être candidat à l'adhésion" explique un expert européen. Enfin, même si ce point ne figure pas officiellement à l'ordre du jour, les Ministres devraient se pencher sur la future opération militaire, aérienne et navale, qui pourrait être mise en place en Somalie afin de lutter contre les pirates. Et même si l'opération d'observation de l'UE en Géorgie (Eumm Georgia) est une opération cviile, elle devrait figurer aussi en haut de l'agenda médiatique, le 1er octobre étant aussi la date du plein déploiement de cette mission.

Chaque ministre passe au tableau pour exposer une idée
Après la traditionnelle "photo de famille", les ministres doivent se retrouver, au Centre international de Deauville (le palais des congrès), pour une première séance de travail consacrée au "renforcement des capacités militaires européennes". « Face aux exigences d'opérations qui se multiplient, la nécessité de disposer de capacités modernes, robustes, flexibles et interopérables » doit être réaffirmée par tous, explique-t-on à la présidence française. Le Ministre, Hervé Morin, a ainsi demandé à plusieurs de ses homologues d'introduire un sujet : le Britannique sur l'initiative franco-britannique Ue-Otan pour moderniser la flotte européenne d'hélicoptères, le Belge (ou un autre, le ministre Belge étant retenu en Afghanistan) sur la perspective d'une flotte européenne d'avions de transport, l'Italien sur la coopération aéronavale, le Grec sur l'observation spatiale, et de différents projets de recherche et technologie, comme les drones (aéronefs sans pilotes), le Suédois sur le déminage maritime etc... L'objectif est de pouvoir identifier, pour chacun de ces projets, les Etats membres qui sont prêts à s'engager. En fait de séance de travail, il y a pas mal de monde dans la salle : chaque ministre peut, en effet, être accompagné de 4 personnes. Comptez: 27 X 5.

... sur comment renforcer les capacités et rationaliser un peu l'effort industriel
Dans l'après-midi, les ministres de la Défense ont aussi un débat plus large et prospectif sur la façon de mieux produire des capacités militaires européennes et de rationaliser les efforts dans ce domaine. En complément du plan de développement des capacités conduit par l'Agence européenne de défense, la réflexion sera portée sur des solutions nouvelles, explorant par exemple les logiques de mutualisation et de spécialisation, de nature à rendre l'industrie européenne de défense plus performant. Le ministre Allemand doit "plancher" sur les modalités de collaboration entre l'Agence européenne de défense (ADE/EDA) et l'Organisation européenne conjointe de coopération en matière d'armement (OCCAR).

Les choeurs de l'armée française terminent la séance de travail. Et les ministres se retrouvent pour un dîner à Trouville, une ville voisine, au bistrot des Quatre Chats (inutile de s'y pointer, c'est sur invitation, et il n'y a pas tant de place que cela dans le restaurant). La soirée est libre ensuite. Gageons que certains pourraient se retrouver sur le port ou au casino. C'est çà le charme des réunions "informelles"...

Erasmus militaire, Europe des citoyens et évacuations de ressortissants
Le lendemain, jeudi 2 octobre, les Ministres consacrent leurs travaux au thème de "l'Europe de la défense et les citoyens". A cette occasion, ils ont une première discussion sur le projet de formation commune des officiers, inspiré du programme Erasmus. Ils débattent aussi pour savoir comment améliorer l'action des moyens militaires au profit de la surveillance maritime et des évacuations de ressortissants. Cette session de travail est d'ailleurs précédée d'une rencontre entre une centaine d'étudiants et de lycéens de Normandie et les Ministres de la défense et suivie d'un "déjeuner-buffet informel" entre ministres, lycéens et étudiants.

Il est prévu de se quitter vers 15 heures...

Le programme détaillé de la réunion ici
(Paru dans Europolitique)
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30 septembre 2008 2 30 /09 /septembre /2008 23:18
1er octobre. Dans les délais, comme prévu dans l’accord de cessez-le-feu signé avec les Russes, ce qui en soi même une "heureuse surprise" de l'Europe de la Défense, les Observateurs de l’UE se sont déployé en Géorgie. Et Javier Solana, le Haut représentant de l'Union était présent hier à Tbilissi pour saluer l'évènement (son discours ici).

Uniforme blanc, béret bleu, brassard bleu aux 12 étoiles jaunes… les observateurs – qu’ils soient militaires, policiers, civils – ont désormais tous le même uniforme. Seuls les véhicules blindés – une cinquantaine – n’ont pas été repeints. Trop rapide. Mais des stickers bleus, collés de chaque coté, ainsi que les plaques d’immatriculation « EummXX » identifient bien les véhicules.

Les observateurs proviennent de différentes origines. Et ce ne sera pas la moindre gageure pour cette opération que de faire travailler selon les mêmes méthodes, les mêmes capacités de réaction face aux possibles incidents, le gendarme mobile ou le carabinieri – de corps militaire – le policier allemand ou polonais, les experts de droits de l’homme suédois ou autrichiens. Ils n’ont pas été entraînés ensemble. Paradoxalement cette mission civile recèle tout autant – voire plus de difficultés – qu’une opération militaire, où l’Otan aidant, les mêmes modus operandi ont pu naître…



Maintenant il faudra que les Russes tiennent leur engagement : se retirer de la zone de sécurité (buffer zone) qui sépare la Géorgie (intérieure) de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, d'ici au 10 octobre. Il va falloir négocier les modalités du retrait, les modalités des patrouilles dans cette zone, et surtout la présence des forces géorgiennes dans cette zone (qui normalement pourrait être interdite). L'armée, Etat dans l'Etat russe, ne se laissera sans doute pas dompter aussi rapidement par ses politiques. Et la diplomatie européenne devra, peut être, montrer ses muscles d'ici le 10 octobre... Bien que la Russie ait montré - à plusieurs signes depuis quelques semaines - sa volonté de retrouver toute sa place dans le "concert des nations".
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29 septembre 2008 1 29 /09 /septembre /2008 22:14
Faisant le point à mi-mandat sur l’opération militaire de l’UE (EUFOR) au Tchad et en République centrafricaine (RCA), lors d’une conférence de presse à Bruxelles, le 29 septembre, le général irlandais, Pat Nash, qui commande l’opération, s’est montré d’un optimisme très mesuré sur la situation sécuritaire. Il a aussi appelé chacun à être vigilant sur la suite de l’opération. « L’enjeu reste en effet considérable. Beaucoup a été fait, en matière logistique, de sécurité » a détaillé le général.

Le risque rebelle existe
Mais « la situation reste difficile. Je n’ai pas de doutes qu’il y aura d’autres difficultés dans le futur. Les mois prochains seront cruciaux », a-t-il ajouté. Les rebelles restent, en effet, toujours présents et actifs dans la région dite des « trois frontières » (Tchad, Rca, Soudan). Et même si une attaque d’envergure comme celle de fin janvier – les rebelles avaient atteint la capitale N’Djamena – paraît difficile à réitérer, les périodes de saison sèche sont, traditionnellement propices au Tchad à des offensives guerrières. « Nous avons deux attaques par an, en février et en octobre », m'avait confié un spécialiste militaire présent sur place.

Le récent rapport d’Oxfam, le général l’a lu mais « pas de la même façon » que certains commentateurs. Il n’y voit pas une critique de la mission de l’Eufor. Au contraire ! Car ce qui manque actuellement au Tchad, « c’est une force de gendarmerie et de police, ainsi qu’un accord de bonne gouvernance ». La mission d’Eufor se situe en amont : « fournir l’environnement de sécurité nécessaire pour que ces forces puissent travailler ». Ce « qu’elle fait – explique-t-il – malgré toutes les difficultés auxquelles (elle) est confrontée depuis le début ».

Préparer l'après Eufor
Le Général Nash a aussi tenu à alerter sur l’après-Eufor. « L'UE a un mandat jusqu’au 15 mars 2009. Après cela, nous n’avons pas de mandat ». Le temps de la transition effectué, « plus aucun soldat de l’UE ne sera présent au Tchad au 1er juin », a-t-il assuré. Mais « la continuation voire l’extension de la présence internationale après le 15 mars est un enjeu important », a-t-il aussi souligné. Car aucun Etat n’a l’intention de prolonger la mission de l’UE.

Le secrétaire général de l’ONU a lancé, le 17 septembre, à New-York, un appel à contributions pour une force de 6 000 hommes. Appel qui pourrait être rempli, sans trop de difficultés, selon un spécialiste des opérations de paix. « La génération de forces au niveau des Nations-Unies pose moins de problèmes qu’au niveau de l’UE, les soldats étant pris en charge par l’Organisation ». D’ores-et-déjà, il semble acquis que trois des principaux Etats contributeurs à Eufor Tchad – France, Pologne, Irlande – pourraient contribuer à la future mission de l’ONU, en fournissant environ un quart de l’effectif nécessaire. Par ailleurs, des accords techniques entre l'UE, le gouvernement et l’Onu doivent assurer la transition.

Arrivée d'hélicoptères russes
Lors des échanges avec les journalistes, le Général Nash a aussi confirmé l’arrivée des hélicoptères russes « pour la fin octobre, au plus tard novembre ». Une présence nécessaire pour permettre d’atteindre « une pleine capacité opérationnelle, en matière héliportée ». L’hélicoptère est, en saison des pluies, le seul moyen d’accès. Et, même en saison sèche, vu l’état des pistes, cela permet « d’avoir une réaction rapide, en amenant les troupes nécessaires sur place », m'avait précisé un militaire. La décision d’arrivée de ces hélicoptères a déjà été avalisée au sein des groupes de travail de l’UE, elle doit maintenant l’être par le Conseil des ministres. Ce qui devrait être chose faite à la mi-octobre, sans formalité (en point A).

Il faut noter que cette participation russe pourrait être suivie d’autres. La marine de guerre russe a, ainsi, fait mouvement ce week-end vers le large de la Somalie pour suivre de près, de concert avec la marine américaine, un bateau ukrainien contenant du matériel militaire russe (à destination du Kenya). Et un responsable de la marine russe n’a pas exclu d’avoir une action coordonnée dans la zone, avec les autres forces présentes.

(Paru dans Europolitique)
Crédit photo : Conseil de l'UE
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